jeudi 31 décembre 2009

Les voeux d'outre tombe d'Octave Uzanne pour la nouvelle année... 1893. Le Bibliomane moderne vous offre ses voeux d'Hercule Gaulois pour... 2010.


Octave Uzanne
était un esthète, un dandy de la bibliophilie, un novateur de la bibliosphère. Depuis ses premières collaborations dans le monde éditorial (le Conseiller du Bibliophile de Camille Grellet dans lequel il donne de nombreux articles sous différents pseudonymes), l'Octave a su dénicher de nouveaux talents d'illustrateurs et d'auteurs. Fidèle à quelques premières amours, Paul Avril notamment (qui illustra quelques uns de ses livres), Albert Robida qui lui offrit quelques planches dans ses revues (Le Livre, Le Livre moderne) et illustra en entier les Contes pour les Bibliophiles (1894), Eugène Courboin pour l'illustration des Contes de la vingtième année (1896) qu'on retrouve pour la Panacée du Capitaine Hauteroche (1899), etc. On sait Uzanne fort attaché à l'innovation technique dans les livres qu'il édita ou dont il dirigea l'exécution de bout en bout. On lui doit les premiers essais d'estampes en couleurs réalisées grâce à la technique dite "au repérage" (Son altesse la femme en 1885, La française du siècle en 1886, etc). Sans Uzanne, point de grande revue de bibliophilie entre les années 1880 et 1892, aves successivement Le Livre (1880-1889), Le Livre moderne (1890-1891) et enfin L'Art et l'Idée (1892). Ensuite Uzanne s'essouffle il est vrai, il se consacre à vendre une partie de sa bibliothèque, se contente après 1900 de rééditer ses anciens titres sur la femme sous des formes plus populaires et nettement moins bibliophiliques il faut bien le dire. Qu'importe, Uzanne aura beaucoup donné pour la gloire des vieux livres et sans doute encore plus pour la gloire des nouveaux. Comme l'indique le titre de sa dernière revue parue en 1892 (2 vol. in-8) l'Art et l'Idée, c'est "Le dilletantisme littéraire et la curiosité" qui le guide encore et l'a sans doute toujours guidé. De métier il n'en eut qu'un seul en fait, celui de causer des beaux livres. Un de ses volumes ne porte-t-il pas d'ailleurs le titre de "Nos amis les livres - Causeries sur la littérature curieuse et la librairie" (1886 - extraits d'articles déjà parus dans la revue Le Livre). Depuis les "Caprices d'un bibliophile" (1878 - Uzanne avait 27 ans) jusqu'au "Dictionnaire Biblio-Philosophique" (1896 - Uzanne avait 45 ans et était au sommet de son art) il ne faut pas chercher autre chose qu'un amoureux des livres. Uzanne mourut en 1931 âgé de 80 ans. Les 30 dernières années de sa vie peut se réduire à peu de choses pour ce qui est de la bibliophilie. On retrouve alors Octave Uzanne disséminé dans quelques articles de second niveaux dans diverses revues parisiennes. L'aura n'y est plus. Uzanne est pour ainsi dire mort en bibliophilie au tournant du siècle. Pourquoi ? J'avoue ne pas encore avoir percé ce mystère. Mais je ne doute pas qu'un jour un bibliophile de notre temps éclaire de ses lumières ce parcours encore à demi-voilé (la seule étude sérieuse à ce jour sur Octave Uzanne est une thèse de doctorat de Fathi Ghlamallah, Octave Uzanne, homme de Lettres, bibliophile et revuiste, 1851-1892. Montpellier III, 30 oct. 1999 (thèse non publiée à ce jour - mais j'ai eu la chance de lire par un don gracieux de l'auteur).

Arrêtons-là les louanges uzannesques un soir de réveillon ! On risquerait de lasser...

Je vous offre, venue d'outre-tombe, cette belle carte de vœux, réalisée à l'eau-forte par Albert Robida pour Octave Uzanne, pour la nouvelle année 1893. Cette carte, restée vierge, est peut-être un essai ? un modèle non retenu par Uzanne ? Ou une carte restée oubliée dans un des tiroirs de son bureau du 17 quai Voltaire à Paris ? Qui sait ? Elle mesure 132 x 110 mm (cuvette). Je vous laisse juger, et de la qualité du dessin, de la gravure, du thème, de l'inspiration sans doute insufflée par Uzanne lui-même, à moins qu'il n'ait laissé carte blanche à son ami et complice Albert Robida. Nul doute que cette carte de vœux est suffisamment rare pour qu'elle ne soit tombée entre mes mains qu'il y a très peu de temps... Voici mes étrennes faites !



Ces vœux d'outre-tombe sont une belle transition pour vous présenter ceux du Bibliomane moderne. N'ayant pas Albert Robida sous la main mais étant tout aussi amoureux des vieux livres que l'Octave pouvait l'être des nouveaux, je vous offre cette modeste carte de vœux créée à partir d'une gravure sur bois anonyme qui se trouve dans une édition de Lucien de 1581 (traduction du bourguignon Philbert Bretin), j'ai arrangé un peu les choses, la technique aidant...



Et comme aurait écrit Uzanne : Le Bibliomane moderne vous envoie ses compliments avec ses souhaits cordiaux pour un complet et heureux voyage à travers le nouveau calendrier.

Meilleurs vœux à toutes et à tous pour cette nouvelle année 2010 qui commence demain !

Amitiés bibliophiles,
Bertrand

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