jeudi 31 décembre 2009

Les voeux d'outre tombe d'Octave Uzanne pour la nouvelle année... 1893. Le Bibliomane moderne vous offre ses voeux d'Hercule Gaulois pour... 2010.


Octave Uzanne
était un esthète, un dandy de la bibliophilie, un novateur de la bibliosphère. Depuis ses premières collaborations dans le monde éditorial (le Conseiller du Bibliophile de Camille Grellet dans lequel il donne de nombreux articles sous différents pseudonymes), l'Octave a su dénicher de nouveaux talents d'illustrateurs et d'auteurs. Fidèle à quelques premières amours, Paul Avril notamment (qui illustra quelques uns de ses livres), Albert Robida qui lui offrit quelques planches dans ses revues (Le Livre, Le Livre moderne) et illustra en entier les Contes pour les Bibliophiles (1894), Eugène Courboin pour l'illustration des Contes de la vingtième année (1896) qu'on retrouve pour la Panacée du Capitaine Hauteroche (1899), etc. On sait Uzanne fort attaché à l'innovation technique dans les livres qu'il édita ou dont il dirigea l'exécution de bout en bout. On lui doit les premiers essais d'estampes en couleurs réalisées grâce à la technique dite "au repérage" (Son altesse la femme en 1885, La française du siècle en 1886, etc). Sans Uzanne, point de grande revue de bibliophilie entre les années 1880 et 1892, aves successivement Le Livre (1880-1889), Le Livre moderne (1890-1891) et enfin L'Art et l'Idée (1892). Ensuite Uzanne s'essouffle il est vrai, il se consacre à vendre une partie de sa bibliothèque, se contente après 1900 de rééditer ses anciens titres sur la femme sous des formes plus populaires et nettement moins bibliophiliques il faut bien le dire. Qu'importe, Uzanne aura beaucoup donné pour la gloire des vieux livres et sans doute encore plus pour la gloire des nouveaux. Comme l'indique le titre de sa dernière revue parue en 1892 (2 vol. in-8) l'Art et l'Idée, c'est "Le dilletantisme littéraire et la curiosité" qui le guide encore et l'a sans doute toujours guidé. De métier il n'en eut qu'un seul en fait, celui de causer des beaux livres. Un de ses volumes ne porte-t-il pas d'ailleurs le titre de "Nos amis les livres - Causeries sur la littérature curieuse et la librairie" (1886 - extraits d'articles déjà parus dans la revue Le Livre). Depuis les "Caprices d'un bibliophile" (1878 - Uzanne avait 27 ans) jusqu'au "Dictionnaire Biblio-Philosophique" (1896 - Uzanne avait 45 ans et était au sommet de son art) il ne faut pas chercher autre chose qu'un amoureux des livres. Uzanne mourut en 1931 âgé de 80 ans. Les 30 dernières années de sa vie peut se réduire à peu de choses pour ce qui est de la bibliophilie. On retrouve alors Octave Uzanne disséminé dans quelques articles de second niveaux dans diverses revues parisiennes. L'aura n'y est plus. Uzanne est pour ainsi dire mort en bibliophilie au tournant du siècle. Pourquoi ? J'avoue ne pas encore avoir percé ce mystère. Mais je ne doute pas qu'un jour un bibliophile de notre temps éclaire de ses lumières ce parcours encore à demi-voilé (la seule étude sérieuse à ce jour sur Octave Uzanne est une thèse de doctorat de Fathi Ghlamallah, Octave Uzanne, homme de Lettres, bibliophile et revuiste, 1851-1892. Montpellier III, 30 oct. 1999 (thèse non publiée à ce jour - mais j'ai eu la chance de lire par un don gracieux de l'auteur).

Arrêtons-là les louanges uzannesques un soir de réveillon ! On risquerait de lasser...

Je vous offre, venue d'outre-tombe, cette belle carte de vœux, réalisée à l'eau-forte par Albert Robida pour Octave Uzanne, pour la nouvelle année 1893. Cette carte, restée vierge, est peut-être un essai ? un modèle non retenu par Uzanne ? Ou une carte restée oubliée dans un des tiroirs de son bureau du 17 quai Voltaire à Paris ? Qui sait ? Elle mesure 132 x 110 mm (cuvette). Je vous laisse juger, et de la qualité du dessin, de la gravure, du thème, de l'inspiration sans doute insufflée par Uzanne lui-même, à moins qu'il n'ait laissé carte blanche à son ami et complice Albert Robida. Nul doute que cette carte de vœux est suffisamment rare pour qu'elle ne soit tombée entre mes mains qu'il y a très peu de temps... Voici mes étrennes faites !



Ces vœux d'outre-tombe sont une belle transition pour vous présenter ceux du Bibliomane moderne. N'ayant pas Albert Robida sous la main mais étant tout aussi amoureux des vieux livres que l'Octave pouvait l'être des nouveaux, je vous offre cette modeste carte de vœux créée à partir d'une gravure sur bois anonyme qui se trouve dans une édition de Lucien de 1581 (traduction du bourguignon Philbert Bretin), j'ai arrangé un peu les choses, la technique aidant...



Et comme aurait écrit Uzanne : Le Bibliomane moderne vous envoie ses compliments avec ses souhaits cordiaux pour un complet et heureux voyage à travers le nouveau calendrier.

Meilleurs vœux à toutes et à tous pour cette nouvelle année 2010 qui commence demain !

Amitiés bibliophiles,
Bertrand

mercredi 30 décembre 2009

Les Etrennes d'outre tombe d'Octave Uzanne (1889). Eaux-fortes d'Evert Van Muyden (1853-1922).




Le hasard... encore le hasard, enfin presque... Disons que quand on cherche... on finit par trouver.

Et me voilà l'heureux dépositaire de deux belles eaux-fortes, et pas des moindres ! Pas des moindres pour moi, devrais-je préciser, car nous ne devons pas être 164 sur cette belle planète malade à chercher des reliques uzannesques...

164, pourquoi 164 précisément ?

Parce que les deux eaux-fortes que je vous présente ci-dessous ont été tirées à seulement 164 exemplaires. C'est peu, il fallait mettre la main dessus. C'est fait !


Elles sont de l'artiste suisse Evert Van Muyden (1853-1922), peintre animalier et aquafortiste. De mémoire il me semble que cet artiste a travaillé également pour illustrer un ouvrage de Champfleury et pour d'autres productions d'Octave Uzanne.

Octave Uzanne ! Octave Uzanne ! Il commence à nous courir avec son Octave se diront à juste titre les fidèles du Bibliomane moderne qui ont eu à lire de nombreux billets sur le maître depuis le lancement du blog en septembre 2008.

Eh bien oui ! Octave ! Octave Octave ! Je persiste, je signe, c'est ma marotte à moi, mon chalet des Alpes, ma préférence à moi, mon idole. Amen. Notez bien que si je l'avais en face de moi, à tenir une conversation soutenue, peut-être le détesterais-je... qui sait ? L'image des hommes et les hommes eux-mêmes sont deux choses bien distinctes. J'aime donc l'image d'Octave ! Ce qu'il a véhiculé, la bibliophilie qu'il a propagé. Et puis, un gars qui avait dans sa bibliothèque un exemplaire de l'édition originale du Discours à ses enfants de Bussy-Rabutin (1694), auteur bourguigno-célébrissime de l'Histoire amoureuse des Gaules, ne peut pas être un mauvais bougre.

Mais revenons à nos eaux-fortes.


Ces eaux-fortes de Van Muyden ont été gravées et tirées à 164 exemplaires spécialement pour la Société des Bibliophiles Contemporains, Académie des Beaux Livres, Octave Uzanne fondateur. Il s'agit du bulletin de convocation de l'assemblée constitutive de cette société de bibliophiles.

Voici le texte intégralement retranscrit et qui court sur la totalité des deux eaux-fortes :

"Paris ce Novembre 1889. Cher Collègue, La Réunion constitutive des Bibliophiles Contemporains aura lieu à Paris, le lundi 18 novembre prochain, dans le local de la Société d'Encouragement, 44, rue de Rennes (Place St-Germain-des-Prés) à 9 heures très précises du soir.

Je vous fais tenir aujourd'hui un exemplaire des Statuts et Réglement de notre Académie des Beaux Livres, en vous priant d'en prendre minutieusement connaissance avant notre Réunion. A cet exemplaire sont annexées la liste des Membres Fondateurs et différentes pièces qui vous fixeront sur l'Ordre du jour de notre Réunion, ainsi que sur les candidats qui vous sont proposés pour la formation du Comité. Prière de vouloir bien m'envoyer avant le 15 de ce mois vos bulletins de vote pour le cas où vous ne pourriez, comme je l'espère, vous rencontrer avec nos futures Co-Sociétaires le 18 Novembre prochain.

Trouvez ici, cher collègue, l'expression cordiale de mes sentiments confraternels.

Octave Uzanne, fondateur.
17, Quai Voltaire."


