vendredi 16 avril 2010

Virgil Solis interprète les Métamorphoses d’Ovide (1563).


Aujourd’hui, petit coup d’éclairage sur un de mes livres préférés et sur un artiste dont le style et la manière fait penser à l’école de Fontainebleau. Mais voilà, notre homme n’est pas italien mais allemand – il est né en 1514 à Nuremberg d’une famille qui a donné de nombreux peintres et sculpteurs – et il n’a même pas fait le voyage d’Italie ! (4)

Fig 1 Ocyrhoé, fille du Centaure Chiron

Virgil Solis poursuivit toute sa carrière à Nuremberg, comme graveur sur bois ou sur cuivre. Ses gravures étaient vendues à l’unité ou regroupés dans des séries. Il eût des assistants célèbres, comme Jost Amman, qui étudia dans l’atelier de Virgil Solis avant de monter sa propre officine.

La suite le plus célèbre est constituée par les 178 bois narrant les Métamorphoses d’Ovide, publiée en 1563 à Frankfort chez Corvin, Feyrabent et Galli; Elle eût une influence certaine sur les artistes contemporains.

Fig 2 Daphné transformé en laurier

L’édition de 1563 ou celle de 1581 ont été amplement numérisées et se trouvent un peu partout dans les bibliothèques du Monde, accessibles par internet (1), néanmoins, je ne résiste pas au plaisir de vous montrer quelques pages tirées de mon petit exemplaire personnel, modeste exemplaire de travail, à vrai dire, où des générations d’étudiants des Beaux Arts ont du copier les gravures, laissant au passage des traces de doigts et de peintures sur nombre de pages !!

Il existe deux versions de ce premier tirage, l’une, in-quarto, en latin, pour les intellos, l’autre bilingue, latin-allemand, dans un format à l’italienne. C’est cette dernière version populaire qui est présentée ici.

La version de luxe contient un texte rédigé par Johann Spreng (1524-1601) et porte pour titre :

METAMORPHOSES OVIDII, ARGVMENTIS QUI//dem soluta oratione, Enarrationibus autem & Allegoriis Elegiaco uersu accuratissime expositae, summaque diligentia ac studio illustratae, per M. IOHAN. SPRENGIVM AVGVSTAN. una cum uiuis singularum transformationum Iconibus a Virgilio Solis, eximio pictore, delineatis. Frankfurt: G. Coruinus, S. Feyerabent, & haeredes VVygandi Galli, 1563.

L’édition des manants, réalisée à la même date par le même groupe d’éditeurs, sur un texte de Johann Posthius, porte le titre suivant :

Fig 3 Page de titre

Exceptionnel tirage dans un encadrement renaissance alternant animaux fantastiques, fruits, figures mythologiques ou putti. Personne ne sait dire quelle version a précédé l’autre ou bien si elles ont été imprimés simultanément, si bien que certains universitaires concluent que cet ouvrage possède deux (et même peut-être trois) premières éditions ! Il faut noter que la version Posthius mentionne «ces bois n’ont jamais été gravés auparavant » mais la version de Spreng possède une date de dédicace antérieure de quelques jours à celle de Posthius. (22 février contre 1er Mars !!)

Fig 4 Andromèdre


Fig 5 Atlas


Fig 6 Cadmus et sa moitié

On connait tous Les Métamorphoses d'Ovide, un long poème en quinze livres, regroupant des récits et légendes mythologiques sur le thème de la transformation. Ovide a rassemblé, en les classant selon une chronologie légendaire allant du chaos originel au règne d'Auguste, toutes les légendes concernant les métamorphoses d'êtres humains en plantes, en animaux, en astres ou en pierres. Ces métamorphoses arrivent par la volonté des dieux. Elles sont en général soit un châtiment, soit une récompense des dieux à l'égard des mortels. Certaines d'entre elles ont pour origine la magie.

Fig 7 Myrrha


Fig 8 Orphée


Fig 9 Aesculape transformé en Dragon

Les Métamorphoses d’Ovide ont été la source d’inspiration de nombreux artistes de la Renaissance et les gravures de Solis en constituent une sorte de best-seller. Pas moins de 25 éditions ont été recensées par Julie Coleman jusqu’en 1652.(2)
Bien que cette suite de gravures ait marqué l’histoire des représentations mythologiques, il est difficile de dire qu’elle soit très originale dans la mesure où chacun des bois est la copie inversée – dans un style différent - des figures gravées par Bernard Salomon dans une Métamorphose Figurée paru à Lyon en 1557.(3)

Difficile d’évoquer ce livre sans me souvenir avec regret qu’un exemplaire m’a échappé lors d’une des ventes Berès, Grrr !! (4ème vente, Juin 2006, Lot 14. Enchérisseur iconoclaste, si tu me lis, il est encore temps de me faire une proposition !)

Voici encore quelques gravures pour finir – choix difficile car elles ont toutes de l’intérêt. Leur trait est bien net, la composition du sujet, les détails pittoresques et la disposition des figures dans l’espace font de chacune d’elle un petit chef d’œuvre !

Fig 10 Une des rares gravures portant la marque de Virgil Solis


Fig 11 Latone


Fig 12 Nautiles et Dauphins


Fig 13 Cadmus et le Dragon


Fig 14 Jupiter en taureau


Fig 15 Le roi Midas

Bonne Journée,
Textor

Pour aller plus loin :

• ( 1) Virgil Solis, 183 illustrations to Ovid's Metamorphoses, Frankfurt-am-Main, 1581
• ( 2) http://etext.virginia.edu/latin/ovid/about.html Le site de l’université de Virginie a cherché à rassembler toutes les versions possibles sur le thème des Métamorphoses – gros travail, considérablement enrichis par rapport à ce qui existait au début des années 2000, mais il en devient presque illisible !
• (3) Pour une comparaison des gravures de VIRGIL Solis avec celles de Bernard Salomon, voir http://special.lib.gla.ac.uk/exhibns/month/sep1999.html
• (4) Bibliographie succincte de Virgil Solis http://www.getty.edu/art/gettyguide/artMakerDetails?maker=259

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