samedi 13 mars 2010

Connaissance de la reliure par l'image. Jolie reliure signée MARTIN, vers 1827-1830. Emouvant exemplaire de la poétesse Marceline Desbordes-Valmore.



Marceline Desbordes-Valmore jeune. Vers 1810.


Encore une reliure romantique me direz-vous ! J'avoue un penchant affirmé pour cette période de la reliure d'art, notamment en France, où, il faut bien le dire, les artisans du métier ont été particulièrement créatifs.

Voici une reliure signée MARTIN. Reliure signée en lettres dorées en pied du dos. Reliure signée d'une petite étiquette imprimée nous informant sur l'adresse : "Rue St Jean de Beauvais N°24 MARTIN - Relieur - Paris."

Voici un relieur à peine cité par Fléty dans son Dictionnaire des relieurs français de 1800 à nos jours. On trouve à peine 2 lignes dans "Société des Bibliophiles et Iconophiles de Belgique. La reliure romantique. Exposition à la Bibliothèque Albert I, du 12 octobre au 19 novembre 1961." Très joli catalogue, sobre, décrivant 215 livres, tous très bien reliés, en reliures signées de l'époque romantique ou non signées mais néanmoins remarquables. Chaque relieur est l'occasion d'un petit paragraphe biographique très bien documenté.

"Relieur à Paris. Il travailla avec certitude entre les années 1797-1842, peut-être encore en 1849." Les sources citées sont Ramsden, French Bookbinders, p. 136 et Devauchelle, II, p. 245.

L'exemplaire exposé en 1961 à Bruxelles était le suivant :

"Reliure de veau cerise. Sur les plats, cadre formé d'un filet à l'encre de Chine et d'une palmette à froid ; des filets à l'encre de Chine forment un rectangle central, divisé en losanges et triangles ; les points d'intersection des filets sont réhaussés d'une rosette dorée. Dos à quatre nerfs, les compartiments ornés à froid. Doublure et gardes de papier agate. (MARTIN.)"

Sur : Amable Tastu. Poèmes. Paris, J.Tastu; 1826, in-8°. Exemplaire de la collection de M. le Baron Pierre Van Zuylen.



Hasard, coïncidences ? L'exemplaire que je vous montre aujourd'hui est également une édition des Poésies de Mme Amable Tastu. Paris, J. Tastu, 1827. In-12. Quatrième édition. Jolie petite édition illustrée de charmantes petites vignettes sur bois dans le texte. Le volume mesure environ 168 x 108 mm. En voici la description textuelle que j'espère la plus fidèle possible (voir image ci-dessous).

"Veau glacé caramel, dos orné à quatre faux-nerfs sautés, plats entièrement recouverts d'un décor de filets gras concentriques à l'encre de Chine raccordés dans les angles par de petites fleurettes dorées, roulettes à froid intercalées entre les filets à l'encre de Chine. Dos très orné de filets à froid et de palettes dorées, roulettes dorées sur les faux-nerfs. Chaînette dorée sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier caillouté, tranches dorées. (MARTIN)"


Cliquez sur l'image pour agrandir.

Exemplaire de la poétesse Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
probablement offert par la poétesse Amable Tastu, vers 1827-1830.


La reliure a cela d'attirant qu'elle est parfaitement conservée, d'une grande fraîcheur. L'intérieur du volume, imprimé sur un beau papier vélin est pratiquement sans rousseurs, très frais également. Le volume a visiblement été très peu ou très bien manipulé depuis 1827.

Ce petit volume a ceci d'assez exceptionnel (pour ceux que ça en touche une en faisant bouger l'autre...) qu'il s'agit de l'exemplaire personnel de Marceline Desbordes-Valmore. Au début, je voulais vous faire l'historique de cet exemplaire, et puis je préfère vous laisser rêver en vous disant simplement qu'au verso de la première page de garde blanche, on peut lire ces mots, tracés à la plume : "Mme Marceline Valmore 10 Boulevard Bonne Nouvelle". Marceline Desbordes-Valmore habite au 10 Boulevard Bonne-Nouvelle entre 1845 et 1846. On sait que la poétesse a déménagé de très nombreuses fois... On sait aussi que Mesdames Amable Tastu et Desbordes-Valmore étaient amis. Je vous laisse imaginer le reste.



Voilà, encore une belle histoire d'exemplaire hors du commun, que le hasard a bien voulu mettre sous mon toit (pour un moment au moins).


Portrait de Marceline Desbordes-Valmore à la fin de sa vie, par Nadar. Vers 1850-1859 ?


Amusant de noter que lorsque j'ai acheté ce petit bijou, rien n'avait dit de cette provenance... provenance qui change tout, vous en conviendrez (pour ceux que ça en touche une en faisant bouger l'autre...)

Pour aller un peu plus loin, voici le site officiel consacré à Marceline Desbordes-Valmore. Cette poétesse mérite vraiment d'être redécouverte. Vous pourrez notamment découvrir sur ce site plusieurs morceaux manuscrits de la poétesse. On peut comparer avec l'inscription dans le volume présenté ici (les lettres M, B, r, etc, permettent de confirmer qu'il s'agit bien de son écriture dans le volume). La seule chose intrigante est que le volume a été imprimé en 1827, sans doute relié à la même époque, mais que l'adresse mentionnée par Marceline (10 Boulevard Bonne Nouvelle), ne correspond qu'aux dates de 1845 ou 1846. A-t-elle inscrit son nom dans son volume pour en marquer la propriété en vue d'un futur déménagement ? Ce n'est pas impossible, même fort probable quand on sait que Marceline changea encore plusieurs fois d'adresse avant de se fixer pour ses dernières années.

Bon samedi,
Bertrand

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