Armes dorées (détail) apposées sur les plats d'une reliure
de la bibliothèque de
Georges Joly de Blaisy (1610-1679)
Président au Parlement de Bourgogne.
Format in-4
de la bibliothèque de
Georges Joly de Blaisy (1610-1679)
Président au Parlement de Bourgogne.
Format in-4
La bibliophilie c'est parfois comme le Porsalut ! C'est marqué dessus !
Prenons pour exemple les armes ci-dessous apposées sur une reliure du milieu du XVIIe siècle. Pas besoin de chercher des heures dans OHR (*), terminé Guigard et autres Armorial du Bibliophile en plusieurs tomes, classé par famille, par région, etc. Exit le volumineux Nobiliaire universel de France de Saint-Allais ! Il suffit de lire ce qui est écrit : GEORGE JOLY CHEVALIER BARON DE BLAISY SECOND PRESIDENT AU PARLEMENT DE BOURGOGNE.
On sait tout ! Enfin presque tout. Quel brave gentilhomme ! Quel bibliophile prévoyant pour ses successeurs en bibliophilie !
Les armes que vous pouvez voir ci-dessus mesurent 80 x 72 mm. Elles sont poussées sur un volume de format in-4 mesurant 24 x 18,5 cm. Elles sont poussées sur chacun des deux plats. Le dos est orné de motifs dorés typiques du milieu du XVIIe s. L'édition de l'ouvrage recouvert date de 1659. Il s'agit d'un texte classique en français, le Quinte Curce ou La vie d'Alexandre Le Grand de la traduction de M. Vaugelas. C'est une troisième édition faite sur une nouvelle copie de l'auteur qui a été retrouvée depuis la première et la seconde impression. C'est donc sensé être une bonne édition corrigée. Ce livra porte l'adresse d'Augustin Courbé, au Palais en la Galerie des Merciers, à la Palme. La première impression date de juillet 1653. Le volume est relié plein veau brun marbré de l'époque. Il très bel état de conservation. Les armes sont très joliment frappées, bien nettes.
Faisons un peu connaissance avec ce second Président au Parlement de Bourgogne, George Joly Baron de Blaisy. Cette famille tire son nom de la seigneurie du village de Blaisy près de Dijon, aussi appelée Blaisy-le-Haut ou Blaisy-le-Châtel. Ce petit bourg dépendait du Parlement et de l'Intendance de Dijon, du Bailliage et de la Recette de Châtillon. En 1761, soit un siècle plus tard, on y comptait que 15 feux (foyers), ce qui est très peu. Village situé sur une hauteur, à un quart de lieu de Blaisy-le-Bas. Il est intéressant de noter que cette terre et seigneurie, par Lettres patentes du mois de juin 1695, enregistrées au Parlement de Bourgogne, le 28 juillet suivant, fut érigée en Marquisat en faveur d'Antoine Joly, Président au Grand Conseil (aujourd'hui on appellerait cela au bas mot du conflit d'intérêt ou de l'abus de bien social ...). Antoine Joly était le fils de Georges Joly, Baron de Blaisy et Président au Parlement, sus nommé. Georges Joly était lui-même fils de Bénigne Joly, Greffier en chef au Parlement de Dijon et petit-fils d'Antoine Joly, également greffier en chef du même Parlement. Ce dernier était le quatrième fils de Barthélémy Joly, également greffier etc. (une famille de robe qui avait de la suite dans les idées si je puis me permettre). Ils étaient alliés à la branche des Seigneurs de Fleury par François Joly de Fleury, frère de Barthélémy. Les Joly de Fleury furent Président au Parlement de Paris (une manie dans la famille en quelque sorte). Je vous passe la suite. La famille de Joly est très ancienne et très distinguée en Bourgogne (on ne rigole pas avec les Joly... à Dijon ils ont leur clinique et leur église à leur nom). Tout ceci est raconté en détail dans l'histoire de cette famille faite par les historiens.
