lundi 26 mars 2018

Quelques précisions sur les ouvrages portant l’ex-libris « Mis de Gaillon » (faisant suite au billet publié en 2009 sur le Bibliomane moderne).



En 2009, j’eus en main environ 75 ouvrages provenant de cette bibliothèque ; 70 ont donné lieu à un « Mini-Catalogue », d’où est issue la petite statistique ci-dessous :

Tous les volumes ne sont pas en reliure du XIX° : certains ouvrages des  XVI°-XVIII° siècles sont en reliure d’époque (veau, basane, vélin) ; enfin il y a des exemplaires brochés. 20 titres ne possèdent pas d’ex-libris ; l’ex-libris que vous montrez (voir le billet du Bibliomane moderne du 10 septembre 2009) est absolument identique au mien… sauf un, sorte de négatif, tiré en blanc sur fond noir, collé sur un petit Elsevier (photo P000074).  [NDLR : j'ai eu également un exemplaire avec cet ex libris sur fond noir, inversé par rapport à l'autre].

Quelques exemplaires possèdent un découpage collé  issu du catalogue de la Librairie Claudin, daté à la plume (1893) ; en particulier, on le trouve sur les  Pensées de Simon Morin  (1647), relié par Niédrée (photos P000075 et 76).  Précieux indice qui  montre  qu’il y eut successivement deux marquis de Gaillon :

Isidore de VION de GAILLON (1843-1892), d’abord vicomte de Gaillon, puis, très certainement, marquis de Gaillon après le décès de son père, Anne-Charles de VION de GAILLON (1783- 1858), transmettra à son fils  Pierre de VION de GAILLON (1865-1848) sa passion pour les livres ; celui-ci  deviendra marquis de Gaillon en 1892.

Cette vieille famille du Vexin français était originaire de Bourgogne ; parmi leurs lointains cousins, se trouve le poète Charles VION DALIBRAY (1600-1654), dont le bisaïeul Pierre de Vion, seigneur d’Oinville aurait été « Prestre Curé » … et aurait légitimé ses quatre enfants en 1552 ; ce Pierre était fils cadet de Jean 1 de Vion, ancêtre direct des Vion de Gaillon (*).

La sœur de Pierre, le bibliophile, épousa Martial de ROFFIGNAC, famille originaire du Limousin, apparentée aux Saint-Exupéry (**).

Les armes de la famille portent « trois aiglettes en vol », ou, mieux  « de gueules à trois aigles d’azur aux ailes éployées posées 2 et 1 et regardant à dextre » (***)

(*) Geneanet
(**) Dans la bibliothèque familiale, se trouvait la rare et anonyme  Notice généalogique sur la famille de Saint-Exupéry (P., Jouaust, 1878), exemplaire, enrichi de nombreuses annotations et corrections manuscrites (de l’auteur ? du marquis ?) qui nous montre deux mariages, l’un au XIV° siècle, l’autre en 1578,  entre Roffignac et Saint-Exupéry.
(***) www.montferre.com

Photos :


P1000074 -  ex-libris anthracite sur  MICANZIO ( Frère  Fulgence ) : La  vie  du  Père  Paul  de  L’ Ordre  des Serviteurs de la Vierge et Théologien de la Serenissime Republique de Venise. Traduitte de l’Italien par F.G.C.A.P.D.B. [François GRAVEROL Conseiller au Parlement de Bordeaux]. Leyde, Chez Jean Elzevier, 1661. Petit in-12, sans faux-titre, (12) ff.[ dont le titre]-391-(3)[catalogue]pp., basane racinée fauve,  dos  à  nerfs orné de caissons dorés, pièce  de  titre  bordeaux ,  tranches rouges (reliure  un peu postérieure ;  restauration à un mors; épidermures teintées sur les plats; travail de vers , en « coup d’épingle », dans un coin , au début , rares taches, une déchirure  sans  manque ;  néanmoins  assez  bel exemplaire). Edition  originale  de  la  traduction française de la  Vita del Padre Paolo… (Leida, [ Vander Marse ],1646 ) de  Fra  Fulgencio , traduite  par  François GRAVEROL ( Nîmes ,1644 - ?, 1694 )  selon Quérard  (Supercheries littéraires, II, 37) : il semble, d’après Willems, que Graverol ne fut jamais Conseiller au Parlement de Bordeaux ; si c’est bien ce Nîmois , il  était bien jeune en 1661. Michaud conteste la paternité de cette traduction. Paolo  SARPI , dit  le  Père  Paul  ( Venise, 1552 -1623) fut un théologien de grand renom, histo-rien du Concile de Trente, ami de Galilée, versé dans les disciplines  scientifiques : certains ont affirmé qu’il avait  découvert  la circulation  du  sang ; Stendhal louera  ses  qualités.  Son  bio-graphe,  Fulgence MICANZIO (1570-1654)  fut son collaborateur et son ami ; il lui succèdera comme conseiller spirituel près  la  Sérénissime  République. Voir  la  longue description  de  Willems  (876) qui montre comment ce petit livre est une curiosité typographique : il  est sorti  de  deux  imprimeries  différentes ,  celle  de Philippe de Croy et celle de Jean Elzevier (pour une petite partie) ; cette édition est plus belle que celle de 1663.



