Je vous présente ce soir le catalogue dont je vous ai brièvement parlé hier en début de billet.
Il s'agit du Catalogue de livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. l'abbé Jean-Baptiste Chevalier DE BEARZI, protonotaire apostolique et chargé d'affaires de S. M. le roi des Deux-Siciles, à la cour de Vienne.
La vente a eu lieu le jeudi 31 mai 1855 et jours suivants, à 7 heures précises du soir, rue des Bons-Enfants, n°28, salle du premier (Maison Silvestre).
Le commissaire-priseur étant maître Boulouze (67, rue Richelieu).
Le catalogue, comme souvent de format in-8 (22 x 14 cm), a été édité par Edwin Tross, libraire, en 1855. Il sort des ateliers typographiques de Firmin Didot frères, rue Jacob.
L'expert-libraire de la vente n'étant pas désigné nommément, on peut supposer qu'il s'agit du même Edwin Tross, libraire de son état. Le catalogue s'ouvre d'ailleurs sur une courte préface signée des initiales du même E.T. (Edwin Tross).
M. Tross y explique que cette immense bibliothèque de M. de Bearzi a été composée avec soin et sur une longue période. J'aime d'ailleurs ailleurs assez cette sentence qui vaut à peu près pour chacun d'entre nous : "C'est une bibliothèque, (...), lentement accrue, et devenue, grâce à des recherches persévérantes et à des hasards heureux (...)".
A noter, qu'une autre partie de la bibliothèque du chevalier de Béarzi a été vendue à Leipzig (livres restés à Vienne). Je n'ai pas retrouvé la trace de cette vente annoncée dans la préface.
M. Tross poursuit ensuite en donnant une courte liste des ouvrages les plus remarquables de ce copieux catalogue divisé en deux parties et ne regroupant pas moins de 4.487 numéros ! Tous d'une grande qualité.
On trouve par exemple une Biblia latina de Venise, 1475, in-folio, reliure en bois, imprimée sur peau de vélin. Les incontournables Essais de Montaigne, Bordeaux, 1580, in-8, en vélin. Les lettres de Cicéron, Venise, Jean de Spire, 1469, in-folio, etc.
Une particularité de cette belle bibliothèque. A côté des livres de lecture courante, M. de Béarzi avait réuni une importante bibliothèque de travail composée de très nombreux ouvrages d'histoire du livre, catalogues de vente de bibliothèques célèbres des XVIIIe et XIXe siècle. On les retrouve à la fin de la seconde partie.
La star incontectée et incontestable de cette vente ?
Une édition xylographique de l'Apocalypse, qui a été achetée au prix de 6.000 francs, somme fort élevée pour l'époque, par M. Pioche, banquier à Paris (ah ces banquiers décidément... aidons-les !). M. Tross, rédacteur du catalogue de cette collection, a consacré à ce précieux volume la petite note qui suit (n° 1577 :
"Volume xylographique très ancien, imprimé en couleur bistre. Il est parfaitement complet, et contient 48 feuillets entièrement gravés en bois et coloriés à l'époque. Heinecken (qui à l'époque ne faisait pas de la bière...) ne cite pas cette édition, qui est la plus ancienne de toutes. Les gravures sont très caractéristiques, et sont des monuments pour l'histoire de l'art au commencement du quinzième siècle. Outre le texte xylographique en latin, notre exemplaire a encore, sur 12 feuillets intercalés, un texte en allemand de l'époque. etc. (...) M. Pioche, en quittant la France (les banquiers finissent toujours par quitter la France...), a cédé ce volume à M. Niel (inconnu de nos services de renseignements), et nous ignorons son sort ultérieur." (extrait du Manuel de l'amateur d'estampes de Dutuit, 1884, p. 152).
Quelques mots maintenant sur cet abbé de Béarzi, que je ne connaissais pas avant d'avoir ce catalogue en mains, je dois l'avouer.
Je ne le connais pas plus maintenant...
Ce chevalier de béarzi ne semble à peu près connu que pour ses livres ! Comme quoi, lorsque la postérité vous rattrape il est bon d'avoir eu le bon goût et la fortune d'amasser de beaux livres.
Ceux qui descendent en ligne directe de cet abbé de Béarzi peuvent se signaler à nos services... (humour).
Tous renseignements utiles acceptés.
Bonne soirée,
Bertrand