Dans son commentaire de l’article sur la vente Hayoit dans le blog du bibliophile http://bibliophilie.blogspot.com/2007/09/charles-hayoit-bibliophile-et-homme-de.html, Bertrand mentionne la vente de Mme Théophile Belin en 1936 en ces termes : "Cette dame était la femme du célèbre libraire Théophile Belin qui officiait à Paris entre les années 1890 et 1925 environ. C'est sa femme, grande connaisseuse, qui avait repris la librairie à sa mort. Elle avait réussi à réunir des exemplaires en tous points exceptionnels (reliure, provenance, conservation, rareté des textes, etc.)"
Je sais peu de choses de Th. Belin, si ce n’est l’adresse de sa librairie [Librairie ancienne et moderne Théophile Belin, 29 quai Voltaire, Paris. (C’est l’actuelle Documentation Française)], mais je pense que Bertrand raccourcit sa carrière. Il a, en effet, commencé à éditer et à vendre des livres dès 1880. On peut citer :
• Anonyme : Les Sagettes et ruses d’amour. Discours où est montré le vrai moyen de faire les approches, et entrer aux plus fortes places de son empire. Réimpression textuelle sur l’édition de 1599 avec préface par A. Chassant. Paris, Théophile Belin, 1880. Petit in-8 broché, de IV-87 pp. (2) ff. Couverture rempliée. Réimpression tirée à 200 exemplaires numérotés. (« Dans son Histoire de la conquête amoureuse, Jean-Claude Bologne, considère ce texte anonyme comme l’un des plus cru et des plus cyniques sur le sujet. » Un libraire en ligne).
• Anonyme : Contes à rire et Aventures plaisantes ou Récréations Françaises. Nouvelle édition revue et corrigée avec préface par A. Chassant, Librairie Ancienne et Moderne Théophile Belin Paris, 1881. 1 vol. in-8, frontispice par Denis, VII-III-411 pp. [Vicaire, II, 942]
• VADE : La Pipe cassée. Poème épitragipoissardihéroicomique. Paris, Théophile Belin , 1882
In-12 broché ; 58 pages + quelques feuillets de publicités pour des titres de la Maison Belin; eaux-fortes de E. Mesplès.
Je possède pour ma part trois ouvrages édités par Isidore Liseux et coproduits par Théophile Belin, tous trois datés de 1885 :
• DULAURE (Jacques-Antoine) : Des Divinités génératrices, ou du Culte du phallus chez les anciens et les modernes, par Jacques-Antoine Dulaure, réimprimé sur l'édition de 1825 [Notice d’A. Bonneau.] Paris, Isidore Liseux & Théophile Belin, 1885. In-8 de XVI-422 pp. sur Hollande van Gelder. [BnF : RES-J-3005.]
• RESTIF DE LA BRETONNE (Nicolas) : Sara, ou l'amour a quarante-cinq ans. Épisode de "Monsieur Nicolas" Mémoires intimes de Restif de la Bretonne. [Préface d’A. Bonneau.] Paris, Isidore Liseux & Théophile Belin, 1885. In-8 de XIX-277 pp, (1) f. n.ch. imprimé par Unsinger. [BnF : (2 ex.) : 8-y2-41673. et Res p-y2-156 ; B. L. : 12518.e.27.]
• CHORIER (Nicolas) : Aloisiæ Sigeæ Toletanæ Satyra Sotadica de arcanis Amoris et Veneris. Aloisa Hispanice scripsit, Latinitate donavit Joannes Meursius (Re vera auctore Nicolao Chorier).
Parisiis, cura et studio Isidori Liseux, editoris, Rue Bonaparte, n°25 Venit apud Theophilium Belin, bibliopolam, Quai Voltaire, n°29, 1885. In-8 de XXXVI-342 pages et (1) f.n.c. Tiré à 100 ex sur Hollande et 1500 sur papier ordinaire. Texte latin seulement. Couverture de papier gris imprimée en noir, publicité pour le catalogue de Th. Belin en 4e de couverture, titre en noir. [B. L. : P.C.28.b.27.]
