mercredi 3 février 2010

Des remises accordées aux libraires de neuf en 1850.


Lundi j'ouvrais la semaine sur une petite évocation de la Bibliographie de la France ou Journal de l'imprimerie et de la librairie, périodique fort utile aux bibliophiles et aux libraires curieux, et ce depuis sa création en 1811.

Je reviens vers vous sur le même sujet, car en feuilletant quelques numéros de cette excellente "revue de livres", je me suis arrêté un instant sur le numéro 21 du samedi 25 mai 1850 (quel jour de la semaine était-ce ? une samedi ?) du Feuilleton du Journal de la librairie.

Sur ce quatre pages in-8, non relié, qui nous donne un aperçu des publications nouvelles, à la quatrième page, on peut lire ceci :



On nous presente donc une des dernières publication de l'éditeur Gabriel de Gonet et de M. Martinon. M. Gabriel de Gonet avait sa boutique au 6 de la rue des Beaux-Arts à Paris, tandis que M. Martinon, libraire, se situait au 4 de la rue du Coq-Saint-Honoré. Ils nous présentent un titre qui encore aujourd'hui résonne plaisamment aux oreilles du bibliophile moderne : Perles et parures, fantaisie par Gavarni. Romans et Nouvelles par Méry, Minéralogie des Dames et Histoire de la Mode, par le Cte de Foelix. L'ouvrage était proposé en deux séries. Première série : Les Joyaux. Deuxième série : Les parures.

Voici le détail de cette publication du point de vue éditorial, et c'est intéressant d'avoir autant de précisions.

"Les Perles et Parures, publiées en 100 livraisons à 30 centimes, formeront deux beaux volumes grand in-8 (format des Fleurs et des Étoiles) de 300 pages environ et de 32 dessins coloriés et découpés en dentelle.
Cet ouvrage est divisé en deux séries parfaitement disctinctes, qui se vendront séparément à la fin de la souscription. Tous les essais de brochure et de reliure des sujets découpés en dentelle ont été faits : MM. les libraires peuvent êtres sûrs que ce nouveau mode n'apporte aucune difficulté. La 1ère livraison est en vente. La 2ème paraîtra le mercredi, 29 courant. Il paraîtra une, deux ou trois livraisons par semaine."

Voici le dernier détail fort intéressant qui m'a motivé pour vous présenter ce petit billet. Il traite des remises accordées aux libraires de neuf, on lit :

"Remises 5/4, 28/20, 150/100."

C'est à dire que le libraire qui achetait comptant 4 exemplaires de cet ouvrage en recevait 5 (donc 1 gratis), celui qui achetait comptant 20 exemplaires s'en voyait remettre 28, soit 8 exemplaires gratis. Enfin, le libraire bien installé qui pouvait se permettre d'acheter comptant 100 exemplaires de cet ouvrage se voyait offrir 50 exemplaires en sus. La marge du libraire se faisait donc sur l'écoulement de la marchandise. On imagine bien qu'il était plus intéressant d'acheter un maximum d'exemplaires pour obtenir une marge conséquente, faite exclusivement grâce aux exemplaires "offerts". Je crois d'ailleurs que ce système existe encore dans la librairie traditionnelle moderne, mais j'avoue ne pas en savoir grand chose. Le Feuilleton du Journal de la librairie est rempli de ce type d'informations très précieuses pour le bibliographe d'aujourd'hui qui chercherait à percer les mystères de l'édition romantique. Pour être franc, je crois bien d'ailleurs, que c'est ainsi (grâce à ce Journal de l'imprimerie et de la librairie, bibliographie de la France) que le libraire Léopold Carteret à dressé sa bibliographie des éditons romantiques illustrées. Mais je n'ai aucune preuve de cela...

Bonne soirée,
Bertrand

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