mercredi 31 mars 2010

Salon International du Livre Ancien au Grand Palais à Paris du 16 au 18 avril 2010.


Vous avez été déjà 62 à vous exprimer sur la question en marge gauche du Bibliomane moderne : Irez-vous au salon du livre ancien et de l'estampe au Grand Palais en avril prochain ? Il vous reste encore deux semaines pour voter et dire ce que vous ferez. Il est déjà amusant de constater que le monde se divise en deux (outre, comme dirait Blondin, le fait qu'il y a ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent...), à savoir, une moitié nous dit qu'elle y sera et qu'elle y va tous les ans, l'autre moitié, qui habite loin de Paris et qui doit s'en priver. On voit bien qu'à l'heure du tout numérique et des réseaux virtuels, un amateur peut être privé de ce qu'il aime par la distance. Intéressant.

Voici quelques informations fournies par le site officiel du salon et que je reprends ci-dessous :


Salon International du Livre Ancien au Grand Palais à Paris

Du 16 au 18 avril 2010
De 11h à 20h. Entrée : 8 €
Vernissage uniquement sur invitation le 15 avril

Organisé par le Syndicat national
de la Librairie Ancienne et Moderne

SLAM, 4 rue Gît-le-Coeur 75006 PARIS
T. 33 (0)1 4329 46 38
F. 33 (0)1 4325 4163
slam-livre@wanadoo.fr
www.votrelibraire.fr

Accès à l'exposition :


Métro : Champs Elysées - Clémenceau : Lignes 1 et 13

RER : Ligne C, Invalides

Bus : Ligne 42, 72, 73, 83, 93

Parkings :
- Rond Point des Champs-Elysées
18, avenue des Champs-Elysées, Paris 8e
- Place de la Concorde
Face au 6 place de la Concorde, Paris 8e
- Parc François 1er
Face au 24 rue François 1er, Paris 8e


Historique :

De la Conciergerie au Grand Palais

En juin 1984, le Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne organise, à l’initiative de sa présidente Jeanne Laffite, la première Foire Internationale du Livre Ancien à Paris, à la Conciergerie. Dans ce lieu porteur d’histoire, ce fut un succès considérable et tous les deux ans, les libraires du monde entier prennent l’habitude de venir à Paris pour exposer des documents exceptionnels et d’une grande diversité.

A partir de 1993, le Salon s’installe à la Maison de la Mutualité où ce rendez-vous bibliophilique deviendra annuel dès 1995.

Depuis avril 2007, la Nef du Grand Palais accueille le salon du livre ancien, en association avec le salon de l'estampe. Dans ce bel espace dévolu à la culture, c'est une occasion unique de se faire mieux connaître du grand public et de faire de cette manifestation un événement culturel exceptionnel.

C’est à un fabuleux périple que le visiteur est convié sur les traces laissées par l’esprit humain au cours des siècles. Du manuscrit aux avant-garde, de la lettre de François Ier au billet de Marcel Proust, du psautier du XIIIe siècle au manifeste futuriste, l’amateur pourra parcourir des rayons d’une immense « librairie », riche de milliers de documents d’une prodigieuse diversité.


Programmation 2010 :

EXPOSITION DE LA BIUM
Bibliothèque interuniversitaire de médecine

Les origines de la bibliothèque interuniversitaire de médecine et d’odontologie (BIUM, Paris) se confondent avec celles de la Faculté de médecine de Paris, fondée au XIIIe siècle. Le plus ancien document de cette première institution qui soit conservé à la BIUM date de 1395.

A travers les siècles, la bibliothèque a déménagé à plusieurs reprises (rue de la Bûcherie, puis rue Jean de Beauvais). Elle occupe ses locaux actuels depuis 1795, quand fut créée à Paris la nouvelle Ecole de santé, et ses locaux ont été considérablement agrandis à la fin du XIXe siècle avec la construction, dans le plus pur style néo-classique, de l’aile Saint-Germain, œuvre de l’architecte Léon Ginain (Grand Prix de Rome en 1852 et professeur à l’Ecole des Beaux-Arts).

La BIUM est avant tout une bibliothèque de recherche, dédiée principalement aux étudiants, doctorants, chercheurs et enseignants. Elle accueille aussi les praticiens, les paramédicaux et tout public travaillant sur des questions de santé.

Ses collections patrimoniales figurent parmi les trois plus riches collections du monde, avec celles de la National Library of Medicine des Etats-Unis et celles du Wellcome Institute de Londres : les éditions originales des traités de médecine depuis la Renaissance, les thèses de médecine de Paris depuis le XVIe siècle, ainsi que plus de 23 000 revues françaises et étrangères y sont consultables.

Pôle associé de la Bibliothèque nationale de France, avec qui elle collabore étroitement (acquisitions, restauration, numérisation), la BIUM aura le plaisir de présenter au public une sélection de ses plus belles pièces illustrant l’histoire de la médecine occidentale.

Conférences

Vendredi 16 avril

14h - Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine (BIUM)

Les origines de la bibliothèque se confondent avec celles de la Faculté de médecine de Paris, fondée au XIIIe siècle. Le plus ancien document de cette première institution qui soit conservé à la BIUM date de 1395. A travers les siècles, la bibliothèque a déménagé à plusieurs reprises, et occupe ses locaux actuels depuis 1795, quand fut créée à Paris la nouvelle École de santé, agrandie à la fin du XIXe siècle par l’architecte Léon Ginain dans le plus pur style néo-classique.

Bibliothèque de recherche, dédiée principalement aux étudiants, enseignants, chercheurs et praticiens, la BIUM est aussi une bibliothèque patrimoniale, spécialisée dans l’histoire de la médecine et de la santé. Ses collections anciennes figurent parmi les trois plus riches du monde, avec celles de la National Library of Medicine des États-Unis et celles du Wellcome Institute de Londres.
La conférence sera consacrée à la présentation de l’histoire de cette bibliothèque, et de son fonds et de ses activités de valorisation, qui passent largement aujourd’hui par la mise en oeuvre des technologies numériques (www.bium.parisdescartes.fr/histmed).

