jeudi 30 juin 2011

Salon international du livre ancien, de l'estampe et du dessin, Grand Palais 2011 : Une jolie lettre de remerciement de Victor Hugo (2 juin 1879).


Photographie de Victor Hugo, format carte de visite,
non signée, papier albuminé, vers 1879-1880.


Le 29 avril dernier, il y a tout juste deux mois, j'étais sur les marches du Grand Palais, à Paris, à attendre fébrilement l'ouverture au public de la 23e édition (5e édition au Grand Palais) du Salon international du livre ancien, de l'estampe et du dessin. Des espoirs d'achats et de rencontres plein la tête, des milliers de livres à voir, des estampes, des dessins, et des autographes aussi...

Comme je l'ai déjà écrit ICI en guise de compte-rendu, cette année fut pour moi une belle année dans le sens où j'y ai vu de très beaux livres mais également parce que j'ai pu en acquérir quelques uns. La fête était donc déjà réussie dès le vendredi soir à la sortie, où, entre amis du livre, nous nous montrions nos "prises de guerre".

Mais le samedi devait me réserver encore son lot de belles surprises... car je ne vous avais pas tout dit...

J'avais atteint mon plafond de dépenses non autorisées par mon ministre des finances at home (et aussi chez ceux qui ne sont pas populaires sans raison si vous voyez de qui je veux parler...), bref, je regardais, vaguement, sans plus m'intéresser à grand chose ... c'était vital !! Et pourtant... si l'on ne devait choisir que ce qui est vital... donc ...

Mon regard se posant sur une étagère haute d'un libraire de province qui proposait uniquement des livres anciens et modernes, de belle qualité, s'arrêta sur tout autre chose... un cadre, simple baguette noire moderne, moche pour tout dire, et un mauvais reflet qui m'empêchait de voir ce qu'il avait d'encadré à l'intérieur. Je m'approchai donc pour pouvoir enfin voir qu'il s'agissait d'une lettre manuscrite avec au bas cette signature : Victor Hugo !

Évidemment là j'ai tout de suite pensé à mon banquier !! mon sang n'a fait qu'un tour ... mon porte-monnaie aussi !! D'un coup d’œil rapide je parcouru cette lettre et la pris en mains tout en tremblotant.

Après ce qu'il arriva c'est mon inconscient qui parla, je demandai au libraire en question à quel prix elle était affichée (le prix n'étant pas indiqué), et quelques minutes de négociation douce plus tard... la lettre et son cadre étaient emballées dans un sac cacheté estampillé SLAM.

Ensuite vient tout le processus de découverte de la lettre, du texte, de son histoire (qui reste à faire), de sa lecture et de sa relecture, sans s'en lasser.

A ce jour elle n'est pas encore encadrée de digne façon mais cela ne saurait tarder. Vient maintenant le temps des questions et des réponses. Les voici, quant aux premières :

Cette lettre est une lettre de remerciement que Victor Hugo écrit à un poëte qui lui a visiblement envoyé un exemplaire d'un recueil de poésies dans lequel un poème est dédié au Maître. Victor Hugo d'une manière qui ne tient qu'à lui, non seulement polie mais avec cet art de la rhétorique si particulier, exprime que l'auteur de ces vers a du talent : "Vous êtes le diable [double?] travailleur de la matière et de la pensée". Ce poète qui reste à ce jour inconnu le fut peut-être vraiment ? ou pas ... Qui était-il ? Quel est ce "noble poème" dédié à Victor Hugo dont l'édition date vraisemblablement soit de 1878 soit de 1879 ?

"Mon digne et cher concitoyen" indique certainement quelqu'un qu'il ne connaissait guère alors ? Qui n'aimerait pas recevoir ce bel encouragement de la part d'un écrivain tel que Victor Hugo, alors au fait de sa gloire ?

Que faisait Victor Hugo ce 2 juin 1879 ? à Paris. Il répondait à ses correspondants... et d'autres choses encore que je cherche à découvrir.

Voilà, je vous laisse maintenant en présence d'une copie numérique de cette lettre. Toutes vos suggestions seront les bienvenues concernant ce mystérieux correspondant du Maître.


Retranscription de la lettre :

"Paris 2 juin 1879
Mon digne et cher concitoyen, J’ai lu vos vers,
je vous remercie de me dédier ce noble poëme :

Il y a quelque inexpérience dans le détail ;
mais l’inspiration est haute et généreuse.
Ce que vous faites par le bras, vous le faites aussi par l’esprit.

Vous êtes le diable [double?] travailleur de la matière et de la pensée.
Je vous serre la main.

Victor Hugo"


Ce qui m'étonne le plus dans cette histoire c'est que cette lettre soit restée en place au Grand Palais depuis le jeudi soir jusqu'au samedi tard dans l'après-midi ... soit elle n'avait pas été "sortie" ... soit elle m'attendait ... j'aimerais croire par romantisme à la deuxième solution.

Et je ne peux m'empêcher de conclure ce billet en reprenant une des phrases de la lettre :

"Vous êtes le diable [double?] travailleur de la matière et de la pensée." (Victor Hugo, Paris, 2 juin 1879).

Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

Note : la lettre est écrite sur un papier vergé épais un peu jaune/bruni, d'origine anglaise, filigrané "original stair's mil(l) paper" ... elle n'a pas été postée (ni cachet ni timbre), il s'agit donc d'un billet qui aurait été remis en mains propres ou chose probable, glissé en guise de dédicace dans un volume. Traces de plis. Réparation au dos de la lettre. Petits manques de papier et déchirures dans les marges. Rousseurs.

lundi 27 juin 2011

Où il est question de quelques impressions gothiques rouennaises.


Je crois que c’est à force de voir les livres qui m’intéressent affichés au Grand Palais à 25.000 euros que j’ai décidé de réorienter mes collections vers les boites de Camembert vides. Qui dit Camembert, dit voyage en Normandie, loin des paillettes et du stress du Salon parisien. Je reviens de mon périple en terre normande avec quelques modestes ouvrages qui n’attirent pas les flashs des journalistes : des impressions gothiques dont le fil rouge serait d’avoir toutes été imprimées à Rouen au tournant du XVème siècle, l’occasion d’évoquer l’imprimerie dans cette ville.


Fig 1 Marques typographique de Raulin Gaultier, libraire à Rouen.


Fig 2 Les livres normands sont discrets et fuient les salons. Ils aiment se réfugier tout en haut de la bibliothèque. Ici le Saint Bonaventure de 1502.


La ville de Rouen fut une des premières de France à entendre parler de l’invention nouvelle et à vouloir y installer une presse. On pense que la noble famille des Lallemant, d’origine germanique comme son nom l’indique, en chargea Martin Morin vers 1484, mais le dernier recensement d’Aquilon (1) donne plutôt cette paternité à Guillaume le Talleur en 1585. La ville, ancienne capitale des ducs de Normandie, est alors riche et prospère par son port et son commerce du drap, c’est en même temps un foyer de développement intellectuel, centre du pouvoir judiciaire, siège du Parlement (avant son transfert à Caen en 1494). Des ateliers d’imprimeurs s’installent près du portail nord de la cathédrale, qui prend le nom de Portail des Libraires.

Pourtant le marché du livre peine à progresser, on ne relève que 151 éditions imprimées à Rouen entre 1485 et 1500, en 15 ans. Bien peu comparé à Paris qui en aurait fait paraitre 2850 entre 1470 et 1500 ou Lyon 1150 entre 1473 et 1500, mais c’est tout de même la troisième ville de France en matière d’édition, loin devant Caen et Toulouse.

Aquilon avance comme cause possible de cette relative timidité des librairies-imprimeurs rouennais la structure de leur corporation, A la différence de Lyon où l’absence de métiers jurés permet à des grands libraires-négociants, véritables « investisseurs », de lever des fonds et de se lancer dans le commerce du livre sur une grande échelle, les imprimeurs n’étant que leur sous-traitants, les libraires rouennais évoluent dans une organisation plus sclérosées, aux débouchés plus modestes : la clientèle locale des clercs et des savants. Ceci explique peut-être les nombreuses associations ou regroupement d’imprimeurs qu’on voit, plus souvent qu’ailleurs, me semble-t-il, dans les colophons.

Fig 3 Une impression rouennaise de 1503 : le Postilla de Guillaume d’Auvergne par Laurent Hostingue et Jamet Louis pour Jacques le Forestier. On le vend à coté de l’église de Saint Herblain (ou Erblon).


La production rouennaise des premiers temps se cantonne dans le domaine laissé vacant par d’autres. Délaissant les livres scolaires, les in-folio à gravures, les livres humanistiques ou scientifiques, elle se concentre sur les livres de première nécessité, au succès confirmé : droit coutumier normand ou anglo-normand, manuel des curés, liturgie des évêchés régionaux. Les formats choisis sont modestes, la mise en page à l’économie et les papiers à l’avenant. Des livres chiches destinés à des normands, en somme !

Fig 4 Les reliures des livres normands sont modestes, simplement estampées d’une formule politiquement correcte (Notre Père qui êtes aux cieux, …)


Une formule de circonstance a été estampée sur ce Manipulus Curator (Manuel des Curés) vers 1509. Cette impression rouennaise du grand classique de Guy de Montrocher, que tout curé se devait d’avoir dans sa soutane, est pourtant devenue rare. Aquilon ne cite que le présent exemplaire, communiqué à Delisle par Édouard Pelay (Delisle, 303), et celui de la Bodleian, incomplet du titre. Il porte l’ex-libris du célèbre bibliophile normand.

Fig 5 Colophon du Manupulus Curator qui mentionne que le libraire Raulin Gautier était dans la Grand’rue Saint Martin, près du Fardelum ( ?)


Fig 6 Ex libris d’Edouard Pelay


Le texte, aux lignes serrées, est agrémenté de quelques lettrines ornées. Le titre est presque entièrement occupé par la belle marque typographique de Raulin Gaultier. (cf fig 1) L'imprimeur de l'ouvrage, Laurent Hostingue, fit ses premières armes à Rouen avant d’aller exercer à Caen jusqu’en 1526 ; il est considéré par Delisle comme le "véritable fondateur de l'imprimerie caennaise".

Une autre illustration de cette production locale est le Saint Bonaventure, intitulé Breviloquium Theologie. C’est un bon exemple de ce « style normand » : l’ouvrage regroupe tous les écrits de Giovanni da Fidanza (Bagnorea, 1221 - Lyon 1274), plus connu sous le nom de Bonaventure lorsqu'il entra chez les Franciscains. Saint Bonaventure ou le Docteur séraphique fut, avec son contemporain Thomas d'Aquin, l'un des piliers de la théologie chrétienne au Moyen-âge.

