mercredi 25 septembre 2019

A propos de bibliophilie, de perfection des livres et de livres anciens qui ont vécu ... Et vous, c'est quoi votre Caprice de Bibliophile ? Quelle est votre Toquade ? Quels sont vos Priorités ? Quelles sont vos Exigences ?



Caprices d'un Bibliophile par Octave Uzanne.
Paris, Librairie Edouard Rouveyre, 1878. Page de titre.
Tirage à 572 exemplaires sur beaux papiers de diverses sortes.



Agréable discussion cet après-midi avec un ami des livres (qui se reconnaîtra) à propos de bibliophilie, de perfection des livres et de livres anciens qui ont vécu ... Et vous, c'est quoi votre Caprice de Bibliophile ? Quelle est votre Toquade ? Quels sont vos Priorités ? Quelles sont vos Exigences ? Je sais bien que les bibliophiles et autres amateurs de livres sont discrets et n'aiment guère s'épancher en public sur leurs penchants avouables ou inavouables ... mais si cela vous dit, n'hésitez pas à nous dire ici vos "Vices" et "Vertus". Bonne soirée ! B.

NDLR : Je viens seulement de constater que les commentaires n'apparaissaient plus depuis pas mal de temps dans le Bibliomane moderne (une option Blogger que j'ai été obligé de mettre en place suite à de nombreuses intrusions de type spam ou phishing). J'invite donc désormais les personnes qui souhaitent nous suivre et commenter les articles du Bibliomane moderne à venir le faire sur notre page associée Facebook à cette adresse : https://www.facebook.com/bibliomanemoderne/
 (si vous n'avez pas de compte Facebook créez-en un, si vous n'en voulez pas, dommage, allez prendre l'air).

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

mardi 10 septembre 2019

Une suite érotique qui résiste ... inconnue à Dutel ? 15 lithographies tirées en bistre avec remarques.

Bonjour à toutes et à tous,

voici une suite de 15 lithographies tirées en bistre. Cette suite très explicite résiste à nos recherches. Nous ne trouvons pas d'illustrations similaires dans Dutel. Il semble qu'il faille chercher du côté d'un texte de la Grèce antique au vu des costumes et des décors. Avez-vous déjà croisé cette suite ? Est-elle complète en 15 gravures ? Reconnaissez-vous l'artiste qui l'a produit ? Le livre pour lequel elles ont été faites ? Notre ensemble est tiré en bistre avec remarques, ce qui indiquerait qu'il s'agit d'une suite supplémentaire pour quelque tirage de luxe. Le format des feuilles est 24 x 19 cm. Votre avis m'intéresse et intéressera certainement les lecteurs du Bibliomane moderne versés du côté obscur de la force.

















Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

samedi 7 septembre 2019

A propos d'un artiste-éditeur : Georges Hurtrel (1835-?) un éditeur et des éditions "Trop riche pour être pauvre. Trop pauvre pour être riche."


Illustrations issues des pages de réclames de la revue Le Livre
(pour les livres d'étrennes de la livraison de décembre)


Cela doit faire une bonne vingtaine d'années maintenant que j'ai croisé le nom de  Georges Hurtrel pour la première fois. Lorsqu'on est attiré par les belles éditions sur beau papier, joliment illustrées, de la fin du XIXe siècle, on finit inévitablement par tomber sur lui. C'est le moment, je crois, de faire un petit topo sur ce personnage de la librairie moderne des années 1880.

* * * *

Qui était Georges Hurtrel ?

