mercredi 22 avril 2009

Du prix des reliures éditeur (suite et fin). Cartonnages de la collection Nelumbo.



Sur une idée de Valérie, fidèle lectrice, et pour rester sur le prix des reliures éditeurs à la fin du XIXe siècle, faisant suite à nos deux billets précédents, voici ce qu'on pouvait lire dans le très intéressant catalogue de la collection Nelumbo, petite collection très esthétique fin de siècle et qui fut publiée par les soins de E. Dentu.

Ce catalogue, que l'on ne rencontre pas souvent pour ne pas dire jamais a été reproduit en entier par les soins de la BM de Lisieux dont beaucoup je pense ici connaissent déjà le site que je rappelle pour mémoire :

Site de la BM de Lisieux

Page consacrée au catalogue Nélumbo (E. Dentu)

Que lit-on dans ce catalogue qui peut nous intéresser ici concernant les reliures (ici cartonnages) ?

"Les volumes de la «Petite Collection Guillaume», in-8° nelumbo, sont illustrés par Conconi, Fournier (Grand Prix de Rome), Gambard, Marold, Mittis, Rossi, etc., et imprimés sur papier de luxe, des fabriques de MM. Outhenin-Chalandre. Les caractères elzéviriens sont gravés spécialement pour cette Collection.
Couverture en trois tirages, illustrée d'une sanguine.

Broché. Prix.......... Fr. 2
Cartonné. Prix.......... Fr. 2 50

Il est tiré, de chaque ouvrage, quelques exemplaires sur les incomparables vélins de cuve des papeteries du Marais. Le papier contient dans sa pâte, en filigrane, les mots : Petite Collection Guillaume.

Vélin, broché. Prix.......... Fr. 3
*
CES VOLUMES
ont été imprimés, gravés, brochés et reliés
dans les ateliers de Edouard Guillaume
Editeur-Imprimeur de la Collection Guillaume
105, boulevard Brune, 105
PARIS

Notre "Cartonnage"
NELUMBO

Nous avons hésité longtemps à offrir, autrement que brochés, les volumes de la Petite Collection Nelumbo.

De nombreuses lettres de nos abonnés nous ont signalé les inconvénients du brochage pour des livres aussi fragiles. Il est de fait que ces petits volumes, frais et gracieux au sortir de nos ateliers, ne sont plus que des chiffons sales et informes quand ils arrivent, après bien des péripéties, aux mains de l'acheteur, qui leur donne le coup de grâce en en coupant quelquefois les feuillets avec son doigt ou un bout d'allumette.

D'autre part, les Bibliophiles aimant à faire relier eux-mêmes leur exemplaire, le problème se posait donc ainsi pour satisfaire tout le monde :
1° A côté des exemplaires brochés, créer un cartonnage de protection, solide, résistant aux chocs, aux ficelles de l'empaqueteur, aux bousculades de l'étalage
2° Dorer la tête du livre pour éviter au lecteur de couper les pages.
3° Coudre assez solidement pour ouvrir le livre sans le casser.
4° Cependant ne pas ébarber ni rogner, et laisser l'exemplaire à l'état de livre broché, en attendant la reliure définitive que fera faire, par la suite, le propriétaire du volume.
5° Sur le plat, comme motif décoratif, un Nelumbo d'or, (fer dessiné par Mittis).

Les amis du livre préfèreront bien vite se procurer leur exemplaire ainsi protégé : ils pourront attendre, aussi longtemps qu'ils le voudront, le moment de le mettre entre les mains de l'artiste chargé de faire sa dernière et définitive toilette sans craindre l'eau, la poussière, le soleil, tous les subtils ennemis du livre.

Nous inspirant de ces nécessités, nous avons créé le cartonnage Nelumbo, que nous mettons à la disposition des acheteurs de la Petite Collection au prix de 0 fr. 50 en plus du prix fort, soit 2 fr. 50 l'exemplaire."

Nous sommes plus proche ici de la reliure industrielle que de la reliure de bibliophile, unique, faite pour un amateur précis, mais tout de même, on sent une préoccupation pour le bibliophile, c'était le temps ou "industrialisation" ne rimait pas forcément avec "déshumanisation"... Les temps changent.

Votre avis sur la question ? Connaissiez-vous ces petits cartonnages ? Cette collection pour dames (sourire) ?

Bonne journée,
Bertrand

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...