Voici un ouvrage fort réjouissant pour passer de bonnes fêtes de fin d'années même si vous n'avez finalement pas été assez sage pour pouvoir vous offrir (ou vous faire offrir) les Fables choisies de La Fontaine dans l'édition illustrée par Oudry.
Le rideau levé ou l'éducation de Laure (*) par Honoré-Gabriel Riquetti, Comte de Mirabeau. Édition revue sur celle originale de 1786 ornée de huit compositions hors-texte. Paris-Bruxelles, 1923. 1 volume in-8 (19,5 x 14,5 cm) de 191 pages (la dernière n'étant pas chiffrée). Volume illustré d'un frontispice et de 7 compositions hors-texte. Il n'y a aucune justification de tirage. Le texte est imprimé sur un papier alpha vergé. Les compositions hors-texte sont imprimées sur papier vélin de cuve de type papier d'Arches. On distingue une cuvette nettement marquée autour des hors-texte qui indique un tirage d'après des cuivres gravés. Ces compositions sont toutes signées dans la planche "Ignotus".
Jean-Pierre Dutel, dans sa Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970 (Paris, Dutel, 2005, p. 345, n°2325), écrit : "Édition publiée en 1923 par Maurice Duflou (**). Elle est ornée de 7 gravures hors-texte signées Ignatus [i.e. Ignotus], pseudonyme de Louis Malteste (***)."
Pascal Pia, Les livres de l'enfer, ne cite pas cette édition. Le fait d'avoir cette jolie édition sous les yeux m'a conduit à la comparer à d'autres exemplaires. J'ai eu la surprise de constater qu'il existait en réalité 2 types d'exemplaires de cette édition "Paris-Bruxelles 1923" en 191 pages.
L'exemplaire que je vous présente, illustré de 7 compositions hors-texte et du frontispice, tel que décrit et tel qu'annoncé sur la couverture du volume. Une deuxième sorte d'exemplaires, dont le tirage du texte est identique mais avec une variante sur la couverture, sans la mention "ornée de huit compositions hors-texte" et donc sans les compositions hors-texte, sans même le frontispice. Le tirage du texte est le même. Il faut par ailleurs signalé que les compositions hors-texte sont imprimées sur des "cartons", c'est à dire qu'elles sont collées en marge intérieure et pouvaient donc ainsi être placées ou non dans le volume avec facilité. On peut supposer que le prix de vente des volumes sans les illustrations était nettement inférieur au prix de vente des volumes avec les compositions de Louis Malteste.
Sachant qu'il n'y a aucun justificatif de tirage, il n'est pas possible de savoir à combien d'exemplaires il a été imprimé (sans doute autour de 500 exemplaires ? - la suite des compositions hors-texte a sans doute été imprimée à un nombre moindre d'exemplaires. Je vous laisse admirer le trait assuré de Louis Malteste, spécialiste du genre, tout en finesse.
Personnellement j'apprécie beaucoup son dessin.
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
(*) Présentée sous la forme d'une lettre à une amie, " pour nous égayer dans le particulier ", la confession de Laure dépeint avec l'immédiateté de l'évidence l'initiation sensuelle et sexuelle de l'héroïne. Très tôt livrée à elle-même, la jeune Laure vit dans le bonheur les enseignements de son " père adoptif " et découvre, sans même l'idée de l'immoralité, la réalité du plaisir. Et Mirabeau, avec ce roman jubilatoire qui très vite devint un modèle du genre, rappelle avec force que la volupté s'apprend, et que le plaisir est contagion. " L'Education de Laure est le " gai savoir " enseigné aux femmes et aux enfants. Ici, le plaisir ne fait plus peur et " l'éducation " définit alors essentiellement un travail de désapprentissage ", écrit Guillaume Pigeard de Gurbert dans sa lecture.