Une belle situation professionnelle, de beaux châteaux à meubler et des "gens" à divertir. Il n'en fallait pas plus pour que l'ami Georges ne fut un bibliophile émérite. George Joly était né à Djjon le 20 février 1610. Il a donc grosso modo une cinquantaine d'année au moment de cette édition de 1659. Il est Président du Parlement de Dijon dès le 29 décembre 1644, il a alors seulement 34 ans ! Il mourra dans la même ville le 2 mars 1679 à l'âge de 69 ans. Il laisse plusieurs ouvrages en manuscrits. Son fils, auteur de ces mémoires, a publié un Abrégé de la vie de Georges Joly, chevalier, baron de Blaisy, président à mortier au Parlement de Bourgogne, Paris, 1678, in-4. Les Joly de Blaisy avaient leur sépulture dans l'église, aujourd'hui détruite, des Cordeliers de Dijon ; la statue de Georges de Blaisy, par Jean Dubois, se voit aujourd'hui dans la chapelle de l'hospice Sainte-Anne. Georges était bibliophile donc. Mais pas un bibliophile faisant preuve d'ostentation extrême. Visiblement, d'après les quelques exemplaires de sa bibliothèque que nous avons pu dénicher ici ou là, nous n'avons trouvé que des exemplaires reliés en veau brun, portant ses armes. Pas de maroquin rutilant semble-t-il (on peut imaginer, comme j'ai pu le lire ici ou là, que les Joly de Blaisy étaient inférieurs (et se sentaient inférieurs) en notoriété aux Joly de Fleury du Parlement de Paris. A ces derniers les maroquins rouges éclatants ... peut-être ...).
Voici quelques titres de sa bibliothèque parvenus jusqu'à nous et qui nous montrent son intérêt et pour les Lettres et pour l'histoire :
Prenons pour exemple les armes ci-dessous apposées sur une reliure du milieu du XVIIe siècle. Pas besoin de chercher des heures dans OHR (*), terminé Guigard et autres Armorial du Bibliophile en plusieurs tomes, classé par famille, par région, etc. Exit le volumineux Nobiliaire universel de France de Saint-Allais ! Il suffit de lire ce qui est écrit : GEORGE JOLY CHEVALIER BARON DE BLAISY SECOND PRESIDENT AU PARLEMENT DE BOURGOGNE.
Armes dorées apposées sur les plats d'une reliure
de la bibliothèque de
Georges Joly de Blaisy (1610-1679)
Président au Parlement de Bourgogne.
(vue d'ensemble du second plat)
Format in-4.
de la bibliothèque de
Georges Joly de Blaisy (1610-1679)
Président au Parlement de Bourgogne.
(vue d'ensemble du second plat)
Format in-4.
On sait tout ! Enfin presque tout. Quel brave gentilhomme ! Quel bibliophile prévoyant pour ses successeurs en bibliophilie !
Les armes que vous pouvez voir ci-dessus mesurent 80 x 72 mm. Elles sont poussées sur un volume de format in-4 mesurant 24 x 18,5 cm. Elles sont poussées sur chacun des deux plats. Le dos est orné de motifs dorés typiques du milieu du XVIIe s. L'édition de l'ouvrage recouvert date de 1659. Il s'agit d'un texte classique en français, le Quinte Curce ou La vie d'Alexandre Le Grand de la traduction de M. Vaugelas. C'est une troisième édition faite sur une nouvelle copie de l'auteur qui a été retrouvée depuis la première et la seconde impression. C'est donc sensé être une bonne édition corrigée. Ce livra porte l'adresse d'Augustin Courbé, au Palais en la Galerie des Merciers, à la Palme. La première impression date de juillet 1653. Le volume est relié plein veau brun marbré de l'époque. Il très bel état de conservation. Les armes sont très joliment frappées, bien nettes.
