Le portrait de la Pompadour par Boucher
(Munich Bayerische Staatsgemäldesammelungen)
(Munich Bayerische Staatsgemäldesammelungen)
Note préliminaire : De l’utilité de la documentation. Les ouvrages de la Pompadour ont toujours étés TRÈS recherchés par les bibliophiles, et si il y a très peu de faux dans les livres anciens ; en revanche il y a des fausses provenances. On sait aujourd’hui, que les fers à dorer à ses armes ont étés acquis par des doreurs qui les ont utilisés sur des plats d’ouvrages qui ne lui ont jamais appartenu (car ne figurant pas dans le catalogue de sa vente). Des remboîtages ont aussi étés trouvés. Ce rare catalogue de 3796 lots (3525 ouvrages, 1000 volumes d’histoire, 235 de musique, 36 recueils d’estampes, et une table des ouvrages décrits) se trouve parfois entre 600 à 1200 Euros selon le type de reliure ; il à été réédité en 1984. Ce catalogue de vente fait, « comme d’habitude », référence ; un ouvrage de cette prestigieuse provenance doit donc y figurer, et la notice de libraire/expert, doit indiquer le numéro du lot de cette vente.
L'article qu je vous propose est extrait du tome II de l’ouvrage d’Ernest Quentin-Bauchart, Les femmes bibliophiles de France (XVI, XVII et XVIIIe siècle), Paris, Damascène-Morgand, 1886.
Tout a été dit sur Madame de Pompadour, mais l'influence qu’elle exerça sur son époque, au double point de vue de l’art, qu'elle encouragea, et des lettres, dont elle se fit la protectrice , est si considérable , le goût éclairé et délicat qu'elle manifesta pour les livres a si bien marqué sa place au milieu des grands amateurs des siècles passés, que nous ne pouvons nous dispenser de lui consacrer quelques lignes, ne fût-ce que pour mieux mettre en relief les principales richesses de sa belle bibliothèque, aujourd'hui dispersée.
Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour, est née en 1721. Elle était fille d'Antoine Poisson, premier commis dans les bureaux des quatre frères Paris qui jouèrent un rôle si important dans l'histoire financière de la première moitié du XVIIIe siècle.
Lenormand (Le Normand ?) de Tourneheim, un des syndics de la ferme générale, qui vivait publiquement avec sa mère, se chargea de son éducation, et, comme s'il eût pressenti les destinées qui l’attendaient, ne chercha qu'à développer ses grâces et son esprit, sans grand souci de la morale. « Elle chantait et jouait du clavecin, dansait à ravir, montait à cheval et Crébillon lui avait appris à réciter les vers. »
Dès qu'elle fut en âge d'être mariée, M. de Tourneheim la donna à son neveu Lenormand d'Etioles. Elle n'eut plus, alors, d'autre but que de devenir la maîtresse du roi, et mit tout en œuvre pour attirer son attention. « Madame d’Etioles, dit Souleviez, accompagnoit le roi dans toutes ses chasses, non pas comme appartenant à sa suite, mais comme spectatrice. Comme une déesse descendue du ciel, elle paraissoit dans la forêt de Sénart, à côté du château d’Etioles, tantôt vêtue d'une robe d’azur, dans un phaéton couleur de rose, et tantôt vêtue de couleur de rose dans un phaéton d'azur. Sa beauté était éclatante ; aussi la duchesse de Châteauroux, qui redoutoit déjà l'inconstance de Louis XV, en prit-elle ombrage. On a dit que Madame d'Etioles , confondue dans la foule, ayant osé venir étaler ses charmes au grand couvert, Madame de Châteauroux se plaça entre le roi et elle, comme un écran, chercha des pieds la rencontre des siens et les écrasa du poids de son corps, pour lui apprendre par ce châtiment anonyme à oser se montrer au roi. Mais Madame d'Etioles était si patiente, que rien ne fut capable de la distraire de ses projets. » Elle fit, en effet, si bien et joua si serré que trois mois à peine, après la mort de la duchesse de Châteauroux, elle la remplaçait et était installée à Versailles.
Toute la cour, à l'exception du Dauphin et de Mesdames, qui ne lui cachaient pas leur dédain (1), fut bientôt à ses pieds : elle eut le tabouret qui lui donnait rang de duchesse, et s'imposa à la pauvre reine, Marie Leczinska, comme dame du palais.
Les grands lui accordèrent les mêmes marques de déférence qu'autrefois à Madame de Maintenon, et Voltaire lui adressa ces vers, qui témoignent plus de sa servilité qu'ils ne font d'honneur à sa muse :
Ainsi donc vous réunissez
Tous les arts, tous les goûts, tous les talents de plaire,
Pompadour vous embellissez
La Cour, le Parnasse et Cythère.
Charme de tous les cœurs, trésor d'un seul mortel,
Qu'un sort si beau soit éternel !
Que vos jours précieux soient comptés pour des fêtes !
Que de nouveaux succès marquent ceux de Louis !
Soyez tous deux sans ennemis,
Et gardez tous deux vos conquêtes !
