N'avez-vous jamais été tenté de rédiger un testament en faveur de ... vos livres !
Je me suis amusé à compiler (j'adore compiler. Quand je compile cela me désopile disait mon cousin Emile...), je me suis amusé à compiler disais-je, quelques extraits d'un testament dont je vous laisse découvrir les termes.
Il s'agit du testament de Messire Jean-Baptiste Goy, prêtre, docteur en Sorbonne, faubourg St-Antoine à Paris (*). On passera sur les détails autres que ceux relatifs aux livres (néanmoins le testament est presque entièrement consacré au devenir des dits livres). Voici :
(...) Je lègue à l'œuvre et fabrique de Sainte-Marguerite, ma paroisse, ma Bibliothèque enfermée dans les armoires fermant à clefs, dans l'appartement que j'occupe, qui a été par moi acquis, tans les chambres par moi occupées que celles qui sont occupées par Monsieur le vicaire, en contre échange d'une maison bâtie par moi, que j'ai donnée à cet effet à l'œuvre et fabrique de ma paroisse. Le tout ainsi qu'il est homologué par arrêt du Parlement, suivant lequel ledit appartement en entier restera pour le service de la Bibliothèque, laquelle servira à l'usage de messieurs les ecclésiastiques de la paroisse, qui y seront tous les jours pour y travailler, sans pouvoir emporter aucuns livres hors la Bibliothèque. On fera tous les ans la révision du catalogue des livres, et on remplacera ceux qui auront été perdus.
Je lègue les livres de piété en langue vulgaire, qui sont à part, pareillement à l'œuvre et fabrique de ma paroisse, pour être presté par messieurs les confesseurs à leurs pénitents et pénitentes qui n'auraient pas le moyen d'en acheter, à condition que lesdits sieurs confesseurs se chargeront eux- mêmes de les rapporter, au plus tard un mois après, sinon ils en payeront le prix pour en acheter de semblables.
Les personnes studieuses seront reçues dans la Bibliothèque les lundis, mercredis et vendredis de chaque semaine, on leur communiquera les livres qu'ils demanderont, qui ne sortiront point de la Bibliothèque.
Ils (les prêtres confesseurs désignés) seront pareillement obligés de faire la fonction de bibliothécaire,chacun alternativement, dans la semaine dans laquelle ils ne seront point occupez aux confessions des pauvres enfants des écoles de charité, et, à cet effet, ils auront leur logement : l'un dans la chambre que j'occupe et où je couche, l'autre dans l'appartement occupé par Monsieur le vicaire, attendu que ces chambres font partie de l'appartement que j'ai acquis pour la Bibliothèque, comme il est marqué ci-dessus.
Celui qui logera dans l'appartement de Monsieur le vicaire ne jouira que des deux premières chambres. La troisième sera réunie à la Bibliothèque pour y placer les livres qui y seront ajoutez à l'avenir.
Et pour contribuer à cette augmentation des livres de ladite Bibliothèque, je charge mes dits légataires universels de payer tous les ans, entre les mains de Monsieur le curé et des deux bibliothécaires, quatre cens livres chaque année, pour augmenter le nombre des livres de piété en langue vulgaire, pour être presté aux pauvres paroissiens par les confesseurs de la paroisse.
Monsieur le curé et les deux bibliothécaires choisiront lesdits livres selon qu'ils jugeront les plus convenables ; on les inscrira en même temps sur les catalogues de la Bibliothèque.
Et pour l'exacte exécution de tout ce qui regarde ladite Bibliothèque, Monsieur le recteur de l'Université et Monsieur le bâtonnier de Messieurs les avocats seront priez de se transporter tous les ans, le jour qu'ils conviendront, ou l'un d'eux en cas d'empêchement de l'autre, pour prendre connaissance si tout est exactement exécuté conformément à ce qui est dit cy-dessus. Si ils trouvent quelques contraventions, ils sont priez d'en donner part à Monsieur le procureur général et à Messieurs les avocats généraux qui y pourvoiront, et on sera obligé de s'y soumettre comme à un arrêt de la Cour.
Mes légataires universels seront chargez de donner tous les ans, le jour de cette visite, vingt-cinq livres pour le carrosse de Monsieur le recteur, vingt-cinq livres pour le carrosse de Monsieur le bâtonnier, et vingt-cinq livres pour un petit rafraichissement qu'ils seront priez d'accepter le jour de leur visite.