Faisons un peu connaissance avec ce second Président au Parlement de Bourgogne, George Joly Baron de Blaisy. Cette famille tire son nom de la seigneurie du village de Blaisy près de Dijon, aussi appelée Blaisy-le-Haut ou Blaisy-le-Châtel. Ce petit bourg dépendait du Parlement et de l'Intendance de Dijon, du Bailliage et de la Recette de Châtillon. En 1761, soit un siècle plus tard, on y comptait que 15 feux (foyers), ce qui est très peu. Village situé sur une hauteur, à un quart de lieu de Blaisy-le-Bas. Il est intéressant de noter que cette terre et seigneurie, par Lettres patentes du mois de juin 1695, enregistrées au Parlement de Bourgogne, le 28 juillet suivant, fut érigée en Marquisat en faveur d'Antoine Joly, Président au Grand Conseil (aujourd'hui on appellerait cela au bas mot du conflit d'intérêt ou de l'abus de bien social ...). Antoine Joly était le fils de Georges Joly, Baron de Blaisy et Président au Parlement, sus nommé. Georges Joly était lui-même fils de Bénigne Joly, Greffier en chef au Parlement de Dijon et petit-fils d'Antoine Joly, également greffier en chef du même Parlement. Ce dernier était le quatrième fils de Barthélémy Joly, également greffier etc. (une famille de robe qui avait de la suite dans les idées si je puis me permettre). Ils étaient alliés à la branche des Seigneurs de Fleury par François Joly de Fleury, frère de Barthélémy. Les Joly de Fleury furent Président au Parlement de Paris (une manie dans la famille en quelque sorte). Je vous passe la suite. La famille de Joly est très ancienne et très distinguée en Bourgogne (on ne rigole pas avec les Joly... à Dijon ils ont leur clinique et leur église à leur nom). Tout ceci est raconté en détail dans l'histoire de cette famille faite par les historiens.
Une belle situation professionnelle, de beaux châteaux à meubler et des "gens" à divertir. Il n'en fallait pas plus pour que l'ami Georges ne fut un bibliophile émérite. George Joly était né à Djjon le 20 février 1610. Il a donc grosso modo une cinquantaine d'année au moment de cette édition de 1659. Il est Président du Parlement de Dijon dès le 29 décembre 1644, il a alors seulement 34 ans ! Il mourra dans la même ville le 2 mars 1679 à l'âge de 69 ans. Il laisse plusieurs ouvrages en manuscrits. Son fils, auteur de ces mémoires, a publié un Abrégé de la vie de Georges Joly, chevalier, baron de Blaisy, président à mortier au Parlement de Bourgogne, Paris, 1678, in-4. Les Joly de Blaisy avaient leur sépulture dans l'église, aujourd'hui détruite, des Cordeliers de Dijon ; la statue de Georges de Blaisy, par Jean Dubois, se voit aujourd'hui dans la chapelle de l'hospice Sainte-Anne. Georges était bibliophile donc. Mais pas un bibliophile faisant preuve d'ostentation extrême. Visiblement, d'après les quelques exemplaires de sa bibliothèque que nous avons pu dénicher ici ou là, nous n'avons trouvé que des exemplaires reliés en veau brun, portant ses armes. Pas de maroquin rutilant semble-t-il (on peut imaginer, comme j'ai pu le lire ici ou là, que les Joly de Blaisy étaient inférieurs (et se sentaient inférieurs) en notoriété aux Joly de Fleury du Parlement de Paris. A ces derniers les maroquins rouges éclatants ... peut-être ...).
Reliure aux armes du même, sur un volume de format plus petit,
LE BOSSU. Traité du poème épique.
A Paris, chez Michel Le Petit, 1675.
2 tomes en 1 volume in-12.
LE BOSSU. Traité du poème épique.
A Paris, chez Michel Le Petit, 1675.
2 tomes en 1 volume in-12.
Voici quelques titres de sa bibliothèque parvenus jusqu'à nous et qui nous montrent son intérêt et pour les Lettres et pour l'histoire :
- CALVIN (Jean). Lexicon Judiricum Iuris Caesarei.... Coloniae, Chouet, 1653, in-folio, veau blond, double filet doré, relié à ses armes.