P100075 et 76 – collage et reliure sur  le rarissime ouvrage de MORIN  ( Simon ) :    Pensées  (…)  Sans lieu ni nom d’Editeur, 1647.  Très petit in-4, sans faux-titre, 175pp. [pour 176,  détail  qui  a  échappé  à  pas  mal de monde : la  p. 174  est  redoublée…, titre compris  dans  la pagination ], demi veau glacé ocre, dos  à  nerfs ornés au  pointillé doré, encadrés de doubles filets dorés que l’ on retrouve en tête  et en pied , pièce de titre noire  ( Niédrée )  (  sobre et élégante reliure  de  la  fin  du XIX°  siècle ;  petits manques aux mors ). Imprimé sur un papier vergé de mauvaise qualité,  avec les  particularités  suivantes   : on  compte 33 lignes  par  page pleine,  à l’exception  du  dernier cahier, « Y » (pp. 169 et suivantes ) : 37 lignes par page, et même  44  pour  la  dernière ( Errata,  imprimé  en caractères très petits : soixante fautes répertoriées, et pour les autres fautes et ponctuations le Lecteur les suppléra s’il lui plaist );  dans cet exemplaire, elles ne sont pas corrigées. Par ailleurs, outre une qualité d’impression assez mauvaise, défauts  au cahier « I »: en tête des pp. 65 et 72   (titre courant et une ou deux lignes) ne sont pas imprimés ; en bas des pages 68 et 69, perte de quelques mots. Erreurs de numérotation de pages,  surtout  pp. 175 (174) et 176 (175) … A la suite : Arrest de la Cour du Parlement. Rendu à l’encontre de Simon Morin (…) portant condam-nation (…)  d’estre brulé vif (…) ensemble la condamnation de ses complices. Paris, Louis Barbote, 1663. Sans faux-titre,  7[ dont le titre]- (1) pp.

R.G.

dimanche 18 mars 2018

Identifier un ex libris gratté ... vers 1825


BIBLIOTH.

..........., fils


J'essaye de retrouver le possesseur de cette étiquette ex libris apposée dans un livre publié en 1825. Votre aide peut être précieuse. Si vous l'avez croisé ...

Merci d'avance,

Bertrand Bibliomane moderne

samedi 17 mars 2018

La bibliothèque de Salomon Phélypeaux, seigneur des Landes (1574-1655) par Le Barbet.

La bibliothèque de Salomon Phélypeaux, seigneur des Landes (1574-1655) par Le Barbet

La famille Phélypeaux fut une importante famille de la noblesse dont les origines connues sont Jean Le Picard, cité en 1297. Phélypeaux était un surnom, devenu patronymique au XVe siècle. (Pour se rendre compte de l'importance de la famille, il suffit de se rendre sur la page Wikipedia consacré à la Maison Phélypeaux).

Nous allons donc ici nous intéresser à un membre mal connu de cet famille, mort sans descendance : Salomon Phélypeaux (1574-1655), seigneur des Landes.

Signature de Salomon Phélipeaux (livre de 1586)

Signature de Salomon Phélipeaux (livre de 1609)

Signature de Salomon Phélipeau (livre de 1597)


Tout d'abord pour le situer la généalogie familiale, Raymond Phélypeaux d'Herbault et Paul Phélypeaux de Pontchartrain, tous deux secrétaires d'Etat, étaient ses frères. Ce furent d'ailleurs les deux premiers de la famille à avoir des places importantes, la famille étant encore à Blois dans les générations précédentes.

Sur Salomon Phélypeaux en particulier, nous ne  connaissons que très peu de choses. Le site des archives nationales ne mentionne que peu de choses à son sujet. On trouve un document (Y//184-Y//187 - fol. 475) qui le dit conseiller du Roi aux conseils d'Etat et privé, demeurant à Paris rue Girard Bocquet (Beautreillis), paroisse Saint-Paul. Il s'agit d'une donation au profit de son neveu Paul Ardier, fils de Paul Ardier et de sa soeur Suzanne (décédée en 1651). Ce document a malgré tout un intérêt dans notre enquête sur Salomon : la donation concerne des biens à Charenton.

Un autre document serait probablement très intéressant à consulter : son testament conservé dans les minutes du notaire Benjamin Moufle. A défaut de pouvoir le consulter - pour le moment -, on en devine en partie le contenu. 

