mardi 6 avril 2010

Roger de Rabutin, comte de Bussy (1618-1693). Autographes.



Signature authentique de Bussy-Rabutin (1618-1693)
Acte notarié concernant le terre de Bussy,
peu avant 1693.


Je vous ne pouvais décemment pas vous laisse ainsi, sur votre faim, avec la famille des Rabutin de Bussy.

J'ai la chance d'avoir, il y a de cela quelques années, acheté un petit lot de documents notariés de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle. Dans le lot... cinq documents concernant la terre de Bussy-le-grand et donc la famille des Rabutin.

Une pièce est signée de la main du grand Bussy-Rabutin (fin XVIIe siècle, forcément avant 1693, mais sans doute peu avant). Ce document est malheureusement endommagé dans la partie haute ce qui en rend la compréhension assez difficile. De plus l'écriture du notaire est très difficile à lire pour un non-paléographe que je suis. 2 pages 1/2 in-4.


Acte notarié concernant le terre de Bussy,
peu avant 1693.


Une seconde pièce est datée du 24 avril 1701. Elle est en parfait état. 2 pages 1/2 in-4 d'une belle écriture bien lisible. C'est un compte restant entre des fermiers de Bussy-le-grand et les enfants de Bussy-Rabutin. Cet acte est signé de la main du fils ainé Amé-Nicolas de Rabutin qui signait presque comme son père "Bussy Rabutin" avec un souligné sous le nom de Rabutin seulement.

Une troisième pièce est datée du 1er mai 1702. Elle est en bon état. Bien lisible. C'est encore un litige avec des voisins du village de Grésigny (juste à côté), à propos de terres, fermages, etc. Cette lettre est signée d'Amé-Nicolas. 4 pages in-4.

Signature authentique du fils ainé de Bussy-Rabutin,
Amé-Nicolas, mort en 1719 sans postérité.


Une quatrième pièce est datée du 23 juillet 1705. Elle est en bon état. D'une écriture assez difficile à lire cependant. C'est un compte avec des fermiers du village ayant les terres du château en exploitation. Cette lettre est signée d'Amé-Nicolas. 2 pages in-4.

Enfin, une cinquième pièce de 7 pages in-4 est datée du 9 octobre 1728. C'est un acte de remise de la terre de Bussy par le sieur Malteste à Monseigneur de Luçon, fils de Bussy-Rabutin. L'acte est en parfait état et a été en partie retranscris, c'est une longue liste des chevaux, vaches, cochons, terres, champs, prés, bâtiments, remis entre les mains de Michel Celse Roger de Rabutin de Bussy, évêque de Luçon. Amé-Nicolas est mort sans postérité en 1719. Micel-Celse Roger meurt en 1734.

Signature authentique du fils cadet de Bussy-Rabutin,
Michel-Celse-Roger, mort en 1734 sans postérité...

Voici la petite histoire de la succession des Rabutin de Bussy-le-grand.

À la mort de Roger de Bussy-Rabutin, son fils Amé-Nicolas hérite du château. Il poursuit sans doute les travaux engagés par son père. Il disparaît sans postérité en 1719. Son frère, Michel-Celse, évêque de Luçon, et sa sœur Marie-Thérèse, veuve du marquis de Montataire, vendent la seigneurie et les terres de Bussy. Elles sont acquises en 1733 par un conseiller au Parlement de Bourgogne, Étienne Dagonneau de Marcilly dont le mariage avec Geneviève-Alexis de Salins avait considérablement augmenté la fortune.