On rigole moins là hein ?! Attention aux yeux, créer une Académie des Beaux Livres relevait du Sérieux avec un grand S ! N'oublions pas qu'en 1889 le droit d'association entre particuliers est interdit tel qu'on le connait aujourd'hui... il faudra attendre 1901.

Bon, tout ça pour vous montrer ces deux belles eaux-fortes, simples "convocations" de luxe, faites par un esthète du livre moderne, pour ses amis bibliophiles. Je vous laisse admirer la complexité des détails des encadrements gravés. Tout y est beau, finement dessiné et gravé. Uzanne s'y retrouve à chaque scène ou presque... Uzanne le Hitchcock du XIXe siècle ! Un peu mégalomane et égocentrique, certes...

Dites donc ! Ça nous donnerait presque des idées cette "Convocation de l'Assemblée constitutive de l'Académie des Beaux Livres" non ? Bon, d'accord, autre temps, autres moeurs... Mais tout de même, une assemblée constitutive du Bibliomane moderne ne serait pas pour me (nous) déplaire, non ?!

A méditer avant le réveillon. Je vous réserve pour demain encore une de ces surprises uzannesques dont le Bibliomane moderne a le secret, mais chut !


Bonne soirée,
Bertrand

PS : si vous êtes curieux, cliquez sur les Octave en lien hypertexte dans ce billet... nouvelles lectures à l'affiche ! Si vous êtes plus curieux encore, tapez "Uzanne" dans le champ de moteur de recherche du blog, tout en haut à gauche, nombreux articles à lire sur Uzanne et ses folies.

mardi 29 décembre 2009

Lisons dans les étoiles. A propos du Poeticon Astronomicon d’Hyginus.


Puisque nous changeons d’année, c’est le bon moment de se demander de quoi demain sera fait.


Pour cela, il est préférable de consulter les Astres et de surveiller la progression des constellations. Quoi mieux qu’avec les bons vieux traités d’Aratus le grec et d’Hyginus, le romain (que tout bibliophile un peu inquiet de l’avenir devrait avoir dans sa bibliothèque, non loin du De Sphera de Sacrobosco dont nous avons déjà parlé) ?


Fig 1. Reliure XVIe siècle sur l’Hyginus



Fig 2. Le ciel zodiacal.


Nous savons peu de choses sur Caius Julius Hyginus. Suétone rapporte qu'il fut esclave de Jules César avant d'être affranchi par Auguste qui lui confia, en tant que grammairien, la charge de la Bibliothèque palatine – un bibliothécaire, donc . Compilateur aux gouts encyclopédiques, il laissa des commentaires archéologiques, des traités d’agriculture et deux ouvrages sur l’astronomie : les Fables et le Poeticon Astronomicon. (ou De Astronomica).

Le Poeticon est une compilation de diverses sources grecques (Eudoxe, Ératosthène, mais surtout Aratus, poète et astronome de Soles qui vécut au IIIe siècle av. JC.). Et c’est pourquoi nous retrouvons dans cette édition publiée à Bâle, en 1570, par Eusèbe Episcopius, l’Hyginus et l’Aratus rassemblés (1).


Fig 3. Le Phainomenon en grec au regard du texte latin.


Des œuvres d'Aratus, seuls le Phainomenon (les Phénomènes et les Pronostics), un poème de 1.154 vers particulièrement obscurs, est parvenu jusqu'à nous. La doctrine exposée suit pour l'essentiel les idées d'Eudoxe, qui le premier en Grèce, a institué une correspondance entre les douze signes zodiacaux et les douze mois attiques, depuis le Bélier, à l'équinoxe de printemps (élaphèbolion = mars), jusqu'aux Poissons (anthestèrion = février). Chaque mois se trouvait bénéficier d'une double tutelle : il était sous la présidence d'un signe zodiacal mais aussi sous la protection de l'un des grands dieux. Bélier = Athéna, Taureau = Aphrodite, Gémeaux = Apollon, Cancer = Hermès, Lion = Zeus, etc … (2)

Aratus y ajouta le catastérisme, c'est-à-dire la transformation des êtres en astres ou constellations.
Les noms d'étoiles que nous utilisons aujourd’hui viennent pour la plupart du poème d'Aratus : Ptolémée les conserva dans son Almageste et la tradition arabe les a transmis jusqu'à nous.

Les constellations d’Hyginus suivent l’ordre de l’Almageste qui n’a été diffusé que vers le 2ème siècle après JC, ce qui fait dire à certain que ce n’est peut-être pas Hyginus qui est l’auteur du Poeticon, mais … un autre Hyginus. A moins que les deux auteurs aient suivi des sources communes antérieures que nous ne connaissons pas.

La première édition connue du Poeticon date de 1475, publiée par Augustinus Carnerius à Ferrare. Mais la première édition illustrée est celle d’Erhard Ratdolt à Venise en 1482. Cette édition portait le titre Clarissimi uiri Hyginii Poeticon astronomicon, opus utilissimum... Pour accompagner le texte d’Hyginus, Ratdolt avait commandé une série de bois gravés décrivant les constellations. Le graveur n’a pas suivi la description de l’auteur du texte, laquelle ne correspond d’ailleurs pas à la position réelle des étoiles dans le ciel ! Qu’importe, la représentation de Ratdolt servira de modèles à beaucoup d’atlas du ciel pendant tout le 16ème siècle !

Quelques pages, pour le plaisir de lire le poème :


Fig 4. La Lune.


Fig 5. La voie lactée.


« Quand dans une nuit sereine, le ciel étale toutes ses étoiles, dont la nouvelle lune n'a pas diminué l'éclat, et lorsqu'elles paraissent dans toute leur beauté, vous ne pouvez vous empêcher d'être frappé d'admiration à la vue du ciel décoré de cette large bande circulaire que l'on vous montre parsemée d'étoiles, à laquelle on a donné le nom de lactée, parce qu'aucun autre cercle n'imite aussi bien la couleur du lait. »


Fig 6. Le char du Soleil.


« Le Soleil, en parcourant chaque année ses douze signes, produit les saisons qui fertilisent la terre pendant qu'il décrit ce cercle dodécadaire qui est d'une part autant élevé au-dessus de la terre qu'il est de l'autre part enfoncé sous le convexe Océan. Six de ces douze signes se couchent toutes les nuits pendant que les six autres se lèvent, et la longueur de chaque nuit est proportionnée à la quantité dont la moitié de ce cercle est élevée au-dessus de la terre, depuis le commencement de la nuit. »


Fig 7. Orion.


« ……Mais Orion qui leur est opposé, brillant de son baudrier et de ses épaules, et confiant dans son épée, se lève avec le Fleuve entier, et paraît de toute sa grandeur….Orion va obliquement au-dessus de la section du Taureau. On ne manquera pas de l'apercevoir bientôt, en contemplant le ciel dans une nuit sereine, lorsqu'il passe en haut du ciel. Tel paraît aussi le Chien qui le garde, placé derrière son dos plus élevé. Il est fort varié, n'étant pas également éclatant sur tout son corps, car son ventre est obscur, mais l'extrémité de sa mâchoire remarquable à une étoile ardente que les humains appellent Sirius »


Fig 8. Pégase.


« Au-dessus de sa tête tourne le Grand Cheval qui la touche (Andromède) presque de l'extrémité de son ventre, par une étoile qui leur est commune, et brille au sommet de la tête de l'une et au nombril de l'autre. Le sens est que trois autres grandes étoiles brillantes dans leurs égales distances à cet astre font un carré, ou ce qui est la même chose, un quadrilatère équilatéral, image du Cheval. »


Fig 9. Delphinus.


« Plus loin est une autre flèche qui n'a pas été lancée par un arc. Le Cygne vole près d'elle, mais il est plus boréal. On a nommé Aigle un autre oiseau proche de lui et moins grand. Il est orageux en sortant de la mer, à la fin de la nuit. Le Dauphin, de médiocre grandeur, est voisin du Capricorne; il est obscur en son milieu, mais il est entouré de quatre étoiles brillantes, de deux qu'on lui ajoute, et de deux autres qui courent tout près de lui. Ces étoiles sont répandues entre le pôle boréal et la route du Soleil; mais il en est plusieurs autres qui se lèvent entre elle et le pôle austral. »


Fig 10. Mars et Saturne.


Voilà, après quoi, il est relativement simple de risquer quelques pronostics et prédictions tirés des lectures du Poeticon pour l’année 2010 : Je vois… je vois de nombreuses transactions pour les libraires qui nous lisent ; des enchères qui ne montent pas, voire même des enchères inversées lorsque Mars entrera dans les Néréides ; un incunable caché dans une pile d’éditions de Reader Digest vendue en manette ; Venus à cheval sur les Gémeaux pour Xavier, …


Bonne Année à Tous
Textor

(1) Coll : [8], 251, [29] ff. : Ill. ; 30 cm, illustré de 48 vignettes. Titre : C. Julii Hygini, Augusti liberti, fabularum liber, ad omnium poetarum lectionem mire necessarius, & nunc denuò excusus ; Eiusdem poeticon astronomicon libri quatuor…. Basileae : ex officina Hervagiana, per Eusebium Episcopium, anno salutis humanae 1570. Je n’ai pas reproduit la page de titre car celle-ci avait déjà illustré le 8 Novembre dernier un article sur les ex-libris où, grâce à vous, j’ai su que cet exemplaire avait appartenu à la famille de Filleul de Guerrot, famille normande habitant au château des Guerrot, à Heugleville sur Scie.