En 1752, la santé de Madame de Pompadour s'altéra subitement ; elle avait l'air épuisée, «sucé (2). » Le roi sembla s'éloigner d'elle et l'on crut un moment que c'en était fait de sa fortune ; mais ses ennemis avaient compté sans les ressources de son esprit.
Elle sut amuser le plus ennuyé des monarques (3) et la toute puissance de l'habitude rendit sa domination inébranlable. L'usage qu'elle en fit fut, malheureusement, détestable : d’un orgueil insatiable, elle sacrifia les meilleurs ministres. A ses rancunes, protégea et persécuta tour à tour, au gré de son caprice, les Jésuites et les Jansénistes, et, grisée par les flatteries de Marie-Thérèse d'Autriche qui, en habile politique, l'avait appelée un jour « ma cousine », elle précipita la France dans cette funeste guerre de sept ans qui devait aboutir à tant d'humiliations et de désastres.
Madame de Pompadour aurait donc la plus triste place dans l'histoire, sans la faveur dont elle entoura les artistes et la protection qu'elle accorda toujours aux philosophes et aux savants, qui dirigeaient alors le grand mouvement des esprits.
Au point de vue de l'art, elle exerça sur son époque une influence décisive :
« Elle a été l'inspiratrice du goût et de l'art pendant ce qu'elle appelait « son règne », dit le baron Roger Portalis, dans son joli livre sur les Dessinateurs d’illustrations au dix-huitième siècle. « C'est sous son influence, on peut le dire, et sous l'inspiration de son goût, que Carle Vanloo et Boucher ont peint, que Bouchardon, Coustou, Falconet et Pigalle ont sculpté leurs marbres ; que Cochin et Eisen ont dessiné que Guay a creusé ses pierres fines, et chacune des œuvres de ces artistes portent le cachet Pompadour. Pour avoir une influence plus directe sur les arts, elle avait, dès 1745, fait renvoyer Orry, le vieux directeur des bâtiments royaux, qui n'aurait pu la suivre dans ses vues de réforme et dans les grands projets qu'elle méditait, et elle avait appelé l'oncle de son mari, Le Normand de Tourneheim, pour le remplacer. A sa mort, son frère, qui lui succédait, alors marquis de Marigny, et qui fut peut-être, parmi tous ceux qui ont dirigé les arts au XVIIIe siècle, le plus intelligent et le plus dévoué, continua à subir l'ascendant et les volontés de sa sœur. »
Ajoutons que c'est à Madame de Pompadour que nous devons la création de la grande manufacture de Sèvres, dont les produits devaient bientôt défier toute concurrence : « Madame de Pompadour, écrit d’Argenson, ne fait que prêcher le grand avantage qu'il y a pour l'État à faire de la porcelaine à la façon de Saxe, et même à l'avoir surpassée. On établit rue de la Monnoie un magasin royal pour cette porcelaine. On y voit un service que le roi envoie au roi de Saxe ; comme pour le braver et le provoquer, lui disant qu'il a surpassé même sa fabrique. Aux soupers du roi, la marquise dit que ce n'est pas être citoyen que de ne pas acheter de cette porcelaine autant qu'on a de l'argent. »
La Marquise, qui dessinait et gravait avec un certain talent, avait conçu, dès les premiers moments de sa faveur, l'idée de fixer sur des pierres précieuses, par le moyen de la gravure, le souvenir des principaux évènements du règne de son royal amant. Les peintres Boucher et Vien, le sculpteur Bouchardon, devaient composer les dessins ; le graveur Guay était chargé de les graver sur pierres fines ; Madame de Pompadour s'était réservée de reproduire l'œuvre de Guay, soit à l'eau-forte, soit au burin. Elle commença ce travail très curieux par un portrait de Louis XV, en empereur romain, d'après une sardoine onyx de trois couleurs intaillée par Guay ; grava ensuite le triomphe de Fontenoy, d'après le dessin de Bouchardon, et reproduisit elle-même, à l'eau-forte retouchée au burin, toute une série de sujets, au-dessous desquels elle écrivit de sa main : Pompadour sculpsit (4).
On raconte que Voltaire, alors dans son intimité, l'ayant surprise un jour dessinant une tête, improvisa sur le champ ce galant quatrain :
Pompadour, ton crayon divin,
Devroit dessiner ton visage ;
Jamais une plus belle main
N'auroit fait un plus bel ouvrage.
On attribue encore à Madame de Pompadour la gravure de quelques planches érotiques connues sous le titre : "Mes Loisirs, dédiés à mes amis, petit recueil pour exciter la ferveur des fidèles aux matines de Cythère, par un amateur de l'office", 1764. La preuve absolue nous manque ; mais la femme qui possédait, dit-on, le Portier des Chartreux (5), et qui faisait usage de chocolat à triple vanille et ambré (6), pour forcer sa nature rebelle à s'associer aux plaisirs qu'exigeait le roi, était bien capable d'occuper ses loisirs à ces distractions excitantes.