Georges Hurtrel ou plutôt Georges Edouard Hurtrel, comme le désigne le Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du XIXe siècle, est né le 28 août 1835 au Mans (Sarthe). Son père était maître de danse. Georges Hurtrel fut tout d'abord dessinateur lithographe chez Lemercier, Duverger, Dubois et Simon. Il a également été commis libraire chez l'éditeur Léon Curmer. Lorsqu'il fait sa demande de brevet de lithographe, il se présente comme artiste-éditeur. Il avait pour projet de créer une imprimerie lithographique artistique, dessinant et éditant lui-même ses estampes. Comme l'indique encore le Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du XIXe siècle, Hurtrel se dit spécialiste de la chromolithographie et auteur d'une Galerie des Saints qu'il a éditée. Il fait rapidement une demande de brevet de libraire pour ouvrir une librairie archéologique, religieuse et morale, dans le genre de celle de Curmer. Il écrit alors : "Ces libraires étant en très petit nombre, j'aurai, je l'espère, plus de chance de réussir étant artiste imprimant chez moi et livrant moi-moi-même directement au public ces ouvrages d'art qui, jusqu'à présent, ont toujours été fort chers." Il obtient les deux brevets nécessaires à son installation. Il débute cette activité en octobre 1868 installé au 11, place Saint-André-des-Arts. Il habite alors au 4, rue des Acacias à Paris. Le 11 octobre 1870 il se déclare imprimeur en taille-douce et en lettres (le métier d'imprimeur est désormais libre et ne nécessite plus de brevet pour s'installer). Il publie quelques ouvrages religieux qui utilisent la lithographie pour l'illustration, dont une Vie de Jésus composée au XVe siècle d'après Ludolphe le Chartreux (1870). Il publie à la même époque également des planches d'atlas dont il a dessiné les encadrements. Dans les années 1880, il édite plusieurs ouvrages historiques abondamment illustrés d'après des dessins anciens ou enluminures, tels que la Vie de Sainte Catherine d'Alexandrie de Jean Mielot (1881), Louis XII et Anne de Bretagne (1882), Les Aventures romanesques du Comte d'Artois (1883), La Grande Diablerie d'Eloi d'Amerval (1884), Souvenirs de la Révolution de Madame Roland (1886), Le Premier Grenadier de France, La Tour d'Auvergne, de Paul Déroulède (1886), etc. (voir plus bas la liste chronologique de ses publications que nous avons établie). Ces éditions rentrent dans la catégorie des éditions de luxe ou éditions bibliophiliques : beau papier, belles impressions lithographiques, encadrement et illustrations inédits, etc. C'est Lemercier qui s'occupe alors des lithographies et Mouillot de l'impression des textes. Une particularité que l'on retrouve dans la quasi totalité des productions portant son nom, est de faire figurer sur un feuillet la liste complète de tous ceux, artistes, graveurs, imprimeurs, fournisseurs de papier et d'encre, qui ont concouru à la réalisation des volumes. Hurtrel en était le directeur et le maître d'oeuvre. Les publications de Georges Hurtrel était parfois numérotées et tirées à petit nombre d'autres sans aucune mention (mais d'évidence tirées à petit nombre compte tenu du luxe apporté à la réalisation). Sans doute la plupart des ouvrages sortis sous son nom ont-ils été imprimé à moins de 1.000 exemplaires. De la Grande Diablerie, publiée en 1884, par exemple, il a été tiré 1.000 exemplaires, tous signés par Georges Hurtrel lui-même. La plupart du temps il avait été fait un tirage de luxe sur Japon à 40 ou 50 exemplaires. De nombreux artistes de renom ont alors collaboré à ces ouvrages bibliophiliques. Nous pouvons citer Paul Avril, Gustave Fraipont, Adolphe Lalauze, etc. A partir de 1882 son atelier avait été transféré au 35, rue d'Assas à Paris. Le Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du XIXe siècle s'arrête là. Tout l'activité de Georges Hurtrel artiste-éditeur semble s'arrêter en 1887. Nous ne trouvons plus aucun ouvrage publié sous son nom après cette date, année où il publia quatre ouvrages. Plusieurs ouvrages qu'il publia sont publiés sous le nom d'Alice Hurtrel.




