déniché par Martin dans les limbes du net...
Généalogie du marquis de Gaillon
Né le 11 avril 1813 - Gournay-en-Bray (76)
Décédé le 24 janvier 1892 - Gaillon-sur-Montcient (78) , à l'âge de 78 ans
Généalogie du marquis de Gaillon
Né le 11 avril 1813 - Gournay-en-Bray (76)
Décédé le 24 janvier 1892 - Gaillon-sur-Montcient (78) , à l'âge de 78 ans
"Un grand dénicheur de raretés !" voilà bien une expression dont on aimerait s’affubler soi-même !
"Un grand dénicheur de raretés !", c’est ainsi qu’est décrit M. le Marquis de Gaillon dans un article publié dans l’Annuaire historique du département de l’Yonne, vers le milieu du XIXe siècle. Il y est question du Marquis de Gaillon à propos de la découverte d’un second exemplaire d’un très-rare ouvrage intitulé : "Les fortunes et les adversités de feu noble homme Jehan Regnier, escuyer en son vivant seigneur de Garchy et Bailly Daucerre" [Bailly d’Auxerre]. C’est M. le Marquis de Gaillon qui a découvert l’existence d’un deuxième exemplaire de ce livre dans le fonds de la bibliothèque de Versailles. On sait qu’il consacra alors une notice critique de dix-huit pages qui fut publiée en 1862 dans le Bulletin du Bibliophile et du Bibliothécaire de Téchener. M. de Gaillon était un érudit, amoureux des lettres, des vieux auteurs, et de plus un bibliophile qui devait posséder une bien belle bibliothèque (nous n'avons pas retrouvé de catalogue de vente de sa bibliothèque - recherches en cours...).
Que sait-on du Marquis de Gaillon bibliophile ?
Pas grand-chose à vrai dire. On sait qu’il avait donné, peu de temps avant, en 1861, un autre article pour le Bulletin du Bibliophile, intitulé : "Passerat dans sa chaire du collège" (pp. 13-32). Il avait consacré un autre article pour la même revue en 1860, aux anciens recueils de chansons françaises et particulièrement au Parnasse des Muses (pp. 1172 et suiv.). Proche du libraire Téchener, il devait sans aucun doute faire partie du petit cénacle qui discutait des réimpressions à venir que le célèbre libraire voulait mettre au jour. Il écrivit semble-t-il de très nombreux articles pour le Bulletin du Bibliophile au point d’en devenir un collaborateur assidu et indispensable (on note encore un article sur le Dictionnaire de Pierre Richelet (1855), un autre sur Ambroise Paré considéré comme écrivain (1864), ou encore Nouvelle visite au château de Montaigne (1862), etc.)
On lit dans l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux (année 1895) qu’il s’appelait Isidore de Gaillon et qu’en 1847 il était alors jeune homme. Nous avons trouvé qu’on l’appelait indifféremment M. le vicomte Isidore de Gaillon ou bien marquis de Gaillon. Il avait publié dès 1847 un ouvrage portant le titre de "Les Oiseaux et les fleurs" (In-12, Garnier, Palais-Royal). Il y est alors décrit par la critique comme un jeune poète "passionné de la nature ". Visiblement son ouvrage n’a pas été retenu par l’histoire littéraire, certains ayant même traité son livre de poésies de romantisme attardé.
Par certains côtés, ce bibliophile-littéraire aurait bien mérité sa place au panthéon des oubliés. Encore un ! Vapereau ne l’a pas retenu pour figurer dans son Dictionnaire des auteurs contemporains (1880). On sait par ailleurs qu’il échangea quelques lettres avec Sainte-Beuve. On l'imagine facilement en relation avec tout le petit monde des lettres de son temps. Je n’ai trouvé ni sa date de naissance, ni celle de son décès.
Parlons du bibliophile maintenant.
Les hasards sont parfois assez sympathiques pour vous mettre entre les mains quelques livres qui vous intriguent, qui vous interrogent. C’est le cas ici. J’ai eu la chance d’acheter un livre, puis deux, puis trois, puis quatre et encore d’autres, provenant de la bibliothèque du Marquis de Gaillon. Ces volumes portent tous un ex libris à son nom et assez original et par la forme et par sa conception pour être remarqué.
Son ex libris est petit, de forme circulaire (diamètre de 19 mm seulement), gravé et tiré sur papier de Chine, il porte l’inscription "Bibliothèque – Mis de Gaillon –", avec un filet noir en entourage et un aigle aux ailes déployées au centre.
Ce qui est amusant, c’est qu’en quelques volumes seulement, j’ai pu me faire une idée du bibliophile qu’il était, et cela grâce à l’aspect des volumes que j’ai pu observer. Tous les volumes que j’ai eus en mains étaient recouverts de demi-reliures du milieu du XIXe siècle. Tous ! Que les éditions soient du XVIIe siècle, du XVIIIe siècle ou du XIXe siècle, tous les volumes avaient été reliés pratiquement dans le même style, sobre, simple, sans faste, banal devrait-on dire, c'est-à-dire en demi-chagrin simple, avec quelques ornements (différents selon les volumes). Ne trouvant pas d'unité parmi ces quelques volumes, j'en déduis que M. le Marquis de Gaillon faisait sans doute appel à plusieurs relieurs de son temps, sans privilégier une unité de décoration. Je vous laisse constater d’après la photographie ci-dessous.
Ce qui est certain, c’est que depuis quelques mois, des volumes portant cet ex libris se trouvent sur le marché. Sans doute une succession ayant débouché sur une vente publique a permis la diffusion en masse de cette provenance ces derniers temps. Il est assez intéressant de constater combien des livres peuvent rester invisibles pendant des décennies voire des siècles et tout à coup refaire surface comme par enchantement. Mais comme ici, c’est pour notre joie à tous, c’est très bien ainsi.
Voici deux exemplaire repérés récemment dans les catalogues de libraires :
MENAGE (Gilles). Poemata. Tertia editio, auctior et emendatior. Parisiis, apud Augustinum Courbé, 1658. in-8. 4ff. 78pp. 1f. 30pp. 1f. 36pp. 1f. (1f.blanc). 117pp.1f. Demi-chagrin havane, dos à nerfs orné, tranches marbrées (reliure du 19è siècle). Troisième édition de ce recueil de vers latins, grecs, italiens et français du célèbre érudit et poète angevin Gilles Ménage (1613-1692), qui servit notamment de modèle au Vadius de Molière dans 'Les Femmes Savantes'. On y trouve de nombreuses pièces adressées à certaines personnalités illustres du monde intellectuel de l'époque comme Pierre Corneille "Prince des Tragédies", Pierre Gassendi, Guez de Balzac, etc. Bel exemplaire soigneusement relié au 19e siècle et provenant de la bibliothèque du Marquis de Gaillon, avec son ex-libris circulaire gravé.
[COULANGES (Philippe Emmanuel Marquis de)]. Recueil de Chansons Choisies. Divisé en deux parties. A Paris, chez Simon Bernard, 1694. in-12. 8ff. 293pp. Demi-veau rouge, dos à nerfs orné (reliure du 19e siècle). Edition Originale de ce recueil de chansons galantes composées par le marquis de Coulanges (1633-1716) en l'honneur de diverses personnalités de la haute-société, sur des sujets de circonstance ou à la gloire de la bonne chère et du bon vin. Parmi les destinataires de ces chansons "où la simplicité la plus naïve le dispute à la grâce et à la malice" (Viollet-le-Duc), se trouvaient notamment Madeleine de Scudéry, femme de lettres, Catherine Descartes, nièce du grand philosophe, la Duchesse de Nemours, Madame de Guise, la Duchesse de Bouillon, etc. Viollet-le-Duc ne possédait qu'un exemplaire de la seconde édition de 1698, qu'il qualifiait déjà de "livre rare". Ex-libris circulaire du Marquis de Gaillon collé sur une page de garde. Bel exemplaire soigneusement établi au 19e siècle. Viollet-le-Duc, Bibliothèque Poétique, II, p.14 (pour la seconde édition de 1698).
Toutes informations sur de M. de Gaillon ou sur d’autres livres de sa bibliothèque seront partagées ici avec grand plaisir entre le ou les découvreurs et les lecteurs du Bibliomane moderne.
Bonne journée,
Bertrand