dimanche 28 juin 2009

Petite Histoire des ex-dono.


L’ex-dono est la marque de sympathie que témoigne le possesseur du livre qu’il offre à un ami on à une relation. Il peut s’agir d’une manifestation de la donation, ou, si le donateur est également l’auteur du livre, une dédicace, appelée encore envoi. Les ex-dono sont très fréquents depuis le 18ème siècle, et plus rares au 17ème, si bien qu’Alexis Martin nous dit : « Au temps passé on était fort peu prodigue de la dédicace autographe, et je crois qu'on chercherait vainement trace d'un véritable Ex-dono sur les livres qui ont paru avant le dix-septième siècle. » (in Etude sur les ex-dono, Paris, J. Baur, 1877)


Affirmation qui est loin d’être exacte puisque je citais récemment le cas d’un ex-dono de Jehan Lemoyne, ami de Ronsard, réalisé dans les années 1570/1580 et qu’il existe même des ex-dono carolingiens dans les manuscrits de la bibliothèque de Laon.

Plus spectaculaire qu’une mention autographe du donateur, l’ex-dono estampé sur le plat de la reliure avait un autre objectif. C’est parfois une indication de provenance, au même titre que l’ex-libris, et dans ce cas les ouvrages ont pu faire partie de la bibliothèque du donateur. Mais il pouvait s’agir plus fréquemment d’une donation en numéraire faite à une institution qui avait alors le droit de frapper les armes du donateur sur les plats de livres qu’elle distribuait.

Pour les deux exemples qui vont suivre, il est difficile de savoir si les ouvrages leur ont vraiment appartenu. Mais, amis lecteurs, rien ne vous empêchent d’apporter des précisions.

Toujours est-il que ces donations étaient l’occasion de réaliser de belles reliures qui ont une certaine valeur aujourd’hui. (En témoigne la vente récente d’une reliure peinte du collège de Chalon, aux armes de Druot, qui a atteint, de mémoire, plus de 3500 euros)

A tout bien tout honneur, le premier donateur est bourguignon (et fier de l’être :)). Il aimait les livres, et sans doute aussi le vin puisqu’il était Sommelier du roi. C’est Antoine Druot, capitaine de Germoles. Il vivait au commencement du XVIIe et avait constitué une donation au profit des élèves du collège de Chalon. Les livres ainsi distribués sont généralement en maroquin citron ou brun, décorés d’une large dentelle et frappés aux armes de France et de Châlon-sur-Saône, avec un ex dono central. Pour celui-ci : « D. Antonii Druot 1653 » (fig 1 et 2 )



Le second s’appelle Thomas II de Morand, baron du Mesnil-Garnier, seigneur d'Eterville, né à Caen, le 13 nov 1584, il devint Grand Trésorier des ordres du Roi en 1621. (fig 3)


J’ai longtemps cru que ses armes représentaient 3 poussins et 3 lions. Mais non, il fallait y voir, selon la terminologie héraldique, un écartelé aux 1 et 4, d'azur à 3 cormorans d'argent, aux 2 et 3, de gueule aux griffons d'or, armé et membré de même. (fig 4 et 5)


Comme il avait fondé en 1620 des prix à perpétuité qui devaient être distribués au collège du Mont à Caen, (Regio-montano cadonensis) on trouve ses armes frappées sur des volumes publiés après sa mort. (1651). De fait, celui-ci contient un ex-dono manuscrit en date du 22 Aout 1679 de François de la Motte, préfet du collège des jésuites à l’élève François de la Roche, pour un prix de déclamation latine et de littérature. Fig 6)


L’ouvrage en question étant daté de 1519, il faut en déduire que la remise des prix au 17ème siècle se faisait avec des bouquins d’occasion…

Textor

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