- QUINTE-CURCE de Vaugelas. Paris, Augustin Courbé, 1659. In-4 relié veau à ses armes (ouvrage décrit ci-dessus).
- LE BOSSU. Traité du poème épique. A Paris, chez Michel Le Petit, 1675. - 2 tomes en 1 volume in-12. Reliure plein veau brun moucheté à ses armes.
- SERRES Olivier de, seigneur du Pradel. Le Théâtre d’Agriculture et Mesnage des champs. Paris, Janet Métayer, 1600 ; in-folio relié plein veau brun à ses armes.
- Dictionarium novum latinum et gallicum. In quo iutriusque linguae ratio continetur, & ad Authorum intelligentiam via facilis aperitur. Ad usum serenissimi principis Delphini. 1673, In-4 relié en veau à ses armes.
- SAINCTE-MARTHE. Histoire généalogique de la maison de France. Revue et augmentée…
P. Chez Sébastien Cramoisy 1628. 2 vol In-4, veau ou basane ? relié à ses armes.
- Un imposant THOU (Jacques-Auguste de). Historiarum sui temporis, ab anno Domini 1543 usque ad annum 1607. Genève,[Orléans], Héritiers Pierre de La Rovière, 1626-1630. 6 parties en 5 volumes in-folio, veau fauve, double filet, armoiriesau centre, dos orné de fleurons, tranches rouges.
- COSTAR. Apologie de M. Costar à M. Ménage.P., chez Augustin Courbe (1657). In-4 plein veau dos à nerfs orné, plats ornés d'un filet d'encadrement à froid et aux armes.
Une exception toutefois à l'emploi du veau brun pour la reliure de ses livres.
- GUALDO PRIORATO (Galeazzo). Historia delle Guerre, del conte Galeazzo Gualdo Priorato. S.l.n.n.n.d. - In-4°, vélin rigide à ses armes.
Je vais m'arrêter là mais je pense qu'en furetant un peu on pourrait en trouver encore quelques-uns.
On imagine une bibliothèque fournie, reliée tout en veau (il était sans doute allergique au maroquin car ce n'était certainement pas des considérations financières qui l'auraient dissuadé de monter "une tannerie" comme disait La Bruyère).
Anecdote malheureuse pour tout bibliophile : un incendie a dévoré le château de Blaisy le 16 mars 1751, emportant avec lui quantité de livres et de manuscrits inestimables. Cependant tous les manuscrits n'ont pas été détruits bien heureusement puisque Courtépée (à la fin du XVIIIe s.) dit en avoir vu plusieurs dans la bibliothèque du marquis de Courtivron. Combien de reliures aux armes du Baron de Blaisy furent anéanties ? Nous ne le saurons sans doute jamais. A ce moment là la bibliothèque de Georges (mort en 1679) était passée entre les mains de son fils (lui même décédé en juin 1725) et dont le fils, également prénommé Antoine vit périr ces trésors puisqu'il mourut en octobre 1761. Il fut le dernier de cette ligné des Joly de Blaisy.
Où sont passés les livres après 1761 ? Furent-ils vendus à l'encan ? Rachetés par un libraire avisé ? Transmis aux descendants par les femmes ? Je n'en n'ai pas la moindre idée pour le moment.
Voici donc résumée la petite histoire des livres d'un bibliophile bourguignon au XVIIe siècle.
Heureux les livres qui nous sont parvenus intacts après tant de vicissitudes et de tracas... une Révolution, un Empire, plusieurs autres Révolutions et deux guerres plus tard, ils sont là, témoins infaillibles et orgueilleux d'un temps révolu, qu'ils nous racontent discrètement à l'oreille et aux yeux...
PS : j'en oublie même de donner lecture de la description des armes de cette famille ... mais au fait ... comment se lisent ces armes ?
Bonne nuit,
Bertrand Bibliomane moderne