(2) Le manuscrit de Phainomenon de Leyde et ses références : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aratea_de_Leyde


lundi 28 décembre 2009

Une poule qui découvre un couteau... ou le livre japonais cet inconnu.







Ma grand-mère, lorsque petit je me servais d'un outil que je ne connaissais pas ou que je ne savais pas utiliser, avait l'habitude de dire : "On dirait une poule qui a découvert un couteau !"

Il ne faut pas aller chercher plus loin lorsque le bibliomane que je suis va jusqu'à acheter deux livres qu'il ne sait même pas comprendre. Certains diront que c'est là même la caractéristique du Bibliomane que d'acquérir des ouvrages qu'il ne lit pas... pour ma part je dirais que le bibliomane a de cette curiosité de l'inutile, de cette futilité intellectuelle qui le pousse à prendre en mains des objets qu'il ne maîtrise pas. Cette curiosité, fringale pour les uns, boulimie pour les autres, gourmandise pour beaucoup, l'art d'être gourmet ne vient qu'ensuite...

Tout ceci pour vous dire que, suite à l'article de notre ami Denis, envoyé spécial du Bibliomane moderne au Japon, j'ai eu l'occasion de faire l'acquisition de deux volumes imprimés, semble-t-il, au Japon. Je dis volumes car je ne sais même pas si ces ouvrages sont complets ainsi ?? Je dis japonais parce que cela ressemble à certains volumes décrits comme "japonais" dans certains catalogues de libraires plus érudits que je ne le suis dans ce domaine. Et les questions sont innombrables : Que sont ces livres ? Quel auteur ? Quel titres ? Quelle époque ?

Face de à de tels volumes, cousus, imprimés sur papier très fin (papier de riz ??), feuillets imprimés sur une seule face d'ailleurs, mais doublés (c'est à dire que le feuillet parait imprimé recto verso mais en fait est replié sur la marge extérieure pour former un recto verso), étranges signes, symboles, etc.

Que comprendre lorsqu'on est complètement étranger à cette culture pourtant si attirante ??

Je compte bien sur Denis et ses amis japonais, libraires ou amateurs, pour nous donner un véritable cours d'histoire du livre japonais.

Voici quelques photos des deux volumes en question.


Quelques pages du livre à la couverture orange.






Quelques pages du livre à la couverture bleue.






Bonne journée,
Bertrand

samedi 26 décembre 2009

Un cadeau biblio-généalogique tout à fait personnel.




C'est derrière cette lourde porte surmontée de solides barreaux de fer, au 12 de la rue Laplace,
que Louis C. vit le jour dans le logis de Jean Eugène Sans, relieur, fils de Victorine C., relieuse, âgée de 17 ans à peine, mon arrière-arrière-grand-mère.
Photo Google Street View (12 rue Laplace).


Voici des considérations que certains trouveront bien éloignées des mannes bibliophiles, peu importe, c'est ce que le Père Noël a décidé de m'offrir en guise de cadeau. Une ascendance dont le livre n'est pas absent ! Mieux, une arrière-arrière-grand-mère relieuse, un arrière-arrière-grand-père inconnu mais peut-être pas tant que cela...

Je suis donc né en germe au n°1 de la rue Lacépède à Paris, lieu où Victorine C.(*), mon arrière-grand-mère mit au monde un enfant mâle prénommé Louis(**). Fils de personne ou presque, il vit le jour dans le même immeuble que Jean Eugène Sans, relieur de son état. Victorine C. était relieuse demeurant chez lui (??). Je ne sais pas si cela était courant d'habiter chez son patron, ni cela était courant de l'avoir comme témoin de la reconnaissance de son enfant lorsqu'on a à peine 17 ans (les actes se trompent... Victorine n'avait pas 17 ans en fait). Fléty n'est pas très loquace sur ce relieur qu'il cite pourtant, sans que jamais je n'aie rencontré une seule de ses reliures, signées de son nom. Il y a de fortes chances que mon arrière-arrière-grand-mère Victorine ait été "brocheuse", travail ordinairement réservé aux femmes (cf. Manuel du relieur, Roret, 1827). Je me suis permis de vous livrer ce morceau de mon histoire familiale parce qu'elle intéressait le monde des livres et de la reliure. Je recherche évidemment activement toutes informations sur ce relieur Jean Eugène Sans, relieur à Paris vers 1870. Évidemment, si vous le croisez sur votre route des livres...

Je suis l'arrière-petit-fils de Louis C. né au n°1 de la rue Lacépède à Paris. Louis fut élevé dans une ferme du village de Vauban (St-Léger de Fourcheret), en Bourgogne. Louis eut deux fils et deux filles, André, Marcel, Germaine et Georgette C. Je suis le petit-fils d'André C. André C. eut une fille et un fils. Je suis le fils de Danièle C. fille d'André. La généalogie peut paraître aride et sans grand intérêt, elle permet cependant, au delà des noms et des filiations, de faire l'histoire d'une vie. Et comme il a été écrit : "On ne sait vraiment où l'on va que lorsque l'on sait d'où l'on vient".


Signature du relieur (Jean) Eugène Sans, domicilié au 12 de la rue Laplace à Paris,
au bas de l'acte de naissance et de reconnaissance (en tant que témoin...) de mon arrière-grand-père Louis C.



Je vous laisse lire les pièces justificatives de cette petite histoire toute personnelle.

Acte de naissance de Louis C. (Paris V) :

Du huit novembre mil huit cent soixante dix à trois heures du soir. Acte de naissance de Louis du sexe masculin, né hier à neuf heures du matin à Paris rue Lacépède n°1 et à nous présenté fils de Victorine C. âgée de dix huit ans relieuse demeurant à Paris rue Laplace n°12 et de père non dénommé – Les témoins sont françois Groult âgé de cinquante neuf ans et Jean baptiste Durand âgé de trente neuf ans employés demeurant rue de Lacépède n°1. Sur la déclaration faite à nous Auguste Thomas adjoint au maire du cinquième arrondissement par Victor Flamain âgé de vingt sept ans élève en médecine demeurant rue Lacépède n°1 qui assiste à l’accouchement et a signé avec les témoins et nous lecture faite dudit acte.

Inscrit en marge :

cote 2714 – Par acte inscrit en cette mairie, le dix huit novembre mil huit cent soixante dix Victorine C. a reconnu l’enfant enregistré ci-contre – Enregistré à Paris le 24 mars 1896. – Louis C. dont la naissance est constatée dans l’acte ci-contre s’est marié à Guillon (Yonne) le six mai mil huit cent quatre vingt dix neuf avec Eugénie Augustine H.

cote 2808 – Reconnaissance de Louis C.

Du dix huit novembre mil huit cent soixante dix à dix heures du matin. Par devant nous Auguste Thomas adjoint au maire du cinquième arrondissement est comparue Victorine C. âgée de dix huit ans relieuse demeurant rue Laplace 12 laquelle nous a déclaré reconnaitre pour son enfant naturel Louis inscrit en cette mairie le huit de ce mois comme étant né de Victorine C. de laquelle déclaration elle a requis acte et toutes mentions légales en présence de Jean Eugène Sans(***) âgé de quarante six ans relieur demeurant dite maison et de Eugène Auguste Carlin âgé de vingt huit ans serrurier demeurant rue Laplace 8 qui ont signé avec la comparante et nous lecture faite du présent acte.

Brocheuse s'appliquant à relier des livres devant son cousoir, milieu XIXe siècle.
Gravure sur bois de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Victorine faisait-elle ce métier au 12 de la rue Laplace à Paris vers 1870 ?
Nous ne le saurons sans doute jamais...

(*) Victorine C. était née le 18 octobre 1854 à Paris. Elle n'avait donc pas 17 ans au moment de la naissance de son fils Louis le 7 novembre 1870 au 12 de la rue Laplace dans la demeure du relieur Jean-Eugène Sans, âgé de 46 ans. Jean Eugène Sans était-il le père de Louis ?? Des tests ADN seraient utiles...

(**) Louis fut placé, semble-t-il peu de temps après sa naissance, dans une famille de cultivateurs à St-Léger de Fourcheret autrement dit St-Léger Vauban (hameau de Trinquelin d'après l'histoire familiale), village natal du célèbre maréchal de France, grand architecte militaire, ingénieur et essayiste. St-Léger Vauban se situe en Morvan, entre Dijon et Auxerre. Louis, lors de son mariage, déclara n'avoir jamais revu sa mère depuis plusieurs années.