Théophile Belin, fut poursuivi en 1886 pour avoir racheté à une vente après décès, le Zoppino et Doutes amoureux, deux ouvrages édités par Liseux et interdits, pour lesquels il avait lui-même été condamné en tant qu’éditeur. (Cf. : Duprilot (Jacques) : Gay & Doucé, éditeurs sous le manteau, Paris, Edition Astarté, 1998. p. 8)
Théophile Belin est un descendant de François Belin, le fondateur de la Librairie classique Belin, né en 1748 qui fut reçu Libraire en 1777 et dont la maison deviendra au cours des siècles qui suivirent et jusqu’à aujourd’hui, le mammouth des éditions scolaires. « (…) son livre vedette de 1792 c’est la Constitution française décrétée par l’Assemblée nationale constituante et acceptée par le Roi. L’affaire dût être bonne, car Belin récidiva en 1793 ou 1794, en « adjoignant au texte officiel quelques remarques relativement subversives du cru d’un de ses confrères libraires, Froullé. La réaction fut assez rapide: le 23 germinal An II (12 avril 1794), François fut arrêté et détenu sans jugement jusqu’à la chute de Robespierre, le 9 thermidor et libéré le 21 thermidor ; Froullé, moins chanceux, avait été jugé et guillotiné le 13 ventôse, soit six semaines avant l’arrestation de François. Comme pendant son incarcération, un fils lui était né, il le prénomma « Thermidor »; ce fut un assez mauvais garnement. (…) Des quatre fils de François, trois ont été libraires. Le fameux Thermidor, rebaptisé Théophile (les temps changent!) ne vivait pas à Paris. »
http://www.editions-belin.com/ewb_pages/n/notre-histoire.php
Ce n’est pas le nôtre, mais d’après les dates, sans doute son grand père ou son grand oncle…
Dominique Paillard (*)
[(*)Celui-là même « au nom prédestiné » dont on annonçait sur le blog : http://le-bibliomane.blogspot.com/2009/09/isidore-debout-ou-lenigme-de-de-la.html, en citant Olivier Bessard-Banquy, la parution prochaine d’une bibliographie des ouvrages publiés par Isidore Liseux. Elle ne paraitra sans doute pas, la publication du livre de Paule Adamy lui ayant coupé l’herbe sous les pieds. C’est fort dommage car malgré l’intérêt de ce dernier ouvrage, sa bibliographie souffre d’un parti-pris de l’auteur d’appeler in-16, un petit livre ; in-12, un moyen et in-8, un grand. Il est vrai que compter les feuillets, vérifier les signatures ou le sens des pontuseaux n’est plus très à la mode, y compris chez nombre de libraires d’ancien qui confondent ainsi taille du volume et format bibliographique.]
Merci beaucoup Dominique pour ces intéressants éclaircissements sur la librairie Théophile Belin.
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
Je sais peu de choses de Th. Belin, si ce n’est l’adresse de sa librairie [Librairie ancienne et moderne Théophile Belin, 29 quai Voltaire, Paris. (C’est l’actuelle Documentation Française)], mais je pense que Bertrand raccourcit sa carrière. Il a, en effet, commencé à éditer et à vendre des livres dès 1880. On peut citer :
• Anonyme : Les Sagettes et ruses d’amour. Discours où est montré le vrai moyen de faire les approches, et entrer aux plus fortes places de son empire. Réimpression textuelle sur l’édition de 1599 avec préface par A. Chassant. Paris, Théophile Belin, 1880. Petit in-8 broché, de IV-87 pp. (2) ff. Couverture rempliée. Réimpression tirée à 200 exemplaires numérotés. (« Dans son Histoire de la conquête amoureuse, Jean-Claude Bologne, considère ce texte anonyme comme l’un des plus cru et des plus cyniques sur le sujet. » Un libraire en ligne).
• Anonyme : Contes à rire et Aventures plaisantes ou Récréations Françaises. Nouvelle édition revue et corrigée avec préface par A. Chassant, Librairie Ancienne et Moderne Théophile Belin Paris, 1881. 1 vol. in-8, frontispice par Denis, VII-III-411 pp. [Vicaire, II, 942]
• VADE : La Pipe cassée. Poème épitragipoissardihéroicomique. Paris, Théophile Belin , 1882
In-12 broché ; 58 pages + quelques feuillets de publicités pour des titres de la Maison Belin; eaux-fortes de E. Mesplès.
Je possède pour ma part trois ouvrages édités par Isidore Liseux et coproduits par Théophile Belin, tous trois datés de 1885 :
• DULAURE (Jacques-Antoine) : Des Divinités génératrices, ou du Culte du phallus chez les anciens et les modernes, par Jacques-Antoine Dulaure, réimprimé sur l'édition de 1825 [Notice d’A. Bonneau.] Paris, Isidore Liseux & Théophile Belin, 1885. In-8 de XVI-422 pp. sur Hollande van Gelder. [BnF : RES-J-3005.]