Introduction à la Vie dévote

 
Diego de Stella


En effet, nous avons déjà su identifier quatre exemplaires provenant de sa bibliothèque : 
  • Saint François de Sales, Introduction à la Vie dévote. Lyon, Pierre Rigaud, 1609. (Bernard Brochier, vente Alde, 25 novembre 2015, n°8 ; Michel R. depuis).
  • Saint Jean Chrysostome, Homélies. Traduictes en françois, par François Joulet. Paris, Abel L'Angelier, 1608. (Frédéric de Janzé ; Edouard Rahir ; Henri Béraldi ; Michel Wittock, 6ème partie, vente Alde, 12 novembre 2015, n°22).
  • Diego de Stella, Méditations très-dévotes, de l'Amour de Dieu. Paris, Guillaume Chaudière, 1586. (Le Barbet depuis 2012). Cet exemplaire fut présenté lors de l'Exposition Universelle de Paris en 1878.
  • Pedro de Ribadeneyra, Traicté de la tribulation. Paris, Guillaume Chaudière, 1597. Exemplaire appartenant à un lecteur du blog.
Saint Jean Chrysostome

Pedro de Ribadeneyra


Ces trois ouvrages ont plusieurs points communs :
  • reliure en maroquin olive à décor de feuillages, exemplaire réglé.
  • reliure typiquement parisienne attribuée à l'atelier de Clovis Eve (le travail est particulièrement typique de Clovis Eve. Certaines fiches n'indiquent que "Atelier parisien", d'autres mentionnent clairement Eve - voyez l'ouvrage de la vente PBA, 14 février 2018, n°18). Toutefois, si je demeure persuadé de l'atelier, une spécialiste m'a dit qu'elle ne l'était pas. 
  • sujet religieux.
  • inscriptions sur la page de titre.
  • traces de fermoirs en tissu fixés par perforation dans les plats (la photo ci-dessous vient d'un exemplaire dont nous ne pouvons affirmer la provenance vu que les pages de titre sont absentes).
  • un décor très proche des bords.
Notre hypothèse est que tous les exemplaires correspondant à cette description ont été reliés par Clovis Eve pour Salomon Phélipeaux, probablement entre 1610 et 1620, et qu'ils furent ensuite légués par testament aux Carmes déchaussés de Charenton. Sur les huit exemplaires que nous avons identifiés, au moment de la rédaction de cet article, nous n'avons pu savoir une provenance ancienne que pour les trois exemplaires cités précédemment et qui confirment notre hypothèse, ou plutôt ne l'infirment pas.


Exemplaire avec les fermoirs tissus conservés - BM Angers, Rés ST 0738



Venons-en à ces inscriptions qui sont au nombre de deux : 
  • SPhélipeaux, signature que nous pensons autographe de Salomon Phélypeaux. Le S et le P sont l'un sur l'autre.
  • Ex lib. Conven. Charenton Carm. Discalce. Ex dono Dnj des lendes (sic!) 1655.

Pour les deux exemplaires passés à la vente Alde, il ne fut pas remarqué ce qu'il était écrit sur ces exemplaires.
En effet, pour l'exemplaire de Wittock, on attribuait bizarrement la signature à Louis Phélypeaux (1599-1684) qui se serait séparé de l'exemplaire avant sa mort puisque la fiche indiquait bien que l'exemplaire fut donné par Deslendes en 1655 (en indiquant que c'était aux Carmes de Charentes (sic!)).
L'exemplaire de Brochier indiquait uniquement [....]eaux et des Tendes (resic!) 1645. Sur cet exemplaire, effectivement, le 1655 est mal écrit et peut laisser penser à 1645. La partie mentionnant les Carmes déchaussés est biffée (voir photo ci-dessous).

Ex-dono sur Diego de Stella.

Ex-dono en partie biffé sur l'Introduction à la Vie dévote.


Notre interprétation évidente est que Salomon Phélypeaux fit don de sa bibliothèque aux Carmes déchaussés de Charenton par testament. La lecture de celui-ci devrait confirmer cette quasi-certitude.

Par ailleurs, notons que d'autres exemplaires ont des reliures particulièrement proches, notamment dans la vente Bernard Brochier :

  • Saint Augustin, [La Cité de Dieu] - [Le Livre de sainct Augustin de l'Unité de l'Eglise contre Pétilian,... fait françois par Jacques Tigeou, angevin,... avec une épître de 1566]. Paris, J du Carroy, 1601. 2 volumes, sans les pages de titre (BM Angers, Rés. ST 0738).
  • Saint Augustin, Les Confessions. Paris, Michel Sonnius, 1598. (Alde, 25 novembre 2015, n°6)
  • Saint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu. Lyon, Pierre Rigaud, 1617. (Alde, 25 novembre 2015, n°9)
  • Saint Bonaventure, L'Aiguillon de l'Amour divin. Paris, Abel l'Angelier, 1588. (voir H.W. Davies, Early French Books in the Library of C. Fairfax-Murray, I, p.46, n°55).
  • Saint Ambroise, Trois livres des offices. Paris, Chaudière, 1588. (voir catalogue Burton, New-York, 22 april 1994, n°77)

Malheureusement, il nous semble difficile de savoir si ces exemplaires possédaient les mêmes particularités ou non sans les avoir vu ou sans information sur les pages de titres. Nous essayerons de compléter la liste des exemplaires connus avec cette provenance et nous sommes d'ailleurs preneur de toute information sur d'autres exemplaires ou sur les exemplaires particulièrement proches ci-dessus.