(***) Jean Eugène Sans : Fléty, Dictionnaire des relieurs français ayant exercé de 1800 à nos jours, édition Technorama, 1988, p. 159 : « SANS, relieur, 12 rue Laplace à Paris. Exerçait durant le dernier tiers du XIXe siècle. » D'après les actes ci-dessus, le relieur Jean Eugène Sans serait donc né vers 1824.


Louis C. (1870-1948),
Morvandiau de Paris ...
ou plutôt Parisien devenu Morvandiau !
Photographié vers 1935-1940



Bonnes fêtes,
Bertrand

jeudi 24 décembre 2009

Le Bibliomane moderne vous souhaite d'agréables fêtes de noël 2009.


En attendant un hypothétique paradis terrestre je vous propose de naviguer entre enfer et damnation... pour les vieux livres...



Je vous souhaite à toutes et à tous d'agréables fêtes de noël, en famille, loin de chez vous, le nez dans vos vieux livres ou près de vos enfants chéris, vos parents, vos amis, le Bibliomane moderne sera un peu avec vous ce soir !

Joyeux Noël !

Amitiés bibliophiles et bibliomanes,
Bertrand


Note : Le dessin de la carte est emprunté à L'enfer du Bibliophile d'Asselineau dans son édition illustrée par Lebègue de 1905 chez Carteret.

mercredi 23 décembre 2009

Quelques ex libris à identifier. A vous de jouer !


Je sais que les recherches ne vous font pas peur, et même qu'elles sont un peu comme un piquant supplémentaire à ce fin plaisir du bibliophile qui consiste à retracer l'histoire d'un livre parmi le monde des hommes...


Alors à vous de jouer !





Bonne soirée,
Bertrand

A combien estimez-vous le nombre de bibliophiles sérieux dans le monde actuellement ? Résultats du mini-sondage.


Le dernier mini-sondage avait été lancé sur le Bibliomane moderne le 16 novembre dernier sous cette forme : A combien estimez-vous le nombre de bibliophiles sérieux dans le monde actuellement ?

Beau succès pour ce sondage (127 votes exprimés). Record battu ! L'avant dernier sondage n'avait rassemblé que 91 personnes (soit une hausse de +40%).

Voici les résultats bruts :

Vous êtes 32/127 (25%) à penser que le nombre de bibliophiles "sérieux" dans le monde est inférieur à 10.000

Vous êtes 17/127 (13%) à penser que le nombre de bibliophiles "sérieux" dans le monde est près des 50.000

Vous êtes 20/127 (15%) à penser que le nombre de bibliophiles "sérieux" dans le monde est près des 100.000

Vous êtes 16/127 (12%) à penser que le nombre de bibliophiles "sérieux" dans le monde est de plus de 100.000

Vous êtes 12/127 (9%) à penser que le nombre de bibliophiles "sérieux" dans le monde est de 1 million.

Vous êtes 10/127 (7%) à penser que le nombre de bibliophiles "sérieux" dans le monde est de 5 millions.

Vous êtes 20/127 (15%) à ne rien penser du tout de ce sujet. 15% n'ont aucune idée de la question !

On voit bien que les résultats sont très partagés. Si 25% (la majorité toute relative des votants) croit qu'il y a moins de 10.000 bibliophiles sérieux dans le monde, les autres résultats ne permettent pas d'avoir une plus grande idée du sujet.

Si l'on se réfère aux entrées réalisées au Salon Internantional du Livre Ancien au Grand Palais à Paris, si l'on se réfère au nombre d'abonnées au diverses revues de bibliophile (sans doute moins de 2.000), sans savoir ce que chacun met derrière "bibliophile sérieux", il est donc très difficile de savoir ce qu'il en est vraiment.

Mon intime conviction est qu'il ne doit pas y avoir plus de 10.000 personnes dans le monde capables de répondre aux critères que je m'impose et qui sont tout à fait personnels, non exhaustifs et sans doute même erronés. Si je compare avec d'autres passions, combien existe-t-il de pêcheurs à la mouche ? Combien existe-t-il de philatélistes dans le monde ? Autant de réponses qu'il sera aussi difficile de trouver.

Je vous laisse sur ces chiffres et vous prépare un nouveau mini-sondage pour très bientôt que vous retrouverez au même endroit.

Bonnes fêtes !
Bertrand

mardi 22 décembre 2009

Fiche de libraire : Les relieurs français de Thoinan relié par Léon Gruel.




Une magnifique réalisation du relieur Léon Gruel.



Voici une fiche de libraire qui m'est récemment passée sous le nez. Je vous avoue que je l'ai regardé à deux fois, trois même.

Il s'agit d'un magnifique exemplaire de l'ouvrage de référence de M. Ernest Thoinan, Les relieurs français..., publié en 1893 chez Emile-Paul, Huard et Guillemin, ouvrage de la plus grande rareté sur le marché du livre ancien. Il n'a été imprimé qu'à 650 exemplaires dont 80 sur vélin du Marais (celui qui est présenté est sur ce beau papier). Tiré au format in-4 (100 premiers exemplaires), cela permettait de pouvoir ajouter les planches de reliures pour l'illustrer.

Cet exemplaire hors du commun a été somptueusement relié par Léon Gruel lui-même. Reliure mosaïque dans l'esprit des reliures anciennes.


Cliquez sur l'image pour l'agrandir.


La fiche précise que Léon Gruel "possédait l'une des plus belles collections de reliures de Paris, allant des origines au XVIIIe siècle inclus." (Fléty).

L'exemplaire présenté dans ce catalogue récent d'un libraire parisien est d'une qualité et d'une beauté, à mon sens, ne pouvant tolérer peu de comparaison avec un autre exemplaire de ce même livre.

Je n'ai finalement pas donné suite. La pudeur m'a incité à effacer le prix de cette fiche toute récente. Moins drôle une fiche de libraire sans prix, n'est-ce pas ? On ne sait plus trop où on en est. Mais ne vous inquiétez pas, moi je sais le prix de cette "chose" ... et les lecteurs les plus perspicaces le découvriront d'eux-mêmes. Le prix ne m'a pas choqué. C'est ma bourse qui ne me permettait pas de l'acquérir, sinon... mais je ne doute pas qu'il soit déjà vendu.

Bonne nuit,
Bertrand

lundi 21 décembre 2009

Une reliure au décor géométrique signée René Kieffer (après 1910).




Reliure Art Déco signée René Kieffer,
probablement exécutée dans les années 1925-1930.
Travail soigné de mosaïque géométrique symétrique de maroquin de différentes couleurs.

Sur Fortunio de Théophile Gautier. Édition des Amis des livres, 1880.
Tirage à 115 exemplaires.



Plaisir de yeux pour certains, déplaisir pour les autres, comme la bibliophilie et notamment la reliure d'art est avant tout histoire de goûts et de couleurs... cette reliure plaira ou ne plaira pas.

J'avais cependant envie de vous la montrer pour la raison que ce type de reliure à décor géométrique mosaïqué n'est pas le modèle le plus courant de décor que l'on rencontre dans la longue carrière de ce relieur-éditeur d'art.

René Kieffer est en effet plus connu pour ses décors à la plaque (motifs floraux ou figurés pour la plupart). Je ne m'étendrai pas sur le parcours de René Kieffer et son prolifique atelier, un site internet le fera mieux que je ne pourrais le faire. Je vous invite donc à visiter ce lien : Les éditions René Kieffer (1909-1950), thèse soutenue en 2002 par Agathe Sanjuan (on y traite également de son atelier de reliure).

Cette reliure, de format in-4, est intéressante en cela qu'elle montre un travail de mosaïque du cuir de différentes teintes, dans des agencements géométriques symétriques. J'ai compté plus de 60 morceaux de cuirs différents, dans une gamme de teinte allant du gris anthracite au bleu nuit en passant par le bleu-gris, le beige. La dorure n'est présente que pour le titrage au dos et pour le décor des doublures (filet doré et feuillage de type art nouveau en écoinçons). La reliure est signée deux fois, une fois dans la doublure intérieure, en lettres dorées, une fois par l'étiquette de l'atelier René Kieffer à l'adresse du 18 de la Rue Séguier à Paris. Les amateurs se reporteront par ailleurs au dictionnaire des relieurs français ayant exercé de 1800 à nos jours par Julien Fléty (1988).

Bonne soirée,
Bertrand

dimanche 20 décembre 2009

le De Sphera Mundi de Johannes de Sacrobosco. Essai de dénombrement...




Le billet de notre ami Textor a piqué ma curiosité quant à la "rareté" de cet ouvrage et à son "prix" sur le marché, en fonction de l'édition et de la condition des exemplaires proposés par les libraires.

Voici ci-dessous, la petit listing rapide que j'ai pu en tirer à partir de la base des libraires présents sur le site Vialibri que j'utilise souvent.