Aquilon a répertorié seulement quatre exemplaires de cette édition imprimée à Rouen par Jean Mauditier, Pierre Olivier et Guillaume Golumier (Gaullemier), auxquels il faut ajouter celui de la Bibliothèque de Rouen, incomplet du titre et des derniers feuillets. Les 3 imprimeurs ont travaillées pour Jean Alexandre de Caen, comme l’indique le colophon. On retrouve à la fin de chaque partie la belle marque de Jean Alexandre, avec la devise qui est celle de la ville : "une loy, ung dieu, ung roy, une foy". Une association de trois imprimeurs qui devait être plus financière que matérielle car un seul type est utilisé (le G26 ?) pour tout l’ouvrage.

Fig 7 Colophon du Saint Bonaventure, 25 Juillet 1502.


Fig 8 Début de la seconde Partie du Saint Bonaventure.


Pourtant, curieusement, la page de titre n’est pas à l’adresse de Jean Alexandre, mais à celle du Lion d’argent, rue St Jacques à Paris, (C'est-à-dire Jehan Petit, la Fnac de l’époque !), signe qu’un best seller comme celui-ci ne trouvait pas à s’écouler suffisamment, ni sur le marché de Caen, ni sur celui de Rouen. La page de titre, sans doute bricolée à la hâte, n’a guère d’allure et jure un peu par rapport au reste de l’ouvrage dont la mise en page est nettement plus soignée.

Fig 9 Page de titre du Saint Bonaventure, à l’adresse de Jean Petit. Vous noterez que le titre annonce l’intervention de Jean Gerson.


Fig 10 Mise en page de la première partie du saint Bonaventure.


L’imprimeur Jean Mauditier était réputé à Rouen, c’est lui qui s’était associé avec Laurent Hostingue au début de sa carrière. (l’imprimeur du Postilla et du Manipulus, présentés plus haut).

Ne trouvez-vous pas que les caractères gothiques de ces imprimeurs ont un style bien particulier ? Je dirais même, un air de famille qui permet d’identifier assez facilement une édition rouennaise d’un quelconque gothicus vulgus. Le Bibliophile Rhemus va me rétorquer : C’est normal, c’est normand !!

Fig 11 La marque de Jean Alexandre.

Bonne Journée
Textor

1) Aquilon, Bibliographie normande, I, p. 136 (avec titre à l'adresse de Jean Alexandre, à Angers).

mercredi 22 juin 2011

Les fables d'Esope et les vignettes qui illustrent ses éditions depuis le XVIIe siècle jusqu'au début du XIXe siècle.


Frontispice et page de titre de l'édition de Paris, an VI (1798) avec 253 vignettes.


Je vais vous présenter aujourd'hui un livre qu'un ami bibliophile-libraire(*) a eu l'extrême gentillesse de me laisser entre les mains pour satisfaire ma curiosité et par la même occasion, je l'espère, la vôtre.

En effet, ce livre contient une illustration riche et très intéressante. Nous allons essayer d'y voir un peu plus clair en en faisant le descriptif précis accompagné de quelques photographies.


Portrait d’Ésope en frontispice de l'édition de Lons-le-Saunier, 1809.


Il s'agit donc d'une des nombreuses éditions d'un grand classique : Les fables d’Ésope, mises en français, avec le sens moral en quatre vers, et des figures à chaque fable. Nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée de la vie d’Ésope, avec figures, et les quatrains de Benserade. Dédiée à la jeunesse. Cette édition a été donnée à Paris, chez Dugour, libraire, rue et maison Serpente, en l'an VI (soit 1798). C'est un volume de format in-12 (environ 17 x 10 cm) de 454 pages, y compris le frontispice gravé sur bois (portrait en pied d'Esope au milieu des animaux) et 5 feuillets non chiffrés de table des Fables. Concernant l'illustration du volume, on trouve donc tout d'abord au verso du premier feuillet avant le titre un frontispice gravé sur bois à pleine page représentant Esope mal conformé (bossu) au milieu des animaux, titré PORTRAIT D’ÉSOPE et avec un quatrain en dessous (voir photo), la page de titre imprimée en noir avec une petite vignette gravée sur bois représentant un pêcheur et sa femme (ou sa maîtresse... on ne sait pas...), la vie d’Ésope est elle illustrée d'un bandeau gravé sur bois pour le premier chapitre et de 27 vignettes à mi-page également gravées sur bois (non signées), les 225 fables sont chacune illustrées par une vignette de même format également gravées sur bois. Riche illustration donc de 253 gravures sur bois. En outre on trouve à la fin de presque chaque fable une petite vignette animalière pour l'essentiel.

Vignette naïve pour l'édition de Lons, 1809.


Vignette pour l'édition de Paris, an VI (1798).


J'ai pu localiser d'autres éditions à des dates proches (années 1787, 1789, 1809, etc), toutes illustrées par une série de vignettes du même ordre, bien qu'il semble que toutes les éditions rencontrées ne soient pas illustrées aussi richement pour chacune des fables.

Vignette pour l'édition de Lons, 1809.