La bibliothèque que la marquise avait réunie à grands frais est considérable : le catalogue qui en fut dressé après sa mort, par le libraire Hérissant (7), sur des cartes fournies par l'abbé de la Garde, son bibliothécaire (8), contient, avec la musique et les livres d'estampes, énumérés à part, près de 4,000 articles. Il embrasse tous les genres de littérature depuis la Théologie jusqu'à l'Histoire. Chaque catégorie y est brillamment représentée : la classe des Belles-Lettres, où figure, entre autres richesses, une belle série de pièces gothiques, en vers et en prose, et de romans de chevalerie, est fort intéressante, et la partie du théâtre est la plus complète qui ait existé avant La Vallière.
A l'exception d'un certain nombre d'exemplaires privilégiés, tels que la Rodogune, en mosaïque, du comte de Sauvage (planche 21) ; la Journée du Chrétien, qui vient de Bonnemet (9) ; les Contes de La Fontaine, du baron de La Roche-Lacarelle ; le Daphnis et Chloé, qui nous a appartenu ; le Tancrède, de la Bibliothèque de l'Arsenal ; le beau Théâtre des petits appartements de Versailles, que possède S. A. R. le duc d'Aumale, le Dictionnaire de Bayle, acquis par M. Ed. Bocher, et le joli buvard de M. Gruel- Engelman ; la reliure de la plupart des volumes qui composent cette riche collection, est très médiocre.
C'est le moment où Derome le jeune et ses imitateurs abandonnent les grandes traditions de l'art pour exécuter ces reliures à dos plats, sans nerfs, que nous retrouvons dans toutes les grandes bibliothèques de l'époque et qui ont si mauvaise grâce que le livre n'a pas l'air d'être cousu, mais simplement emboîté.
Le grand tort de Madame de Pompadour, de cette femme artiste, dont le nom est devenu le synonyme de toutes les élégances du temps où elle a vécu, a été de ne pas réagir contre ces tendances déplorables et de n'avoir pas soutenu de son goût et de sa faveur l'art charmant de la reliure, dont elle a, par cet impardonnable oubli, hâté la décadence. La honteuse paix de 1763 avait soulevé contre la favorite un déchaînement général.
Rongée de soucis, lasse de ce combat perpétuel qu'elle était obligée de livrer pour conserver le pouvoir, elle tomba dans une maladie de langueur qui la fit dépérir avec une effrayante rapidité. On la transporta de Choisy à Versailles, et c'est là qu'elle mourut, le 15 avril 1764, au commencement de sa quarante-quatrième année.
Le jour même où elle attendait sa dernière heure, le curé de la Madeleine, dont elle était paroissienne, vint l'exhorter à bien mourir. Comme il prenait congé d'elle : « Un moment, Monsieur le curé, lui dit la marquise, nous nous en irons ensemble (10). »
Il existe deux portraits de Madame de Pompadour : le premier est le triomphant pastel de Quentin de la Tour, que l'on peut admirer au musée du Louvre ; le second, beaucoup moins connu, est de Boucher et appartient au baron Adolphe de Rothschild. C'est après l'avoir exécuté, que le peintre de Louis XV reçut un jour ces deux vers : Quoi ! Les Grâces encore et Vénus et l'Amour ! N'avais-tu pas, Boucher, déjà peint Pompadour ? La marquise y est représentée chez elle, à demi-couchée sur une ottomane. Elle porte un déshabillé de taffetas bleu à volants, semé de branches de roses en broderies, et garni, au corsage, d'un foisonnement de nœuds et d'une dentelle d'argent. Sa main, qui tient un livre, retombe nonchalante et sa tête fine, un peu fatiguée, reste pensive. C'est bien la royale courtisane telle qu'on se la figure dans le déclin de ses dernières années ; moins théâtrale que dans le portrait de la Tour, cette peinture est empreinte d'un charme plus mélancolique et plus attachant.
(1) M. le Dauphin et Mesdames n'appellent plus Madame de Pompadour que maman p… , ce qui n'est pas d'enfants bien élevés, dit d'Argenson. (Mémoires, éd. Jannet, T.III, p.254)
(2) J'ai trouvé la marquise de Pompadour extrêmement changée. Elle était à la messe de la chapelle, coiffée de nuit, avec la mine du monde la plus sucée et la plus malsaine. Elle ne peut résister à la vie qu'elle mène, de veilles, d'occupations, de spectacles, de dépenses continuelles pour amuser le roi ; tandis qu'elle-même, en outre, est sans cesse occupée d'affaires, et au milieu d'un tourbillon de monde continuel... (Mémoires du marquis d’Argenson, éd. P.Jannet, T.III, p.205)
(3) On sait que Madame de Pompadour usait des procédés les moins avouables pour combattre l'ennui incessant qui dévorait le roi : Un soir, raconte le baron Roger Portalis, au temps où déclinait sa faveur, elle vint mystérieusement trouver Boucher. La favorite était inquiète, car Louis XV s'ennuyait, et qu'inventer de nouveau pour ce palais blasé ? Ils imaginèrent ensemble un boudoir magique où fussent étalés les plus voluptueuses images. Boucher composa, sur le champ un poème érotique en plusieurs tableaux : il les exécuta avec un art tel que les amateurs qui les ont vus affirment que, pour la magie du coloris et la grâce des formes, ce sont les plus beaux Boucher du monde. Ces peintures étaient encadrées à l'Arsenal, qu'habitait alors Mme de Pompadour, dans de riches panneaux. Quand Louis XVI, au commencement de son règne, visita ce palais sous la conduite de M. de Maurepas, celui-ci le conduisit au fameux boudoir. Il faut faire disparaitre ces indécences, dit-il aussitôt. Le courtisan se le tint pour dit et s'empara de ces belles peintures. Après diverses fortunes, elles font actuellement partie d'une grande collection anglaise.