Alde, 25 novembre 2015, n°6 - Confessions de Saint-Augustin

Alde, 25 novembre 2015, n°9 - Traité de l'Amour de Dieu

BM Angers, Rés ST 0738 - La Cité de Dieu

PBA, 14 février 2018, n°18
Cet exemplaire ne correspond pas aux caractéristiques des exemplaires S.Phélipeaux, nous ne le mettons ici que pour montrer un autre exemple de reliure proche provenant de l'atelier de Clovis Eve.



Le Barbet



jeudi 15 mars 2018

Aux enchères prochainement : HISTOIRE DES QUATRE FILS AYMON très nobles et très vaillans chevaliers. Introduction et notes de Charles Marcilly. Paris, Launette, 1883. Un exemplaire bijou du joaillier bibliophile Henri Vever. Estimation : 200 000 / 250 000 euros.


Copie d'écran DROUOT DIGITAL. 15 mars 2018.

Lot 64. HISTOIRE DES QUATRE FILS AYMON très nobles et très vaillans chevaliers. Introduction et notes de Charles Marcilly. Paris, Launette, 1883. In-4, maroquin noir, encastrée dans le premier plat grande plaque d'or à émaux cloisonnés d'après une composition d'Eugène Grasset, dos à quatre doubles nerfs à l'imitation des reliures gothiques, large encadrement intérieur mosaïqué en bordeaux et décoré d'éléments dans l'esprit de l'illustration de Grasset, doublure et gardes de soie brochée bordeaux sur fond bleu, tranches dorées, double couverture et dos, boîte de maroquin brun en forme de livre, doublé de soie lie-de-vin (Ch. Meunier).

Spectaculaire édition illustrée par Eugène Grasset des Quatre fils Aymon, version en prose d'une chanson versifiée du XIIIe siècle ayant pour titre Renaut de Montauban, et appartenant à la geste carolingienne. Imprimé pour la première fois à Lyon vers 1483-1485, le texte fut diffusé durant tout le XVIe siècle avant d'être repris, très modifié, au siècle suivant, devenant, et ce jusqu'au XIXe siècle, l'un des romans de chevalerie les plus populaires de la bibliothèque bleue, à l'inverse de Lancelot du Lac, par exemple, qui disparaîtra après l'édition de 1533.

L'illustration d'Eugène Grasset, oeuvre immense de plus de 250 aquarelles qui le mobilisera plus de deux années, révélera les qualités de l'illustrateur, alors que ses dons d'ensemblier s'étaient déjà manifestés quelques années auparavant lorsqu'il créa des meubles et objets de décoration pour la maison de Charles Gillot, l'imprimeur du présent livre. Révolutionnaire par sa mise en page dans laquelle texte et illustration s'interpénètrent, l'édition l'est aussi par la technique de phototypogravure mise au point par Charles Gillot, et employée ici pour la première fois. Cette technique photographique (gillotage) permettait l'impression des gravures en couleurs et du texte en même temps. La complexité de la conception du livre, qui voulait que les pages soient toutes imprimées dans des couleurs différentes, nécessita plus de 900 planches.

Célébré à sa parution pour son esthétique, sa mise en page et son procédé industriel, Les Quatre fils Aymon de Grasset fut classé parmi les plus beaux livres du siècle par le critique, éditeur et bibliophile Octave Uzanne et immédiatement adopté par les bibliophiles. Nombre d'exemplaires de luxe furent alors confiés aux deux grands maîtres relieurs de l'époque, Charles Meunier et Marius Michel, qui rivalisèrent d'imagination pour créer des reliures utilisant la technique du cuir incisé, laquelle, issue du XVe siècle, leur sembla particulièrement convenir à cet ouvrage célébrant le Moyen Âge.

On peut citer aussi à ce propos l'étonnante reliure de Marius Michel ornée d'une plaque en étain repoussé, qui reproduit la composition de Grasset pour la couverture du livre, commandée par Henri Beraldi (IV, 1935, n°88) pour son exemplaire; celui-ci réapparut dans la bibliothèque Henri M. Petiet (IV, 1993, n°67). Tirage à grand nombre d'exemplaires sur papier ordinaire, munis le plus souvent d'un cartonnage d'éditeur illustré (tirage qui fut en grande partie détruit) et à 200 exemplaires de luxe, sur chine et sur japon. Celui-ci est un des 100 exemplaires sur japon (n° 7).