Vignette pour l'édition de Paris, an VI (1798).


Personnellement je trouve cette illustration très intéressante et je m'interroge sur son origine. En effet, chaque fable, comme cela est annoncé, est accompagnée d'un quatrain de Benserade. Or il se trouve qu'Isaac de Benserade donna des quatrains pour accompagner les Fables d’Ésope en prose pour la première fois en 1678. Cette édition était illustrée de 219 vignettes gravées de Vincent et Pierre Le Sueur seraient-elles à l'origine de la suite gravée de notre édition de 1798 et des autres de 1787, 1789, 1809, etc ? Par ailleurs j'ai retrouvé mention d'une édition de 1718 également illustrée de la suite des 219 vignettes citées ci-avant.

Page de titre de l'édition de Lons, 1809.


Fiche de libraire pour l'édition de Rouen, an VI (1798).


A noter que le nombre de vignettes utilisées semble assez variable d'une édition à l'autre, ainsi, j'ai pu rencontrer une éditon de Rouen (chez les libraires), an VI (1798) également, mais illustrée de seulement 157 figures pour les 225 fables.



Page de titre de l'édition de Rouen, 1789, avec des vignettes.


Vous trouverez ci-dessus quelques pages reproduites d'après les éditions de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Vous pouvez notamment voir une édition de Lons-le-Saulnier, imprimée en 1809 avec des vignettes gravées sur bois mais très simplifiées et naïves, différentes de celles de notre exemplaire de 1798. Il semblerait donc qu'il existe plusieurs suites de gravures sur bois pour les Fables d’Ésope qui ont été utilisées entre la fin du XVIIe siècle et la première moitié du XIXe, montrant ainsi l'extrême popularité de ce texte.

Je fais appel à la richesse de vos bibliothèques et à votre perspicacité pour dénicher l'une ou l'autre de ses éditions populaires, voire de colportage pour certaines, aujourd'hui, finalement assez difficiles à trouver.

A vos tablettes,

Bonne journée, Bertrand Bibliomane moderne
(*) Librairie ancienne L'escalier des Sages, Eric Zink. 273 rue Saint denis, 92700 COLOMBES. Site internet : http://www.escalierdessages.com/

mardi 21 juin 2011

Un candidat pour l’académie des oubliés : FAMIN, Stanislas-Marie-César (1799-1853)


Un candidat pour l’académie des oubliés : FAMIN, Stanislas-Marie-César (1799-1853), [dit « le colonel Famin » dans la traduction anglaise], diplomate français, Chancelier des consulats de France à Palerme, à Gènes, puis à Naples, Consul de France à Lisbonne etc. était ce qu’il est convenu d’appeler un polygraphe.

Il a laissé un « best seller » traduit et souvent réédité* : Peintures, bronzes et statues érotiques, formant la collection du cabinet secret du Musée royal de Naples. Paris, imprimerie d’Everat, 1832. Classique « curiosa » qui contient des textes prudes et austères et des copies d’œuvres tout ce qu’il y a d’olé-olé. (Personnellement j’aime bien ces funambules amateurs de vin nouveau)



Il a également publié des nouvelles comme :

Légendes Rouges. Livre de Chroniques françaises et étrangères. Paris, Abel Ledoux, 1833. 2 volumes in-8, brochés, couvertures jaunes imprimées. Faux-titre et titre imprimés en noir et rouge. 1ère Série contenant 8 nouvelles : Faux-titre, titre, 1 f. non ch. et 392 pp. 2e et dernière Série : Faux-titre, titre, 345 pp. et 1 f. non ch. (errata).

Et des ouvrages érudits comme :

La Sicile considérée sous le rapport de l’agriculture. Paris, Denaix, 1831.

Révolution de Sicile en 1820, par C. Famin, ex-Chancelier du consulat général de France dans le royaume des Deux-Siciles. Dédié à M. Le comte Anatole de Montesquiou. Paris, Abel Ledoux, 1832

Historia de Chile por Mr César Famin, Ajente consular, indivduo de varias sociedades cientificas etc. Traducida al castellano por los editores del Guardia nacional. Barcelona, Imprenta del Guardia nacional, 1839

Histoire des invasions des Sarrazins en Italie du VIIe au XIe siècle. Paris, Firmin Didot Frères, 1843

Histoire de la rivalité et du protectorat des églises chrétiennes en Orient. Paris, Firmin Didot Frères, 1853

Et il a participé à la rédaction d’ouvrages de la célèbre collection « l’Univers pittoresque » chez Firmin Didot : Russie par M. Chopin, Tome 2e contenant la fin de la Russie d’Europe, y compris la Crimée par M. César Famin, … Paris, Firmin Didot Frères, 1838

Chili, Uruguay, Buenos-Ayres, par M. César Famin, Consul de France à Lisbonne etc. Paris, Firmin Didot Frères, 1840

Brésil par M. Fernand Denis, Colombie et Guyannes par M. C. Famin… Paris, Firmin Didot Frères, XXX


La collection de l’Univers pittoresque chez Firmin Didot comporte 70 volumes bourrés de gravures sur acier dont certaines sont remarquables. On les trouve brochés, en cartonnage d’éditeur ou reliés avec des décors romantiques aux dos. Il est en revanche difficile d’en trouver sans rousseurs ou piqûres, mais ils ne sont pas rares et pourtant souvent surévalués. Un ensemble des 70 ouvrages est actuellement en vente sur eBay.