(4) Ce recueil porte pour titre : Suite d'estampes gravées à l’eau-forte par la marquise de Pompadour, d'après ter pierres gravées de Guay. La Bibliothèque de l'Arsenal possède un exemplaire de ces planches, qui fut offert par la marquise au marquis de Paulmy. Il est très richement relié en maroquin rouge et porte sur les plats, les mots suivants, en lettres d'or : Œuvre de Madame la marquise de Pompadour, donné par elle-même au marquis de Paulmy. A l'intérieur du volume se trouve la note suivante dont nous respectons l'orthographe : Les six premières feuilles ne font point partie de l'œuvre de Madame de Pompadour, quoiqu'elles ayent aussi étés gravées par elle à l'eau-forte. Les trois premières sont d'après les dessins de Boucher; les deux suivantes d'après deux beaux morceaux de sculpture en ivoyre que la marquise avait dans son cabinet, et le dernier, d'après un très beau dessin de l'Antre du Sommeil, qu'elle avait également dans son cabinet, encadré, et dont elle faisait grand cas. Chacune de ces pièces porte au bas de la page, dans un cartouche dessiné à la plume : Ex dono authoris.
(5) Voir le catalogue de la collection érotique de Bérard.
(6) Mémoires de Madame du Housset. Paris, Baudouin frères, 1861, page 92.
(7) Catalogue des livres de la bibliothèque de feue Madame la marquise de Pompadour, dame du palais de la Reine. Paris, Jean-Th. Hérissant, 1165, in-8.
(8) Le baron Jérôme Pichon possède un catalogue manuscrit de la bibliothèque de Madame de Pompadour, rédigé d'après ces cartes. Il est de format in-folio, relié en maroquin vert, et le savant président de la Société des Bibliophiles français y a inséré la note suivante qu'il nous à autorisé à reproduire, avec son obligeance ordinaire : « Ce catalogue n'est ni une copie de l'imprimé de 1765; ni la copie sur laquelle cet imprimé est fait. Il en diffère en quelques points, mentionnant certains ouvrages qui ne sont pas dans le catalogue imprimé (par exemple, le Théâtre des petits appartements sur vélin, page 119 ; les Contes de La Fontaine de 1722 et 1762, p.76 ; le Miroir des Princes, de Gilles de Rome, que j'ai eu, page 164, etc.). Le classement a été changé et rectifié dans l'imprimé. Quoique le nom de Madame de Pompadour ne soit pas précédé du mot feue, je crois que ce catalogue estimatif a été fait après son décès par M. de Marigny ou les gens d'affaires. M. de La Garde, dont les cartes ont étés copiées ici et ont manifestement servi à Hérissant pour la confection du catalogue de 1765, est l'abbé Philippe Bridard de La Garde, bibliothécaire de Madame de Pompadour (Voir à l'Arsenal le catalogue manuscrit de M. de Paulmy, art. des Lettres de Thérèse), homme d'infiniment d'esprit, si je le juge d'après ses charmantes Lettres de Thérèse, que Quérard trouve, très à tort, suivant moi, entachées de néologisme. Il est l'auteur des Annales amusantes, livre très rare que je ne connais pas, de quelques pièces de théâtre (Voir Paulmy), et d'autres ouvrages qu'on peut voir cités dans la France littéraire de Quérard. Et plus bas, revenant sur les Annales amusantes, le baron Pichon ajoute : Depuis, je les ai vues et lues à l'Arsenal, et c'est sur mon conseil, que Paul Lacroix les a reproduites en 1882, dans ses Chefs-d'œuvre inconnus (8ème volume).
(9) Bonnemet, ancien marchand de soie de la rue Saint-Denis, mourut vers 1771. Il achetait déjà à la vente de la comtesse de Verrue, en 1737, et à celle du comte d'Hoym, en 1788. Tout ce qu'il possédait, tout ce qui l'entourait, ses livres, ses meubles, jusqu'à son carrosse, était du goût le plus parfait. Ses meubles et curiosités furent vendus en 1771. Les livres allaient l’être en 1772, sur un catalogue dressé par Mérigot, lorsque le duc de La Vallière, qui avait été tenté par les reliures exquises de cette charmante collection, en fit l'acquisition en bloc. Encore aujourd'hui, quand on rencontre une vieille reliure (surtout doublée) parfaitement faite et conservée, de ce maroquin d'un bleu couleur du temps, dont nos pères ont gardé le secret, il est à parier que le livre figure dans le catalogue de Bonnemet. (Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de M. le baron Jérôme Pichon, préface, page VIII).
(10) Mélanges de Boisjourdain, tome III, page 452
Pour évocation conforme,
Bonne lecture...