16h - Le corps : représentations et pratiques anciennes

Le corps dans l’histoire est d’emblée un objet « hétéroclite ». Ses pratiques, comme ses objets, sont nombreux, dispersés : alimentations, maladies, jeux, expressions, apparences, tenues, habitat... Quelques grandes représentations unifiantes, pourtant, sont repérables à chaque époque. Elles concernent le fonctionnement du corps, la vision de ses qualités, celle de ses efficacités. Elles ont une histoire. Ce sont elles qui peuvent « rassembler » des pratiques diverses. Ce sont elles qui justifient une « histoire du corps ». C’est vers cet effort de synthèse que s’orientera l’exposé, à partir de séries de livres, à partir d’images aussi, et d’exemples les plus concrets.
Par Georges Vigarello (directeur d’études EHESS), historien, spécialiste de l’histoire du corps.

Salle de conférences du Grand Palais - accès Nef Sud

Table ronde

Vendredi 16 avril de 12h à 14h

Qu’est-ce qu’une publication d’artiste(s) aujourd’hui ?
Les participants se poseront la question de ce qu’est une publication d’artiste(s), à l’aube d’un monde numérique. Le titre interrogatif laisse entendre que la publication d’artiste(s) ne se laisse pas cloisonner dans une définition stable. Mais s’il s’agit d’affirmer la liberté avec laquelle la publication d’artiste(s) se pense et se réalise aujourd’hui (au sens strict, n’est-elle pas tout ce qu’un artiste croit bon de rendre public ?), il importe également d’en définir quelques typologies, certains styles et airs de famille, et de mettre en avant leur lien avec l’histoire de l’édition. Comment la publication d’artiste(s) se (ré)invente-t-elle constamment et, ce faisant, (ré)écrit-elle son histoire ? Nous essaierons de revenir sur l’histoire du livre d’artiste pour montrer qu’à partir du moment où le livre d’artiste est reconnu comme un genre, la tentation est forte de céder à l’anachronisme et d’assimiler au genre chaque livre dans l’histoire qui fut le support d’un artiste. Définir le champ dont il est question, ses rapports avec le reste de la production artistique, ses résistances propres à l’intimité supposée du livre, telles seront quelques questions abordées par les spécialistes invités.

Participants : Yves Chaudouët, artiste, enseignant à l’École européenne supérieure de l’image ; Christophe Daviet-Thery, libraire spécialiste des livres d’artistes ; Elza Lacotte, diplômée de l’École européenne supérieure de l’image, DNSEP 2009, mention TB, félicitations du jury pour la qualité de son travail éditorial ; Marie Boivent, enseignante-doctorante à l’Université Rennes 2 ; Stephen Wright, philosophe, enseignant à l’École européenne supérieure de l’image et Jérôme Saint-Loubert-Bié, artiste, enseignant à l’École des Beaux-arts de Rennes.

Club VIP, Nef Ouest.

Expositions/Animations

CARAN D’ACHE : partenaire du Salon

Pour la première fois cette année, la Maison de Haute Écriture Caran d’Ache devient partenaire du Salon du Livre Ancien. Ce partenariat est l’occasion d’une rencontre entre une marque de prestige synonyme de qualité et de raffinement et un événement culturel véritable vitrine d’un patrimoine d’exception.

Les instruments de haute écriture de cette Maison sont des merveilles d’artisanat et signent la créativité et la perfection du savoir-faire « swiss made ». Ces objets d’une grande qualité font écho aux oeuvres remarquables présentées lors du Salon : les stylos de prestige rappellent la passion de la belle écriture des livres anciens.

Les Éditions Limitées Caran d’Ache, qui expriment la rareté et le talent des plus grands créateurs et orfèvres, trouveront une place de choix sous la verrière du Grand Palais (stand D73).
www.carandache.com

La Bibliophilie à petit prix :
Stand « Découverte du Livre Ancien»

Sur le stand collectif «Découverte du Livre Ancien» (stand D 34-36), les libraires exposants au XXIIe Salon International du Livre Ancien démontrent que beaux livres et petit budget peuvent faire bon ménage. Sur ce stand sont proposés ouvrages de collection et grands textes en reliures anciennes à prix sages : de 20 à 150 euros pour des ouvrages en 1 ou 2 volumes, jusqu’à 300 euros maximum pour des séries reliées de plusieurs volumes.
Ce stand d’initiation à la bibliophilie est tenu par des libraires du SLAM qui seront ravis d’éclairer les collectionneurs débutants et de partager avec tous leur expertise et leurs commentaires.

Visites guidées

Un parcours initiatique pour découvrir la richesse de ce Salon. Des visites guidées quotidiennes pendant les 3 jours du salon seront organisées par des membres du SLAM.

Les amis de la reliure originale

La Société de la Reliure Originale a été créée en 1945 à l’instigation de Julien Cain alors administrateur de la B.N. et du relieur de Paul Bonet. Cinq autres relieurs seulement furent alors jugés dignes d’en faire partie: Rose Adler, Robert Bonfïls, Georges Cretté, Henri Creuzevault et Jacques Anthoine-Legrain. Seize bibliophiles répondirent à l’appel des instigateurs ainsi que trois libraires: Pierre Berès, Georges Blaizot et Georges Heilbrun. Au total 26 membres. Le premier Comité Directeur fut ainsi composé: Président André Rodocanachi, Vice-Président Paul Bonet, Secrétaire Général Jacques Guignard, Trésorier Henri Creuzevault.