Bonne journée,
Dominique P.

Merci Dominique,
Bonne première journée d'été,
Bertrand Bibliomane moderne

* [Paris, Abel Ledoux, 1836 ; Bruxelles et Paris, [1876] ; Au Cercle du livre précieux, 1959 ; Paris, Joëlle Losfeld, 1995]

dimanche 19 juin 2011

Une reliure estampée à froid du XVIe siècle sur laquelle tout reste à découvrir ou preque ...

Plat inférieur

Voici un billet tout en images pour vous remuer les méninges. De mon côté je me trouve dans une situation qui ne me laisse guère de temps à consacrer à la rédaction de longs billets pour le Bibliomane moderne (cela reviendra d'ici quelques jours je l'espère en tous cas).

fer angulaire type "Alde"


Roulette


fleur de lis et hermine

Détail de la roulette

Dauphin couronné et fleur de lis



Une jolie reliure en veau brun estampée à froid. Il s'agit d'une reliure décorée de roulettes et de fers poussés à froid. Les fers utilisés dans les roulettes d'encadrement (voir photos), fleurs de lis, dauphins couronnés et hermines, ne laissent pas indifférent au premier coup d'oeil. Une particularité s'y ajoute enfin, et non des moindres, sur chacun des plats, on trouve, en haut et en bas des plats, un fer spécial poussé à froid en forme de hérisson jouant de la cornemuse (en tous les cas c'est ainsi que je l'interprète). Personnellement je n'ai jamais rencontré ce fer spécial avant. Je n'ai pas encore réussi à trouver une référence intéressante et fiable.

fer spécial et bien curieux
"hérisson jouant de la cornemuse"



Au centre des plats, jeu de fers "type Alde" justaposés


Une documentation de premier choix aurait pourtant pu me mettre sur la piste de telle ou telle provenance, atelier, etc ; je veux dire le Catalogue des reliures françaises estampées à froid (XVe et XVIe siècle) de la Bibliothèque Mazarine, tome I et II, Editions du CNRS, 1984. Ces deux volumes renferment des centaines de frottis de reliures estampées à froid conservées à la Mazarine et dans quelques autres bibliothèques. On doit ce monument à Denise Gid. Cette documentation, indispensable si l'on s'intéresse de près à ce type de reliures (n'est-ce pas Textor), est devenu assez difficile à trouver (on en trouve cependant quelques exemplaires sur Vialibri). Il se trouve que notre reliure ne se retrouve dans aucune des reproductions de roulettes ni de fers fait par Denise Gid.

Plat supérieur


Mystère donc ? La dater, savoir de quelle ville (atelier) elle peut bien sortir ? Si les fers spéciaux utilisés (hérisson) indiquent une provenance particulière ? Autant de questions qui restent, parmi d'autres, encore en attente de réponses.

Bonnes recherches à toutes et à tous,

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

PS : j'oubliais de préciser que cette reliure recouvre une édition des annotations et commentaires sur quelques livres de la Bible par Denys le Chartreux, édition de Cologne, imprimée par Jean Quentel en 1548. La reliure est sur ais de bois, le dos a été refait anciennement à l'imitation.

jeudi 16 juin 2011

Connaissance de la reliure par l'image : encore une reliure de Simier relieur du roi (1827).


Plat supérieur


René partage avec nous un spécimen de reliure signée de Simier relieur du roi, pour faire suite au billet du début de cette semaine que vous pouvez lire ou relire ICI.

"Bonsoir Bertrand. Pour faire suite à ton article sur une reliure de Simier, tu trouveras ci-joint des photos d'une exécution fort semblable et probablement très contemporaine de la tienne. L'ouvrage est également dans un état parfait qui témoigne du peu d'intérêt que les Poésies de Madame Tastu devaient susciter. Son époux imprimeur fit d'ailleurs faillite peu après la publication de ce recueil ... On ne trouve pas la petite étiquette ovale du relieur, comme dans le tien, mais seulement la griffe imprimée au verso d'une garde blanche. On trouve par contre une autre éiquette ovale, probablement celle du libraire."

Amicalement

René de BLC


Voici en images.

Plat inférieur



Dos de la reliure



Photo-montage. A gauche : signature "Simier R(elieur) du Roi" doré en pied du dos et signature typographique en noir au verso de la garde blanche. A droite : Etiquette de la Galerie de Bossange Père, rue de Richelieu, n°60 (librairie qui vendait l'ouvrage une fois relié).


Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

mardi 14 juin 2011

Identification d'un ex libris du début XXe siècle : initiales L. D.


Je cherche à identifier le propriétaire ce cet ex libris. Il mesure 78 x 55 mm (encadrement). C'est visiblement la technique de la gravure sur bois qui a été utilisée. On lit au bas à droite dans le cadre "O. Slom." et sous le cadre "Maylander". Le texte est "Ex libris L. D." Le dessin montre un ours brun monté sur un escabeau dans une bibliothèque et tenant un livre entre ses pattes avant. Il est imprimé sur papier Japon.


Merci d'avance pour votre aide,

Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

RÉPONSE : Lucien Descaves (1861-1949), écrivain et journaliste libertaire.

lundi 13 juin 2011

Connaissance de la reliure par l'image : une reliure de Simier relieur du Roi (1826).