(**) Maurice Duflou est un imprimeur, ancien ouvrier-typographe. On trouve de petites anecdotes biographiques dans le Dictionnaire International des militants anarchistes : Maurice Duflou avait été à partir d’octobre 1908 le gérant, puis en 1909 l’administrateur de L’Anarchie. Typographe aux « Causeries populaires », il avait été accusé en 1910 dans les colonnes de L’Anarchie d’avoir subtilisé le 8 mai 1910 tout le matériel d’impression des Causeries pour le donner au Groupe des Etudes scientifiques de Paraf-Javal. Au cours de cette expédition, il y avait eu un échange de coups de feu et plusieurs membres des Causeries avaient été arrêtés. Dans une lettre datée de septembre 1912, Lorulot l’accusa d’avoir saboté et revendu pour rien ce matériel d’imprimerie (cf. Fonds Armand, IFHS). En tous cas Maurice Duflou apparaissait comme l’imprimeur à partir de décembre 1911 du Bulletin du groupe d’Etudes scientifiques (Paris, 92 numéros du 15 juin 1910 à avril 1919). En 1913 il était l’imprimeur gérant de L’Ami de la vérité (Paris, 10 numéros du 15 avril 1913 à janvier 1914), journal créé par Paraf-Javal pour défendre Henri Marx, un capitaine rayé des cadres de l’armée le 21 septembre 1912, et présenté comme un second Dreyfus. (L’Anarchie, année 1910 // R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit. // Institut français d’histoire sociale, Fonds Armand). Maurice Duflou mourut en 1950. Une bibliographie des livres publiés par Maurice Duflou est disponible ICI.
(***) Louis (pour Jules) Malteste. Né le 14 septembre 1862 à Chartres (Eure-et-Loir) et mort le 25 janvier 1928 à Paris. Auteur, lithographe, dessinateur et illustrateur français. "Il était frère de Henri Théodore Malteste, dit Malatesta [1870-1920]. Il vécut et travailla à Paris, où il exposa en 1897 au Salon des Cent, en 1902 au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. Il collabora à la presse humoristique : L'Assiette au beurre, Le Chat noir, Je sais tout, Lectures pour tous, Qui lit rit, etc. Il a créé des affiches et des cartes postales." Il a également été publié dans la revue La Plume en 1897. Malteste a utilisé le pseudonyme Jacques d'Icy pour la rédaction de textes sadomasochistes. Illustrateur de nombreux livres, nous ne soulignons ci-bas que ses productions érotiques. (Source : Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999. - http://www.bibliocuriosa.com/ ). Pour une bibliographie des ouvrages illustrés par Louis Malteste cliquez ICI.
Le rideau levé ou l'éducation de Laure (*) par Honoré-Gabriel Riquetti, Comte de Mirabeau. Édition revue sur celle originale de 1786 ornée de huit compositions hors-texte. Paris-Bruxelles, 1923. 1 volume in-8 (19,5 x 14,5 cm) de 191 pages (la dernière n'étant pas chiffrée). Volume illustré d'un frontispice et de 7 compositions hors-texte. Il n'y a aucune justification de tirage. Le texte est imprimé sur un papier alpha vergé. Les compositions hors-texte sont imprimées sur papier vélin de cuve de type papier d'Arches. On distingue une cuvette nettement marquée autour des hors-texte qui indique un tirage d'après des cuivres gravés. Ces compositions sont toutes signées dans la planche "Ignotus".
Jean-Pierre Dutel, dans sa Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970 (Paris, Dutel, 2005, p. 345, n°2325), écrit : "Édition publiée en 1923 par Maurice Duflou (**). Elle est ornée de 7 gravures hors-texte signées Ignatus [i.e. Ignotus], pseudonyme de Louis Malteste (***)."
Pascal Pia, Les livres de l'enfer, ne cite pas cette édition. Le fait d'avoir cette jolie édition sous les yeux m'a conduit à la comparer à d'autres exemplaires. J'ai eu la surprise de constater qu'il existait en réalité 2 types d'exemplaires de cette édition "Paris-Bruxelles 1923" en 191 pages.
L'exemplaire que je vous présente, illustré de 7 compositions hors-texte et du frontispice, tel que décrit et tel qu'annoncé sur la couverture du volume. Une deuxième sorte d'exemplaires, dont le tirage du texte est identique mais avec une variante sur la couverture, sans la mention "ornée de huit compositions hors-texte" et donc sans les compositions hors-texte, sans même le frontispice. Le tirage du texte est le même. Il faut par ailleurs signalé que les compositions hors-texte sont imprimées sur des "cartons", c'est à dire qu'elles sont collées en marge intérieure et pouvaient donc ainsi être placées ou non dans le volume avec facilité. On peut supposer que le prix de vente des volumes sans les illustrations était nettement inférieur au prix de vente des volumes avec les compositions de Louis Malteste.
