jeudi 17 février 2011

Le matériel typographique de Jodocus Badius ou Josse Badius ou encore Josse Bade (1462–1535).




Le livre ancien pris pour exemple. Voilà bien une règle qui m'a servi depuis plus de vingt ans maintenant pour évoluer tant bien que mal dans le milieu feutré du livre ancien. Curiosité, mémoire et ténacité sont sans doute les trois qualités principales que doit posséder à fond celui ou celle qui voudrait faire carrière de bibliophile ou de libraire, ou les deux.





Je vous propose ce soir d'évoluer au sein de l'atelier typographique de l'un des imprimeurs parisiens les plus célèbres du panthéon pressier, je veux dire Jodocus Badius ou Josse Badius ou encore Josse Bade (1462–1535). Son histoire n'est pas à faire ici, il y a plusieurs sites internet et de nombreux bio-bibliographies à recommander et recommandables sur cet éminent imprimeur qui connut les premiers temps de l'imprimerie à caractères mobiles peu de temps après Gutemberg et les premières années du XVIe siècle introduisant les premières révolutions dans le métier.





Ainsi, nous prendrons pour exemple son impression en 1510 de la Guerre des Juifs contre les romains d'après la version d'Hegesippe (*) et admirons le matériel typographique utilisé pour cette jolie impression. Je laisse aux spécialistes des éditions du début du XVIe siècle le soin de commenter ces ornements, cette typographie représentée par divers types de caractères (romain, gothique, etc). Pour ma part je me contente souvent de regarder ce genre de livre comme un tableau... avec le sens en plus... il nous délivre à 501 ans d'intervalle un message... celui du texte qu'il porte, et celui du respect qu'on doit à ceux qui nous ont permis de le lire. Respects à messieurs les pressiers de l'atelier de Badius ! Respects à messieurs les graveurs de lettrines ! respects à messieurs les papetiers ! ...













Pour mémoire un précédent billet consacré à Josse Bade ICI.

Au plaisir de vous lire,
Bertrand Bibliomane moderne





(*) HEGESIPPUS [Flavius JOSEPHE] [DE BELLO JUDAICO] AEGESIPPI HISTORIAGRAPHI FIDELIS SIMI AC DISSERTISSIMI ET INTER CHRISTIANOS ANTIQUIS SIMI HISTORIA DE BELLO JUDAICO. SCEPTRI SUBLATIONE. JUDAEORUM DISPERSIONE. ET HIEROSOLIMITANO EXCIDIO. ADIVO AMBROSIO MEDIOLANEN. ANTISTITE E GRAECA LATINA FACTA CUM EJUSDEM ANACEPHALEOSI ET TABELLIS CONGRE. VENTIARUM CUM JOSEPHI LIBRIS ETIAM DE GESTIS MACHABEORUM. Souscription au f. LXXVII r° : Finis inedibus Ascensianis ad calendas Junias. M.D.X. (Paris, Josse Bade, 5 juin 1510). Marque de Josse Bade sur le titre. 1 volume petit in-folio (26 x 20 cm) de 1 feuillet (titre et épître de Josse Bade, éditeur, au verso), LXXVII feuillets chiffrés, 5 feuillets non chiffrés, le dernier feuillet blanc manque. Caractères romains, manchettes. Reliure plein parchemin du XVIIe siècle. PREMIÈRE ÉDITION TRÈS RARE. Selon Renouard, « cette adaptation latine du « De Bello Judaico » de Flavius Josephe (c.37-c.100) fut faite vers 367-374 par un auteur anonyme. Une erreur du copiste qui a sans doute confondu Josippus et Hegesippus est à l’origine du nom. » Cette version fut très peu diffusée car elle donne le peuple juif responsable de la mort du Christ, mort qu’il paiera par la destruction de Jérusalem. Badius donnera une nouvelle édition 2 ans plus tard (30 décembre 1511 – Renouard, Badius, II, 488) et une autre en 1524. Cette première édition de 1510 se trouve, en France, à la Mazarine et à la bibliothèque de Chartres, d’après Renouard, et aussi Deventer, Gand, Genève. (décompte 1908) – Autres exemplaires localisés à ce jour (2009) : BM Toulouse – Poitiers – Besançon. Friedlaender library, part II, 2001, n°343. Adams H-144. Moreau, Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle, I, 1510, 97. Marque n°1 de Badius au titre et titre sans encadrement (Renouard). D’abord élevé chez les frères de la vie commune à Gand, Josse Bade poursuivit ses études à Louvain puis en Italie, où il fut l’élève de Battista Guarino et brièvement de Philippe Béroalde l’ancien. Il enseigna à Valence et à Lyon et commença à publier (notamment ses Sylvae morales) chez le libraire Jean Treschel, dont il devint le correcteur puis l’associé. En 1499, il s’installa à Paris et à partir de 1503 à son propre compte sans doute avec l’aide du libraire Jean Petit. Il poursuivit ses activités d’éditeur scientifique tout en imprimant. Son atelier était le rendez-vous des humanistes. Gravitait autour de son atelier tout un cercle de collaborateurs (Bérauld, Dubois), les Ascensiani. Il entretenait par ailleurs des relations avec la plupart des grands humanistes européens. Josse Bade édita durant toute sa vie les classiques latins, en fournissant des commentaires. Dès 1500, parurent ses commentaires familiers sur les épîtres, les satires et l’art poétique d’Horace dont des fragments avaient déjà paru dans les Sylvae morales, la première édition des épîtres date d’octobre, celle des satires a dû la précéder. L’ensemble de ces commentaires d’Horace est réuni en 1503 (avec ceux d’Antonio Mancinelli). On trouve déjà dans les éditions de Josse Bade, outre les gloses d’Acron, Porphyrion et Mancinelli, des annotations d’Alde Manuce, et de M. Bonfini (dans l’édition de1519). En 1543, sont ajoutées les annotations d’Henri Glarean, en 1546, celles de Parrhasius, d’Erasme, Politien, Sabellicus, de Cælius Rhodiginus, de Pio, de Crinitus, de Robortello, etc., dans une sorte de processus additionnel qui réunit l’aréopage humaniste le plus large et le plus européen. Voir Ph. Renouard, Bibliographie de Josse Bade Ascensius, Paris, 1908, sur Horace, II, p. 496 et s. Ph. Renouard, Imprimeurs et libraires parisiens du XVI siècle, Paris, 1969, II, 6-297. Contemporaries of Erasmus,I, 79-81. Josse Bade, dit Badius (1462-1535), préfaces de Josse Bade, (1462-1535), trad., intr. et notes par M. Lebel, Louvain, Peeters, 1988. Très belle édition ornée de 5 grandes lettres ornées à fond criblé (60 x 60 mm) et de très nombreuses lettres ornées gravées sur bois de plus petite taille (33 x 33mm, 27 x 27 mm et 13 x 13 mm). Les titres courants sont en grandes lettres gothiques, le texte est imprimé en caractère romain. Le verso du dernier feuillet est couvert de notes en grec et en latin (extrait des « Histoires » de Zosine, livre 4, p. 74 (édition non mentionnée). Quelques notes manuscrites. Une note manuscrite en latin sur la page de titre indique « qu’il existerait un original « exemplar » grec ? Il semble avoir été perdu, si tant est que cette version ne nous soit jamais parvenue. » Références : Renouard, Bibliographie des impressions et des œuvres de Badius Ascensius, 1908, II, 486 : « Édition soignée par Jacques Lefèvre d’Etaples. » (notice de la librairie L'amour qui bouquine)


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