Étienne Dagonneau meurt en 1738, mais sa veuve poursuit son œuvre avec acharnement. Elle restaure le château, refait les douves et les ponts qui donnent accès à la cour d'honneur et au jardin de 1747 à 1752. Elle remet en état l'exploitation agricole. Elle aménage le parc de trente-quatre hectares y faisant tracer des allées et replanter des arbres. Mais surtout, elle s'emploie à rendre plus agréables les alentours immédiats de l’édifice. C'est à son initiative que l'on doit le parterre fleuri sur la terrasse, le bassin avec son jet d'eau, le canal en contrebas, de nouveaux jardins et vergers. Heureusement, Geneviève-Alexis Dagonneau conserve intact le décor de Bussy-Rabutin. Son œuvre considérable, jusqu'ici méconnue, faillit disparaître dans la tourmente révolutionnaire

L’État propriétaire du domaine mis sous séquestre comme bien d'émigré le laisse aux créanciers de l’héritier de Mme Dagonneau. En 1818, l'ensemble échoit à Jacques Dorneau qui s'était enrichi par la vente des biens nationaux. Il lui revient le mérite d'avoir commencé à rétablir le décor du château en rachetant nombre de portraits dispersés. Il fait restaurer l’édifice et le parc qu'il entoure d'un mur élevé. À sa mort, en 1835, la terre de Bussy est vendue à Jean-Baptiste-César de Sarcus.

Pris d'un véritable engouement pour le personnage de Bussy-Rabutin, le comte de Sarcus s'attache à rendre tout son lustre à la demeure seigneuriale. Il fait à son tour restaurer les portraits et les allégories, repeindre les inscriptions et les devises, compléter les collections en achetant sans cesse des tableaux de qualité pour mieux restituer la chambre dite de Sévigné, le salon doré et la galerie occidentale. Il s'aménage un appartement personnel dans l'aile droite de Bussy. Récemment restaurées, les pièces du XIXe siècle sont partiellement ouvertes à la visite. Elles permettent d'imaginer la vie quotidienne dans un château provincial au temps de Louis-Philippe et de Napoléon III. Le cas est rare où, dans une même demeure et dans la plus grande authenticité, on peut franchir deux siècles en traversant un simple palier. À l'extérieur, le comte de Sarcus fait reconstruire l'aile orientale qui menace ruine. Il y remplace les armoiries des Rabutin, martelées à la Révolution, par celles de sa famille et dispose deux hauts-reliefs dans les cadres laissés vides à l'extrémité des galeries. Pour le parc, agrémenté de nouvelles sculptures dont l'une est la copie de L'enlèvement de Proserpine de Bouchardon, il redessine le parterre et consolide la terrasse. L'intérêt du comte de Sarcus pour Bussy-Rabutin le conduit à faire des recherches sur le personnage, sa famille et le château. Il publie une précieuse monographie du monument en 1854. Le château, qui avait été classé parmi les monuments historiques dès 1900, finit par être acheté par l'État en 1929. (source : http://www.bussy-rabutin.com/11_chateau.html)

Voilà, l'histoire s'éclaire souvent d'un tout autre jour lorsqu'on a entre les mains quelques belles signatures et quelques beaux documents historiques. Tout comme les lettres de la marquise de Sévigné, sa cousine, les lettres du comte de Bussy-Rabutin sont devenues aujourd'hui introuvables ou presque. Seul un heureux hasard ou une chance de pendu peut vous mener jusqu'à elles. M. Bovet dans sa grande collection d'autographes en possédait une écrite au Père Bouhours toujours à propos de questions de terres, de propriété (discussions qui occupaient son chers ancêtres pratiquement tout leur temps...). Des lettres littéraires, galantes ou historiques de Bussy-Rabutin ? Sur le marché je n'en ai jamais croisé aucune. Des lettres de la marquise de Sévigné sur le marché ? J'en ai vu une un jour dans la Gazette Drouot il y a de cela quelques années. Elle s'était vendu plus cher que le poids de l'or ! J'ai pourtant eu la chance d'en approcher deux ou trois de très près, de les toucher même, mais chut... c'est une autre histoire.

On s'éloigne de la bibliophilie ? si peu...

Je ne dévoile ordinairement ces documents qu'à mes amis les plus intimes.


Bonne soirée,
Bertrand

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