Monsieur le curé avec un prêtre de la communauté, députés à cet effet par toute la communauté, et le marguiller actuellement en charge, auront la nomination des dits confesseurs des pauvres enfants et bibliothécaires. (...)
Fait à Paris, le vingt-six novembre mil sept cens trente-six (26 novembre 1736). Signé : Goy.
En voici un en tous les cas qui aimait ses livres ! les livres ! et qui avait envie que le savoir des livres se partage. Même si l'on sent l'élan prosélyte et non dénué d'intérêt pour la Sainte Église, cet homme aujourd'hui oublié aura laissé son Œuvre. Et même si Michaud et Pierre Larousse réunis ont oublié cet homme, rendons lui ici hommage. Merci à lui.
(*) ORGANISATION DE LA BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE DE LA PAROISSE SAINTE-MARGUERITE DE PARIS (1761) - Jean-Baptiste Goy docteur en théologie et promoteur général de l'archevêché de Paris, premier curé de la paroisse de Sainte-Marguerite, légua en 1737 la très belle bibliothèque qu'il avait rassemblée à son église. Il avait divisé sa collection en deux sections la première comprenant des ouvrages érudition devait être ouverte trois jours par semaine au public et la seconde qui ne renfermait que des livres de piété en langue vulgaire devait être mise la disposition des travailleurs manuels du faubourg. (Extrait du site Persee). Jean-Baptiste Goy était un ancien sculpteur. Jean-Baptiste Goy fut admis en 1680 comme pensionnaire à l'Académie de France à Rome. Il y resta plus de dix ans. Il fit des copies en marbre de la collection Ludovisi ; certaines furent envoyées en France. Le groupe du satyre Marsyas et Olympe se trouve dans la salle de bal du Palais de Versailles, deux chapiteaux étaient destinés au Grand Trianon. En 1692 il embrassa la carrière ecclésiastique, prit le degré de docteur en théologie et fut nommé curé de Sainte-Marguerite en 1713. Il avait peint, pour les charniers, plusieurs tableaux aujourd'hui disparus.
Je me suis amusé à compiler (j'adore compiler. Quand je compile cela me désopile disait mon cousin Emile...), je me suis amusé à compiler disais-je, quelques extraits d'un testament dont je vous laisse découvrir les termes.
Il s'agit du testament de Messire Jean-Baptiste Goy, prêtre, docteur en Sorbonne, faubourg St-Antoine à Paris (*). On passera sur les détails autres que ceux relatifs aux livres (néanmoins le testament est presque entièrement consacré au devenir des dits livres). Voici :
(...) Je lègue à l'œuvre et fabrique de Sainte-Marguerite, ma paroisse, ma Bibliothèque enfermée dans les armoires fermant à clefs, dans l'appartement que j'occupe, qui a été par moi acquis, tans les chambres par moi occupées que celles qui sont occupées par Monsieur le vicaire, en contre échange d'une maison bâtie par moi, que j'ai donnée à cet effet à l'œuvre et fabrique de ma paroisse. Le tout ainsi qu'il est homologué par arrêt du Parlement, suivant lequel ledit appartement en entier restera pour le service de la Bibliothèque, laquelle servira à l'usage de messieurs les ecclésiastiques de la paroisse, qui y seront tous les jours pour y travailler, sans pouvoir emporter aucuns livres hors la Bibliothèque. On fera tous les ans la révision du catalogue des livres, et on remplacera ceux qui auront été perdus.
Je lègue les livres de piété en langue vulgaire, qui sont à part, pareillement à l'œuvre et fabrique de ma paroisse, pour être presté par messieurs les confesseurs à leurs pénitents et pénitentes qui n'auraient pas le moyen d'en acheter, à condition que lesdits sieurs confesseurs se chargeront eux- mêmes de les rapporter, au plus tard un mois après, sinon ils en payeront le prix pour en acheter de semblables.
Les personnes studieuses seront reçues dans la Bibliothèque les lundis, mercredis et vendredis de chaque semaine, on leur communiquera les livres qu'ils demanderont, qui ne sortiront point de la Bibliothèque.
