Maroquin havane à large dentelle, imitation d'un décor du XVIIe ou du XVIIIe siècle.
reliure non signée. Reliure exécutée Vers 1860.
reliure non signée. Reliure exécutée Vers 1860.
Ces reliures datent des années 1850 à 1870 environ.
Jusque vers 1845-1848, les maîtres d’alors : Bauzonnet, Simier,…ont varié à l’infini la forme et la disposition des fers romantiques.
Soudainement, vers 1850, tous ces fers n’ont plus été utilisés, la reliure pleine n’offre plus alors que des entrelacs du XVIe et des fers du XVIIe et XVIIIe siècle.
Pendant vingt ans, la reliure ne se renouvellera pas et se contentera d’imiter le passé.
Dès 1850, une nouvelle génération de bibliophiles ne se contentent plus des misérables reliures du temps passé qui sont devenues des objets d’horreur.
Aussitôt le livre acquis en salle des ventes ou chez le libraire, le nouveau bibliophile n’a qu’une hâte : lui enlever sa grossière enveloppe aux fers naïfs et au cuir usé ; même les reliures armoriées et les maroquins ne trouvent pas grâce à leurs yeux.
Mr Bénard, le restaurateur de reliures, rapporte que les murs de l’atelier de son père étaient tapissés de plats en maroquins anciens armoriés, que ses clients lui avaient abandonnés.
On rapporte aussi, que feu le baron James de Rothschild, dans son impatience de voir ses volumes nouvellement acquis à Drouot , armé de son canif, dépiautait le précieux volume de ses plats, de son dos et de ses gardes…
Les relieurs Trautz, Belz-Niedrée (spécialiste des dos ornés à la grotesque et exécutés en série pour les volumes courants), Petit, l’atelier de Capé, Thibaron-Joly, Lortic (qui a le secret des fines reliures aux nerfs étroits et pointus, il sera imité…mais jamais égalé), Masson, Debonnelle, Amand (qui parfois dorait la totalité du dos, de la tête à la queue),…ces habiles artisans étaient chargés de revêtir le livre d’habits neufs…
Les relieurs adopteront les trois nuances les plus fréquentes dans les maroquins du XVIIe et du XVIIIe, à savoir : rouge, rouge et …rouge (non, Bertrand, je plaisante ;-)), donc nous disons : rouge groseille, dit rouge de Strasbourg, le bleu foncé, le vert foncé, parfois tête de nègre ou lavallière foncé.
Le cuir sera un maroquin au petit grain, pourtant différent du maroquin ancien, mais c’est celui qui s’en approche le plus.
Les fers d’ornements seront regravés, selon les types de Boyet, Duseuil, des Derôme ou des Padeloup ; le progrès aidant ces fers seront plus nets que leurs modèles.
Les tranches jaspées ou rouges, après rognage seront dorées directement, ou parfois sur un fond peigné.
Avec tout cela vous avez un volume flambant neuf sur un livre de trois siècles ; aussi frais et plus « beau » que si il sortait de chez son premier relieur !
Les livres peuvent aussi avoir étés lavés, et, réencollés : plus aucunes rousseurs, ni de notes manuscrites ; rien ne résiste.
Oh, il y a bien quelques grincheux, non pour regretter les hideuses reliures du temps ; mais pour critiquer dans les nouvelles l’excès de dorure. Bientôt celui-ci sera satisfait par les reliures jansénistes : sans ornements, dorures et même sans filets à froid, sous l’apparence de la simplicité c’est aussi un massacre des reliures anciennes.
La demi-reliure : Elle emploiera toutes sortes de cuirs : du maroquin, chagrin, veau, cuir de Russie dans toutes les nuances ; sauf le citron réservé à cette époque aux livres badins ( ?).
Les plats sont revêtus de papier dit Annonay, le plus souvent gris-fer, mais parfois aussi rose sombre, bleu sombre, orange foncé ou vert sombre. Plus tard, le papier peigné, que l’on trouve pour les gardes, passera sur les plats.
Le caractère du titre, comme pour la tomaison est le caractère maigre ; les chiffres arabes ont cédé la place aux chiffres romains, la date au dos est toujours en chiffres anciens.
Le dos s’arrondit sensiblement pour devenir complètement rond, toute espèce de dos plat disparait.
L’ornementation des dos est identique à celui des reliures pleines : fers à l’oiseau, petits fers, fers à la rose, à la grotesque.
Les reliures du Second Empire sont donc des ouvrages vêtus de la même façon que dans le style du XVIIe ou XVIIIe siècle.
Dans cet article les photos sont de Bertrand, Merci à lui.
Xavier
D’après Fernand Vandérem, La bibliophilie nouvelle, T.2, 1927-1932
Jusque vers 1845-1848, les maîtres d’alors : Bauzonnet, Simier,…ont varié à l’infini la forme et la disposition des fers romantiques.