J'ai trié les exemplaires en fonction du seul critère mot-clé "sacrobosco", les résultats étant triés du plus cher au moins cher. Cette sélection n'a rien d'exhaustive ni de rigoureuse quant aux exemplaires actuellement présents sur le marché. Cela ne demande aucune conclusion précise ni aucune analyse de votre part, c'était simplement une petite sélection que je tenais à partager avec vous.

Voici :

1. SACROBOSCO, Johannes de [John of Holywood]- Sphaera Mundi. Johannes REGIOMONTANUS. Disputationes contra Cremonensia deliramenta. Georg PEURBACH. Theoricae novae planetarum. Venice, Erhardt Ratdolt, 6 July 1482 4to (210 x 151 mm) ff 60, with full-page woodcut on verso of a1 and over 39 woodcut diagrams in text, many two-thirds page, of which 8 have a contemporary colour wash, 31 lines, incipit printed in red, white on black initials; a few leaves with some faint marginal waterstains, some occasional thumbmarks and other incidental stains, a very nice, large copy in nineteenth-century green morocco by Leighton, rebacked in matching style, gilt panels on spine, inner gilt dentelles, gilt edges. £22,500First printing of this assembly of basic texts of pre-Copernican astronomy. Sacrobosco's De sphaera mundi (editio princeps 1472) was the first printed astronomical book, and a fundamental text of medieval and post-medieval astronomy. It is a synthesis of Ptolemy and his Arabic commentators, presenting an elegant, accessible Ptolemaic cosmology, and for this reason was adopted as the most authoritative astronomical textbook of its time. From the time of its composition, ca 1220, Sacrobosco's De sphaera 'enjoyed great renown, and from the middle of the thirteenth century it was taught in all the schools of Europe. In the sixteenth century it gained the attention of mathematicians, including Clavius. As late as the seventeenth century it was used as a basic astronomy text... ' (John F. Daly in DSB). It was the most frequently printed astronomical work, some 30 incunable editions alone being published, and an even greater number of sixteenth-century editions.Sacrobosco's text is accompanied in this edition by two treatises by Regiomontanus (1436-1476) and his teacher Georg Peurbach (1423-1461). The tract by Regiomontanus concerns corrections to the planetary tables of Gerard of Sabbioneta. It is followed by Peurbach's Theoricae novae planetarum. Peurbach and Regiomontanus were the outstanding astronomers of their time and their early deaths were 'a serious loss to the progress of astronomy... [which] left the technical development of mathematical astronomy deprived of substantial improvement until the generation of Tycho Brahe' (ibid). Around 1454 Peurbach composed his textbook of astronomy, Novae theoricae planetarum (published in Nürnberg, 1473), which became the standard astronomical text for over a century and a half, as well as writing, with Regiomontanus, the Epitome of Ptolemy (published in 1496), the clearest and most accurate exposition of Ptolemaic astronomy in the fifteenth and sixteenth centuries. Following Arab astronomers, Peurbach 'added trepidation to Ptolemy's six motions of the celestial spheres and substituted solid crystal spheres for the hypothetical circles employed in Ptolemy's Almagest' (Stillwell).The full-page woodcut on the verso of a1 (the recto is blank so it forms a frontispiece) features the figure of Astronomia seated on a throne beneath the heavens, with Urania on her left and Ptolemy, 'princeps astronomorus' on her right, with a floral ground with rabbits and a deer at her feet.BMC V 286; Goff J405; Hain-Copinger 14110; Klebs 874.9; Sander 6661; see Thorndike, The sphere of Sacrobosco and its commentators. Bookseller: W. P. Watson Antiquarian Books. € 25,380.

2. Sacrobosco Johannes de; Regiomontanus; Georgius Peurbachius - SPHAERA MUNDI. Regiomontanus, DISPUTATIONES CONTRA CREMONENSIA DELIRAMENTA. Georgius Peurbachius, THEORICAE NOVE PLANETARUM. A very early issuance of these pre-Copernican texts of astronomy. Printed in Roman type, 41 lines without headlines. With 4-line and 12-line white-on-black woodcut initials, a full-page allegorical woodcut of Astonomia seated on a throne and flanked by Urania and Ptolemy, seven wood cut diagrams printed in 2 or 3 colors, and numerous other woodcut diagrams throughout including one of an armillary sphere, and the woodcut printerÕs mark printed in red 4to (195x 135mm), bound in full antique vellum. 48 leaves, unfoliated. A very fine copy, complete and uncommonly fresh; a few leaves shaved close by the binder affecting a few letters at the outside margin. rare. An early printing of this great scientific text and one of the two earliest astronomical books ever issued. Sacrobosco's SPHAERA MUNDI is probably the most popular astronomical text ever written. Originally printed at Ferrara in 1472, it was only the second astronomical book ever printed and among the earliest scientific text in any field. Although it did not advance astronomical knowledge beyond that attained by the Arabs in their commentaries on Ptolemy, it gained a great reputation; twenty-four editions appeared before 1500, and at least forty between 1500 and 1647, when the last edition was printed at Leiden. Little is known of Sacrobosco himself. It is believed he was of English origin, but unquestionably lived in the first half of the thirteenth century as professor of astronomy at Paris and it is known that he died in that city in 1256. He owed his reputation as an astronomer chiefly to this astronomical textbook "De Sphaera Mundi," which was used at universities all throughout Europe for several centuries. The exact place and time of his birth is unknown. As the Latinized name Sacrobosco seems to be a translation of the English name Holywood or Holybush, many believe that Holywood (now Halifax), in Yorkshire, was his birthplace. Others give it as Holywood near Dublin; others again claim that he came from Scotland. Sacrobosco studied first at Oxford, but then went to France, where, as a contemporary of St. Thomas Aquinas, he proved himself an efficient teacher of mathematics and astronomy. At that time many were deterred from undertaking the study of astronomy by such ponderous (and at that time largely obscure) works as those of Ptolemy, Alfraganus, and Albategnius, so Sacrobosco wisely resolved to write a compendium of spherical astronomy, which universities could use as a textbook. How well-timed and well received his book was is shown by the numerous editions published before the middle of the seventeenth century when the new Copernican theory was generally adopted. Georg Peurbach lived from 1423-1461 and was the teacher of Regiomontanus (1436-1476), another of the great early Renaissance scientists of astronomy. The work here included by Regiomontanus has to do with corrections rendered to planetary tables and it is accompanied not only by SacroboscoÕs text but by Peurbach"s NOVAE THEORICAE PLANETARUM. ÒPeurbach and Regiomontanus were the outstanding astronomers of their time and their early deaths were "a serious loss to the progress of astronomy. [which] left the technical development of mathematical astronomy deprived of substantial improvement until the generation of Tycho Brahe" (ibid). Around 1454 Peurbach composed his textbook of astronomy, NOVAE THEORICAE PLANETARUM (published in NŸrnberg,1473), which became the standard astronomical text for over a century and a half, as well as writing, with Regiomontanus, the Epitome of Ptolemy (published in 1496), the clearest and most accurate exposition of Ptolemaic astronomy in the fifteenth and sixteenth centuries. Bookseller: Buddenbrooks, Inc. ABAA. € 16,991.

3. Sacrobosco, J. de - Sphera mundi cum tribus, commentis nuper editis. Venice, Simon Papiens (Bevilaqua), 1499 (Hain 14125; BMC V, 524; Goff J 419). Folio, half calf & wooden boards. 150nn leaves. Full page printer device in verso of a2, second on verso M1. Text richly illustrated with woodcuts & surrounded by commentaries. Last three blank pages with contemporary, manuscript tables & commentaries. *Two books in one volume: Sacrobosco, Sphera Mundi, 'the fundamental astronomy of the Middle Ages' and Peuerbach, Theoricae novae planetarum, 'an elementary but thorough textbook on planetary theory describing the solid sphere representations of Ptolomeic planetary models. Bookseller: Frederik Muller Rare Books bv / De Ark. € 15,000.

4. JOHANNES DE SACROBOSCO. - A standard work on astronomy Libellus de sphaera. Accessit eiusdem autoris Computus ecclesiasticus, et alia quaedam in studiosorum gratiam edita. Cum praefatione Phi: Melanthonis. Wittenberg, Johannes Crato (Johann Krafft), 11 May 1553.. 2 parts in one vol. 8vo. Contemporary pigskin, elaborately tooled in blind, including the spine, with floral border with two portraits in roundels on both sides, two borders with acorns in the centre, the front cover with 'I. B. R.' written in a blank compartment on top and '1558' in a blank com,partment underneath the center, paper label lettered in ink pasted to the upper compartment of the spine, the lower compartment being painted red; the binding can possibly be attributed to the Stuttgart bindery serviced by the Master NP. With a woodcut spherical globe on the title, 2 folded tables and 61 woodcuts in the text, 3 of which with movable parts (although Zinner calls for 3 plates with volvelles, the movable part of one fig. perhaps missing). (136) lvs including the two often lacking blanks at the end. HESIODUS . (GREEK TEXT) Opera et Dies una cum duabus praefationibus ac luculentissimis enarrationibus Phil. Melanth. iam recens conscriptis. Frankfurt a/M, Peter Brubach, 1553. 8vo. With charming woodcut initials. (92) lvs.. Ad 1 : One of the 16th-century Wittenberg editions with the prefaces, dated 1538 and 1540, and annotations by the well-known humanist and reformer Philippus Melanchton. The first edition with a preface by Melanchton was published at Wittenberg in 1531. Unlike the editions in folio and in 4to, the 1531 one in 8vo - of which our edition is vertually a reprint - was so cheap that it could become a required textbook and set an influential example. From 1538 onwards editions included movable parts or .... Bookseller: Antiquariaat Forum BV. € 13,250.