Sachant qu'il n'y a aucun justificatif de tirage, il n'est pas possible de savoir à combien d'exemplaires il a été imprimé (sans doute autour de 500 exemplaires ? - la suite des compositions hors-texte a sans doute été imprimée à un nombre moindre d'exemplaires. Je vous laisse admirer le trait assuré de Louis Malteste, spécialiste du genre, tout en finesse.
Personnellement j'apprécie beaucoup son dessin.
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
(*) Présentée sous la forme d'une lettre à une amie, " pour nous égayer dans le particulier ", la confession de Laure dépeint avec l'immédiateté de l'évidence l'initiation sensuelle et sexuelle de l'héroïne. Très tôt livrée à elle-même, la jeune Laure vit dans le bonheur les enseignements de son " père adoptif " et découvre, sans même l'idée de l'immoralité, la réalité du plaisir. Et Mirabeau, avec ce roman jubilatoire qui très vite devint un modèle du genre, rappelle avec force que la volupté s'apprend, et que le plaisir est contagion. " L'Education de Laure est le " gai savoir " enseigné aux femmes et aux enfants. Ici, le plaisir ne fait plus peur et " l'éducation " définit alors essentiellement un travail de désapprentissage ", écrit Guillaume Pigeard de Gurbert dans sa lecture.
(**) Maurice Duflou est un imprimeur, ancien ouvrier-typographe. On trouve de petites anecdotes biographiques dans le Dictionnaire International des militants anarchistes : Maurice Duflou avait été à partir d’octobre 1908 le gérant, puis en 1909 l’administrateur de L’Anarchie. Typographe aux « Causeries populaires », il avait été accusé en 1910 dans les colonnes de L’Anarchie d’avoir subtilisé le 8 mai 1910 tout le matériel d’impression des Causeries pour le donner au Groupe des Etudes scientifiques de Paraf-Javal. Au cours de cette expédition, il y avait eu un échange de coups de feu et plusieurs membres des Causeries avaient été arrêtés. Dans une lettre datée de septembre 1912, Lorulot l’accusa d’avoir saboté et revendu pour rien ce matériel d’imprimerie (cf. Fonds Armand, IFHS). En tous cas Maurice Duflou apparaissait comme l’imprimeur à partir de décembre 1911 du Bulletin du groupe d’Etudes scientifiques (Paris, 92 numéros du 15 juin 1910 à avril 1919). En 1913 il était l’imprimeur gérant de L’Ami de la vérité (Paris, 10 numéros du 15 avril 1913 à janvier 1914), journal créé par Paraf-Javal pour défendre Henri Marx, un capitaine rayé des cadres de l’armée le 21 septembre 1912, et présenté comme un second Dreyfus. (L’Anarchie, année 1910 // R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit. // Institut français d’histoire sociale, Fonds Armand). Maurice Duflou mourut en 1950. Une bibliographie des livres publiés par Maurice Duflou est disponible ICI.
(***) Louis (pour Jules) Malteste. Né le 14 septembre 1862 à Chartres (Eure-et-Loir) et mort le 25 janvier 1928 à Paris. Auteur, lithographe, dessinateur et illustrateur français. "Il était frère de Henri Théodore Malteste, dit Malatesta [1870-1920]. Il vécut et travailla à Paris, où il exposa en 1897 au Salon des Cent, en 1902 au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. Il collabora à la presse humoristique : L'Assiette au beurre, Le Chat noir, Je sais tout, Lectures pour tous, Qui lit rit, etc. Il a créé des affiches et des cartes postales." Il a également été publié dans la revue La Plume en 1897. Malteste a utilisé le pseudonyme Jacques d'Icy pour la rédaction de textes sadomasochistes. Illustrateur de nombreux livres, nous ne soulignons ci-bas que ses productions érotiques. (Source : Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999. - http://www.bibliocuriosa.com/ ). Pour une bibliographie des ouvrages illustrés par Louis Malteste cliquez ICI.