En cette fin d'un été particulièrement exceptionnel, je n'ai pu m'empêcher d'exonder un petit texte que j'avais fait publier, en 1981, par l'imprimerie de la Galerie du Cirque Divers où j'avais fait une conférence et une exposition sur l'art et la littérature érotique du XVIIe au début du XXeme siècle.
"Dans une société où il y a encore pléthore de pédants moraux et de censeurs atrabilaires, dominés par quelques complexes de mutilation ou de frustration ou quelque restant de complexe sadico-anal, dans cette société, disais-je, de plus actuellement minée par l'inflation et menacée par la perte journalière de nombreux emplois, est-il encore possible de se reconvertir et d'excercer une profession offrant d'intéressants débouchés nouveaux? Faites-vous donc érotologue et, nanti de ce dipôme prestigieux, partez et arpentez les chemins de la liberation, drainant à vous une foule d'hommes et de femmes dont l'idéal est de combattre toute forme de violence littéraire, visuelle ou gestuelle. L'érotisme, oui ! La violence, non !"
Ce petit préambule, rédigé au monastère de Beaumont le Vicomte par le docteur Hospodar S. Kouyakov, membre extraordinaire de la joyeuse faculté phallo-coïro-pygo-glottonomique et grand sénéchal philanthropinico-physico-psychanalytico-psycho érotique, nous permettra d'aborder gaillardement, à l'aube de l'automne, notre passion commune, la bibliomano-bibliophilie et ses nombreux méandres.
Tout d'abord quelques photos d'une exposition Erotica, en juin dernier, dite, Collection G. Livres, gravures, peintures & objets érotiques du XVIIe au XXeme siècle, groupant des Œuvres de Rops, Bayros, Lafnet, Rassenfosse, Elluin, Borel, Van Maele, Avril et consorts... et documents ayant appartenu, notamment aux Dr Kronhausen, Roger Peyrefitte et Michel Simon.
Fidèle à moi-même, je présenterai, aujourd'hui, le Courrier extraordinaire des fouteurs ecclésiastiques.
Cette petite pièce révolutionnaire est ici réimprimée textuellement sur l'édition originale publiée en 1790 qui est devenue fort rare.
Cette charmante édition, reliée en pleine basane rouge et signée de Kamps est une plaquette in-12, VIII-40 pp., relativement rare et dont le tirage est limité à 100 exemplaires (ce dernier n° 69, au crayon bleu ,violet) Réf. Galitzine, 423 ; Gay, I -426 ; Pia, 287 ; Ashbee I-168 ; P.C. 27b.52/7 ; Kearney-Gay 113 ; Dutel, A240-242.
Selon Gay, il ne resterait que 3 exemplaires de l'édition originale , dont l'une au Private case.
Mon édition qui fait partie de la bibliothèque libre ou collection choisie d'ouvrages et de pièces du genre libre imprimés par les soins de la Société des Bibliophiles cosmopolites et pour les membres de cette société, à 100 exemplaires numérotés, comporte quelques illustrations libres ajoutées par un bibliophile fervent.
Les gravures de l'édition originale représentent l'Amour à cheval sur un énorme Priape avec ces deux vers en bas :
"L'Amour est le courrier des galantes nouvelles,
Et son fringant courrier le fait choisir des belles."
Les autres gravures sont assez jolies et finement gravées et représentent l'abbé Renaud surprenant le fils du jardinier exploitant Kakvelle dans le jardin ; la troisième montre Durand , le valet de chambre, culotte déboutonnée et V...bandant tandis que , plus loin, Thérèse, à genoux, sur une chaise, jupes troussées, retourne son visage vers le jouteur.
Ce libelle composé de 4 lettres, celles du curé de Saint-Paul à Sophie Langelot( 16 août 1789 & 9 octobre 1789) avec leur réponse, le dialogue du père Isidore, père carme de la place Maubert avec la Desglands, raccrocheuse du quart, rue Saint-Martin et une correspondance entre l'abbé Jacob, l'abbé Renaud, tous deux prêtres du Petit Saint-Antoine et la demoiselle Kakvelle, demi putain, entretenue par Louvet, tapissier du faubourg Saint-Antoine, personnage laid, sot, mal bâti et conséquemment cocu. L'ouvrage se terminant par une chanson sur le curé de Villers-la Garenne :
Le plus grand bougre du monde,
Ah! c'est bien notre curé;
Et loin de foutre Raymonde,
Un garçon est préféré;
La philosophie profonde
Dit à tous, ah! ce qu'il est;
Ne dérangez pas le monde,
Laissez chacun comme il est, (bis)
L'autre jour à sa servante
Le bougre fit un poupon,
Et son âme, trop contente
D'avoir fait un beau garçon,
Dit: Par quel trou, ma suivante,
J'ai fait ce beau rejeton!
Dis-le moi, ma confidente,
Est-ce le cul ou le con! (bis)
Sur ces belles paroles,
Bonne journée,
Vicomte Kouyakov