Prestigieux exemplaire du grand bijoutier Henri Vever, orné d'une merveilleuse plaque d'or à émaux cloisonnés, exécutée dans ses ateliers par le maître émailleur Étienne Tourrette, d'après une aquarelle d'Eugène Grasset. Des bibliothèques Henri Vever et Henri Bonnasse (1980, n° 35). Premier exemple de collaboration entre Vever et Grasset, cette plaque de grand format (230 x 166 mm), signée Vever et portant les monogrammes d'Étienne Tourrette et d'Eugène Grasset, chef-d'oeuvre de l'émaillerie française de la fin du siècle, fut réalisée de 1892 à 1894 et présentée à l'Exposition du Champ-de-Mars en 1894 et à l'Exposition universelle de 1900. Elle est digne de tous les superlatifs. Elle est reproduite en couleurs dans Art et Décoration de janvier 1903, dans un article consacré à Grasset. 

L'EXEMPLAIRE VEVER DES QUATRE FILS AYMON né de la rencontre de quatre personnalités qui marqueront l'histoire de l'Art nouveau. Henri VEVER (1854-1942), joaillier, directeur avec son frère Paul de la maison créée par leur père et devenue l'un des phares de la rue de la Paix. Bibliophile et grand collectionneur de tableaux, il participa dès 1892 aux dîners des Amis de l'art japonais de Siegfried Bing. Et c'est à partir de la vente, à la galerie Petit, de sa collection de peintures modernes et impressionnistes en 1897 qu'il se consacra pleinement à sa passion pour l'art japonais dont la vogue battait alors son plein. Praticien et marchand, Henri Vever fut aussi l'auteur de l'ouvrage de référence: La Bijouterie française au XIXe siècle, 1906-1908, 3 volumes in-4. En 1924, il fera don au musée des Arts décoratifs de sa collection, plus de 350 bijoux français du XIXe siècle, dont une soixantaine provenant de la maison Vever.

Charles GILLOT (1853-1903), imprimeur et graveur-lithographe. Perfectionnant une invention de son père Firmin Gillot, il mit au point en 1876 le procédé de photogravure connu sous le nom de «gillotage» dont il déposa le brevet en 1877. Grand admirateur d'Eugène Grasset, il lui confia l'ameublement et la décoration d'une partie de son hôtel particulier dans les années 1880. C'est lui qui présenta Grasset à Vever dont il était l'ami et le guide pour ses acquisitions d'objets d'art japonais. Lui-même collectionneur, Charles Gillot avait surtout réuni un ensemble d'art japonais qui faisait l'admiration des connaisseurs, notamment celle d'Edmond de Goncourt: [la] collection japonaise la plus parfaite, la plus raffinée [...], c'est la collection de Gillot. Offerte pour partie au musée du Louvre, elle enrichit aujourd'hui le musée Guimet. Le reste de ses collections fut dispersé aux enchères en 1904, l'expert de la vente en était Siegfried Bing.

Eugène GRASSET (1845-1917), décorateur et illustrateur, son style particulier allait marquer le Livre et l'Affiche. L'Histoire des quatre fils Aymon est sa première illustration importante. Sa rencontre avec Henri Vever s'avéra déterminante, ce dernier appréciant son vaste répertoire iconographique et ses compositions fortement influencées par l'art japonais. Il lui commanda la création d'une vingtaine de bijoux qui firent sensation à l'Exposition universelle de 1900, et restent aujourd'hui aussi fameux que ceux de René Lalique (1860-1945) qui créait depuis 1880 pour Vever des bijoux et des objets d'art. On rappellera à ce propos que l'un des alter ego de Vever rue de la Paix, Georges Fouquet, faisait lui appel au talent d'Alphonse Mucha. Une passion commune de l'art japonais unissait ces trois hommes. Sous la tutelle des deux marchands d'art Tadamasa Hayashi et Siegfried Bing (l'éditeur du Japon artistique), ils furent des collectionneurs passionnés d'objets d'art et d'estampes de la période Edo (1603-1868), particulièrement des oeuvres de Hokusai et Hiroshige. Ils se firent les hérauts du japonisme avec Philippe Burty (qui créa le mot en 1872), et, pour ne citer que les plus grands, Félix Bracquemond, les frères Goncourt, Théodore Duret et Claude Monet.

Étienne TOURRETTE (1858-1924), maître émailleur parmi les plus grands. Possédant toutes les nombreuses techniques de l'émail (cloisonné, translucide, basses tailles, peint), il réutilisa celle de l'émail dit de résille d'or, technique très ancienne qui consistait en l'inclusion de feuille d'or entre les couches de l'émail pour lui donner un scintillement particulier. Étienne Tourrette fut l'un des grands artistes qui permirent aux bijoux Art nouveau d'exister, ces fantastiques «bijoux de peintre» ainsi dénommés pour rappeler la technique de la pose de l'émail, appliqué couche par couche au pinceau. Paul Richet, professeur à l'École des Arts appliqués, dans son article Les Émailleurs modernes au XIXe et XXe siècle (Revue Céramique, verre, émaillerie, mai 1936), a rapporté l'histoire et les vicissitudes de la fabrication de la plaque d'or de Vever pour laquelle Tourrette employa plusieurs techniques de l'émail. En effet, après plus de deux années de travail, celle-ci faillit se détruire en raison de la dilatation du métal, contrariée par le cloisonnement. Sa présence devant nous aujourd'hui n'est due qu'à l'art et à la ténacité de l'émailleur. Les destins croisés de ces quatre personnalités aboutirent ainsi à la création de cette oeuvre unique, pièce de qualité muséale. On a relié dans le volume divers documents: - L'aquarelle originale de Grasset pour la plaque de la reliure, ainsi que diverses gravures et photos de cette plaque. (reproduite page 45) - L'aquarelle originale de Grasset de la page 79. - Le menu illustré du dîner offert par ses amis à Eugène Grasset à l'occasion de sa promotion au grade d'officier de la Légion d'Honneur. - Deux lettres autographes signées d'Eugène GRASSET à Henri VEVER, datées du 1er octobre 93 et du 26 mars 94, dont l'une contient cet éloge: C'est avec la plus grande admiration que j'ai constaté la miraculeuse exactitude avec laquelle mon aquarelle a été reproduite et dont vous avez su faire une véritable oeuvre d'art à l'épreuve des siècles. - Une carte autographe signée d'Henri Vever. - Le prospectus illustré.