Ils (les prêtres confesseurs désignés) seront pareillement obligés de faire la fonction de bibliothécaire,chacun alternativement, dans la semaine dans laquelle ils ne seront point occupez aux confessions des pauvres enfants des écoles de charité, et, à cet effet, ils auront leur logement : l'un dans la chambre que j'occupe et où je couche, l'autre dans l'appartement occupé par Monsieur le vicaire, attendu que ces chambres font partie de l'appartement que j'ai acquis pour la Bibliothèque, comme il est marqué ci-dessus.
Celui qui logera dans l'appartement de Monsieur le vicaire ne jouira que des deux premières chambres. La troisième sera réunie à la Bibliothèque pour y placer les livres qui y seront ajoutez à l'avenir.
Et pour contribuer à cette augmentation des livres de ladite Bibliothèque, je charge mes dits légataires universels de payer tous les ans, entre les mains de Monsieur le curé et des deux bibliothécaires, quatre cens livres chaque année, pour augmenter le nombre des livres de piété en langue vulgaire, pour être presté aux pauvres paroissiens par les confesseurs de la paroisse.
Monsieur le curé et les deux bibliothécaires choisiront lesdits livres selon qu'ils jugeront les plus convenables ; on les inscrira en même temps sur les catalogues de la Bibliothèque.
Et pour l'exacte exécution de tout ce qui regarde ladite Bibliothèque, Monsieur le recteur de l'Université et Monsieur le bâtonnier de Messieurs les avocats seront priez de se transporter tous les ans, le jour qu'ils conviendront, ou l'un d'eux en cas d'empêchement de l'autre, pour prendre connaissance si tout est exactement exécuté conformément à ce qui est dit cy-dessus. Si ils trouvent quelques contraventions, ils sont priez d'en donner part à Monsieur le procureur général et à Messieurs les avocats généraux qui y pourvoiront, et on sera obligé de s'y soumettre comme à un arrêt de la Cour.
Mes légataires universels seront chargez de donner tous les ans, le jour de cette visite, vingt-cinq livres pour le carrosse de Monsieur le recteur, vingt-cinq livres pour le carrosse de Monsieur le bâtonnier, et vingt-cinq livres pour un petit rafraichissement qu'ils seront priez d'accepter le jour de leur visite.
Monsieur le curé avec un prêtre de la communauté, députés à cet effet par toute la communauté, et le marguiller actuellement en charge, auront la nomination des dits confesseurs des pauvres enfants et bibliothécaires. (...)
Fait à Paris, le vingt-six novembre mil sept cens trente-six (26 novembre 1736). Signé : Goy.
En voici un en tous les cas qui aimait ses livres ! les livres ! et qui avait envie que le savoir des livres se partage. Même si l'on sent l'élan prosélyte et non dénué d'intérêt pour la Sainte Église, cet homme aujourd'hui oublié aura laissé son Œuvre. Et même si Michaud et Pierre Larousse réunis ont oublié cet homme, rendons lui ici hommage. Merci à lui.
(*) ORGANISATION DE LA BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE DE LA PAROISSE SAINTE-MARGUERITE DE PARIS (1761) - Jean-Baptiste Goy docteur en théologie et promoteur général de l'archevêché de Paris, premier curé de la paroisse de Sainte-Marguerite, légua en 1737 la très belle bibliothèque qu'il avait rassemblée à son église. Il avait divisé sa collection en deux sections la première comprenant des ouvrages érudition devait être ouverte trois jours par semaine au public et la seconde qui ne renfermait que des livres de piété en langue vulgaire devait être mise la disposition des travailleurs manuels du faubourg. (Extrait du site Persee). Jean-Baptiste Goy était un ancien sculpteur. Jean-Baptiste Goy fut admis en 1680 comme pensionnaire à l'Académie de France à Rome. Il y resta plus de dix ans. Il fit des copies en marbre de la collection Ludovisi ; certaines furent envoyées en France. Le groupe du satyre Marsyas et Olympe se trouve dans la salle de bal du Palais de Versailles, deux chapiteaux étaient destinés au Grand Trianon. En 1692 il embrassa la carrière ecclésiastique, prit le degré de docteur en théologie et fut nommé curé de Sainte-Marguerite en 1713. Il avait peint, pour les charniers, plusieurs tableaux aujourd'hui disparus.