dimanche 6 juin 2010

Une brève histoire du Jardin parfumé






Un des moutons à cinq pattes des collectionneurs de curiosa est, sans nul doute, la traduction d' un manuscrit arabe du XVIe siècle, intitulé Le Jardin parfumé , qu'un capitaine d'état-major à Alger, le baron R...., rédigea en 1850. C'est le premier ouvrage érotique que m'avait montré un jeune collectionneur parisien acharné, qui m'avait invité, à l'époque, à consulter sa bibliothèque d'ouvrage érotiques. De l'eau a coulé sous les ponts avant que je ne puisse en être l'heureux propriétaire, après qu'il réapparût, comme par enchantement, récemment, lors d'une vente publique dans le Nord de la France. J'avais, une seule fois, repéré, il y a bien longtemps, cet ouvrage dans un catalogue à prix marqués, enrichi d'une lettre manuscrite de Guy de Maupassant, qui avait été l'heureux propriétaire de cet ouvrage !


Le Jardin parfumé, divisé en vingt et un chapitres renferme toutes sortes de conseils techniques et des histoires comme celle du bouffon Bahloul qui jouit plusieurs fois de la femme d'un vizir. Elle dit allégrement, à sa suivante: "Toute vulve porte inscrite à son ouverture le nom de celui qui doit y entrer", comme paraphrasant Mahomet qui disait que tout homme porte inscrite sa destinée sur son front ! Le Cheikh Nefzaoui enseigne les six mouvements en usage dans le congrès amoureux, les onze positions propres aux arabes et les vingt-neuf employées par les peuples de l'Inde. Il raconte des anecdotes sur les ruses et les trahisons des femmes, donne des remèdes contre l'impuissance et la stérélité. Il indique à l'homme qui a un trop petit membre comment en augmenter la dimension et par quel remède alimentaire, devenir un amant infatigable. Un des chapitres les plus amusants concerne le coït entre deux personnes de conformation différente comme l'hommme obèse avec la femme maigre, puis celui de la femme grasse et de l'homme gras. Les rapports entre l'homme excessivement petit et la femme d'une taille élévée, ainsi que le contraire et le coït entre bossus sont écrits savoureusement, envisageant tous les cas d'espèces (bosses sur leurs dos, leur poitrine, ou devant et derrière, à la fois !)

Ce fut Guy de Maupassant, séjournant à l'oasis de Bou Saada, en Algérie, qui découvrit la traduction française du Jardin parfumé. Maupassant a rencontré l'officier traducteur, dont il dit: "Malheureusement, il n'a pas osé traduire un des chapitres concernant un vice fort commun en ce pays : La Pédérastie, mais en somme, le livre est, en son genre, un des plus curieux que l'on puisse trouver !"


L'édition autographe fut reproduite en 1885 , puis l'éditeur Isidore Liseux donna, en 1886 du Jardin parfumé, une traduction revue et corrigée. A noter que Martin Van Maele , sur lequel j'ai écrit précédemment un article avait créé une superbe suite de 12 eaux-fortes pour illustrer cet ouvrage et qu'enfin, la collection de Gérard Nordmann contenait le manuscrit original mais pas l'ouvrage que je viens de décrire brièvement.

Quelles autres illustrations libres et quelques vues en fac-similé de l'ouvrage se trouvent dans l'album Picasa ICI.

Bonne journée,
Le Vicomte Kouyakov

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