dimanche 16 octobre 2011

Bibliophilie de circonstance : les temps changent ... les idées aussi !



Quand j'étais au lycée on se plaisait à écrire sur nos tables : "le communisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme, le capitalisme c'est exactement le contraire !" 25 ans plus tard la sentence reste d'actualité. Entre une Chine, qui propage urbi et orbi un communisme-capitaliste basé sur une économie liée à l''exploitation des masses, et des USA (et les vieux pays européens) qui s’aperçoivent qu'il faut mettre une pincée de social-communisme dans leur capitalisme débridé s'ils veulent conserver le contrôle de la Bête ... le monde va un peu de travers ...

Une part non négligeable des ouvrages que je conserve est composée des ouvrages rédigés entre le XVIIe et le XIXe siècle (début du XXe s.) par les réformateurs sociaux, connus, méconnus ou oubliés. Vous avez déjà pu lire ici quelques billets consacrés à Kropotkine et Bakounine (partisans d'une réforme Ultra à la limite de la ligne jaune), d'autres tels Proudhon, Fourier ou Cabet, utopistes dont les écrits fournissent encore aujourd'hui des pistes non négligeables. Quoi qu'il en soit, composer une bibliothèque autour de ce thème est un plaisir de lecture qui réconcilie le bibliophile avec le livre qu'on lit ! En effet, au delà de l'aspect matériel, ces volumes, souvent modestes, rarement bien imprimés, invitent à se concentrer sur le fondement : le texte. Mon instinct de chasseur-bibliophile m'invite pourtant le plus souvent à rechercher des exemplaires en belle condition, bien reliés lorsque cela se présente et sur grand papier lorsqu'il en existe.


Je vous propose ce matin de lire une double page sortie de l'intelligence de Benoît Malon (*). Lundis socialistes I. Précis historique, théorique et pratique de socialisme par B. Malon. I. Le socialisme dans le passé. II. Le socialisme idéaliste. III. Les socialistes de transition. IV. Le socialisme réaliste. V. Le collectivisme moderne. VI. Les réformes sociales urgentes. VII. Perspectives.


C'est un volume de format in-8 (20 x 15 cm) de (6)-XI-352-(6) pages, broché, sous couverture de papier fort rose (déjà...). Publié à Paris chez Félix Alcan et à la Librairie de la Revue Socialiste, en 1892. On trouve à la fin un catalogue de 6 pages de la "Revue socialiste", revue fondée et dirigée par Benoît Malon. Ce volume sort des presses de E. Arrault et Cie à Tours. Il a été imprimé 100 exemplaires sur papier de Hollande. Celui-ci en fait partie. Il a été ajouté (volant) à l'exemplaire un portrait de l'auteur en héliogravure (voir photo ci-dessous).


Au delà de toutes considérations politiques personnelles, la lecture de ce livre est vraiment passionnante. Malon trace avec verve un historique précis du mouvement socialiste et donne pour l'avenir les clés pour parvenir à l'éradication de la "servitude capitaliste". Beau programme ...

Je vous incite à lire cet ouvrage s'il vous passe par les mains.

Bon dimanche,
Bertrand Bibliomane moderne


(*) Benoît Malon est un militant ouvrier, communard, journaliste et écrivain, né le 23 juin 1841 à Précieux (Loire), et mort à Asnières-sur-Seine le 13 septembre 1893, inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 77). Fils de paysans pauvres, il avait le goût de l'étude : bon élève à l'école communale de Précieux, mais orphelin de père, il dut se placer comme ouvrier agricole dans l'Ain. Malade, il revint en Forez et fut recueilli par son frère Jean Malon, instituteur, et bénéficia pendant deux ans de ses leçons ; puis il fut élève à Lyon d'une école cléricale qui préparait au petit séminaire. Cette formation explique comment il put devenir ensuite journaliste et écrivain. Ayant perdu la foi, Benoît Malon renonça à entrer au séminaire, gagna Paris en 1863 et trouva un emploi d'ouvrier teinturier dans une usine de Puteaux. Zéphyrin Camélinat le fit adhérer en 1865 à l'Association internationale des travailleurs (AIT). En 1866, à Puteaux, Malon organisa la grève des ouvriers teinturiers et fonda une coopérative de consommation. Devenu avec son ami Eugène Varlin, l'un des dirigeants de la section française de l'Association internationale des travailleurs qui avait été interdite, il fut emprisonné à deux reprises (1868 et 1870). En 1870, devenu journaliste à La Marseillaise, le journal de Rochefort, il rendit compte, dans une série d'articles remarqués, de la grande grève des usines Schneider du Creusot. En 1870, lors du troisième procès de l'Internationale il est condamné à un an de prison. Il était devenu le compagnon de la romancière féministe et révolutionnaire Léodile Champseix (pseudonyme littéraire : André Léo) qu'il "épouse librement" en 1872. Il est libéré par la proclamation de la République le 4 septembre 1870. Pendant le siège de Paris par les Allemands, il organise avec Eugène Varlin l'assistance publique pour les parisiens les plus pauvres. Il est membre du Comité central républicain des Vingt arrondissements et maire-adjoint du XVIIe arrondissement. En février 1871, Benoît Malon fut élu député, socialiste révolutionnaire, de la Seine mais démissionna, avec Victor Hugo et d'autres députés républicains, pour protester contre la cession de l'Alsace-Lorraine. Le 26 mars il est élu au Conseil de la Commune et maire de l'arrondissement des Batignolles dont il organisa la défense pendant la Semaine sanglante. Il siège à la commission du Travail et de l'Échange, et vote contre la création du Comité de Salut public. Après la Semaine sanglante, il s'exila à Lugano, en Suisse, puis en Italie où il participa au mouvement ouvrier. En décembre 1871, il adhère à la Fédération jurassienne de tendance bakouniniste. Il publie La Troisième défaite du Prolétariat français. Contraint à l'exil en Suisse, il y devient le compagnon de la féministe André Léo. Rentré en France après l'amnistie de 1880, Benoît Malon présida le congrès socialiste de Saint-Etienne (1882) qui vit la rupture entre réformistes (possibilistes) menés par Paul Brousse, dont il faisait désormais partie, et guesdistes (« marxistes »). Socialiste indépendant, il fut le fondateur, avec Elie Peyron et le premier directeur, de 1885 à sa mort, de La Revue socialiste qui fut ouverte à toutes les tendances du socialisme français. Il publia de nombreux ouvrages, dont Le Socialisme intégral (1891) qui influença toute une génération de militants et dans lequel il prône la création d'un Ministère de l'Assurance sociale. A sa mort, 10 000 personnes accompagnèrent son corps au Père-Lachaise. En 1913, un monument destiné à recueillir ses cendres fut érigé face au Mur des Fédérés et Jean Jaurès prononça un discours. (Source Wikipedia) Lire à son sujet VINCENT K. Steven, Between marxism and anarchism : Benoît Malon and French reformist socialism, Berkeley, University of California Press, 1992, XIV-193 p.

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