• RESTIF DE LA BRETONNE (Nicolas) : Sara, ou l'amour a quarante-cinq ans. Épisode de "Monsieur Nicolas" Mémoires intimes de Restif de la Bretonne. [Préface d’A. Bonneau.] Paris, Isidore Liseux & Théophile Belin, 1885. In-8 de XIX-277 pp, (1) f. n.ch. imprimé par Unsinger. [BnF : (2 ex.) : 8-y2-41673. et Res p-y2-156 ; B. L. : 12518.e.27.]
• CHORIER (Nicolas) : Aloisiæ Sigeæ Toletanæ Satyra Sotadica de arcanis Amoris et Veneris. Aloisa Hispanice scripsit, Latinitate donavit Joannes Meursius (Re vera auctore Nicolao Chorier).
Parisiis, cura et studio Isidori Liseux, editoris, Rue Bonaparte, n°25 Venit apud Theophilium Belin, bibliopolam, Quai Voltaire, n°29, 1885. In-8 de XXXVI-342 pages et (1) f.n.c. Tiré à 100 ex sur Hollande et 1500 sur papier ordinaire. Texte latin seulement. Couverture de papier gris imprimée en noir, publicité pour le catalogue de Th. Belin en 4e de couverture, titre en noir. [B. L. : P.C.28.b.27.]
Théophile Belin, fut poursuivi en 1886 pour avoir racheté à une vente après décès, le Zoppino et Doutes amoureux, deux ouvrages édités par Liseux et interdits, pour lesquels il avait lui-même été condamné en tant qu’éditeur. (Cf. : Duprilot (Jacques) : Gay & Doucé, éditeurs sous le manteau, Paris, Edition Astarté, 1998. p. 8)
Théophile Belin est un descendant de François Belin, le fondateur de la Librairie classique Belin, né en 1748 qui fut reçu Libraire en 1777 et dont la maison deviendra au cours des siècles qui suivirent et jusqu’à aujourd’hui, le mammouth des éditions scolaires. « (…) son livre vedette de 1792 c’est la Constitution française décrétée par l’Assemblée nationale constituante et acceptée par le Roi. L’affaire dût être bonne, car Belin récidiva en 1793 ou 1794, en « adjoignant au texte officiel quelques remarques relativement subversives du cru d’un de ses confrères libraires, Froullé. La réaction fut assez rapide: le 23 germinal An II (12 avril 1794), François fut arrêté et détenu sans jugement jusqu’à la chute de Robespierre, le 9 thermidor et libéré le 21 thermidor ; Froullé, moins chanceux, avait été jugé et guillotiné le 13 ventôse, soit six semaines avant l’arrestation de François. Comme pendant son incarcération, un fils lui était né, il le prénomma « Thermidor »; ce fut un assez mauvais garnement. (…) Des quatre fils de François, trois ont été libraires. Le fameux Thermidor, rebaptisé Théophile (les temps changent!) ne vivait pas à Paris. »
http://www.editions-belin.com/ewb_pages/n/notre-histoire.php
Ce n’est pas le nôtre, mais d’après les dates, sans doute son grand père ou son grand oncle…
Dominique Paillard (*)
[(*)Celui-là même « au nom prédestiné » dont on annonçait sur le blog : http://le-bibliomane.blogspot.com/2009/09/isidore-debout-ou-lenigme-de-de-la.html, en citant Olivier Bessard-Banquy, la parution prochaine d’une bibliographie des ouvrages publiés par Isidore Liseux. Elle ne paraitra sans doute pas, la publication du livre de Paule Adamy lui ayant coupé l’herbe sous les pieds. C’est fort dommage car malgré l’intérêt de ce dernier ouvrage, sa bibliographie souffre d’un parti-pris de l’auteur d’appeler in-16, un petit livre ; in-12, un moyen et in-8, un grand. Il est vrai que compter les feuillets, vérifier les signatures ou le sens des pontuseaux n’est plus très à la mode, y compris chez nombre de libraires d’ancien qui confondent ainsi taille du volume et format bibliographique.]
Merci beaucoup Dominique pour ces intéressants éclaircissements sur la librairie Théophile Belin.
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne