Chers amis bibliomanes, bibliophiles et autres passionnés du livre en tous genres, les deux articles longs publiés ces derniers jours laissent quelques séquelles dans le moral des lecteurs assidus de ce blog, cette semaine sera donc une semaine faite d'articles courts et illustrés, chacun pourra donc y retrouver son souffle.
De la possession des livres, ou de la propriété des livres devrait-on plutôt dire.
Est-on jamais propriétaire des livres qui se trouvent sur nos rayons ? Une heure, dix jours, six mois, vingt ans ?
Simples dépositaires émotionnés, voire commotionnés, les livres ne sont pas plus notre propriété que ne le serait la plus jolie rose de votre jardin. Illusion alors que de croire à une quelconque propriété inaliénable ad vitam eternam. Il faut se contenter, j'en ai peur, d'un court passage sur cette terre pour admirer, ressentir, prendre plaisir et jouir de l'instant "livre" qui nous est offert (il faudrait à l'occasion que je discute un instant du sujet avec Michel Onfray pour voir si l'amour des beaux livres, l'épicurisme, l'hédonisme et la vie sur terre sont solubles dans le temps ??).
Intéressons nous aujourd'hui encore une fois à une petite plaquette oubliée, cette plaquette insignifiante que le bibliomane amoureux de l'histoire des vieux livres traquera longtemps sans la trouver.
Petit in-12 titré "De la possession du livre" par le Marquis de Granges de Surgères, de la Société des Bibliophiles Contemporains (dirigée et présidée par Octave Uzanne, encore lui...). Publiée à Anvers en août 1890, à l'occasion de la conférence internationale du livre en hommage au troisième centenaire du grand Christophe Plantin. 22 pages seulement, sous couverture jaune imprimée.
Qu'y lit-on ?
Tout est dit dans le titre. De la possession des livres et plus exactement du marquage des livres par des ex libris, des tampons, des cachets humides, etc. On y traite également des droits et des devoirs des bibliophiles dans leurs collections privées, des droits et des devoirs des conservateurs de bibliothèques publiques, bibliothèques de lieux de réunion, sociétés, cercles, etc.
Les questions peuvent paraître futiles, mais M. Granges de Surgères indique que la question est loin d'être aussi simple à traiter et qu'il aura fallut en débattre au cœur de plusieurs sections de cette conférence pour arriver à un consensus plus ou moins évident.
L'auteur indique ainsi qu'au delà du fait que le bibliophile a le devoir de conserver les livres dont il fait l'acquisition, en le protégeant des vers, de la saleté, en les plaçant dans des endroits sains et qui respectent l'intégrité du livre, il doit également savoir en assurer et garantir la possession. Il cite Peignot qui disait au début du XIXe siècle qu'il n'y avait sans doute pire ennemi du livre que l'emprunteur. Il y a de plus à faire la distinction entre les emprunteurs autorisés et les emprunteurs "maniaques", dangereux ennemis des livres.
De là est venue chez les bibliophiles et les conservateurs de bibliothèques, l'idée de marquer leurs livres, d'un signe visible, qui fut la garantie de leur possession.
Simple inscription manuscrite au titre du nom du possesseur, ex-libris que l'on colle sur les plats intérieurs, supra-libris (nom en lettres dorées sur les plats des volumes), initiales, chiffre, armoiries, monogrammes, etc. Autant de manières d'affirmer haut et fort aussi bien que discrètement et benoitement : "ce livre est à moi ! Gare !".
Il faut insister encore une fois sur l'obligation qu'a le bibliophile de conserver au mieux ses livres, ne pas les défigurés par des tampons mal placés, trop gros, des cachets indélicats et outrageusement tapageurs.
Le cas des bibliothèques publiques est évoqué, où l'ex libris collé ne peut être un moyen suffisamment sûr pour préserver l'intégrité du patrimoine, comme c'est le cas pour un bibliophile. "il faut, de toute nécessité, qu'il ait recours au timbrage à l'encre indélébile. C'est un mal, mais c'est un mal nécessaire ; il faut le subir."
Voilà ce qui a été évoqué dans ce court texte, je n'irai pas plus loin. C'était une simple évocation d'un document oublié qui pourra amener de manière réfléchie tout bibliophile ou tout conservateur en chef d'une institution, à se demander deux choses : Pour les bibliophiles "privés", doit-on et comment marquer ses livres ? Pour les institutions, comment trouver le moyen infaillible et à la fois le moins visible possible de marquer les livres ?