Le but de l’association est d’encourager les relieurs qui font oeuvre originale. Elle le fera par tous les moyens susceptibles d’en promouvoir la connaissance et le goût, notamment grâce à des expositions de qualité.

Pendant 25 ans - jusqu’en 1970 - elle exposera tous les six ans à la B.N. dans la galerie Mazarine et participera pour la même période à des manifestations à New York, Copenhague, Stockholm, Londres et Zurich. A partir de 1975, elle exposera à Bruxelles.
En 1979, la Société refond ses statuts et prend la nouvelle dénomination Les Amis de la Reliure Originale. Elle limite alors la qualité de ses membres uniquement à des bibliophiles. C’est sa forme actuelle.

Depuis, l’ARO a organisé d’importantes manifestations : à Monaco en 1983, au Grolier-Club de New York (1987), à la Bibliothèque de l’Arsenal sur la reliure américaine contemporaine (1990), à la Maison de la poésie avec une réunion de reliures sur des livres illustrés par Picasso (1991), et à la B.H.V.P. l’exposition Max Jacob dans ses livres (1994) et la commémoration du cinquantenaire de l’association (1995).

Attachée à promouvoir la qualité d’exécution et l’originalité des décors, l’ARO organise régulièrement des concours dont les lauréats obtiennent la commande d’une reliure payée par l’association et exécutée sur un livre appartenant à une grande bibliothèque publique. Citons parmi les lauréats : Pierre-Lucien Martin (1948), Germaine de Coster (1951), Alain Lobstein et Monique Mathieu (1961), Nadine Auffret (1980), Sandra Aftalion (2009), etc.

Depuis ces dernières années, un effort important est fait en direction de la province et l’ARO a participé à divers titres aux expositions de Reims, de Nantes et de Metz. En partenariat avec le Conseil Régional de Bourgogne, l’association a invité 19 relieurs à réaliser pour le compte des Bibliothèques municipales de Bourgogne des reliures sur des ouvrages rares ou précieux.
Chaque année, depuis 1994, l’ARO organise l’Exposition Ephémère.

L’ARO a plaisir à exposer lors de ce Salon International du livre Ancien un ensemble de reliures décorées contemporaines provenant de collections privées, signées par les plus grands décorateurs, dont Georges Leroux, Monique Mathieu, Jean de Gonet, Renaud Vernier, Jean Knoll, Brigitte Benoist, François Brindeau, Frère Edgard Claes, Philippe Fié, Nobuko Kiyomiya, Daniel Knoderer, Florent Rousseau, Alain Taral, Anick Butré.
Siège social : Bibliothèque nationale, 58 rue de Richelieu, 75002 Paris
Secrétariat : M. Claude Blaizot, 164 faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris. Téléphone: (33) 01.43.59.36.58 - Fax: (33) 01.42.25.90.27
Stands D15 & D29

Écoles supérieures d’Art du ministère de la Culture et de la Communication

Qu’est-ce qu’une publication d’artiste(s)?

Ces dernières années ont vu l’émergence d’une profusion de publications d’étudiants et d’anciens étudiants diplômés du réseau de 58 écoles supérieures d’art sous tutelle pédagogique du ministère de la Culture et de la Communication. De format, support et de conception très variés, souvent caractérisées par une grande économie de moyens, elles soulèvent la question du devenir de la publication d’artiste. Le Salon international du livre ancien, de l’estampe et du dessin est un prestigieux vecteur d’exposition, offrant une visibilité à cette production.

La thématique interrogative choisie, en ne faisant pas apparaître la notion du seul « livre d’artiste », souligne que la définition même de la publication d’artiste reste – ou devient – ouverte, restreinte par la seule exigence de « rendre public ». Si le livre demeure un support privilégié, il n’est plus le seul : une conférence peut-elle constituer une publication d’artiste ? une performance ? une édition de cartes postales ? Dans sa diversité, cette exposition de la production des écoles supérieures d’art reflète les exigences de la recherche qui y est à l’oeuvre.

Livres, affiches, cartes postales, etc., conçus par les étudiants des écoles d’art sont disposés sur de simples tables. Le public peut consulter librement les éditions et demander des précisions sur les conditions et le lieu de leur réalisation.

À côté de ce large échantillon de publications, afin d’approfondir une appréciation critique du phénomène et d’attirer plus d’attention sur cette production dynamique, une table ronde réunit les membres du groupe de spécialistes du livre d’artiste contemporain.

Ministère de la Culture et de la Communication
Direction générale de la création artistique :
Marie-Christine HERGOTT - mission de la communication
Tél : 01 40 15 75 23 - courriel : marie-christine.hergott@culture.gouv.fr
Site internet : www.culture.gouv.fr

Le Grand Livre de PARIS

La cartographie du spectacle par Aprille Best Glover est un projet qui explore la frontière entre un livre et une sculpture. Paris est le thème du projet dans quelques-unes de ses facettes presque infinies ; Paris, comme une zone géographique, Paris, comme ville des livres, Paris, comme habitat naturel du flâneur, Paris, comme icône du tourisme, Paris, comme chez-soi chez les habitants. Le livre se compose principalement de cartes de diverses époques et des assemblages éphémères rassemblés par l’artiste. On peut aussi, avec l’aide de l’artiste, enlever chaque volume pour la lecture, et même ajouter ses propres impressions et mémoires de Paris.
www.aprille.net / aprille@aprille.net / 23 la Rotte aux Biques / 41800 Lavardin
T. 06 47 95 28 76

Prix de Bibliographie

Le SLAM attribue chaque année un Prix de Bibliographie à un travail bibliographique de qualité récemment édité en langue française. Ce prix sera décerné à l’occasion du Salon International du Livre Ancien, le samedi 17 avril, à 18h.

Orchestre

Concerts tous les jours pendant la durée du Salon.

