Le livre que je choisis de vous présenter, n’est pas un ouvrage rare ; vous en trouverez beaucoup sur internet. Il est devenu un classique de la littérature médicale, spirituelle et gaillarde !
Ce n’est pas le seul ouvrage du « bon » Docteur, il écrivit aussi un Manuel d'Ophtalmologie (chez Masson, 1877) et un Mémoire sur la Vaseline (Société de médecine, 1877) qu'il fut le premier à utiliser en France ! (http://www.poesie-erotique.net/GeorgesCamuset.html).
Il naît en 1840 à Lons-le-Saunier (décède peu de temps avant 1888, d’après Vicaire), et devient un spécialiste oculiste. Il voyage, entre autre en Angleterre ; ou il rencontre Gustave Doré.
On le retrouve à Dijon, ou sa première édition des Sonnets paraît anonymement en 1884 chez Darantière.
Il s’agit ici de la deuxième édition, elle date de 1888 ; elle est aussi imprimée chez Darantière.
Elle est illustrée de deux eaux-fortes, une de G. Clairin et une originale de Félicien Rops (2), un fac-similé de lettre de Charles Monselet (3) accompagne l’ouvrage.
Dans cette édition, il a été ajouté 8 sonnets qui ne figurent pas dans l’édition originale.
J’ai relevé dans Rouir (4) quelques informations concernant l’eau forte de Rops : cinq états nous sont connus (chacune avec des variantes). C’est le cinquième état qui est choisi pour illustrer cet ouvrage.
L’eau forte date de 1884 ; le cuivre a servi pour d’autres œuvres : en petite affiche pour les Rimes de joie de Théodore Hanon et en menu pour la crémaillère de Doucé (qui n’a jamais été pendue !).
Je ne résiste pas à vous présenter quelques sonnets, sur les 36 de cet ouvrage.
L’auscultation
Comment ! C’est toi, belle Margot ?
« Mais oui, m’sieu Paul, et j’mépouvante.
« Quel malheur pour un’ pauv’ servante !
« Mais quoi qu’j’ai donc ben dans l’jabot ?
« Pourvu qu’ça s’rait pas quéqu’ pierrot !
« Ça m’porte au cœur, ça m’grouill’ dans l’vent’e !
« Pas comm’vous, moi ; j’suis pas savante.
« P’t-êt’ ben qu’vous m’en direz l’fin mot. »
«…Là donc ! Baisse encor ta chemise !... »
Complaisamment l’oreille est mise
Sur deux seins plus durs qu’inhumains ;
Et, dans des geste téméraires,
L’Etudiant à pleines mains
Palpe ses premiers honoraires.
Préservatifs
(Millant frère du gros Millant, philantrope bien connu dans le quartier du Palais-Royal)
Près d’un « objet charmant »
Lorsque l’amour m’appelle,
Avant de voir la belle
Je passe chez Millant.
Là, du petit au grand,
Flotte une ribambelle
De rubans qu’avec zéle
Il gonfle en y soufflant.
Enfin ! J’ai ma mesure !
Au sein de la luxure,
Vite, allons nous plonger.
Caché dans la baudruche,
Je veux, comme l’autruche,
Ne plus croire au danger.
La calvitie
(Le professeur Charles Robin, membre de l’Institut, etc.)
Coiffeur ! Tu me trompais quand par tes artifices
Tu disais raffermir mes cheveux défaillants.
Ceux qu’avaient épargnés tes fers aux mors brûlants,
Tu les assassinais d’eaux régénaratrices !
Tu m’as causé, coiffeur, de si grands préjudices
Que je te voudrais voir, ayant perdu le sens,
Sur toi-même épuiser tes drogues corruptrices
Et tourner contre toi tes engins malfaisans.
Ainsi, quand l’ouragan s’abat sur la futaie,
D’un souffle destructeur il arrache et balaie
La verte frondaison qui jonche le chemin.
Au bocage pareil, mon front est sans mystère.
Il ne me reste plus un cheveu sur la terre,
Et je gémis, songeant au crâne de Robin !
(1) 1884, 1888 et 1893 ; Référence pour l’EO : Vicaire II-39 (selon l’imprimeur, l’ouvrage a été édité à 900 exemplaires, la justification du tirage indique 500 exemplaires.) ; Talvart et Place II-287
(2) Rouir 492.5 « eau-forte et pointe sèche « ; Exsteens 502.5
(3) Charles Monselet (1825-1888) était un journaliste culinaire.
(4) Eugène Rouir-Félicien Rops, catalogue raisonné de l’œuvre gravé et lithographié, 3 volumes chez Van Loock, 1992, et un supplément paru en 1999 (que je cherche en vain…)
Bonne journée,
Xavier