Chers amis dominicains,
petit message, mi-esthétisme, mi-réflexion,
j'ai souvent l'œil attentif aux ornements gravés sur bois ou à l'eau-forte que je vois dans les exemplaires que j'ai entre les mains. Parfois, ce m'arrive d'en croiser que je me rappelle avoir vu ailleurs. Comme la mémoire visuelle est très importante en bibliophilie comme en bibliomanie, je l'exerce le plus souvent possible.
C'est ainsi qu'hier j'ai croisé ce bandeau au détour d'une ouverture de volume.
Et je me suis dis que je l'avais déjà vu quelque part dans un autre volume sur une autre tablette de ma bibliothèque.
Et effectivement, j'avais bien vu quelque chose de similaire. Mais de similaire seulement, car, si les deux bandeaux se ressemblent fort ils n'en sont pas moins différents.
Ce qui m'a amusé, c'est de considérer l'espace de temps qui sépare l'exécution de ces deux ornements gravés sur bois. Le premier, présent sur une édition de 1678 donnée sous le faux nom de Claude Barbin (l'édition est une contrefaçon que je n'ai pu localiser). Contrefaçon remarquée tout d'abord par la médiocre qualité du papier, de l'impression, et par ce fleuron qu'on trouve sur le titre du deuxième tome, et qui est assez peu courant pour être remarqué, et sur lequel on peut lire, en très petit, au centre et noyé dans le décor pour ainsi dire, un "sur l'imprimé" fort malicieusement placé là pour faire office de dédouanement pour le faussaire. Un scrupule gravé sur bois en somme ! Le voici.
Le deuxième ouvrage dans lequel se retrouve le bandeau gravé sur bois est daté de 1707 et il s'agit d'une édition de Lyon donnée par le libraire Briasson.
Le bandeau est différent, mais on voit bien que l'inspiration est commune pour les deux. Près de 30 années séparent pourtant ces deux ornements.
Cela m'amène naturellement à m'intérroger sur l'histoire et plus exactement la genèse de ces ornements gravés sur bois. Comment retrouver (si cela n'a aucun intérêt c'est encore bien plus drôle...) si cela est possible, l'inspiration primitive, ou plus exactement, le premier bandeau sorti de l'atelier du graveur sur bois, le premier "modèle", avant que celui-ci, parce qu'il est joli, parce qu'il plait, ne soit copié et recopié jusqu'à en être transformé au fil des années.
Voilà bien un article à la fois totalement futile et inutile, j'en ai totalement conscience, mais si cela fait echo en l'un d'entre vous, et qu'il croise au détour d'un rayon de sa bibliothèque, un bandeau similaire, identique, voire largement modifié mais qui sort de la même "inspiration" de départ, que les deux bandeaux ci-dessus, je publierai sur ce message toutes les photos de bandeaux "ressemblants" que vous voudrez bien me faire parvenir. En espérant pouvoir en présenter un grand nombre pour compléter l'illustration de cet article.
Bon dimanche à toutes et à tous,
Bertrand