La Bibliothèque interuniversitaire de médecine et d’odontologie
(BIUM, Paris)

Lieux et collections actuelles

Au 12 rue de l’École de médecine, à deux pas de la station de métro Odéon, entrez dans le grand hall qui s’ouvre à droite de la cour d’honneur et de la colonnade néo-classique de Gondoin, dans le bâtiment qui est aujourd’hui le siège de l’Université Paris Descartes. Dirigez-vous vers la Nature se dévoilant devant la science, empruntez le grand escalier. Entre deux hautes plaques de marbre honorant les donateurs, la porte de la bibliothèque est ouverte. La grande salle de deux cents places donnant sur le boulevard Saint-Germain, haute de 7 mètres, large de 10, déploie sur 86 mètres ses tables parallèles. Sur toute la hauteur de la salle et sur les trois côtés que n’occupent pas les verrières, une partie de la collection des thèses de médecine.

Devant les lecteurs, à vrai dire, beaucoup d’écrans et assez peu de livres. La médecine est passée à l’ère de la documentation électronique, et les lecteurs qui lisent des documents de papier sont désormais minoritaires. Avec 4 000 titres de périodiques en ligne et de nombreuses bases de données, la BIUM, bibliothèque de référence en France pour la médecine et l’odontologie, s’est engagée résolument dans la fourniture de ces documents.

Mais cette bibliothèque est irremplaçable d’abord par les documents qu’elle possède dans ses magasins et qu’elle continue d’acquérir : sur 8 niveaux et au long de 26 kilomètres de rayonnages, ce sont 400 000 ouvrages du XVe siècle à aujourd’hui, 20 800 titres de périodiques dont 2 400 en cours, pratiquement toutes les thèses soutenues à Paris depuis 1539, toutes les thèses de province que l’espace limité des magasins n’a pas obligé à déplacer en banlieue, une collection unique de plusieurs milliers de « Titres et travaux scientifiques », 1 000 volumes de manuscrits, une collection iconographique de 13 500 portraits et illustrations à sujets médicaux. Elle est, pour la médecine jusqu’au début du XXe siècle, l’un des trois plus riches fonds du monde, avec la National Library of Medicine américaine et la Wellcome Library de Londres, et elle est, de loin, la plus riche de France pour la médecine actuelle.

Celui qui découvre cette collection en parcourant le labyrinthe de couloirs, d’escaliers et de magasins qui se trouve derrière le décor, des sous-sols de la rue Hautefeuille jusqu’aux combles du boulevard Saint-Germain, s’étonne de l’ordre et de la nature des livres. Non pas dans les plus récentes décennies du fonds, qui présentent bien ce qu’on s’attend à trouver dans une bibliothèque spécialisée destinée aux étudiants avancés, aux chercheurs en médecine et à tous les praticiens de la santé (un vaste fonds polyglotte, largement anglophone, constitué d’ouvrages concernant tous les domaines de la médecine et de l’odontologie ainsi qu’un nombre limité de sujets connexes). Mais avant les années cinquante, aux côtés de volumes toilés et de cartonnages du XIXe siècle, voilà une reliure en parchemin du XVIe siècle. Les oeuvres complètes de Voltaire en 72 volumes jouxtent un livre de Jules Béclard. Un grand folio sur les vers intestinaux suit une anatomie, et précède la monumentale Description de l’Égypte ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l’armée française. Les livres provenant de bibliothèques médicales anciennes ou de dons de médecins se mêlent avec d’autres, nombreux, qui portent les ex-libris de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, l’estampille des Jacobins, les armes de grands de l’Ancien Régime. La collection est faite de strates plusieurs fois mélangées au cours des siècles. Voici, à grands traits, et à partir d’indications qui mériteraient des études approfondies, comment cet ensemble s’est constitué, et quelques-uns des grands mouvements qui lui ont donné sa physionomie actuelle.

Bibliothèques d’Ancien Régime

La bibliothèque de la Faculté de médecine

L’origine mythique de la bibliothèque remonte aux débuts de la Faculté de médecine médiévale. Le premier inventaire se trouve dans le premier volume (qui est également le plus ancien document conservé à la bibliothèque) des Commentaires de la Faculté de médecine, importante collection manuscrite où les doyens, sans interruption depuis 1395 jusqu’à la veille de la Révolution, ont tenu le journal de leur administration. En 1395, donc, la Faculté possédait un trésor de 13 manuscrits. Mais il n’en reste rien. Du Moyen-Âge au XVIIIe siècle, aucune bibliothèque ne se constitua de façon vraiment durable. Ne restent de ce passé révolu que les volumes des Commentaires, une traduction et un commentaire d’Avicenne [Ms 2044 et Ms 2045], et un commentaire de Galien [Ms 2085].

L’origine effective de la bibliothèque actuelle est un legs de 1733. Le médecin François Picoté de Belestre (1661 – 1733) donna les 3 456 volumes de sa bibliothèque à l’Université, pour qu’ils soient mis à la disposition du public. La Faculté de médecine accepta le don, qui fut complété par 1 400 volumes offerts par le doyen Philippe Hecquet. La bibliothèque fut ouverte au public treize ans plus tard, le 3 mars 1746, dans les locaux que la Faculté occupait rue de la Bûcherie. Jusqu’en 1792, et mis à part le déménagement qui la conduisit, avec la Faculté, jusqu’à la rue
Jean-de-Beauvais, la bibliothèque, ouverte au public une fois par semaine, fonctionna tranquillement en s’enrichissant principalement par des dons (Helvétius, Winslow, Chomel...). L’actualité n’était pas ce qu’on attendait de cette bibliothèque. Hormis une forte collection de thèses étrangères [cote 91007] achetée en 1772 et complétant les collection des thèses françaises constituée par les doyens Hyacinthe Théodore Baron père et fils [Ms 72-80, Ms 2322-2337A] et de Thomas-Bernard Bertrand [Ms 2308-2320], les acquisitions furent, semble-t-il, rares. L’histoire des remaniements de la collection au fil des décennies serait à faire : ils furent sans doute importants.