Xavier
Gravelle, Levesque de. Recueil de pierres gravées antiques.
Paris, Mariette, 1732-1737.
2 tomes en un volume in-4
Catalogue de la librairie Laurent Coulet (2009), prix non communiqué.
Il figure sous le N° 3373 du catalogue de la dispersion de sa bibliothèque en 1765.
Paris, Mariette, 1732-1737.
2 tomes en un volume in-4
Catalogue de la librairie Laurent Coulet (2009), prix non communiqué.
Il figure sous le N° 3373 du catalogue de la dispersion de sa bibliothèque en 1765.
L'article qu je vous propose est extrait du tome II de l’ouvrage d’Ernest Quentin-Bauchart, Les femmes bibliophiles de France (XVI, XVII et XVIIIe siècle), Paris, Damascène-Morgand, 1886.
Tout a été dit sur Madame de Pompadour, mais l'influence qu’elle exerça sur son époque, au double point de vue de l’art, qu'elle encouragea, et des lettres, dont elle se fit la protectrice , est si considérable , le goût éclairé et délicat qu'elle manifesta pour les livres a si bien marqué sa place au milieu des grands amateurs des siècles passés, que nous ne pouvons nous dispenser de lui consacrer quelques lignes, ne fût-ce que pour mieux mettre en relief les principales richesses de sa belle bibliothèque, aujourd'hui dispersée.
Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour, est née en 1721. Elle était fille d'Antoine Poisson, premier commis dans les bureaux des quatre frères Paris qui jouèrent un rôle si important dans l'histoire financière de la première moitié du XVIIIe siècle.
Lenormand (Le Normand ?) de Tourneheim, un des syndics de la ferme générale, qui vivait publiquement avec sa mère, se chargea de son éducation, et, comme s'il eût pressenti les destinées qui l’attendaient, ne chercha qu'à développer ses grâces et son esprit, sans grand souci de la morale. « Elle chantait et jouait du clavecin, dansait à ravir, montait à cheval et Crébillon lui avait appris à réciter les vers. »
Dès qu'elle fut en âge d'être mariée, M. de Tourneheim la donna à son neveu Lenormand d'Etioles. Elle n'eut plus, alors, d'autre but que de devenir la maîtresse du roi, et mit tout en œuvre pour attirer son attention. « Madame d’Etioles, dit Souleviez, accompagnoit le roi dans toutes ses chasses, non pas comme appartenant à sa suite, mais comme spectatrice. Comme une déesse descendue du ciel, elle paraissoit dans la forêt de Sénart, à côté du château d’Etioles, tantôt vêtue d'une robe d’azur, dans un phaéton couleur de rose, et tantôt vêtue de couleur de rose dans un phaéton d'azur. Sa beauté était éclatante ; aussi la duchesse de Châteauroux, qui redoutoit déjà l'inconstance de Louis XV, en prit-elle ombrage. On a dit que Madame d'Etioles , confondue dans la foule, ayant osé venir étaler ses charmes au grand couvert, Madame de Châteauroux se plaça entre le roi et elle, comme un écran, chercha des pieds la rencontre des siens et les écrasa du poids de son corps, pour lui apprendre par ce châtiment anonyme à oser se montrer au roi. Mais Madame d'Etioles était si patiente, que rien ne fut capable de la distraire de ses projets. » Elle fit, en effet, si bien et joua si serré que trois mois à peine, après la mort de la duchesse de Châteauroux, elle la remplaçait et était installée à Versailles.
Toute la cour, à l'exception du Dauphin et de Mesdames, qui ne lui cachaient pas leur dédain (1), fut bientôt à ses pieds : elle eut le tabouret qui lui donnait rang de duchesse, et s'imposa à la pauvre reine, Marie Leczinska, comme dame du palais.
Les grands lui accordèrent les mêmes marques de déférence qu'autrefois à Madame de Maintenon, et Voltaire lui adressa ces vers, qui témoignent plus de sa servilité qu'ils ne font d'honneur à sa muse :
Ainsi donc vous réunissez
Tous les arts, tous les goûts, tous les talents de plaire,
Pompadour vous embellissez
La Cour, le Parnasse et Cythère.
Charme de tous les cœurs, trésor d'un seul mortel,
Qu'un sort si beau soit éternel !
Que vos jours précieux soient comptés pour des fêtes !
Que de nouveaux succès marquent ceux de Louis !
Soyez tous deux sans ennemis,
Et gardez tous deux vos conquêtes !
Dufresnoy (Alphonse) et MARSY (Abbé de).
L'Ecole d'Uranie ou l'art de la peinture.
Paris, Le Mercier, 1753.
In-12, maroquin vert live, triple filet doré encadrant les plats.
Aux armes argentées de Madame de Pompadour (source Argus du bibliophile).
L'Ecole d'Uranie ou l'art de la peinture.
Paris, Le Mercier, 1753.
In-12, maroquin vert live, triple filet doré encadrant les plats.
Aux armes argentées de Madame de Pompadour (source Argus du bibliophile).
