lundi 22 février 2010

Acquisition récente : Les zizags d'un curieux par Octave Uzanne (1888). Exemplaire de dédicace à l'artiste décorateur Adolphe Giraldon.




Quand on ne sait plus où aller, on va presque toujours aux fondamentaux. Mon fondamental à moi, c'est Octave Uzanne. Eh oui ! Le revoilà diront les plus grincheux. Encore ! Dirons les impatients. Et pourtant c'est vrai, Octave est toujours là quand il le faut. Après un weekend plus que chargé pendant lequel je n'ai pas trouvé le temps de publier sur le Bibliomane moderne (les fidèles bibliomano-dépendants m'en excuseront), je me rattrape aujourd'hui lundi avec cet arrivage tout frais, tout juste posé sur mon bureau, et déjà pour vous.

Tout d'abord je prie le Bibliophile Rhemus d'accepter mes plus uzanniennes excuses pour cette présentation que je sais par avance très douloureuse... les affres de la technique mélangés au bras qui tremble du vainqueur font que quelque fois (souvent...), on assiste à la scène en spectateur, ce qui n'est cependant déjà pas si mal.

Voici donc l'objet du délit.

Les zigzags d'un curieux, causeries sur l'art des livres et la littérature d'art, par Octave Uzanne. Il s'agit d'un volume in-12 (18,5 x 13 cm) de III-307 pages. Il s'agit d'une édition de la Maison Quantin, et l'achevé d'imprimer date du 15 mai 1888. L'exemplaire est relié en demi-chagrin prune, dos lisse orné en long. La tête du volume est dorée, le reste des tranches non rognées, les belles couvertures imprimées en doré sur un papier bleu sombre façon crocodile sont conservées. La reliure est de l'époque ou des quelques années qui suivirent l'année d'édition, soit entre 1888 et 1895 au plus tard je pense. La reliure est de bonne facture mais n'est pas signée. On aurait préféré un demi-maroquin au demi-chagrin (je n'aime pas le chagrin, c'est dit !). Quoi qu'il en soit, la reliure est parfaitement conservée et l'intérieur du volume également. Il s'agit d'une édition au tirage limité à 1.065 exemplaires, comme suit : 1.000 exemplaires sur vergé de Hollande ; 30 exemplaires sur Whatman ; 30 exemplaires sur papier impérial du Japon et enfin seulement 5 exemplaires sur Chine, non mis dans le commerce. L'exemplaire que je vous présente porte le n°11 et est un des 1.000 exemplaires sur vergé de Hollande. Il ne s'agit donc pas du papier le plus rare mais du papier ordinaire pour cet ouvrage. Ce beau volume est illustré d'un joli frontispice gravé, non signé, mais qui est de Félix Buhot. C'est vraiment une belle illustration de la condition du Bibliomane (ou du Bibliophile).

Que vous dire de ce volume ? Qu'il s'agit, comme il l'avait fait deux ans plus tôt avec "Nos amis les livres, causeries sur la littérature ancienne et la librairie" (1886, P. Quantin, même format, même imposition typographique), d'un recueil d'articles déjà parus dans la revue Le Livre dont Octave Uzanne était le rédacteur en chef et Directeur. Nous avons déjà parlé de cette revue dans les colonnes du Bibliomane moderne, je vous invite donc à vous y reporter. Ce n'est donc ici que du réchauffé (Uzanne aimait bien ça...), rien de neuf sinon une courte préface. La lecture de ce petit volume est fort utile aux bibliophiles, y compris aux bibliophiles modernes. On y apprend toutes sortes de choses sur le bibliophile et le livre.



Particularités de l'exemplaire ? il s'agit de l'exemplaire offert par l'auteur à son ami Adolphe Giraldon : "à mon excellent ami Adolphe Giraldon, témoignage de notre vieille camaraderie. Très cordialement, Octave Uzanne". L'exemplaire a été par ailleurs relié spécialement pour Adolphe Giraldon avec ses initiales dorées dans un fer Art Nouveau, au dos (voir photographie ci-dessous).


Adolphe Giraldon était un grand décorateur et illustrateur de cette période et jusqu'aux premières années du XXe siècle. Ses dates sont presque identiques à celles d'Octave Uzanne, ils étaient pour ainsi dire du même âge et sont morts à peu d'années d'intervalles. Giraldon était né en 1855 et est mort en 1933. Octave lui était né en 1851 et est mort en 1931. Cet envoi démontre une "vieille camaraderie", intéressante du point de vue littéraire et bibliophilique. Adolphe Giraldon était bibliophile, c'est attesté par la vente de sa bibliothèque à sa mort en 1933. Catalogue que malheureusement je ne possède pas (avis aux amateurs... je suis preneur).

Voilà, tout est dit ou presque. Cet exemplaire m'a charmé par son envoi évidemment. Car je possédais déjà deux autres exemplaires de ce même ouvrage, un broché et l'autre en cartonnage simple à la bradel. Rien d'unique donc. Ici, c'est le maître qui parle.... chut ... !!!

Bonne journée,
Bertrand

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