La bibliothèque d’Ancien Régime surprend au premier abord par sa diversité. Si la médecine, la chirurgie, la pharmacie et les savoirs connexes y sont fortement représentés, ils sont loin d’être hégémoniques : théologie, droit civil et canonique, voyages, belles-lettres y sont très présents. Cela n’est surprenant qu’à un regard contemporain, habitué à une spécialisation des savoirs et des bibliothèques qui les servent, spécialisation qui ne s’est installée que progressivement au cours des XIXe et XXe siècles.

En 1772, la bibliothèque compte 7 500 livres. Ce chiffre peut être comparé avec les 20 000 volumes possédés par la bibliothèque de l’Université de Paris à son ouverture en 1770 (c’est la bibliothèque dont l’actuelle Bibliothèque de la Sorbonne a hérité). Il est intéressant aussi de le rapprocher des 6 500 numéros (12 000 ouvrages ?) que présente le catalogue de la vente du doyen Baron en 1783, ou des 50 000 volumes de la bibliothèque du doyen Falconnet en 1763 : les plus grandes bibliothèques de l’époque sont des collections particulières.

La bibliothèque de l’École de chirurgie. La bibliothèque de la Société royale de médecine
Dans ces mêmes années, les chirurgiens, longtemps subordonnés, se dotèrent d’un bâtiment prestigieux construit par Jacques Gondoin et inauguré par Louis XVI en 1774 : c’est la partie ancienne du siège de l’Université Paris Descartes. Ils y installèrent, dans la galerie du premier étage située en façade, leur bibliothèque, riche des 1 430 volumes légués par François Gigot de la Peyronie en 1747, ainsi que les 798 volumes de la bibliothèque des maîtres-chirurgiens.

En 1776, sur les instances de Vicq d’Azyr et de Lassone, et malgré l’hostilité de la Faculté de médecine, Louis XVI créa la Société de correspondance royale de médecine, renommée l’année suivante Société royale de médecine. La nouvelle institution constitua une bibliothèque quicomptait 500 volumes lors de sa dissolution en 1793.

La bibliothèque de l’École de santé

Les décrets de la Convention du 8 août et du 15 septembre 1793 supprimèrent successivement les Académies et les Facultés. Leurs bibliothèques furent officiellement supprimées. Le 14 frimaire an III (4 décembre 1794), les Écoles de santé de Paris, Montpellier et Strasbourg furent créées, pourvues chacune d’une bibliothèque et, pour celle de Paris, d’un bibliothécaire. Cette nouvelle organisation abolissait la séparation périmée entre la médecine et la chirurgie. L’École de santé de Paris fut installée dans les locaux bâtis par Gondoin pour les chirurgiens.

Pierre Süe, chirurgien, ancien professeur et prévôt du Collège royal de chirurgie, fut chargé le 14 Nivôse (3 janvier 1795) de reconstituer et d’organiser la bibliothèque. Les moyens mis à la disposition de ce savant travailleur permirent de constituer un fonds important. Les bibliothèques de la Faculté de médecine, des chirurgiens et de la Société royale de médecine, grossies par celle du médecin François Thierry, furent attribuées à l’École, soit environ 10 000 volumes (chiffre hypothétique, qui suppose que les fonds d’Ancien Régime ont été intégrés dans l’état montré par les catalogues conservés). Le bibliothécaire put demander à la Bibliothèque nationale des ouvrages qu’elle possédait en double. En outre, il reçut le pouvoir de puiser dans les dépôts littéraires où l’on avait stocké les bibliothèques confisquées aux congrégations et aux émigrés. Il en usa largement. Un budget lui fut également alloué, permettant des acquisitions à titre onéreux.

Süe évalue en l’an VI (1798) à plus de 15 000 le nombre de volumes réunis, plus 12 000 thèses étrangères et 300 volumes de mélanges (les « mélanges » sont une des traditions de la bibliothèque et elle en a constitué des milliers : ils réunissent des pièces diverses sous une même couverture ou dans une même boîte, parfois avec un classement thématique), et il dit avoir mis en ordre plus de 10 000 ouvrages manuscrits. Prenons ces chiffres – surtout le dernier, bien difficile à interpréter – comme de simples indications : ce qui est certain est que l’accroissement fut très important et rapide. Il se poursuivit dans les années suivantes.

L’esprit dans lequel Süe a travaillé est très éloigné de celui qu’imposent aujourd’hui aux bibliothèques spécialisées l’inflation du nombre des publications et la spécialisation des savoirs. Süe récupéra tout ce qui est médical, mais aussi, écrivit-il, les ouvrages « qui, sans avoir un rapport avec ces matières [médicales, en un sens déjà extrêmement large], renferment des articles qui en traitent ; tels que les journaux anciens et modernes, les collections académiques et des Sociétés savantes ; tels que certains voyages remplis de faits curieux sur l’histoire naturelle, les moeurs civiles, les maladies et les remèdes des peuples dont ils donnent l’histoire […] » Il poursuit : « Une des plus grandes difficultés que j’ai rencontrées pour la composition de notre bibliothèque est relative aux ouvrages classiques, aux glossaires, aux dictionnaires de langues […], à certains historiens, poètes, romanciers même, à certains livres de jurisprudence […] » Les marges évoquées par Süe sont vastes, et le profil très encyclopédique que dessine le bibliothécaire correspond bien à ce qu’on constate sur les rayons. Il serait anachronique d’y voir des débordements de bibliothécaire désireux de charger ses étagères : les contours de cette bibliothèque dessinent bien plutôt ceux des savoirs que le corps médical prétendait explorer et jugeait nécessaires à son métier ou, du moins, à l’idée qu’il s’en faisait ou qu’il voulait en donner (le bon état relatif des collections de littérature et de voyages, par exemple, ne donne pas le sentiment que cette partie du fonds ait été intensément exploitée). Ils sont à prendre comme un document sur son histoire.