Mémoire en faveur de la liberté des cultes par Alexandre Vinet.
Paris, Henry Servier, libraire, 1826.
De l'imprimerie de Crapelet.
Exemplaire imprimé sur papier vélin.


Une photographie vaut bien souvent mieux qu'un long discours. Voici une reliure signée de Simier relieur du Roi (*). Elle recouvre un ouvrage imprimé en 1826. C'est un volume in-8 (env. 22 x 13 cm). Elle est en plein maroquin à grain long bleu nuit, plats richement décorés à la plaque à froid, encadrement d'un double-filet doré et grand filet doré en ovale au centre des plats (réalisé à la roulette... certainement très difficile à exécuter !). Dos orné de palettes à froids dans les caissons délimités par des faux-nerfs plats rehaussés de filets dorés, coupes guillochées aux extrémités seulement comme cela se pratiquait souvent à cette époque. Tranches dorées. La doublure intérieure est composée d'un recouvrement de maroquin d'environ 10 mm de largeur avec une roulette à froid et des filets dorés, les doublures et les gardes sont en papier peint gris mat. La reliure a visiblement été faite très peu de temps après l'impression du volume (1826 ou 1827). L'exemplaire qui vous est montré est conservé à l'état de neuf absolu.


Outre la signature "SIMIER R(ELIEUR) DU ROI" poussée à l'or en pied du dos, on trouve au verso de la première garde l'étiquette en papier "Simier, Relieur du Roi, Rue St Honoré, N°152, à Paris" (ovale d'environ 21 x 13 mm).

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne


(*) Les Simier, "relieurs du roi" - Le nom de Simier sonnait à l’oreille des bibliophiles du XIX e siècle un peu comme celui de Bertillon à celle des gourmets d’aujourd’hui ! René Simier (1772-1843) fut en effet, avec Thouvenin et Purgold, le grand nom de la reliure de la Restauration. Son fils Alphonse (1796-1859), prenant en 1823 la tête de l’atelier du 152, rue Saint-Honoré, perpétua le renom de la maison jusqu’en 1848. Né à Téloché (Sarthe) le 20 mai 1772, fils d’un meunier, René Simier débuta comme ouvrier dans l’imprimerie mancelle de Maudet. « Monté » à Paris, il se mit à son compte, sans doute vers 1800. Son atelier acquit rapidement de la notoriété puisque Simier reçut le titre de relieur de l’Impératrice Marie-Louise puis, à la Restauration, celui de « relieur du roi ». La maison Simier qui comptait, en 1827, 25 ouvriers ou ouvrières travailla, à côté de la production courante, pour des bibliophiles exigeants comme la duchesse de Berry ou le négociant languedocien Louis Médard. En qualité de relieurs du roi, les Simier honorèrent des commandes officielles comme la reliure des ouvrages placés dans la statue de Henri IV rétablie sur le Pont-Neuf en 1818, ou bien celle des livres échangés en 1834 entre les Chambres françaises et le Parlement anglais. La production des Simier qui fut récompensée de nombreuses fois lors des expositions industrielles, étaient d’une rare perfection technique. À l’aise dans tous les types de décor, les Simier jouèrent un rôle moteur dans les évolutions stylistiques et techniques du temps. René Simier, couvert de gloire à Paris, n’oublia pas sa Sarthe natale. En 1821, il acheta la propriété des Caves à Yvré-l’Évêque sur laquelle il fit construire une maison de maître. Lorsqu’il quitta définitivement les affaires, c’est là qu’il se retira. Il y mourut le 19 août 1843. On notera que deux autres relieurs portèrent le nom de Simier : Louis Germain, : ce relieur qui avait fait faillite au Mans en 1827, fit une carrière honorable à Paris. Ayant épousé une parente de Simier, il chercha à capter à son profit l’image de marque de la prestigieuse maison en signant ses reliures « Germain-Simier » Jean Simier, natif d’Yvré l’évêque, était le neveu de René Simier. Il s’installa à Paris en 1844. La bibliothèque du Mans, souhaitant honorer la mémoire de cette famille de grands artisans sarthois, acquit en 2003 une somptueuse reliure de René Simier sur un album aux armes de la duchesse de Berry. En 2005, elle a acheté deux nouvelles pièces, portant à 6 le nombre des reliures de René, Alphonse ou Jean Simier conservées dans ses collections : une demi-reliure en maroquin rouge sur une édition du comte de Tressan, un Académicien né au Mans, une reliure avec un beau décor à la plaque de Jean Simier sur un rapport de l’Exposition régionale du Mans de 1857, exposition au cours de laquelle Jean Simier reçut une distinction. La bibliothèque conserve également des papiers relatifs à cette famille, notamment une quarantaine de lettres autographes signées de René Simier. (Source Médiathèque de la ville du Mans - En ligne : http://www.mediatheque.ville-lemans.fr/pages_statiques/pages/04_a_decouvrir/simier.htm , consulté le 13 juin 2011)

dimanche 12 juin 2011

Ou comment modérer les ardeurs d'un confrère en bibliophilie qui fait un peu trop le coq ! Un cartonnage romantique sur les Oeuvres de Béranger (1857)



Bon alors je préviens, il faudra lire ce billet avec toute la distanciation nécessaire et utile à tout bibliophile, chevronné expert comme débutant un peu niais. Hommes et femmes dépourvus d'une once d'humour à vif, tournez cette page !

