... à l'usage des filles de joies et des jeunes demoiselles qui se décident à embrasser cette profession. Par Mlle Théroigne. Sur la copie imprimée A Paris, aux dépens de la veuve Gourdan, 1792.
L'ouvrage contient 4 figures libres gravées sur acier.
Publié vers 1881 à Bruxelles par Gay et Doucé, la première édition a paru anonymement « vers 1791 », sans lieu ni date, et aurait été suivie presque aussitôt d’une autre édition portant : Par mademoiselle Théroigne [de Méricourt.].
Il y aurait une deuxième édition datant de 1792, et une troisième de 1798 ( ?).
Avec l’avant-propos signé de Giovanne Della Rosa et les sept pages in-fine du catalogue clandestin ; nous pouvons attribuer avec une quasi certitude cette réimpression à la firme de Jules Gay (*).
L'ouvrage débute par un avant-propos de Giovane Della Rosa, 2 pages d'épitre dédicatoire à Mme l'Abbesse de Montmartre, signée de l'Abbé Couillardin. 1 page de prière, qui est une oraison à Sainte Magdeleine et que l'on prendra soin de lire avant le catéchisme... ; ensuite sur 12 pages, un dialogue sous la forme de questions/réponses et que je ne reproduirais pas ici, le dialogue étant fort obscène, il n'apporterait rien à ce billet.
Vient ensuite une oraison à Saint Garcelin : 1 page de prière. S'ensuit 2 pages de litanies des filles de joies, dans ce chapitre quelques Saints et Saintes sont invoquées, dans le genre : Saint Joseph, patrons des cocus, préservez vous d'être cornettes, où Sainte Manon, modèle des impudiques, inspirez-nous votre lubricité ; où encore : toutes les filles d'opéra, danseurs et danseuses, qui avez si bien gigotés et remués le croupion ; donnez-nous votre élasticité.
Pour suite, quelques poésies libres et nouvelles, en voici une parmi celles que je préfère, elle est intitulée Gaillardise :
Le gros Lucas allant au bois,
S'amusait à cueillir des noix
Quand sa bergère il rencontra ;
Alléluia.
Philis sur un lit de gazon
Reposait d'un sommeil profond,
Lucas aussitôt s'écria :
Alléluia.
La friponne était sans mouchoir,
Son cotillon laissait tout voir :
Palsangué comme là voilà ;
Alléluia.
Sa bouche respirait l'amour,
Et Zéphir soufflait alentour;
Et vite, et toc, boutons-nous là :
Alléluia.
Sur son sein un globe incarnat,
De la rose imitait l'éclat :
Ouf ! quels jolis boutons voilà ;
Alléluia.
Son petit cœur faisait tic-tac ;
Il redoublait ce doux mic-mac :
Voyez-donc comme son cœur bat ;
Alléluia.
Le paillard d'aise bondissait,
Son cœur tout bas se trémoussait ;
Je n'en puis plus, embrassons-la ;
Alléluia.
Il se penche amoureusement,
Et baise Philis tendrement ;
Mordienne ! on ne s'en tient pas là ;
Alléluia.
Déjà Lucas est en devoir ;
Il franchit l'amoureux boudoir,
Quand la bergère s'éveilla :
Alléluia.
Philis qui se plaisait au jeu
Voudrait se fâcher, mais ne peut ;
Car le berger disait tout bas :
Alléluia.
Mon Dieu ! Lucas, laisse-moi donc,
Car tu chiffonnes mon jupon,
Et puis que viens-tu chanter là ?
Alléluia.
Bon : laisse faire, ma Philis,
Ce beau jeu l'amour me l'apprit :
A ton tour tu répéteras :
Alléluia.
S'ensuit une recette pour rester sage, qui est un conte dédié aux dames (!!!), sur 3 pages.
Le livre s'achève avec 1 page d'approbation signée de Maury d'Autin [l’Abbé Maury Talleyrand], docteur foutimages.
A noter les 7 pages d'un précieux Inventaire des livres du boudoir de très vénérée et très amoureuse dame Cypris, à la bibliothèque aphrodisienne de Larnaca, au château de la Colombe et du Myrte, place de Cupidon, rédigé par G. Della Rosa, Chevalier de l'étoile de Vénus et grand Augure (in partibus) de Cythère et de Paphos, et qui forment en réalité, une liste d’ouvrages publiés sous le manteau par les éditeurs Gay & Doucé.
(*) : Référence : Pia 179/180 ; Apollinaire, Fleuret, Perceau-L'enfer de la B.N 51 ; Dictionnaire des œuvres érotiques, page 86 ; Dutel-Bibliographie des ouvrages érotiques…1880-1920, page 83 ; Gay-Lemonnyer I, 495 ; Galitzin 302.
Et je vous dis à bientôt ;
Pour un nouvel aperçu des livres ..."nouveaux".
Xavier