On joint TROIS ESSAIS D'ÉMAIL: - Une plaque sur cuivre (77 x 57 mm), partie du décor de Grasset, Renaut de Montauban à cheval sur Bayard, sans la tête du cheval ni le pied du cavalier. - Deux plaques sur or à émail translucide (42 x 35 mm chacune), portant les titres Souvenirs et Heures.

Estimation : 200 000 / 250 000 euros

Nous donnerons ici le résultat de l'enchère.

Etudes Binoche et Giquello.
Vente du 29 mars à Drouot, Paris.

mercredi 14 mars 2018

Retrouver un imprimeur de la fin du XVIIIe siècle d'après son matériel typographique : un cul-de-lampe drôlement coquet ! (vers 1780-1781).


Taille réelle : largeur 48 mm

La question est assez simple, basique, simple, basique : je cherche à identifier de quel atelier typographique sort cet ornement et par là-même tout livre qui le contient. Ce cul-de-lampe fort "coquet" est suffisamment caractéristique pour ne pas passer à côté sans le repérer. Il se trouve ici dans une impression non située de 1781.

Si vous le croisez, pensez à moi !

Merci d'avance de votre collaboration.

Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

mardi 13 mars 2018

Les premières éditions de l'Introduction à la Vie dévote, par un Berger savoyard

L'édition originale (in-12) et les éditions qui suivirent de l'Introduction à la Vie dévote sont très nombreuses. En l'espace de 11 ans, il y eut plus de 40 éditions en français. Un véritable best-seller religieux du début du XVIIème siècle. Néanmoins, beaucoup de ces éditions, pour ne pas dire toutes, sont devenues rares voire rarissimes.  L'ouvrage connut aussi de très nombreuses éditions après 1665 et la canonisation du saint.

Tout d'abord, si on s'intéresse à l'édition originale [Lyon, Pierre Rigaud, 1609], on ne connaît que deux exemplaires : 
  • exemplaire de la Visitation d'Annecy
  • exemplaire de la Österreichische Nationalbibliothek, Vienne, Autriche.
Cela explique donc que cet important ouvrage manque à toutes les collections autour de Saint François de Sales ! Rochebilière lui-même n'avait ainsi "que" des exemplaires de la seconde édition (1610), de Douai (1610), de Paris (1615), de Douai (1616) et une de Lyon (non datée) [voir Rochebilière, 21 à 25].

Edition originale
Exemplaire Visitation d'Annecy


La collation précise de l'édition originale nous est inconnue. Perrin donne, en 1895, [24]-479-[11]p pour l'exemplaire de Vienne. L'exemplaire d'Annecy serait plutôt [24]-466-[12]. Il convient de noter que la pagination est fautive à partir de la page 432.

Brunet ne mentionne que l'édition de l'Imprimerie Royale en 1641 (in-folio, la plus belle des éditions anciennes) et signale tout juste la première en 1608. L'édition originale est en effet imprimée en 1608 et mise en vente en décembre 1608 avec la date de 1609.

1609A - Exemplaire Michel R.


Dès 1609, une seconde édition [Lyon, Pierre Rigaud, 1609 ou 1610] est imprimée semble-t-il à trois reprises avant le 16 septembre 1609 puisqu'il en envoie un exemplaire au duc de Savoie (on connaît la lettre du 16 septembre 1609). Fabius Henrion les nomme 1609A, 1609B et 1610 deuxième. Cette édition est lacunaire car quatre chapitres de la première édition furent oubliés. Elle contient en revanche de nouveaux chapitres :
  • 1609A : Ce tirage possède sur sa page de titre la même gravure que l'édition originale
  • 1609B : La gravure du titre est changée.
  • 1610 deuxième : Même tirage que le précédent mais postdaté 1610. Rochebilière (21) possédait ce tirage qui était selon lui imprimé en 1609. Son exemplaire portait un ex-libris manuscrit daté de janvier 1610. Henrion dit le tirage assez défectueux. L'exemplaire que nous possédons permet d'éclairer cette affirmation. En effet, bien qu'imprimée sur un joli papier vergé, donc a priori édition soignée, certains feuillets sont mal imprimés.
La collation de cette édition est connue : in-12, [24]-646-[14]p.