Des pièces prestigieuses entrèrent à la bibliothèque, et s’ajoutèrent au flux des réquisitions : citons les dessins originaux de Gérard de Lairesse [Ms 26], acquis en 1796, une collection manuscrite de lettres latines de Guy Patin [Ms 2007], la collection complète des thèses de chirurgie d’Ancien Régime, constituée par Pierre Süe et donnée par lui.

Les accroissements du XIXe et du début du XXe siècle

L’École de médecine retrouva en 1809 son ancien nom de Faculté. Le XIXe siècle et le début du XXe siècle ont été de grandes années pour la médecine française comme pour la bibliothèque, qui a connu un accroissement considérable, notamment avec la prolifération des titres de périodiques, et qui a suivi les développements de la médecine à travers le monde sous la direction de bibliothécaires de grande qualité. Les successeurs de Süe, tous médecins, bibliothécaires chacun pendant de longues années, firent de leur collection la première du monde dans son domaine. Jacques Moreau de la Sarthe (1808-1823), Patrice Mac-Mahon (1823-1835), Jean-Eugène Dezeimeris (1836-1852), Jacques Raige-Delorme (1852-1876), Achille Chéreau (1877-1885), François-Louis Hahn (1885-1920), Victor-Lucien Hahn (1920-1937) développèrent leurs collections, dans un mouvement progressif de spécialisation. Les chiffres sont secs mais parlants : 31 000 livres en 1837 ; 65 000 volumes, 4 850 volumes de thèses, 8 500 périodiques et 310 volumes de manuscrits après la guerre de 1870 ; 120 000 volumes en 1895 ; 220 000 volumes, 800 volumes de manuscrits à la veille de la guerre de 1914, époque à laquelle se développe également la collection iconographique. De nombreux dons de médecins apportèrent au fil du XIXe et du début du XXe siècle des milliers d’ouvrages : don Bideault de Villiers, Brouardel, Grisolle, Paul et Auguste Broca, Panas, Axenfeld, Marjolin, Davaine, Ch. Monod, Bonnafont, Martin de Gimard, Labarraque, Ferrand, L. Thomas, A. Gilbert, Coyon, Ph. Chaslin (qui légua en outre la majeure partie de sa fortune à la bibliothèque, réservée aux acquisitions et aux abonnements)... Si la croissance insuffisante des crédits a été et demeure une plaie chronique, les acquisitions furent néanmoins continues, enrichies à divers moments par des dotations particulières et, à partir de 1873, par la perception d’un droit de bibliothèque obligatoire pour les étudiants. Les échanges, en provenance du monde entier, s’accrurent également. A la veille de la Première guerre mondiale, la bibliothèque, ouverte de 11 heures à 18 heures et de 19 heures 30 à 22 heures, enregistrait quelques 200 000 entrées par an.

Le manque d’espace

A l’époque de Süe, les ouvrages furent classés par thème, et rangés dans des armoires fermées situées dans l’actuelle salle Landouzy, qui donne sur la cour d’honneur. Mais cette disposition, choisie à une époque où personne sans doute ne pouvait prévoir l’extraordinaire progression de la production imprimée , se révéla incapable d’intégrer les nouvelles entrées. Les successeurs de Süe durent chercher des locaux disponibles pour refouler les livres les moins consultés et laisser disponibles dans la salle et dans l’ordre les ouvrages plus demandés. Ces « dépôts partiels », qui se multiplièrent à mesure que la collection s’enrichissait et tout au long du XIXe siècle, envahirent les locaux disponibles, qu’on devine de plus en plus malsains, avec des conséquences fâcheuses pour l’état et la connaissance de la collection. Ils furent regroupés en un « dépôt général » par Chéreau : mais ce dépôt fut vite insuffisant. Les collections, à la même époque, furent entièrement réorganisées par format, en application de la circulaire du 4 mai 1878 concernant le service des bibliothèques universitaires, tandis que le catalogue par auteur était entrepris et réalisé très rapidement, complété à la fin du siècle par un catalogue par matière. En 1891, de grands travaux d’extension de la faculté furent réalisés sous la direction de l’architecte Ginain, et la bibliothèque ne fut pas oubliée : la grande salle de lecture actuelle fut construite. En 1908 déjà il fallut recommencer : le plancher de la salle fut surélevé de 3 mètres pour construire au-dessous de vastes magasins, tandis que les côtés de la salle étaient tapissés d’ouvrages sur toute leur hauteur. Ce ne fut toujours pas suffisant et la mer des documents allait plus vite que les projets architecturaux : de nombreux ouvrages, dont certains parmi les plus précieux selon nos critères, durent quitter la rue de l’École de médecine pour la Sorbonne. Une bonne quantité d’espace fut enfin libérée à la fin des années 50 grâce au déplacement d’une partie des enseignements rue des Saints-Pères : huit étages de magasins furent construits dans la place libérée, du côté de la rue Hautefeuille, donnant à la bibliothèque sa physionomie actuelle. Les collections déplacées regagnèrent alors la rue de l’École de médecine dans des conditions de stockage acceptable. Mais bientôt l’espace manqua à nouveau, et il fallut déplacer au Centre technique du livre de l’enseignement supérieur (Bussy-Saint-Georges) une large partie des thèses de province, tandis que de grandes opérations de « désherbage » du fonds étaient entreprises à partir de 1995. Aujourd’hui, si les collections les plus anciennes sont à peu près stabilisées, l’espace va bientôt manquer à nouveau.

