jeudi 15 septembre 2011

De la reproduction des écritures manuscrites au XIXe siècle ou de l'autographie.



Je laisse ce soir la parole à Éric qui va nous en apprendre un peu plus sur les techniques qui permettaient de reproduire l'écriture manuscrite au XIXe siècle, avant l'invention de la photocopieuse.

J'ai acquis il y a quelques temps un lot de 3 manuscrits du XIXe siècle.

Quelle ne fut pas ma surprise en les recevant, de m'apercevoir que ce n'étaient pas des manuscrits, mais des "polycopiés". Le doute était pourtant permis, en effet, pour l'un d'entre eux du moins, la qualité de la reproduction était excellente et le grain de l'impression difficilement visible. Pour un autre, la qualité de l'écriture, que n'aurait pas renié mon grand père pouvait laisser croire à un impression en caractère de civilité. Mais non. Il s'agit bien de reproduction.



Pourtant la photocopie n'existait pas à l'époque. Comment pouvait-on reproduire ainsi les écritures manuscrites ?

Un indice pourtant, l'un des exemplaires portait la mention "Autographié par Émile Béhague".



Que nous dit le petit Robert : Autographier : "Reproduire par l'autographie". Nous voilà bien avancé. Mais comme, il n'y a pas à chercher bien loin la définition de l'autographie, allons-y. Autographie : "Procédé qui permet de reproduire par impression un écrit, un dessin tracé avec une encre spéciale". Un peut court le Robert sur ce coup là. On aurait aimer en connaitre un peu plus sur ce procédé en usage au dix-neuvième siècle. La lithographie ? Une eau forte ? Un bois ? Cela parait bien compliqué pour reproduire quelques écrits scientifiques. Il faudrait en effet que le graveur écrive "à l'envers" pour que nous obtenions l'écriture dans le bon sens après impression.

En fait la technique utilisée consiste à écrire sur un papier autographique puis à transférer l'encre sur une pierre lithographique. L'encre utilisée doit être suffisamment grasse pour pouvoir ensuite se décoller du papier. Le papier est un papier enduit avec une préparation à base d'amidon, de gomme arabique et d'Alun. L'écriture sur ce papier est parait-il facile. Pour transférer l'écriture, on mouille le verso (blanc) et on presse plusieurs fois le papier sur la pierre. Il s'agit ensuit de détacher le papier autographique qui se trouve fortement collé à la pierre. A cet effet, on le mouille à grande eau, jusqu'à ce qu'il soit bien pénétré dans toutes ses parties. Alors il s'enlève avec assez de facilité et se détache de l'écriture qui adhère seule fortement à la pierre. On lave ensuite à l'eau les résidus de papier et d'enduit. La pierre est prête pour procéder à une reproduction lithographique classique.

Éric pour le Bibliomane moderne

Source. Encyclopédie Roret - Imprimeur lithographe. 1850. Nouveau dictionnaire universel des arts et métiers. 1839. A relire l'article de Textor sur les débuts de la lithographie : http://le-bibliomane.blogspot.com/2010/01/charles-de-lasteyrie-ou-les-debuts-de.html

Merci Eric pour ces précisions. Je compléterai demain ce billet par un autre document manuscrit reproduit, à propos duquel je m'interroge beaucoup.

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...