Vous avez été plusieurs centaines d’admiratrices enthousiastes, à me réclamer à grand renfort de méls, la suite de mon premier billet sur le marquis de Sade. J’ai d’ores et déjà répondu à près de 850 demoiselles, et à quelques dames ; gardez votre calme, les autres méls sont en cours de « traitement ».
Bertrand, me laissant quelques lignes pour épancher mon âme, je signale à mes nombreuses admiratrices, que le troisième mille de photos me représentant (en tout bien, tout honneur…) est épuisé. Le photographe travaille d’arrache-pied pour me refaire urgemment un autre millier de tirages, (c’est un peu long car celui-ci est exclusivement manuel, mais, quel résultat…).
Je signale aux petites nouvelles, que le prix en a été très soigneusement étudié ; Il a été fixé à seulement 870 euros.
À seule fin de faire taire les esprits aigris, je vous informe, que cette faible participation est INTÉGRALEMENT reversée à un ami libraire qui a pour charge de me trouver des cochoncetés des XVIe et XVIIe siècle en plein vélin à rabats, ou éventuellement en plein maroquin citron des meilleurs relieurs de cette époque (le maroquin rouge est éventuellement accepté pour les ouvrages les moins osés). Ces ouvrages me permettront de vous livrer d’autres chroniques sur les belles pages du BiMo.
Un message personnel à l’attention de : Mlle Sophie de T*** de la V*** (de Nice), à Mme la baronne de R*** (à Paris 7), ainsi qu’à Mlle Juliette du T*** du château de S**** (dans la Vienne) : « Plusieurs lanières ont été brisées, il vous faudra patienter encore un petit peu, le temps que le cordonnier les refixe solidement sur le manche du fouet. »
A présent, et sans plus tarder, je livre, à vos yeux avides de connaissance : L’histoire du manuscrit de Sade des 120 journées de Sodome ou l'école du libertinage (le rouleau manuscrit est rédigé à la Bastille à la fin de 1785 ; en trente-sept jours, de sept à dix heures du soir). Il est égaré lors de l'incendie de la forteresse le 14 juillet 1789. Sade croit l'avoir irrémédiablement perdu (il ne le reverra, en effet, jamais), il en pleura "des larmes de sang".
Or, Il est récupéré durant la mise à sac de la Bastille, par un certain Arnoux de Saint-Maximim qui le vend au grand-père du marquis de Villeneuve-Trans. Il va rester dans cette famille durant trois générations.
Le manuscrit est ensuite vendu par ses descendants en 1900 au psychiatre allemand Iwan Bloch. Il est édité par ce dernier pour la première fois en 1904, sous le pseudonyme d'Eugène Dühren. Cette édition accumule plusieurs milliers d'erreurs.
En 1929, Maurice Heine, mandaté par le vicomte Charles de Noailles, généreux et courageux mécène, le rachète et le publie, de 1931 à 1935. C’est une édition limitée aux "bibliophiles souscripteurs" pour éviter la censure. En raison de sa qualité, elle est considérée comme la véritable originale.
En 1985, le manuscrit est vendu par une descendante du vicomte, à Genève, au collectionneur de livres érotiques rares, Gérard Nordmann (1930-1992).
Il est exposé pour la première fois en 2004, à la Fondation Martin Bodmer, près de Genève.
Le rouleau manuscrit de douze mètres dix de long, et de douze centimètres de large est composé de multiples morceaux de papier, ayant un centimètre de large. Chaque morceau est écrit des deux côtés ; l'écriture est tellement fine qu'elle ne peut-être lue qu'avec l'aide d'une loupe.
Cette production abonde en détails obscènes (en fait, Sade y décrit six cents perversions), mais on n'y retrouve pas les discussions philosophiques qui se rencontrent dans d'autres écrits du marquis.
Sources consultées :
- Eros invaincu, bibliothèque de Gérard Nordmann.
- Catalogue d'exposition de la BNF, "L'enfer de la bibliothèque, Eros au secret".
- Wikipédia, article sur les cent vingt journées de Sodome.
- Dictionnaire des œuvres érotiques.
- Les 120 journées peuvent être consultées ici : http://www.sade-ecrivain.com/journees/journees.html
Crédit photographique :
- Toutes les photos sont extraites du catalogue de la bibliothèque de Gérard Nordmann, Eros invaincu.
Bonne journée,
Xavier