Il faut que je vous le dise, il n'y a sans doute pas pire ego surdimensionné que celui du bibliophile en rut, entendez du bibliophile en chasse, je veux dire du bibliophile qui a faim ! Et quand vous lisez, au détour d'un blog ami [Cartonnages romantiques : Typologie des Fers ornant les Cartonnages Romantiques percaline ou chagrin, période 1840-1865. Numérotation bibliographique. http://cartonnagesromantiques.blogspot.com/ - pour ne pas le citer ! ...], que votre ennemi en bibliopolis, je veux dire celui-là même qui est sensé vous chiper tout ce qui vous plairait potentiellement, pile sous votre nez, vient de vaincre, alors là ! Votre sang de prédateur es bibliophilie ne fait qu'un tour, bouillonne et vous renvoie à vos instincts les plus primaires. Or, je dis bien or donc, comme je n'ai ni soubrette sous la main sur l'instant, ni même quelque substances illicites pouvant calmer instantanément le stress imposé par l'exercice, je ne vois que la solution du Talion : Œil pour œil, dent pour dent !


Mais suivez-moi donc d'un peu plus près. Notre ami Bernard M. se vante sur son blog, sans aucune retenue, de ses "affaires du jour", en étalant, sans ménagement pour les bibliocardiaques, quelques belles affaires (on devrait dire rapines...), réalisées ce matin sur un champ de foire. Acheter du livre au kilo ! Ah la belle affaire ! Peut-on ? Doit-on en être fier ? En faire état comme d'une victoire napoléonienne sur les armées d'Italie ? ... Mesdames, Messieurs, je vous laisse juge. La postérité vous regarde. Soyez intransigeant ! Ne laissez pas l'égotisme s'installer en Bibliopolis ! Car sinon, qui sait où nous irons bientôt !

Bref, je vais de ce pas rétablir la balance de la justice à son juste équilibre, et montrer qu'aux faquins chasseurs bibliophiles, il faut opposer le fin limier de Bourgogne, je veux dire, votre serviteur.


15 euros et 50 centimes, voilà ce que m'a coûté (hors frais de port), le petit volume que je vous présente ci-dessous. Ah je dois bien avouer que la barre fatidique des 10 euros à été méchamment franchie mais tout de même ... Si ce n'est pas une honte de négliger de la sorte un si grand auteur ! Le premier de son temps même ! Devant Hugo et Lamartine en popularité ! Oui Mesdames et Messieurs, je vous le dis, Pierre-Jean Béranger était une star ! Un bankable de la littérature ! un champion de la chansonnette ! Et pas seulement ! Un républicain engagé ! Un mercenaire des Lettres, bref, un héros ! Mon héros (avec Octave Uzanne bien sur).


Voici donc l'objet du délit : Œuvres complètes de P.-J. Béranger contenant les dix chansons nouvelles. Édition Elzévirienne. Paris, Perrotin, Libraire, éditeur de la méthode Wilhem, rue Fontaine-Molière, 41. 1857. Le volume sort des presses de Simon Raçon et Compagnie, rue d'Erfurth, 1. Volume presque de la catégorie des minuscules, en tous les cas petit volume mesurant 113 x 70 mm (reliure). Volume relié pleine toile anglaise noire, ou disons pleine percaline noire, avec un joli fer doré spécial sur le premier plat (fer signé LIEBHERRE), un dos orné en long de deux jolis fers rocaille, le nom de l'auteur doré au centre, le deuxième plat étant lui orné d'un joli fer à froid (feuillages entrelacés), les deux plats étant encadrés d'un jeu d'encadrement droits à froid (plaque). Les tranches du volume sont dorées, et les gardes et les doublures sont de papier glacé jaune poussin. L'impression du volume est en très petits caractères dits "elzéviriens", d'une qualité irréprochable et d'une netteté à faire pâlir un myope. Le papier utilisé est un joli papier vélin blanc satiné, ici absolument immaculé (sans rousseurs). Cette petite édition n'a rien de vraiment rare si ce n'est qu'ici l'exemplaire est à l'état de neuf absolu, je veux dire que très probablement il a été conservé pendant plus de 150 ans dans une boîte avec du coton ! Je veux dire que le volume est non seulement sans aucune usure apparente, même minime, mais aussi qu'il ne comporte aucune trace de poussières incrustées ou autres petites taches bien légitimes avec le poids des ans. Rien ! Un volume vierge ! Une vierge à conquérir pour 15.50 euros ! C'est fait ! Il n'y a pas Dame honnête sur la place de Paris qui vous donne ses charmes pour ce prix là !

Évidemment tout le monde criera au scandale, à l'assassin, à l'estropieur de veuves et autres joyeusetés qu'on aime à se lancer entre bibliophiles consentants ! Eh bien non ! Le livre était aux enchères publiques à la vue de tous ceux qui voulaient bien s'y intéresser. Il faut donc bien se faire une raison et conclure que, soit Béranger est un de ces puits sans fondements qui vous usent les poches de vos derniers centimes, soit que ce petit livre méritât bien la peine que je me suis donné de l'acquérir à vil prix sans que personne ne bronchasse (bronchâsse ?? tiens, je m’interroge sur ces conjugaisons fort inopportunes...).