Redécouverte des fonds anciens

La période qui a suivi la Seconde guerre mondiale a été heureuse pour les collections anciennes et pour leur connaissance. Ces collections déplacées, plus personne ne les connaissait vraiment dans les années 40. Sous l’impulsion d’André Hahn, bibliothécaire en chef de 1937 à 1970, ses collaboratrices Paule Dumaître (entrée à la bibliothèque au début de la guerre, et son conservateur en chef de 1971 à 1979) et Janine Samion-Contet entreprirent un travail méthodique de reconnaissance des fonds anciens, progressivement rapatriés depuis les caves de la Sorbonne, examinés, décrits et compris. C’est à cet effort de longue haleine que nous devons l’Histoire de la médecine et du livre médical à la lumière des collections de la Bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris (Paris : O. Perrin, 1962), un ouvrage pionnier dans son domaine et qui demeure une référence indispensable pour la connaissance de la partie centrale de la collection et du livre médical. Il rendit en outre possible, en 1962, l’ouverture de la salle de la Réserve. Quoique de dimension modeste et sans possibilité d’accroissement, cette salle permit de regrouper et de protéger un bon nombre des plus précieux ouvrages du XVIe au XIXe siècle (les incunables et les manuscrits étant stockés à part). C’est autour de cette salle que fut constitué le service d’histoire de la médecine, avec une collection d’ouvrages usuels permettant au lecteur d’avoir à proximité de lui les outils les plus nécessaires à ses recherches.

Développements récents de la bibliothèque

En 1970, lorsque les études médicales à Paris furent réorganisées, la bibliothèque de la Faculté de médecine fut rebaptisée Bibliothèque interuniversitaire de médecine.

En 1980, la Bibliothèque de l’École dentaire de Paris, dont l’origine remonte à 1879, fut rattachée à la BIUM. Cette bibliothèque fut tout d’abord une bibliothèque privée, constituée de dons de collections de particuliers. Elle devint le Centre français de documentation odonto-stomatologique en 1959, fut donnée à l’Etat en 1976 et devint la même année centre de référence (CADIST) en odontostomatologie. Les collections (11 000 ouvrages, 1 200 titres de périodiques, 33 000 thèses de Paris et de province depuis 1972, et un fonds d’archives) ont quitté la rue des Saints-Pères en 2005 pour rejoindre le fonds général de la rue de l’École de médecine.

Depuis 2006, la BIUM est dépositaire d’un exemplaire du dépôt légal en médecine et en odontologie. Aux côtés des acquisitions françaises et étrangères, elle complète ses collections grâce à des dons, moins nombreux que par le passé : Rhein, Dalsace et Vellay, Pélicier…

En 2009, la fusion de la Bibliothèque interuniversitaire de pharmacie (avenue de l’Observatoire) et de celle de médecine a été décidée : en 2011 elles ne formeront plus qu’une seule bibliothèque sur deux sites, créant ainsi un puissant pôle documentaire dans le domaine de la santé, rattaché à l’Université Paris Descartes.

Exploitation de la collection

L’intérêt des collections de la BIUM déborde très largement la seule histoire de la médecine. De longue date, la littérature médicale attire des chercheurs aux horizons très divers (histoire des sciences, histoire sociale, histoire du droit, philosophie, philologie, histoire de l’art, littérature, etc.) Les marges de la collection sont pourtant assez peu exploitées.

Plus diverse que le nom de la bibliothèque ne le laisse attendre, cachée en quelque sorte par ce nom même, la partie non médicale de la collection n’est pas encore assez visible pour que les lecteurs potentiels pensent à s’en servir.

Les efforts pour accroître cette visibilité n’ont pas manqué dans les dernières années. En 1998, le catalogue sur fiches en usage depuis les années 1880 a été numérisé puis mis en ligne. Des opérations successives de « rétroconversion » ont permis de signaler les documents dans les catalogues informatisés, et notamment dans le catalogue collectif des bibliothèques universitaires, le SUDOC. La recherche est actuellement possible sur la totalité de la collection après 1952, et sur la moitié de la collection ancienne depuis les origines. La fin du versement des notices anciennes dans le SUDOC et dans le catalogue général – opération qui s’effectue sur un rythme très soutenu – devrait permettre aux chercheurs de découvrir bientôt tous les documents que la BIUM conserve.

La bibliothèque numérique

Pour n’évoquer que la partie patrimoniale du site Web de la bibliothèque, un effort soutenu est consenti depuis dix ans pour donner accès à des ouvrages numérisés. 1,8 millions de pages, correspondant à 6 300 documents intégraux publiés entre le XVe siècle et le premier tiers du XXe siècle (livres, dictionnaires, revues, thèses, articles, manuscrits), sont aujourd’hui à la disposition des internautes dans la bibliothèque numérique Medic@. Un certain nombre des trésors de la bibliothèque présentés lors du Salon du livre ancien y figurent (dessins de Lairesse, image de la dure-mère gravée par Ladmiral, photographies de Nadar, thèse de Dupuytren, Épitomé de Vésale, Mémoire sur le pancréas de Claude Bernard, Mémoires de l’Académie de chirurgie,...). Medic@ ne cherche pas à être une bibliothèque numérique exhaustive, mais vise à offrir aux historiens et aux amateurs (dans l’acception la plus large du terme) les outils et les textes spécialisés dont ils ont besoin. Par ailleurs, la banque d’images et de portraits s’accroît rapidement, en partenariat avec plusieurs autres institutions (Académie nationale de médecine, Musée de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, Musée de l’Hôpital Saint-Louis, École nationale vétérinaire d’Alfort), et offre déjà 70 000 images.

Six expositions virtuelles permanentes sont présentées. On mentionnera ici l’exposition 100 frontispices de livres de médecine du XVIe au début du XIXe siècle, qui présente et documente quelques-unes des plus belles premières pages de la collection ancienne.

