Pour ce billet, je me suis contenté de recopier l'article de Alkan Ainé, intitulé "Le père Garnot et Hébrard, son associé" ; publié dans les "Miscellanées Bibliographiques". Cette revue, offre une source quasi inépuisable d'articles pour un blog comme celui que nous avons choisi de vous offrir.
Pour nos lecteurs, il me semble plus correct de personnaliser mes courts articles par une refonte avec mon phrasé, seulement ici, c'est une opération un peu particulière qui s'est opérée ; Alkan Aîné a décrit Tabary d'une telle manière imagée que je me suis représenté le bonhomme.
J'espère que c'est cette même image qui s'offrira à vous, sinon, que l'on veuille bien me pardonner d'avoir brutalement recopié ce texte.
Bonne lecture !
"La "bouquinerie" du père Tabary a été acquise par Hébrard, un dandy et ex-commis de la librairie de Techener père.
Le père Tabary, aux formes grossières et à l'accoutrement plus que négligé, avait les mains constamment sales.
Dans les ventes publiques, il poussait les livres par obstination et se laissait facilement monter pas les commissaires priseurs :
-"allons père Tabary, c'est pour rien ! vous n'allez pas laisser ça ?". Et le père Tabary, bouffi d'orgueil et très sensible à l'interpellation officielle, mettait toujours la dernière enchère, en arrondissant la somme en criant :
- "Le mot !". L'adjudication une fois prononcée, Tabary, comme nous l'avons déjà imprimé, de s'écrier, avec son accent artésien (de l'Artois) :
- "Passez-moi le bouquin ! " Or, le bouquin était presque toujours un superbe volume, relié en maroquin ou en veau fauve, reliures si délicates, souvent aux armes. Et après l'avoir happé de ses grosses mains calleuses, il le jetait violemment sur la table d'une manière assez maladroite, en abîmant les coins, et ce à l'effroi de la salle tout entière, et quelqu'un de dire :
- "Mais prenez donc garde, père Tabary! "
- "Mais que vous importe ! " répliquait le grossier personnage, puisqu'on va me l'adjuger tout à l'heure."
Et c'était vrai. L'adjudication une fois prononcée, après le coup de marteau règlementaire, il enlevait le précieux volume au nez et à la barbe de tous, et le jetait violemment dans une toile poussiéreuse, qui fut verte autrefois.
La bouquinerie du père Tabary était située dans la rue Guénégaud. Cette rue sombre, et bruyante surtout à cause du bruit incessant occasionné par les forges de la Monnaie ; cette rue, qui ne demande qu'une issue qu'on retarde sans cesse, a été témoin de bien d'autres événements en dehors de l'établissement noir, poudreux et humide du père Tabary...
Tabary avait en lui tout ce qu'il fallait pour mourir à l'hôpital, et il finit par là. Il était du Quesnoy, dans l'Artois.
Alkan Aîné"
Pour évocation conforme,Pour nos lecteurs, il me semble plus correct de personnaliser mes courts articles par une refonte avec mon phrasé, seulement ici, c'est une opération un peu particulière qui s'est opérée ; Alkan Aîné a décrit Tabary d'une telle manière imagée que je me suis représenté le bonhomme.
J'espère que c'est cette même image qui s'offrira à vous, sinon, que l'on veuille bien me pardonner d'avoir brutalement recopié ce texte.
Bonne lecture !
"La "bouquinerie" du père Tabary a été acquise par Hébrard, un dandy et ex-commis de la librairie de Techener père.
Le père Tabary, aux formes grossières et à l'accoutrement plus que négligé, avait les mains constamment sales.
Dans les ventes publiques, il poussait les livres par obstination et se laissait facilement monter pas les commissaires priseurs :
-"allons père Tabary, c'est pour rien ! vous n'allez pas laisser ça ?". Et le père Tabary, bouffi d'orgueil et très sensible à l'interpellation officielle, mettait toujours la dernière enchère, en arrondissant la somme en criant :
- "Le mot !". L'adjudication une fois prononcée, Tabary, comme nous l'avons déjà imprimé, de s'écrier, avec son accent artésien (de l'Artois) :
- "Passez-moi le bouquin ! " Or, le bouquin était presque toujours un superbe volume, relié en maroquin ou en veau fauve, reliures si délicates, souvent aux armes. Et après l'avoir happé de ses grosses mains calleuses, il le jetait violemment sur la table d'une manière assez maladroite, en abîmant les coins, et ce à l'effroi de la salle tout entière, et quelqu'un de dire :
- "Mais prenez donc garde, père Tabary! "
- "Mais que vous importe ! " répliquait le grossier personnage, puisqu'on va me l'adjuger tout à l'heure."
Et c'était vrai. L'adjudication une fois prononcée, après le coup de marteau règlementaire, il enlevait le précieux volume au nez et à la barbe de tous, et le jetait violemment dans une toile poussiéreuse, qui fut verte autrefois.
La bouquinerie du père Tabary était située dans la rue Guénégaud. Cette rue sombre, et bruyante surtout à cause du bruit incessant occasionné par les forges de la Monnaie ; cette rue, qui ne demande qu'une issue qu'on retarde sans cesse, a été témoin de bien d'autres événements en dehors de l'établissement noir, poudreux et humide du père Tabary...
Tabary avait en lui tout ce qu'il fallait pour mourir à l'hôpital, et il finit par là. Il était du Quesnoy, dans l'Artois.
Alkan Aîné"
Xavier