1609B - Exemplaire Visitation d'Annecy

1610 deuxième - Exemplaire Berger savoyard


Le CCfr ne nous donne que 2 exemplaires pour 1609-1610 : 
  • Tolbiac, D-17433 (1610, troisième édition).
  • Tolbiac, Res P-D-39 (Arras, 1610, mention de seconde édition, édition qui semble copiée sur le seconde de Lyon avec une collation très similaire).

Les exemplaires connus des toutes premières éditions sont donc (liste mise à jour au fur et à mesure des découvertes) : 
  • 1609 (1608)
    • Visitation d'Annecy
    • Österreichische Nationalbibliothek, Vienne, Autriche.
  • 1609A
    • Michel R. (Salomon Phélipeaux des Landes (1574-1655) avec sa signature ; Carmes déchaussés de Charenton, avec un ex-dono des Lendes (sic!) ; Raoul Baguenault de Puchesse ; Alde, 25 novembre 2015).
    • Bibliothèque de l'Université de Paris [1609A ou 1609B?]
    • British Library, Londres [1609A ou 1609B?]
    • Auguste Damex [1609A ou 1609B?]. Devait être présenté à une exposition en 1966 mais Damex est décédé cette année-là.
  • 1609B
    • Bibliothèque de l'Université de Paris [1609A ou 1609B?]
    • Visitation d'Annecy (exemplaire offert par Saint François de Sales au duc de Savoie)
    • British Library, Londres [1609A ou 1609B?]
    • Auguste Damex [1609A ou 1609B?]. Devait être présenté à une exposition en 1966 mais Damex est décédé cette année-là.
  • 1610 deuxième 
    • famille Furet, de Salins, en 1893 puis famille de Villard en 1935. Seul exemplaire connu selon Henrion, avec corrections de la main de Saint François de Sales. Il ne connaissait pas le catalogue Rochebilière.
    • Rochebilière, 21.
    • Berger savoyard. Contient quelques petites corrections (p.233, 385, 455, 464, 478, 594) mais qui ne semblent pas de la main du Saint. Une inscription latine d'époque sur la page de titre "Pro Capuciinis Aureliaens (?)" (pour les Capucins d'Orléans). Elle ne semble pas de la main du Saint non plus.
  • 1610 troisième 
    • Tolbiac, D-17433
    • Prince Chigi, Italie, en 1893. Exemplaire avec une inscription autographe.
  • 1611 troisième
    • ? présenté en 1966 et 1967 à une exposition à Thonon. Un seul exemplaire ou deux exemplaires distincts ?
  • 1610 Arras
    • Tolbiac, Res P-D-39
  • 1610 Douai
    • Rochebilière, 22
    • Montgermont, bibliothèque (médiathèque aujourd'hui ?).
    • ? présenté à une exposition à Thonon en 1967. Peut-être celui de Montgermont qui y fut présenté en 1966


Nous sommes bien entendu preneur de toute information complémentaire sur le sujet, notamment les exemplaires qui nous sont inconnus.

Le Berger savoyard


Sources : 
  • Fabius Henrion, Introduction de Introduction à la Vie dévote. Paris, Mame & Droz, 1935.
  • Rochebilière, Catalogue de vente de sa bibliothèque, première partie. Paris, Claudin, 1882. n°21 à 25.
  • Saint François de Sales, Oeuvres. Annecy, imprimerie J. Niérat, 1893. Tome III.

Remerciements :
Michel R., bibliophile savoyard, propriétaire d'un exemplaire 1609A et qui a fourni l'essentiel des informations présentées ici.

samedi 3 mars 2018

Monsieur Nicolas de Restif de la Bretonne vu par Octave Uzanne (10 février 1884). "Monsieur Nicolas est un sujet hors ligne, un visionnaire comme on en voit peu, un exalté de satyriasis, un fou génial et délicieusement excentrique."

Couverture imprimée en vert
de l'édition Liseux de 1883
[A propos de Restif de la Bretonne et de ses œuvres, par Octave Uzanne.]