En 1752, la santé de Madame de Pompadour s'altéra subitement ; elle avait l'air épuisée, «sucé (2). » Le roi sembla s'éloigner d'elle et l'on crut un moment que c'en était fait de sa fortune ; mais ses ennemis avaient compté sans les ressources de son esprit.
Elle sut amuser le plus ennuyé des monarques (3) et la toute puissance de l'habitude rendit sa domination inébranlable. L'usage qu'elle en fit fut, malheureusement, détestable : d’un orgueil insatiable, elle sacrifia les meilleurs ministres. A ses rancunes, protégea et persécuta tour à tour, au gré de son caprice, les Jésuites et les Jansénistes, et, grisée par les flatteries de Marie-Thérèse d'Autriche qui, en habile politique, l'avait appelée un jour « ma cousine », elle précipita la France dans cette funeste guerre de sept ans qui devait aboutir à tant d'humiliations et de désastres.
Madame de Pompadour aurait donc la plus triste place dans l'histoire, sans la faveur dont elle entoura les artistes et la protection qu'elle accorda toujours aux philosophes et aux savants, qui dirigeaient alors le grand mouvement des esprits.
Au point de vue de l'art, elle exerça sur son époque une influence décisive :
« Elle a été l'inspiratrice du goût et de l'art pendant ce qu'elle appelait « son règne », dit le baron Roger Portalis, dans son joli livre sur les Dessinateurs d’illustrations au dix-huitième siècle. « C'est sous son influence, on peut le dire, et sous l'inspiration de son goût, que Carle Vanloo et Boucher ont peint, que Bouchardon, Coustou, Falconet et Pigalle ont sculpté leurs marbres ; que Cochin et Eisen ont dessiné que Guay a creusé ses pierres fines, et chacune des œuvres de ces artistes portent le cachet Pompadour. Pour avoir une influence plus directe sur les arts, elle avait, dès 1745, fait renvoyer Orry, le vieux directeur des bâtiments royaux, qui n'aurait pu la suivre dans ses vues de réforme et dans les grands projets qu'elle méditait, et elle avait appelé l'oncle de son mari, Le Normand de Tourneheim, pour le remplacer. A sa mort, son frère, qui lui succédait, alors marquis de Marigny, et qui fut peut-être, parmi tous ceux qui ont dirigé les arts au XVIIIe siècle, le plus intelligent et le plus dévoué, continua à subir l'ascendant et les volontés de sa sœur. »
Ajoutons que c'est à Madame de Pompadour que nous devons la création de la grande manufacture de Sèvres, dont les produits devaient bientôt défier toute concurrence : « Madame de Pompadour, écrit d’Argenson, ne fait que prêcher le grand avantage qu'il y a pour l'État à faire de la porcelaine à la façon de Saxe, et même à l'avoir surpassée. On établit rue de la Monnoie un magasin royal pour cette porcelaine. On y voit un service que le roi envoie au roi de Saxe ; comme pour le braver et le provoquer, lui disant qu'il a surpassé même sa fabrique. Aux soupers du roi, la marquise dit que ce n'est pas être citoyen que de ne pas acheter de cette porcelaine autant qu'on a de l'argent. »
La Marquise, qui dessinait et gravait avec un certain talent, avait conçu, dès les premiers moments de sa faveur, l'idée de fixer sur des pierres précieuses, par le moyen de la gravure, le souvenir des principaux évènements du règne de son royal amant. Les peintres Boucher et Vien, le sculpteur Bouchardon, devaient composer les dessins ; le graveur Guay était chargé de les graver sur pierres fines ; Madame de Pompadour s'était réservée de reproduire l'œuvre de Guay, soit à l'eau-forte, soit au burin. Elle commença ce travail très curieux par un portrait de Louis XV, en empereur romain, d'après une sardoine onyx de trois couleurs intaillée par Guay ; grava ensuite le triomphe de Fontenoy, d'après le dessin de Bouchardon, et reproduisit elle-même, à l'eau-forte retouchée au burin, toute une série de sujets, au-dessous desquels elle écrivit de sa main : Pompadour sculpsit (4).
On raconte que Voltaire, alors dans son intimité, l'ayant surprise un jour dessinant une tête, improvisa sur le champ ce galant quatrain :
Pompadour, ton crayon divin,
Devroit dessiner ton visage ;
Jamais une plus belle main
N'auroit fait un plus bel ouvrage.
On attribue encore à Madame de Pompadour la gravure de quelques planches érotiques connues sous le titre : "Mes Loisirs, dédiés à mes amis, petit recueil pour exciter la ferveur des fidèles aux matines de Cythère, par un amateur de l'office", 1764. La preuve absolue nous manque ; mais la femme qui possédait, dit-on, le Portier des Chartreux (5), et qui faisait usage de chocolat à triple vanille et ambré (6), pour forcer sa nature rebelle à s'associer aux plaisirs qu'exigeait le roi, était bien capable d'occuper ses loisirs à ces distractions excitantes.
