samedi 3 janvier 2009

Le livre ancien et son pedigree



Chers amis bibliophiles et amateurs de belles pages,

C'est au détour d'une conversation téléphonique que j'ai eu hier que m'est venue l'idée de ce petit billet. Nous causions ex libris, provenances et autres marques d'appartenance des livres. J'exprimais ainsi mon envie, à chaque fois que cela était possible, de pouvoir retracer une partie du chemin parcouru par le livre ancien que j'ai entre les mains. Pas si facile me direz-vous ! Et vous aurez raison.

Il y a les livres muets, sans aucun marque d'appartenance, de ceux-là on ne saura jamais rien de plus que le titre et l'auteur. Il y a ceux qui, discrètement, humblement, sont recouverts d'une petite marque distinctive, un paraphe, des initiales, un symbole, et de ceux-là, seul le hasard d'une rencontre, une découverte fortuite, nous donnera la clé "d'appartenance", le mystère de la "possession". Il y ceux, plus emphatiques, plus diserts aussi, qui nous donne, à travers un ex libris gravé, une signature reconnaissable, quelques mots tracés à la plume, une piste de recherche pour connaître le destin du livre que nous contemplons. Et puis, enfin, il y a les bavards, les verveux, ceux qui, recouverts de placards d'ex libris tous plus rutilants les uns que les autres, posés à la file, affichent clairement l'intention des anciens possesseurs de passer à la postérité "bibliophilique".

Je n'en privilégie aucun. Je trouve dommage lorsqu'un livre est resté vierge jusqu'à moi, triste de ne pouvoir lui redonner un historique que sans doute il méritait largement, ne serait-ce que pour avoir survécu jusqu'à ce jour.

Je trouve excessif ces alignements fastueux d'ex libris dorés sur cuir, qui pourtant, même s'ils dénotent chez les anciens possesseurs un ego au delà de la mesure, nous permettent aujourd'hui de leur donner le pedigree qui leur est dû (surtout lorsque je m'apperçois que les tranches dorées à l'or fin sont encore solidaires et collées les unes aux autres, ce qui signifie bien évidemment que ce livre n'a pas été lu jusqu'à ce jour et que les bibliophiles qui les avaient orné de leurs médailles n'avaient finalement guère combattu au front.

Bref, tout ça pour dire que je ne suis pas prêt à orner d'un ex libris les livres que je pense conserver pour toujours. C'est sans doute aussi parce que "pour toujours" est une expression que je n'envie guère. La mienne serait plutôt "changer souvent, voir beaucoup, aimer toujours".

Je vous livre aujourd'hui un livre "à pedigree" que je n'ai pas réussi à pister sur les chemins du temps. Peut-être aurez-vous plus de nez que moi. Je pense particulièrement à Martin, puisque cette provenance et cette dédicace me semblent plutôt germanique ou alémanique.

Voici le titre de l'ouvrage avec une décidace assez facile à lire en bas du titre, et strictement contemporaine de l'ouvrage (Quatre relation historiques par Charles Patin, médecin de Paris, Basle, 1673, in-12)



Voici l'ex libris collé sur le verso de la garde blanche. Il mesure 87 x 70 mm. C'est une eau-forte.





Bon samedi à toutes et à tous,
Bertrand

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