      C'est lamentable à proclamer, mais ce sont les meilleures et les plus curieuses tentatives de librairie qui échouent le plus souvent. Voici, par exemple, sur ma table un ouvrage sans égal en son genre, et digne de passionner une génération moins ahurie par la fièvre des jouissances hâtives que la nôtre. Je veux parler de Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé, mémoires intimes de ce Restif de la Bretonne dont tant de gens parlent au hasard et que si peu connaissent.
      Un éditeur qui est, à mon sentiment, l'honnête homme le plus désintéressé de l'heure actuelle, et qui eût reçu des témoignages publics d'estime à Sparte pour son érudition profonde et la philosophie de son existence ; un extravagant de sagesse qui aurait dû vivre au temps des Saumaise, des Beyle et des Ménage, M. Isidore Liseux a songé à réimprimer Monsieur Nicolas (1) sur l'édition unique et rarissime publiée par Restif même en 1796. Cet ouvrage original en 16 volumes se vendit dernièrement jusqu'à cinquante louis, mais sa cherté provenait d'autre source que de sa rareté. Restif dans ces volumes a écrit la confession la plus admirablement cynique que l'on puisse rêver ; c'est un Diogène bourguignon qui a roulé son tonneau dans tous les milieux du XVIIIe siècle et qui s'y montre le plus terrible vivant que l'on puisse concevoir. L'international aventurier Casanova disperse bien davantage l'intérêt dans ses mémoires que monsieur Nicolas, imprimeur-auteur, lequel fixe l'attention principale sur la vie parisienne d'il y a cent ans.
      On pouvait croire que la réimpression d'un tel ouvrage ferait un bruit immense dans le Landerneau, des bibliophiles, et même il était sensé de penser que le vulgum pecus enlèverait avec une passion furtive de collégien l'édition sur papier ordinaire à 3 fr. 5o le volume. Il n'est aucun de nous qui n'eût escompté ce succès ; l'édition est remarquablement imprimée, d'une correction rare aujourd'hui, où les correcteurs se recrutent on ne sait comment, et où les publications de luxe sont plus émaillées de coquilles qu'une plage bretonne. (- Cette revue, hélas ! n'en est pas plus exempte que les autres. - ) Des notes concises éclaircissent le texte, l'orthographe fantaisiste de Restif est remise sur le chemin académique ; rien n'y boite et la lecture y est attrayante au possible ; il était donc permis de croire à un succès considérable ; cependant l'éditeur ne constate qu'un froid succès d'estime. Ce fait est absolument typique, aucun journal n'a parlé de Monsieur Nicolas et cette inépuisable matière à chroniquer n'a tenté aucun chroniqueur. Les Illuminés n'offrent plus d'intérêt, parait-il, pour les écrivains philologues du jour : Gérard de Nerval n'a point laissé de successeurs.
      Quelle superbe étude il y aurait à écrire cependant au point de vue psychologique sur Restif raconté par lui-même ! Un admirateur du docteur Charcot y retrouverait une expression de la névropathie au XVIIIe siècle dans une intensité bien supérieure à celle de tous les cas décrits jusqu'alors, car Monsieur Nicolas est un sujet hors ligne, un visionnaire comme on en voit peu, un exalté de satyriasis, un fou génial et délicieusement excentrique.
      Sait-on que Restif lui-même a pressenti le sort réservé à ses Mémoires ? Au tome VI, p. 36oo de l'édition originale, il dit « Où trouvera-t-on le cœur humain aussi bien, aussi véritablement peint que dans cette histoire Ah ! l'abbé Delille avait raison ! c'est un chef- d'œuvre mais c'est la nature et non l'auteur qui l'a fait !... Je puis dire comme Ovide : Exegi monumentum, et ce monument étonnera quelque jour. »
      Certes, il étonne, il renverse même, ce prodigieux monument ! - A le regarder dans son ensemble et dans ses détails il semble impossible qu'un homme l'ait échafaudé de sa propre existence. En dépit des figures extraordinaires que le siècle dernier a pu fournir à notre admiration ou à notre surprise, il n'en est pas de plus curieuse, de plus complexe, de plus vivante ; il ne s'en trouve pas d'aussi largement humaine que celle de Restif de la Bretonne.
      Je serais heureux de voir M. Liseux publier, en appendice dans le quatorzième et dernier volume (qui ne paraîtra guère avant quelques mois), une suite de notes sur les singuliers et spirituels néologismes de Restif, sur le nombre de ses bâtards, et même nous fournir un index alphabétique de toutes les femmes et filles mentionnées dans ces confessions uniques.
      Pour ma part, j'ai relevé plus de cent néologismes et surtout cent trente-cinq bâtards, dont seize garçons, quatre-vingt-quinze filles et vingt-quatre enfants de sexe non indiqué. Si l'on faisait un calcul d'économiste ou de statisticien, on arriverait assurément presque à prouver que les descendances de Restif furent assez nombreuses pour former tout un bataillon du premier Empire.
    
       J'aurai à revenir sur l'auteur des Nuits de Paris, car il est de ceux qui ne se laissent point oublier et qui ont trop semé leur vie dans leurs œuvres pour qu'un de leurs lecteurs aussi fervents que je le suis ne les retrouve pas très fréquemment au cours de la sienne. (*)

(1) Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé, Mémoires intimes de Restif de la Bretonne. Paris, Isidore Liseux, 23, avenue d'Orléans. 14 volumes sur vélin à 3 fr. 5o. Sur papier Hollande, la collection 112 fr. Les dix premiers volumes sont en vente.

(*) Vieux airs, Jeunes paroles, chronique par Octave Uzanne, article extrait de la revue Le Livre, Bibliographie moderne, livraison du 10 février 1884, pp. 68-69.

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