Amitiés bibliophiles,
Bertrand
De la possession des livres, ou de la propriété des livres devrait-on plutôt dire.
Est-on jamais propriétaire des livres qui se trouvent sur nos rayons ? Une heure, dix jours, six mois, vingt ans ?
Simples dépositaires émotionnés, voire commotionnés, les livres ne sont pas plus notre propriété que ne le serait la plus jolie rose de votre jardin. Illusion alors que de croire à une quelconque propriété inaliénable ad vitam eternam. Il faut se contenter, j'en ai peur, d'un court passage sur cette terre pour admirer, ressentir, prendre plaisir et jouir de l'instant "livre" qui nous est offert (il faudrait à l'occasion que je discute un instant du sujet avec Michel Onfray pour voir si l'amour des beaux livres, l'épicurisme, l'hédonisme et la vie sur terre sont solubles dans le temps ??).
Intéressons nous aujourd'hui encore une fois à une petite plaquette oubliée, cette plaquette insignifiante que le bibliomane amoureux de l'histoire des vieux livres traquera longtemps sans la trouver.
Petit in-12 titré "De la possession du livre" par le Marquis de Granges de Surgères, de la Société des Bibliophiles Contemporains (dirigée et présidée par Octave Uzanne, encore lui...). Publiée à Anvers en août 1890, à l'occasion de la conférence internationale du livre en hommage au troisième centenaire du grand Christophe Plantin. 22 pages seulement, sous couverture jaune imprimée.
Qu'y lit-on ?
Tout est dit dans le titre. De la possession des livres et plus exactement du marquage des livres par des ex libris, des tampons, des cachets humides, etc. On y traite également des droits et des devoirs des bibliophiles dans leurs collections privées, des droits et des devoirs des conservateurs de bibliothèques publiques, bibliothèques de lieux de réunion, sociétés, cercles, etc.
Les questions peuvent paraître futiles, mais M. Granges de Surgères indique que la question est loin d'être aussi simple à traiter et qu'il aura fallut en débattre au cœur de plusieurs sections de cette conférence pour arriver à un consensus plus ou moins évident.
L'auteur indique ainsi qu'au delà du fait que le bibliophile a le devoir de conserver les livres dont il fait l'acquisition, en le protégeant des vers, de la saleté, en les plaçant dans des endroits sains et qui respectent l'intégrité du livre, il doit également savoir en assurer et garantir la possession. Il cite Peignot qui disait au début du XIXe siècle qu'il n'y avait sans doute pire ennemi du livre que l'emprunteur. Il y a de plus à faire la distinction entre les emprunteurs autorisés et les emprunteurs "maniaques", dangereux ennemis des livres.
De là est venue chez les bibliophiles et les conservateurs de bibliothèques, l'idée de marquer leurs livres, d'un signe visible, qui fut la garantie de leur possession.
Simple inscription manuscrite au titre du nom du possesseur, ex-libris que l'on colle sur les plats intérieurs, supra-libris (nom en lettres dorées sur les plats des volumes), initiales, chiffre, armoiries, monogrammes, etc. Autant de manières d'affirmer haut et fort aussi bien que discrètement et benoitement : "ce livre est à moi ! Gare !".
Ex libris gravé à l'eau-forte armorié.
Il s'agit de M. Vachon de Belmont de Briançon (fin XVIIe ou début XVIIIe siècle).
Il s'agit de M. Vachon de Belmont de Briançon (fin XVIIe ou début XVIIIe siècle).
Il faut insister encore une fois sur l'obligation qu'a le bibliophile de conserver au mieux ses livres, ne pas les défigurés par des tampons mal placés, trop gros, des cachets indélicats et outrageusement tapageurs.
Le cas des bibliothèques publiques est évoqué, où l'ex libris collé ne peut être un moyen suffisamment sûr pour préserver l'intégrité du patrimoine, comme c'est le cas pour un bibliophile. "il faut, de toute nécessité, qu'il ait recours au timbrage à l'encre indélébile. C'est un mal, mais c'est un mal nécessaire ; il faut le subir."
Voilà ce qui a été évoqué dans ce court texte, je n'irai pas plus loin. C'était une simple évocation d'un document oublié qui pourra amener de manière réfléchie tout bibliophile ou tout conservateur en chef d'une institution, à se demander deux choses : Pour les bibliophiles "privés", doit-on et comment marquer ses livres ? Pour les institutions, comment trouver le moyen infaillible et à la fois le moins visible possible de marquer les livres ?
Amitiés bibliophiles,
Bertrand