mardi 15 décembre 2009

Une très jolie vignette de titre rehaussée en couleurs (suite et fin). L'aminte du Tasse retrouvée !




Quelquefois je me demande pourquoi Martin ne postule pas au suffrage universel ? Je pense qu'en République Bibliophile il aurait toutes ses chances. En tous les cas, moi je vote Martin !

Bravo à Martin donc, qui a su retrouver derrière cette petite vignette coloriée l'Aminte du Tasse dans une édition du début du XIXe siècle, dont voici la page de titre.

Quelques mots sur l'Aminte du Tasse. C'est un célèbre drame pastoral en cinq actes et en vers, composé par le Tasse, et représenté à la cour de Florence en 1573. Le caractère dramatique de quelques églogues de Virgile et de Théocrite domine dans l'Aminte, dont voici le sujet : Amyntas (et non Aminte, comme nous disons), petit-fils du dieu Pan, aime Sylvie, petite-fille du fleuve qui arrose la contrée (les environs de Ferrare). Ils ont été élevés ensemble, ne se sont jamais quittés, et il lui déclare sa passion. Sylvie, offensée, le bannit de sa présence. Cependant Amyntas trouve une occasion de sauver Sylvie des attaques d'un satyre; mais elle n'en demeure pas moins irritée, le fuit toujours, et il apprend, par une fausse nouvelle, qu'elle a été tuée à la chasse. Le désespoir s'empare de lui, et il va se précipiter du haut d'un rocher. On vient annoncer à Sylvie la mort de son amant; elle s'attendrit, le regrette, court à sa recherche, pour lui rendre au moins les derniers devoirs, et le trouve au milieu de bergers qui le rappelaient à la vie, car un buisson l'avait retenu dans sa chute, et il n'était qu'évanoui. Sylvie le comble de ses caresses, et l'hymen assure le bonheur des deux amants. Chaque acte de l'Aminte est suivi d'un choeur fort court. La pièce est précédée d'un prologue, et terminée par un épilogue. Le succès de l'Aminte fut préparé par l'état de la société italienne, qui aimait à se reposer de ses troubles sanglants dans des peintures champêtres; mais il vient surtout de l'extrême élégance du style, de la variété des tours et des images, et de cette coupe facile et harmonieuse de vers inégaux, que le Tasse emprunta à la tragédie de Canace, par Sperone Speroni. Il faut y joindre la grâce infinie, la suavité tout italienne, avec laquelle le Tasse, âgé de 29 ans, amoureux lui-même (car il s'est peint dans sa pièce sous le nom de Tircis), analyse et commente l'amour. Le ciel, la lumière des paysages italiens, animent, éclairent cette composition charmante, où le poète a trouvé l'art de fondre avec un naturel parfait et une industrie merveilleuse les plus agréables passages d'Anacréon, de Moschus, de Virgile et de Théocrite. C'est par le style que vivra l'Aminte; non pas que ce style soit absolument exempt de l'affectation qui gâte trop souvent les oeuvres du Tasse, et qui a attiré le jugement si sévère de Boileau. A savoir : L'auteur ne voulait pas imprimer son drame, à cause des allusions qu'il renferme : on trouva cependant le moyen d'en avoir des copies; l'une de ces copies tomba entre les mains d'Alde, qui en donna une édition, Venise, 1581, in-8°. Ménage a aussi laissé une édition de l'Aminte, avec notes, Venise, 1736. II en existe une traduction française en vers élégants, Paris, 1666. Voir aussi : Ginguené, Histoire de la littérature italienne, t. V et VI. (Source http://www.cosmovisions.com/textAminte.htm)

L'édition que nous présentons sur le Bibliomane moderne est de la traduction de Baour Lormian.

Pierre-Marie-François Baour-Lormian, dit Louis-Pierre-Marie-François, Pierre-Marie-François-Louis ou encore Pierre-Marie-Louis Baour-Lormian, de son vrai nom Louis-Pierre Baour, est un poète et écrivain français né à Toulouse le 24 mars 1770 et mort à Paris le 18 décembre 1854. Il publie d'abord des satires, puis des traductions (1795) en vers de la Jérusalem délivrée et des poésies d'Ossian. Il fait représenter avec succès la tragédie d' Omasis ou Joseph en Égypte et donne des opéras : Jérusalem délivrée, Aminte, Alexandre à Babylone. Il s'exerce dans tous les genres littéraires, même dans l’Épopée (l’Atlantide, 1812). En 1819, il refond sa traduction du Tasse qui est restée son œuvre principale. Dans ses dernières années, devenu aveugle, il met en vers le poème de Job. (Source Wikipedia).

Sinon, pour compléter cet article, je précise que cette petite édition, assez jolie à mon goût, publiée par Klostermann fils, sans date (1813 d'après l'exemplaire listé au catalogue collectif des bibliothèques de France de la Bibliothèque de Lunel), et est agrémentée de 6 belles vignettes sur acier hors-texte. Seule la première est signée des mêmes Roger et Desenne (idem vignette de titre), les autres gravures ne sont ni signées ni légendées (épreuvres avant la lettre sur vélin plus fort ?? à Martin de nous dire c'est lui le spécialiste du genre...), très belles, assez lestes ou pour le moins sensuelles. A noter les grandes marges autour de la gravure ce qui est du meilleur effet.







C'est à mon sens un beau petit livre. Il est relié en demi-veau rouge à coin de l'époque dans le goût des reliures de Thouvenin ou Simier (reliure non signée).

En espérant vous avoir fait découvrir ou redécouvrir un ouvrage qu'on ne lit plus... mais rassurez-vous, dans sa préface, Baour Lormian insiste sur le fait que déjà, en 1813, c'est un texte qu'on ne lit plus ! Les temps changent... ou pas.

Bonne soirée,
Bertrand

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