5. Sacrobosco, Johannes de; Regiomontanus; Peurbach - SPHAERA MUNDI - Vencie, Erhardt Ratdolt, 6 July 1482. - Sacrobosco s text is accompanied in this edition by two treatises by Regiomontanus (Disputationes contra Cremonensia deliramenta) and his teacher Georg Peurbach (Theoricae novae planetarum). The tract of Regiomontanus concerns corrections to the planetary tables of Gerard of Sabbioneta. It is followed by Peurbach s Theoricae novae planetarum. Peurbach and Regiomontanus were the outstanding astronomers of their time. Sacrobosco s De Sphaera mundi was the first printed astronomical book and a fundamantal text of medieval and post medieval astronomy. It is a synthesis of Ptolemy and his Arabic commentators. As late as the 17th century it was used as a basic astronomy text. Later vellum, 4 to, 60 unpaginated leaves. 39 woodcut diagrams in text, many two-thirds page, of which 8 had a contemporary coloring. Recased with recent endpapers. Leaf a1 supplied from another copy. First printing of this assembly of basic text. Reference: Hain-Copinger 14110, Sander 6661, Goff J405. Bookseller: Rosenbad Antique Books. € 12,177.

6. Sacrobosco, Johannes de. Georg Puerbach y Johannes de Regiomontanus. Sphaera mundi. Disputationes contra Cremonensia deliramenta. Theoricae novae planetarum [Bonetus Locatellus para:] Octaviano Scoto, 1490, 4 de octubre, Venecia: - 48 hojas. Signaturas a-f8. 41 líneas. 70 grabados 7 de ellos y el colofón impresos en color. En el verso de la hoja de título un gran grabado con la representación de la Astronomía. Encuadernación moderna en piel. Tres hojas añadidas al principio con diagramas astrológicos manuscritos. Ejemplar anotado profusamente en los márgenes. Alguna mancha ocasional y restauración antigua en la portada y hoja de colofón. Goff J.409. BMC v 438. Hain 14113. IBE 3277. Essling 261. Quinta edición de esta reunión de tratados astronómicos. La primera aparece en Venecia: Ratdolt 1482, del mismo impresor la segunda en 1485, Santritter también en Venecia en 1488, Martin Flach en Estrasburgo en 1490 y ésta impresa en el mismo año. La obra de Sacrobosco se publicó por vez primera en Ferrara: 1472.Tres textos fundamentales de la astronomia pre-copernicana agrupados por el impresor Ratdolt. El tratado de Sacrobosco es el texto básico de la astronomía tardo medieval. Es un resumen de las teorías de Ptolomeo y de sus comentaristas árabes. Los tres textos aquí editados fueron la base de la geografía y de la cosmografía en las escuelas hasta que llegaron los libros de Galileo. Su importancia los hizo pasar incluso por encima de la tradición copernicana en la educación tradicional. "Sacrobosco's fame rests firmly on his De sphaera, a small work based on Ptolomy and his Arabic commentators, published about 1220 and antedating the Sphaera of Grosseteste. It was quite generally adopted as the fundamental astronomy text... Bookseller: Els Llibres del Tirant. € 12,000.

7. SACROBOSCO, Johannis de - Sphere textum una cum additionibus non aspernandis Petri Ciruelli D(arocensis) ... questionibus Petri de Aliaco. Paris, Joannis Petit, 1515. En folio. Tipografía gótica a dos tamaños. Texto a dos columnas. 78 ff.[i.e.76]. Marca del impresor Petit en la portada, xilografía de esfera armillar en verso de a5 rodeada por Astronomía, Urania y Ptolomeo, mapa del cielo y las estrellas en b5r, mapa de los trópicos en l1r, otras xilografías al texto incluyendo la representación de los eclipses, figuras geométricas, etc. Encuadernación en pergamino moderno. Magnífica edición de la "Esfera del Mundo", la obra básica de astronomía, anotada y adicionada por el aragonés Pedro Ciruelo. Antes del texto hay unos versos latinos de Pedro de Lerma Burgense, sigue la dedicatoria a Jacobo Ramírez de Guzmán y a Alfonso Ossorio, y un erudito discurso sobre las ciencias matemáticas. Sacrobosco fue un eminente autor del siglo XIII nacido en Inglaterra y conocido como John Holywood; fue el primero en calcular las discrepancias existentes entre el calendario Juliano y el calendario solar actual, proponiendo un remedio prácticamente idéntico al que puso en práctica el Papa Gregorio XIII en el siglo dieciséis. La obra de Sacrobosco toma numerosas ideas de Ptolomeo, pero a la vez muestra un gran conocimiento de las obras de los astrónomos arábigos medievales; incluye la descripción , naturaleza y forma de la tierra, la división de ella en sus zonas climáticas, y el posicionamiento de las estrellas. Ciruelo hizo sobre el texto de Sacrobosco numerosas consideraciones matemáticas, astronómicas y filosóficas. Pedro Ciruelo (1470-1548) nació y empezó sus estudios en Daroca, los terminó en Salamanca y pasó posteriormente.... Bookseller: Librería José Porrúa Turanzas, S.A. € 9,000.

8. SACROBOSCO Jean. Sphere cum additionibus non aspernandis. Paris, Jean Petit, 1515 ; petit in-folio de 79 ff., mal chiffrés 81, [1] f. bl., maroquin prune du début du XXe siècle, filets à froid, dos à nerfs. Précieuse édition gothique imprimée à Paris en 1515 à deux colonnes par page. Sacrobosco donna au XIIIe siècle les fondements de l'astronomie précopernicienne. Il s'inspira beaucoup de Ptolémée, représenté sous la figure de la sphère. Le texte est ici annotée par le savant espagnol Pedro Ciruelo (1470-1548). L'édition contient de nombreux bois gravés dans le texte et de jolies lettrines à fond criblé : grande marque de l'imprimeur au titre, cartes du ciel, schémas et représentations de phénomènes astronomiques, etc. Cette édition est extrêmement rare. Pas d'exemplaire répertorié au CCFR ou sur COPAC.- Pas dans Graesse. Honeyman, 2726. Charnières fendues, quelques brunissures au papier, sinon intérieur bien conservé. Bookseller: Anne Lamort Livres Anciens. € 8,000.

9. SACROBOSCO, Johannes de. - Heavily annotated copy of one of the early Cologne (Quentell) editions Opus sphericum magistri Joannis de Sacro Busco natione angli figuris verissime exculptis et interpretatione familiari ad comoditatem desiderantium iucundissima Artis Astronomice callere principia pulcherrime et iterata recognitione illustratum. Cologne, Sons of Henricus Quentell, January 1505.. 4to. Modern boards. With a six-line woodcut initial on title comprising a teacher with his pupil, full-page woodcut of a armillary globe held by angels above and below, with the zodiac and a small view of a walled small town in centre on the verso of the title, and 27 large half-page astronomical and cosmological woodcuts in text, 2 other 6-line woodcut initials. (38) lvs. (last blank present; collation: A6, B-C4, D6, E-F4, G6, H4).. Rare fourth Quentell edition printed in Cologne, edited and together with the extensive comments by Wenceslaus Fabri of Budweiss (1455-1518), a medieval Czech astronomer, mainly known as the author of almanacs. After a university career in Leipzig he returned to his native town, now Ceske Budejovice, where he is considered one of the most distinguished medieval intellectual personages.The first edition of Sacrobosco's text as edited by Fabri of Budweiss was printed by Henricus Quentell in 1500 (HC 14124), followed by editions by the same publisher in 1501 (37 ff.; VD16 , J-708), 1503 (45 pp.; VD16 , J-709); again 1503 (37 ff.; VD16 , J-710), and 1505 (our copy), and followed by an edition in 1508 (38 ff.; VD16 , J-713). It seems likely that most editions were page-for-page reprints of the first 1500 edition. The editio princeps of De Sphaera appeared in Ferrara in 1472.Our copy is dated in the colophon: "Anno supra Jubileum Magnum Quinto ad finem Januarij", five years after the Great Jubilee (of 1500). On f. G2v is a printed table of the latitudes of the main places on earth: 'Tabula Cl.... Bookseller: Antiquariaat Forum BV. € 7,950.