La bibliothèque que la marquise avait réunie à grands frais est considérable : le catalogue qui en fut dressé après sa mort, par le libraire Hérissant (7), sur des cartes fournies par l'abbé de la Garde, son bibliothécaire (8), contient, avec la musique et les livres d'estampes, énumérés à part, près de 4,000 articles. Il embrasse tous les genres de littérature depuis la Théologie jusqu'à l'Histoire. Chaque catégorie y est brillamment représentée : la classe des Belles-Lettres, où figure, entre autres richesses, une belle série de pièces gothiques, en vers et en prose, et de romans de chevalerie, est fort intéressante, et la partie du théâtre est la plus complète qui ait existé avant La Vallière.
A l'exception d'un certain nombre d'exemplaires privilégiés, tels que la Rodogune, en mosaïque, du comte de Sauvage (planche 21) ; la Journée du Chrétien, qui vient de Bonnemet (9) ; les Contes de La Fontaine, du baron de La Roche-Lacarelle ; le Daphnis et Chloé, qui nous a appartenu ; le Tancrède, de la Bibliothèque de l'Arsenal ; le beau Théâtre des petits appartements de Versailles, que possède S. A. R. le duc d'Aumale, le Dictionnaire de Bayle, acquis par M. Ed. Bocher, et le joli buvard de M. Gruel- Engelman ; la reliure de la plupart des volumes qui composent cette riche collection, est très médiocre.
C'est le moment où Derome le jeune et ses imitateurs abandonnent les grandes traditions de l'art pour exécuter ces reliures à dos plats, sans nerfs, que nous retrouvons dans toutes les grandes bibliothèques de l'époque et qui ont si mauvaise grâce que le livre n'a pas l'air d'être cousu, mais simplement emboîté.
Le grand tort de Madame de Pompadour, de cette femme artiste, dont le nom est devenu le synonyme de toutes les élégances du temps où elle a vécu, a été de ne pas réagir contre ces tendances déplorables et de n'avoir pas soutenu de son goût et de sa faveur l'art charmant de la reliure, dont elle a, par cet impardonnable oubli, hâté la décadence. La honteuse paix de 1763 avait soulevé contre la favorite un déchaînement général.
Rongée de soucis, lasse de ce combat perpétuel qu'elle était obligée de livrer pour conserver le pouvoir, elle tomba dans une maladie de langueur qui la fit dépérir avec une effrayante rapidité. On la transporta de Choisy à Versailles, et c'est là qu'elle mourut, le 15 avril 1764, au commencement de sa quarante-quatrième année.
Le jour même où elle attendait sa dernière heure, le curé de la Madeleine, dont elle était paroissienne, vint l'exhorter à bien mourir. Comme il prenait congé d'elle : « Un moment, Monsieur le curé, lui dit la marquise, nous nous en irons ensemble (10). »
Il existe deux portraits de Madame de Pompadour : le premier est le triomphant pastel de Quentin de la Tour, que l'on peut admirer au musée du Louvre ; le second, beaucoup moins connu, est de Boucher et appartient au baron Adolphe de Rothschild. C'est après l'avoir exécuté, que le peintre de Louis XV reçut un jour ces deux vers : Quoi ! Les Grâces encore et Vénus et l'Amour ! N'avais-tu pas, Boucher, déjà peint Pompadour ? La marquise y est représentée chez elle, à demi-couchée sur une ottomane. Elle porte un déshabillé de taffetas bleu à volants, semé de branches de roses en broderies, et garni, au corsage, d'un foisonnement de nœuds et d'une dentelle d'argent. Sa main, qui tient un livre, retombe nonchalante et sa tête fine, un peu fatiguée, reste pensive. C'est bien la royale courtisane telle qu'on se la figure dans le déclin de ses dernières années ; moins théâtrale que dans le portrait de la Tour, cette peinture est empreinte d'un charme plus mélancolique et plus attachant.
(1) M. le Dauphin et Mesdames n'appellent plus Madame de Pompadour que maman p… , ce qui n'est pas d'enfants bien élevés, dit d'Argenson. (Mémoires, éd. Jannet, T.III, p.254)
(2) J'ai trouvé la marquise de Pompadour extrêmement changée. Elle était à la messe de la chapelle, coiffée de nuit, avec la mine du monde la plus sucée et la plus malsaine. Elle ne peut résister à la vie qu'elle mène, de veilles, d'occupations, de spectacles, de dépenses continuelles pour amuser le roi ; tandis qu'elle-même, en outre, est sans cesse occupée d'affaires, et au milieu d'un tourbillon de monde continuel... (Mémoires du marquis d’Argenson, éd. P.Jannet, T.III, p.205)
(3) On sait que Madame de Pompadour usait des procédés les moins avouables pour combattre l'ennui incessant qui dévorait le roi : Un soir, raconte le baron Roger Portalis, au temps où déclinait sa faveur, elle vint mystérieusement trouver Boucher. La favorite était inquiète, car Louis XV s'ennuyait, et qu'inventer de nouveau pour ce palais blasé ? Ils imaginèrent ensemble un boudoir magique où fussent étalés les plus voluptueuses images. Boucher composa, sur le champ un poème érotique en plusieurs tableaux : il les exécuta avec un art tel que les amateurs qui les ont vus affirment que, pour la magie du coloris et la grâce des formes, ce sont les plus beaux Boucher du monde. Ces peintures étaient encadrées à l'Arsenal, qu'habitait alors Mme de Pompadour, dans de riches panneaux. Quand Louis XVI, au commencement de son règne, visita ce palais sous la conduite de M. de Maurepas, celui-ci le conduisit au fameux boudoir. Il faut faire disparaitre ces indécences, dit-il aussitôt. Le courtisan se le tint pour dit et s'empara de ces belles peintures. Après diverses fortunes, elles font actuellement partie d'une grande collection anglaise.