Et si l’on parlait de plaisir
par Marie-Françoise Leclère
Le Point

« N’espérez pas vous débarrasser des livres ».

Fait-on plus impérieux que ce titre ? C’est pourtant celui d’un ouvrage savoureux, en tous points délectable paru l’automne dernier chez Grasset. Deux hommes étonnants, deux gloires mondiales de la culture, le scénariste et écrivain Jean-Claude Carrière et le philosophe, médiéviste et romancier Umberto Eco, y discutent à bâtons rompus de leur passion commune, les livres. Chacun en possède environ 50 000, magnifiques ou non mais tous précieux à leurs yeux, chacun a ses obsessions, son bagage d’anecdotes et d’intrigues folles. Cinq mille ans d’histoire du livre et de ce qui le précéda y défilent et rarement l’expression « gai savoir » n’a été aussi justifiée que pour cet aimable assaut. Sa lecture est la meilleure des introductions à cet événement capital qu’est le Salon du Livre Ancien, de l’Estampe et, pour la première année, du Dessin qui se déroulera au Grand Palais du 16 au 18 avril. Des milliers de livres et d’images qui ont traversé les siècles vous y attendent. Au risque de ne plus pouvoir l’oublier, comment rater pareil rendez-vous amoureux ?

Car c’est d’amour, de plaisir et de sensualité qu’il s’agit là, des denrées devenues rares dans une époque prosternée devant le virtuel et qui semble ne plus jurer que par la dématérialisation. On n’entrera pas ici dans la désormais banale dispute sur internet, les arguments sont connus et tous s’accordent à y voir un formidable outil d’information et de documentation. Reste que le « clic » procure peu de sensations ! Alors que le livre, c’est de la chair. On le regarde, on le touche, on le soupèse, on en respire le parfum, on en scrute les défauts éventuels, on en contemple la reliure, la typographie, les illustrations. Naît le désir de posséder… Naît parfois le goût de la collection et ce vice que Charles Asselineau, un ami de Baudelaire, a nommé la « libricité ». Quant aux plaisirs de la lecture, nul besoin d’y revenir. Une réflexion de Jacques Laurent les résume parfaitement : « c’est chez Alexandre Dumas, disait-t-il, « que j’ai mangé les meilleures omelettes au lard. »

L’estampe et le dessin provoquent des émotions analogues : le sujet vous aiguillonne (comme pour le livre, le texte) mais aussi l’artiste et son univers qui soudain surgissent, et encore la force, l’élégance d’un trait, l’évidence d’une couleur, la puissance d’évocation de l’ensemble. Un monde apparaît qui fait rêver, qui trouble, qui amuse et peut, lui aussi, déclencher la convoitise. Il y a de la magie là-dedans, mais elle est facile à déchiffrer : « il suffit », note Jacques Bonnet dans un livre à l’érudition charmante intitulé « Des bibliothèques pleines de fantômes » (Denoël 2008) « d’apprendre à lire les images, comme on apprend à lire les mots. »

On aura compris combien est cohérent, au-delà des raisons économiques, le mariage rituellement célébré dans ce Salon, de ces deux enfants du papier que sont le livre et l’estampe. « Ce sont deux disciplines complémentaires », commente Mireille Romand, la présidente de la Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau. Et d’ajouter que « l’estampe n’est pas un produit dérivé mais une expression en soi, qui offre un plaisir des yeux constant, sans cesse renouvelé, parce que la curiosité est en permanence sollicitée. » Elle raconte ainsi avoir mis dix ans à « saisir » une estampe pour la Revue blanche de Pierre Bonnard qui ornait les murs de la maison familiale.

A tant parler de plaisir, on comprend aussi combien le corps – le thème unique de ce Salon – est impliqué dans ces pratiques. Le choix s’est fait en fonction de l’invité d’honneur : la Bibliothèque interuniversitaire de médecine et d’odontologie (BIUM Paris) mais il est particulièrement judicieux. Citant Paul Ricoeur, selon qui le corps est le médiateur entre l’intimité du moi et le monde extérieur, Alain Nicolas, le président du Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne (SLAM) affirme, non sans raison, que le livre joue un rôle identique. Allant plus loin, il évoque même avec gourmandise le corps du livre, ce corps que relieurs et doreurs peuvent parer, ce corps que l’on peut cacher – et c’est la fameuse littérature appelée naguère du second rayon !

Mais, dit-on souvent, tout cela n’est pas pour moi. Traînent en effet dans l’imaginaire les ombres du bibliophile maniaque, du libraire et du galeriste arrogants, du collectionneur richissime, tout un peuple égoïste, écrasant qui mépriserait le néophyte, impécunieux de surcroît. Ce ne sont que fadaises et vieilles lunes. Pour lutter contre elles, le Salon organise des visites guidées, des rencontres, des conférences, des ateliers d’initiation à la bibliophilie comme à l’art de l’estampe, autant d’occasions pour des professionnels chaleureux de partager leurs compétences et leur ardeur. A côté des trésors, il y a un stand collectif de découvertes où les prix vont de 20 à 300 € maximum. Un livre, une image vous y guettent, vous et rien que vous. L’impression est étrange, mais attestée. On la nomme coup de foudre. Elle est souvent à l’origine d’une belle histoire d’amour.

La liste des exposants 2010 se trouve ici : http://www.salondulivreancienparis.fr/articles.php?artID=14

Source des informations de ce billet : http://www.salondulivreancienparis.fr/

Bon salon !

PS : Je suis encore dans l'incertitude de pouvoir être présent à ce salon en tant que visiteur. C'est finalement sans doute le samedi que je déciderai de mettre mes pas dans ceux des géants...

Bonne journée,
Bertrand

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