10. Sacrobosco, J. de - Textus de Sphera. - Paris, H.S. Estienne, 1511 (Renouard; Estienne 10, nr 5). Folio, IXI century half calf. 32 leaves, engraved title page (woodcut Estiennes angel title border, carrying coat of arms of the University of Paris). Large woodcut in verso of a3 & c1, many small woodcuts illustrating the text. *Three texts in one volume, edited by Estienne for use at the University of Paris: Sacroboscos de Sphere; Bonus Latensis: liber annuli astronomici and Euclides: de Geometria i the Latin translation by Boethius. Bookseller: Frederik Muller Rare Books BV. € 4,200.

11. SACROBOSCO (Joannes) - Habes lector sphere textum una cum additionibus non aspernandis Petri Cirvelli cum ipsiusmet [sic] sublimi et luculentissima expositione aliquot figuris noviter adiunctis decorata, intersertis praeterea questionibus domini Petri de Alliaco. Paris, Jean Petit, Aug. - Large printer's device on title-page, almost full-page cut of an armillary sphere with three figures, and numerous small astronomical diagrams and illustrations, a few historiated initials on criblé ground. 4to."lxxviii" [i. e. 76] Modern boards. 1515. The standard work on cosmography in the 16th century which went through numerous editions in several different languages. The author was an eminent 13th century astronomer born in England as John Holywood who was the first to calculate the discrepancy between the Julian calendar and the actual solar year; he suggested a remedy which was almost identical to that devised by Pope Gregory XIII over 350 years later. Sacrobosco's work paraphrased ideas of Ptolemy, but also displays knowledge of the works of mediaeval Arabic astronomers; it includes a description on the nature and shape of the earth, its annual revolution, the rising and setting of the stars and the division of the earth into climactic zones. This edition is a reissue of Petit's 1508 edition and incorporates the commentaries of Pedro Sanchez Ciruelo and Pierre d'Ailly. Provenance. 16th and 17th century inscriptions on title-page, one cut out and repaired, Waterstaining affecting inner margins of many leaves, sometimes touching text, piece torn away from outer corner of last leaf (no loss of text). Moreau II, p. 337, no. 1216. Not in BMSTC (French) or Adams. Bookseller: Maggs Bros. Ltd ABA ILAB. € 3,622.

12. SACROBOSCO, Johannes de. Sphaera. Eliae Vineti santonis scholia in eandem Sphaeram, ab ipso auctore restituta. Adiunximus huic libro compendium in sphaeram, per Pierium Valerianum Bellunensem : et Petri Nonii Salaciensis demonstrationem eorum, quae in extremo capite de climatibus Sacroboscius scribit de inaquali climatum latitudine, codem Vineto interprete. Lyon, Hugonem Gazaeum, 1606. - In-12, [dimension: 172 x 100 mm] de 174 pp., 2 planches h.-t. Veau, dos à nerfs orné, plats ornés d'armes dorées sur le premier plat et d'un monogramme doré sur le second plat, filets d'encadrement, tranches marbrées. (Reliure de l'époque.) La "Sphère" de John of Holywood, ou Sacrobosco avec les commentaires de l'humaniste Elie Vinet, connut de nombreuses éditions au cours du XVIe et du XVIIe siècle. On sait le succès de cet ouvrage qui a servi de manuel pour l'enseignement de l'astronomie pendant plusieurs siècles. Le saintongeais Elie Vinet (1509-1587) a été l'un des plus brillants maîtres du Collège de Guyenne. Ce collège était au centre de la vie intellectuelle de Bordeaux et de sa région. Montaigne qui l'a qualifié de "meilleur de France", y entrat comme élève en 1539, l'année même où Vinet commença à y professer. Vinet a été l'éditeur de nombreux ouvrages qui pour la plupart, ont servi à l'enseignement qu'il dispensait. Illustré par 84 bois gravés dans le texte et par trois planches dépliantes dont deux tableaux. Exemplaire aux armes et au chiffre sur les plats et entre les nerfs de Claude V Molé, maître d'hôtel ordinaire du Roi Louis XIV. Selon Olivier, les livres de sa bibliothèque "étaient remarquablement reliés en veau fauve par LE PETIT LORRAIN, relieur de Troyes." Discrètes restaurations aux coiffes. Bon exemplaire. Desgraves, Elie Vinet 129. Olivier 1335. Bookseller: Hugues de Latude. € 3,550.

13. SACROBOSCO (J.)- Mundialis sphere opusculum Joannis de sacro busto nuper vigilantissime eme[n]datus tum figuris acco[m] modatissimis tum marginarijs annotatiunculis recenter adiectis hic habes candide lector. Parisiis, Reginaldu[m] Chaudiere, 1527 petit in-4, 16ff. à longues lignes, fig. sur bois au titre, dans le vol. et au dernier feuillet plein velin blanc moderne, titre en manuscrit sur le dos Nombreuses illustrations. Ecrit à Paris par Jean de Sacrobosco au XIIIe siècle (certainement vers 1230-1231), Le traité de la Sphère fut sans doute le livre d'astronomie le plus populaire de tous les temps. Avant l'invention de l'imprimerie, il fut de nombreuses fois recopié sous forme manuscrite (le plus ancien manuscrit qui nous soit parvenu se trouve à Copenhague et date de 1240 environ). Ce fut le premier livre d'astronomie imprimé en 1472 à Ferrare. Galilée lui même le commentait dans ses leçons à l'université de Padoue. Notes manuscrites de l'époque dans les marges BN Rés V 1022. Bookseller: Librairie Alain Brieux. € 3,000.

14. SACROBOSCO MAURO M. Fiorentino - Annotationi sopra la lettione della Spera (sfera) del Sacro Bosco doue si dichiarano tutti i principii mathematici & naturali, che in quella si possan' desiderare. Con alcune quistioni notabili a detta Spera necessarie, et altri notandi, et rari segreti, che in quella son ascosti…(Segue da p. 97 a fine il testo de la Sphera:) Della nuova et fedele traduttione della Spera di M. Giovanni dal Sacro Busto. (In fine:) Stampato in Firenze, adi 6 di marzo MDL (Lorenzo Torrentino, 1550), in-4, pp. 219, (1bianca), bella leg. settec. p. perg. rigida, tass. in pelle con tit. oro al dorso. Dedica al Duca Cosimo de Medici. Testo in nitido car. tondo, belle iniz. silogr. Grande figura della sfera sul titolo, ripetuta a pag. 208, numerose figure astronomiche e diagrammi in silogr. nel testo, alcune delle quali a piena pag. Oltre le "Annotationi", come avverte il titolo, il volume contiene: "Una nuova & fedele (ad verbum) traduttione di detta Spera (pp. 97-146). Una Spera Theologica Divina, & Christiana. Una Spera Platonica…Una Nuova inventione, & Astronomico instrumento…". Sull'ultima pag. un sonetto in lode di frà Mauro di Pietro Orsilago da Pisa. L'opera, con la nuova traduzione e le varie aggiunte, è molto più ampia della prima edizione della versione di fra Mauro ("Sphera volgare", Venezia, B. Zanetti, 1537), è annoverata tra le opere concernenti il Nuovo Mondo, ma non reca più i due piccoli globi con la scritta "America" presenti in quella edizione. Magnifico esempl. su carta forte a grandi margini, con armi cardinalizie disegnate a mano al verso del primo foglio di sguardia. Manca a Sabin. Moreni pp. 85-7. Harrisse, Bibl. Americana, Add. n. 182. Alden, European Americana I, 550/34. Houzeau-Lancaster, n. 1662, p. 510. Riccardi I, 137-8. Sander .... Bookseller: Pregliasco Libreria Antiquaria di Umberto Preglias. € 2,700.

15. SACROBOSCO, Johannis de (ca. 1195-1256)- Sphaera Joannis de Sacro Bosco, emendata. E. Vineti . scholia in eandem sphaeram, ab ipso auctore restituta. Adjunximus huic libro compendium in Sphaeram per P. Valerianum Bellunensem, et P. Nonii . demonstrationem eorum, quae in extremo capite de climatibus Sacroboscius scribit de inaequali climatum latitudine, eodem Vineto interprete. Parisiis: apud Hieronymum de Marnef, & Gulielmum Cauellat, sub Pelicano Monte D. Hilarij, 1572, - in-8vo, 94 ff. avec nombreuses bois gravés dans le texte, dont 4 avec éléments mobiles (volvelles) (2 complets, 1 détaché, 1 manquant), dérelié (folio M ii relié après M iii), marge de la page de titre réparé, trés frais, bel exemplaire, marge latérale du titre complété /restauré avec 2 timbres sur titre 'Dr med Sig Jos Balth Muggly' et 'Dr phil Sig J Ferd Ruegg' avec armoiries, parchemin de l'époque (dite: 'reliure hollandaise'). Ouvrage scientifique classique avec commentaire de l'humaniste Elie Vinet (1509-1587), rarement ont le trouve, comme c'est le cas pour cet exemplaire, avec la plupart des volvelles (éléments movible en papier) intactes et fonctionnantes. Le 'tractatus de Sphaera' de John of Holywood ou Sacrobosco est un des plus célèbres livres sur l'astronomie de tout les temps. Déja au moyen age trés répandu en forme de manuscrits copiés, il était un des premier livre scientifique a être publié après l'invention de l'imprimerie (première édition à Ferrare en 1472). Utilisé comme manuel pour l'enseignement universitaire pendant des siècles, il existe un grand nombre de différentes éditions et commentaires. Vinet était maître au Collège de Guyenne à Bordeaux et a publié de nombreux ouvrages surtout pour l'enseigement. C'est à partir de 1538 qu'on trouve des éditions avec volvelles. Les folii 90 - 94 sont déreliés et le numéro 94 apparait sur 2 folii, bien que le texte est complet. Exemplaire trés bien conservé qui appartenait entre autres au Dr. Joseph Balthasar Muggl.... Bookseller: Harteveld Rare Books Ltd. € 2,696.