Voilà qui d'Ego à Ego rétablit la balance Monsieur Bernard M, vanteur de victoires ! Egotiste primaire aux instincts grégaires (comme tous les bibliophiles d'ailleurs non ?).

Mais ce n'est pas tout, si vous souhaitez que j'enfoncât (??) encore un peu plus le clou de l'humiliation bibliopolesque, je vous dirais Monsieur M. que bientôt va arriver par transporteur spécial un album de lithographies coloriées de votre période, album qu'un gredin (un marot que dis-je, un rastaquère de vile espèce), a osé essayé de me voler sous le nez sans y parvenir ! Mais rassurez-vous, nous en reparlerons bientôt en images.

Sur ce, en espérant vous avoir fait monter le ris au nez, belle soirée à tous les amateurs et à toutes les amatrices de Béranger, que je salue bien bas (forcément).

Et toutes mes amitiés et mon respect le plus sincère à Maître et Vénérable Bernard M.
Bertrand Bibliomane moderne

samedi 11 juin 2011

Deux livres de la bibliothèque d'Octave Uzanne : Sophie Arnould des frères de Goncourt (1885) et les Sensations d'Italie de Paul Bourget (1891).


Je vous présente ce soir deux acquisitions récentes, toujours en Uzannie ! Je sais, je sais... mais bon, hein, ce n'est pas à quarante ans (ça y est, ça c'est fait) que je vais changer mon programme d'acquisition privé. Encore que...


Donc, premier ouvrage. Il s'agit d'un ouvrage des frères Goncourt ayant pour titre Sophie Arnould d'après sa correspondance et ses mémoires inédits. Le sur-titre est "Les actrices du XVIIIe siècle." Ouvrage publié chez G. Charpentier et Cie, en 1885. L'exemplaire est imprimé sur papier ordinaire (il a été imprimé 50 ex. sur Hollande d'après la justification imprimée au verso du faux-titre). Le volume a été relié sur brochure, avec ses couvertures imprimées jaunes en parfait état. La reliure est une pleine toile dorée/bronze, signée Pierson (le spécialiste à l'époque de ce genre de cartonnages à la bradel, peu couteux, et qui conservaient admirablement les textes dans l'attente d'une reliure plus riche). Cet exemplaire porte sur le faux-titre un envoi d'Edmond de Goncourt à Octave Uzanne (voir photo).


Envoi des plus lapidaires ! Ce volume a fait partie de la vente des livres d'Octave Uzanne faite en mars 1894 (avec une erreur dans le descriptif), mais il s'agit bien de cet exemplaire (n°197 de la vente). Ce volume contient l'ex libris gravé et imprimé en couleurs par Aglaus Bouvenne pour la bibliothèque d'Octave Uzanne et daté 1882 (voir photos ci-dessous).


Le deuxième ouvrage est intitulé Sensations d'Italie. C'est l’œuvre de M. Paul Bourget. Volume publié chez Alphonse Lemerre en 1891. Exemplaire également relié sur brochure avec les couvertures jaunes conservées. Le volume contient sur le faux-titre un envoi à Octave Uzanne (voir ci-dessous).


Une petite étiquette de relieur (triangle de papier pelure annoté relié devant le titre) ainsi qu'un ex libris gravé, nous permettent de savoir que ce volume n'a pas été relié pour Octave Uzanne mais pour le bibliophile et collectionneur Charles Freund-Deschamps. Ce volume a été imprimé sur papier ordinaire, il n'y a pas de mention de grand papier. Octave Uzanne n'a eu ce volume en mains qu'à l'état de broché.


Voici donc deux modestes ouvrages qui ont fait partie, un moment, de la bibliothèque d'Octave Uzanne. Au delà de cette petite présentation, ce que je voulais vous montrer (une fois de plus s'il était nécessaire), c'est combien à mes yeux il est important de "savoir l'histoire d'un volume" Je veux dire par là que ces deux envois sont comme deux phares qui éclairent (faiblement certes) un peu plus encore ma connaissance du Prince des Bibliophiles comme l'appelaient les anglais de l'époque, Mister Octave. Car finalement, sans ce plonger dans d'autres livres, d'autres lettres, que nous dit un envoi d'Edmon de Goncourt à Octave Uzanne dans lequel on lit simplement : "à Octave Uzanne, Edmond de Goncourt" ? sinon une froideur extrême, un sens de la concision poussé au paroxysme. Les questions viennent ensuite d'elles-mêmes et c'est bien là qu'est tout l'intérêt de la chose. Quelles étaient les relations entre Edmond de Goncourt et Octave Uzanne dans les années 1880 ? S'entendaient-ils bien ? leurs relations n'étaient-elles pas purement protocolaires ? Que pensait Octave Uzanne de l'oeuvre des Goncourt ? etc etc. Idem pour Paul Bourget. Uzanne appréciait-il ce plumitif auteur de la Physiologie de l'amour moderne ? Uzanne possédait dans sa bibliothèque plusieurs ouvrages des uns (les Goncourt) et de l'autre (Paul Bourget), environ une bonne dizaine de chaque, tous avec envois ou sur grands papiers. Ils ont été dispersés dès 1894. Que sont-ils devenus ? Au moins ces deux là sont au chaud, sur mes rayons... en attendant les autres.

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

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