(4) Ce recueil porte pour titre : Suite d'estampes gravées à l’eau-forte par la marquise de Pompadour, d'après ter pierres gravées de Guay. La Bibliothèque de l'Arsenal possède un exemplaire de ces planches, qui fut offert par la marquise au marquis de Paulmy. Il est très richement relié en maroquin rouge et porte sur les plats, les mots suivants, en lettres d'or : Œuvre de Madame la marquise de Pompadour, donné par elle-même au marquis de Paulmy. A l'intérieur du volume se trouve la note suivante dont nous respectons l'orthographe : Les six premières feuilles ne font point partie de l'œuvre de Madame de Pompadour, quoiqu'elles ayent aussi étés gravées par elle à l'eau-forte. Les trois premières sont d'après les dessins de Boucher; les deux suivantes d'après deux beaux morceaux de sculpture en ivoyre que la marquise avait dans son cabinet, et le dernier, d'après un très beau dessin de l'Antre du Sommeil, qu'elle avait également dans son cabinet, encadré, et dont elle faisait grand cas. Chacune de ces pièces porte au bas de la page, dans un cartouche dessiné à la plume : Ex dono authoris.
(5) Voir le catalogue de la collection érotique de Bérard.
(6) Mémoires de Madame du Housset. Paris, Baudouin frères, 1861, page 92.
(7) Catalogue des livres de la bibliothèque de feue Madame la marquise de Pompadour, dame du palais de la Reine. Paris, Jean-Th. Hérissant, 1165, in-8.
(8) Le baron Jérôme Pichon possède un catalogue manuscrit de la bibliothèque de Madame de Pompadour, rédigé d'après ces cartes. Il est de format in-folio, relié en maroquin vert, et le savant président de la Société des Bibliophiles français y a inséré la note suivante qu'il nous à autorisé à reproduire, avec son obligeance ordinaire : « Ce catalogue n'est ni une copie de l'imprimé de 1765; ni la copie sur laquelle cet imprimé est fait. Il en diffère en quelques points, mentionnant certains ouvrages qui ne sont pas dans le catalogue imprimé (par exemple, le Théâtre des petits appartements sur vélin, page 119 ; les Contes de La Fontaine de 1722 et 1762, p.76 ; le Miroir des Princes, de Gilles de Rome, que j'ai eu, page 164, etc.). Le classement a été changé et rectifié dans l'imprimé. Quoique le nom de Madame de Pompadour ne soit pas précédé du mot feue, je crois que ce catalogue estimatif a été fait après son décès par M. de Marigny ou les gens d'affaires. M. de La Garde, dont les cartes ont étés copiées ici et ont manifestement servi à Hérissant pour la confection du catalogue de 1765, est l'abbé Philippe Bridard de La Garde, bibliothécaire de Madame de Pompadour (Voir à l'Arsenal le catalogue manuscrit de M. de Paulmy, art. des Lettres de Thérèse), homme d'infiniment d'esprit, si je le juge d'après ses charmantes Lettres de Thérèse, que Quérard trouve, très à tort, suivant moi, entachées de néologisme. Il est l'auteur des Annales amusantes, livre très rare que je ne connais pas, de quelques pièces de théâtre (Voir Paulmy), et d'autres ouvrages qu'on peut voir cités dans la France littéraire de Quérard. Et plus bas, revenant sur les Annales amusantes, le baron Pichon ajoute : Depuis, je les ai vues et lues à l'Arsenal, et c'est sur mon conseil, que Paul Lacroix les a reproduites en 1882, dans ses Chefs-d'œuvre inconnus (8ème volume).
(9) Bonnemet, ancien marchand de soie de la rue Saint-Denis, mourut vers 1771. Il achetait déjà à la vente de la comtesse de Verrue, en 1737, et à celle du comte d'Hoym, en 1788. Tout ce qu'il possédait, tout ce qui l'entourait, ses livres, ses meubles, jusqu'à son carrosse, était du goût le plus parfait. Ses meubles et curiosités furent vendus en 1771. Les livres allaient l’être en 1772, sur un catalogue dressé par Mérigot, lorsque le duc de La Vallière, qui avait été tenté par les reliures exquises de cette charmante collection, en fit l'acquisition en bloc. Encore aujourd'hui, quand on rencontre une vieille reliure (surtout doublée) parfaitement faite et conservée, de ce maroquin d'un bleu couleur du temps, dont nos pères ont gardé le secret, il est à parier que le livre figure dans le catalogue de Bonnemet. (Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque de M. le baron Jérôme Pichon, préface, page VIII).
(10) Mélanges de Boisjourdain, tome III, page 452
Pour évocation conforme,
Bonne lecture...
Xavier