Voici donc les 15 premiers résultats (en éliminant les doublons liés à la plateforme Vialibri). Chacun se fera son idée sur cet ouvrage, sa rareté, son prix, et nous fera partager ici son sentiment s'il en a envie.

Bonne soirée,
Bertrand

samedi 19 décembre 2009

le De Sphera Mundi de Johannes de Sacrobosco.


La nuit est claire.

C’est par ces mots que se termine la Vie de Galilée de Berthold Brecht. L’astronome était parvenu à se persuader que la terre n'est plus le centre de l'univers et qu'elle tourne ... au grand dam des théologiens du temps qui ne juraient que par le système aristotélicien et ptoléméen.

Convaincre les incrédules que le monde n’est pas comme il parait l’être est une tache difficile…

En matière, d’astronomie, les humanistes de la Renaissance connaissent le système de Ptolémée et étudient dans le manuel scolaire le plus fameux du temps, un vrai best seller, le De Sphera Mundi de Johannes de Sacrobosco (Une production hollywoodienne, dirait Raphaël !)



Fig 1. Reliure en peau mégissée (peau traitée sans tanin, très souple et de couleur blanche à l'origine ; elle peut être teintée. Le plus souvent peau de mouton, daim ou même porc, ou autre).


Joannes de Sacrobosco, est né à la fin du XIIe siècle, probablement dans le Yorkshire ; la date de sa mort reste incertaine, 1244 ou 1256. Il fut professeur à la Sorbonne et pour cette raison le De Sphera Mundi fut aussitôt adopté par l'université de Paris, puis, à partir du milieu du XIIIe siècle, par toutes celles du monde occidental. Abondamment copié, il fut tout naturellement le premier livre d'astronomie imprimé, à Ferrare en 1472, puis souvent réédité - près d’une trentaine de fois avant 1501. Notre édition, donnée par Franciscus Renner de Heilbronn, à Venise en 1478, est déjà la 6ème édition incunable !


Fig 2. Page de titre, tachée par la rouille des cabochons de la reliure.


L'ouvrage débute par un simple titre à l’encre rouge, un incipit sans fioriture excessive, avec une faute sur le mot ‘Sphera’ (faute qui se répète tout au long de l’ouvrage, visiblement le mot ‘sphère’ n’était pas dans le vocabulaire de Renner !). Après quoi, un petit exposé, valant table des chapitres, décrit le contenu du traité de la sphère. Le propos est divisé en quatre chapitres. Le premier, après une définition de la sphère, traite de la forme sphérique de la Terre et de sa place inamovible au sein de l’Univers sphérique, conformément à la cosmologie d’Aristote.



Fig 3. Les Sphères.


Le deuxième chapitre traite des divers cercles de référence de la Terre et du Soleil (écliptique, équatorial, zodiacal, méridional, horizontal etc.). Dans le modèle géocentrique, la Terre est ronde. L'Univers est fini dans l'espace et circulaire. La sphère la plus petite est la terre, constituée au centre d'un emboîtement successif de sphères, depuis l'orbe de la lune, puis celle du soleil, et enfin celle des étoiles "fixes". L’univers se divise en deux parties : le monde infra-lunaire et supra-lunaire. Le premier, concernant tout ce qui est situé sous l'orbite de la Lune (la Terre et son atmosphère), est symbole de mouvement, d'incertitude, continuellement altéré et instable (lunatique, quoi !). Le second, quant à lui, est immuable, parfait, stable et éternel. Les astres sont portés par 55 sphères concentriques et se déplacent à différentes vitesses, suivant une trajectoire circulaire, car le cercle (et par la même occasion, la sphère) est, d'après les pythagoriciens, la figure parfaite ! Pourquoi, me direz-vous ? Et bien le géocentrisme aristotélicien repose sur deux conceptions du mouvement : le mouvement circulaire d'une part, et le mouvement rectiligne, d’autre part. Or ce mouvement rectiligne centrifuge ou centripète a un début et une fin. Les corps lourd ou légers tendent, les uns à rejoindre le centre de la terre, les autres la périphérie. Il n'a donc pas la perfection du mouvement des astres. Le modèle de Ptolémée suppose l'idée de clôture, de limite. Puisque le monde a un centre, puis qu'il possède une structure ordonnée, il doit aussi avoir une limite externe, et ne peut s'étendre indéfiniment. L'œuvre de Dieu ne peut être pensée comme une esquisse, ou comme une ébauche. La perfection suppose de lui attribuer aussi l'idée d'une complétude, incompatible avec l'idée d'infinité.



Fig 4. la rétrogradation.


Cependant un problème se posait quant à la trajectoire des planètes. Celles-ci semblaient, par moments, revenir en arrière quelque temps avant de reprendre leur course dans le sens « normal », c'est la rétrogradation. Pour y répondre, tout en respectant le caractère parfait du cercle, Aristote imagina tout un système de sphères dont certaines ne sont là que pour faire tourner d'autres sphères qui, elles, porteront peut-être un astre. Voilà pourquoi il faut 55 sphères pour seulement six planètes. (Des questions ?!)



Fig 5. les éclipses.


L’ouvrage traite aussi des levers et couchers des astres en divers lieux géographiques, évoque la place des signes du Zodiaque dans le ciel et la diversité de la durée des jours et des nuits selon les différentes zones de la terre. Il explique encore les éclipses du soleil et de la lune.



Fig 6. Le planisphère.


La figure 6 montre un planisphère qui, quatre siècles durant, eut une fortune particulière de par sa prodigieuse diffusion dans le milieu estudiantin et, par voie de conséquence, dans le monde instruit. Fondé sur un passage des «Saturnales» de Macrobe qui décrit un monde hémisphérique divisé en sept zones climatiques, d’après la conception des Grecs et notamment de Ptolémée, le schéma figure la zone glaciale inhabitable ; la région tempérée sud inexplorée, potentiellement habitable ; une région torride équatoriale inhabitable ; la région tempérée nord où Europe, Asie et Afrique occupent le monde connu ; et la région glaciale nord, inhabitable.



Fig 7. et 8. Theorica Planetaru(m).


De nombreux et interminables commentaires ont été faits du De Sphera Mundi , entre autres les annotations de Jacobus Martinus et d'Elias Vinet, ainsi qu'un complément, le « Compendium in sphaeram » de Petrus Valerianus (encore lui !).

Ici, Renner de Heilbronn a choisi de faire suivre le traité des sphères, plutôt qu’un commentaire, de l’œuvre complémentaire d’un auteur du XIIème siècle inconnu, la Théorie des Planètes, qui avait déjà été publiée avec le Sacrobosco dans l’édition de 1472. On attribue ce livre à Gérard de Cremone (mais aussi à Gérard de Sabbionetta) qui traduisit de nombreux ouvrages scientifiques de l’antiquité; c’est une synthèse de l’Almageste de Ptolémée.



Fig 9. Beauté de la Sphère.


L'héliocentrisme a été formulé par Nicolas Copernic en 1543, Galilée a effectué une comparaison du différentiel de trajectoire entre les planètes et les astres rendant impossible l'idée d'un centre unique de l'univers, assimilé à la terre, la lunette astronomique a permis de montrer qu'au-delà des astres observables à l'œil nu, il existe des astres plus lointains, malgré tout cela, le De Sphera Mundi a continué à être publié et étudié jusqu’au milieu du XVIIe siècle !!

Les idées fausses ont la vie dure !

Bonne Nuit,
Textor

Collation :

Petit in-4 (20, 5 cm) de (48) ff a-b8, c-d6, e-f10 [relié avec un autre incunable et un manuscrit sur vélin]

Références :

- Hain Copinger 14108
- Outre l’article de Wikipédia, assez détaillé, voir http://ghtc.ifi.unicamp.br/Sacrobosco/Sacrobosco-ed.htm
- Pour Gérard de Cremone, cf Henri Hugonnard-Roche, les œuvres de logique traduite par Gérard de Cremone, dans Gerardo da Cremona, Cremone, 1992.

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