Soudainement, vers 1850, tous ces fers n’ont plus été utilisés, la reliure pleine n’offre plus alors que des entrelacs du XVIe et des fers du XVIIe et XVIIIe siècle.
Pendant vingt ans, la reliure ne se renouvellera pas et se contentera d’imiter le passé.
Dès 1850, une nouvelle génération de bibliophiles ne se contentent plus des misérables reliures du temps passé qui sont devenues des objets d’horreur.
Aussitôt le livre acquis en salle des ventes ou chez le libraire, le nouveau bibliophile n’a qu’une hâte : lui enlever sa grossière enveloppe aux fers naïfs et au cuir usé ; même les reliures armoriées et les maroquins ne trouvent pas grâce à leurs yeux.
Mr Bénard, le restaurateur de reliures, rapporte que les murs de l’atelier de son père étaient tapissés de plats en maroquins anciens armoriés, que ses clients lui avaient abandonnés.
On rapporte aussi, que feu le baron James de Rothschild, dans son impatience de voir ses volumes nouvellement acquis à Drouot , armé de son canif, dépiautait le précieux volume de ses plats, de son dos et de ses gardes…
Les relieurs Trautz, Belz-Niedrée (spécialiste des dos ornés à la grotesque et exécutés en série pour les volumes courants), Petit, l’atelier de Capé, Thibaron-Joly, Lortic (qui a le secret des fines reliures aux nerfs étroits et pointus, il sera imité…mais jamais égalé), Masson, Debonnelle, Amand (qui parfois dorait la totalité du dos, de la tête à la queue),…ces habiles artisans étaient chargés de revêtir le livre d’habits neufs…
Les relieurs adopteront les trois nuances les plus fréquentes dans les maroquins du XVIIe et du XVIIIe, à savoir : rouge, rouge et …rouge (non, Bertrand, je plaisante ;-)), donc nous disons : rouge groseille, dit rouge de Strasbourg, le bleu foncé, le vert foncé, parfois tête de nègre ou lavallière foncé.
Le cuir sera un maroquin au petit grain, pourtant différent du maroquin ancien, mais c’est celui qui s’en approche le plus.
Maroquin brun, décor à la Duseuil et dos richement orné aux petits fers.
Reliure non signée exécutée vers 1865-1875.
Reliure non signée exécutée vers 1865-1875.
Les fers d’ornements seront regravés, selon les types de Boyet, Duseuil, des Derôme ou des Padeloup ; le progrès aidant ces fers seront plus nets que leurs modèles.
Maroquin rouge, dos richement orné aux petits fers. Exemplaire lavé et encollé.
Relié sur brochure. Reliure signée Duru et datée 1854.
Relié sur brochure. Reliure signée Duru et datée 1854.
Les tranches jaspées ou rouges, après rognage seront dorées directement, ou parfois sur un fond peigné.
Avec tout cela vous avez un volume flambant neuf sur un livre de trois siècles ; aussi frais et plus « beau » que si il sortait de chez son premier relieur !
Maroquin rouge, dos richement orné aux petits fers, filets. Reliure signée Canape (père) et exécutée probablement vers 1860-1870.
Les livres peuvent aussi avoir étés lavés, et, réencollés : plus aucunes rousseurs, ni de notes manuscrites ; rien ne résiste.
Oh, il y a bien quelques grincheux, non pour regretter les hideuses reliures du temps ; mais pour critiquer dans les nouvelles l’excès de dorure. Bientôt celui-ci sera satisfait par les reliures jansénistes : sans ornements, dorures et même sans filets à froid, sous l’apparence de la simplicité c’est aussi un massacre des reliures anciennes.
La demi-reliure : Elle emploiera toutes sortes de cuirs : du maroquin, chagrin, veau, cuir de Russie dans toutes les nuances ; sauf le citron réservé à cette époque aux livres badins ( ?).
Les plats sont revêtus de papier dit Annonay, le plus souvent gris-fer, mais parfois aussi rose sombre, bleu sombre, orange foncé ou vert sombre. Plus tard, le papier peigné, que l’on trouve pour les gardes, passera sur les plats.
Le caractère du titre, comme pour la tomaison est le caractère maigre ; les chiffres arabes ont cédé la place aux chiffres romains, la date au dos est toujours en chiffres anciens.
Le dos s’arrondit sensiblement pour devenir complètement rond, toute espèce de dos plat disparait.
L’ornementation des dos est identique à celui des reliures pleines : fers à l’oiseau, petits fers, fers à la rose, à la grotesque.
Maroquin rouge, décor à froid et doré au dos et sur les plats.
Reliure signée SMEERS et probablement exécutée vers 1875.
Reliure signée SMEERS et probablement exécutée vers 1875.
Les reliures du Second Empire sont donc des ouvrages vêtus de la même façon que dans le style du XVIIe ou XVIIIe siècle.
Dans cet article les photos sont de Bertrand, Merci à lui.
Xavier
D’après Fernand Vandérem, La bibliophilie nouvelle, T.2, 1927-1932