Octave Uzanne dans sa revue bibliographique Le Livre, dans la rubrique consacrée aux livres d'étrennes pour 1881, écrit : "La Vie de sainte Catherine d'Alexandrie, publication par Jean Mielot, nous parait être la première publication de cet éditeur ; c'est une grand in-8, de belle apparence et dont le texte intéressant du secrétaire de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, a été revu et rapproché du français moderne par l'érudit bibliothécaire à la Nationale, M. Marius Sepet. L'éditeur a développé un grand bon vouloir et a appelé à lui un nombre d'illustrateurs suffisant pour produire un chef-d'œuvre d'édition. Malheureusement le chef-d'œuvre n'a pas été exécuté et les horribles encadrements tirés en rouge missel sont lourds, disgracieux et du plus déplorable effet, les bois hors texte n'ont rien de remarquable et l'ensemble du volume, disons-le franchement, est irrémédiablement manqué. M. Georges Hurtrel nous pardonnera notre critique, avec l'assurance que nous n'avons aucun motif de lui être désagréable ; mais il est à regretter de voir se produire en France de grands ouvrages d'art qui font tache absolument par leur mauvais goût." (Octave Uzanne). La messe était dite pour le critique Uzanne. A vrai dire, nous aurions envie d'écrire la même chose plus d'un siècle plus tard, et ce pour la plupart des ouvrages édités par Georges Hurtrel : "Trop riche pour être pauvre. Trop pauvre pour être riche." En gros, si les éditions G. Hurtrel en imposent souvent au premier regard et peuvent faire illusion, elles n'ont, malheureusement, pas le fini des éditions d'un Léon Curmer ou d'un Albert Quantin. Le compte n'y est pas et l'ensemble donne toujours une impression de "cheap". Alors même que les volumes Hurtrel se vendaient à des prix allant de 20 à 60 francs, beaucoup plus en grand papier. L'année suivante (1882), Octave Uzanne est plus indulgent et félicite G. Hurtrel pour son Louis XII et Anne de Bretagne par Paul Lacroix qui sera l'un des plus beaux livres de l'année.

Nous n'avons trouvé aucune photographie de Georges Hurtrel. Nous ne savons pas à quoi il ressemblait.


Qui était Alice Hurtrel ?

Alice Hurtrel était apparemment l'épouse de Georges Hurtrel. Nous n'avons trouvé aucune information à son sujet.

Nous n'avons trouvé aucune photographie de Georges Hurtrel. Nous ne savons pas à quoi il ressemblait.

Que sont devenus Georges et Alice Hurtrel ?

Nous n'avons rien trouvé sur Georges et Alice Hurtrel après 1887. Hurtrel a-t-il fait faillite ? Est-il décédé prématurément ? Nous avons retrouvé un état de faillite dans la Gazette des tribunaux de 1872. Il avait constitué une société associé à un certain Jean Maisongrosse, rentier. La cause de la faillite : la société est chargé des dettes du sieur Hurtrel, antérieures à sa formation. Nous trouvons dans la même Gazette des tribunaux que la société a été liquidée courant 1875. Le fonds de commerce est mis aux enchères à la mise à prix de 10.000 francs. L'ensemble mis à prix comprend un fonds de commerce d'imprimeur-éditeur, situé 13 rue Cassette et constitué de : la clientèle et l'achalandage. Les ustensiles servant à son exploitation. Le droit au bail des lieux où il s'exploite, devant expirer le 1er otobre 1887 (tiens ... 1887).

Tout ceci expliquant qu'on ne trouve aucune publication sous son nom en 1872 et 1873, et même jusqu'en 1881 si l'on excepte l'Atlas de 1874. Qu'a-t-il donc fait entre 1872 et 1880 ? 8 ans. Sans doute a-t-il travaillé pour d'autres en tant que lithographe dessinateur.

Nous n'avons hélas pas réussi à trouver d'informations datant de 1887 ou années suivantes. Que sont-ils devenus ? Georges Hurtrel a-t-il à nouveau fait faillite ?




En fouillant dans la généalogie de Georges Hurtrel nous avons trouvé que son père était originaire du Pas-de-Calais (Le Parcq). Son père était maître de danse, c'est à dire professeur de danse. Son père Jacques Joseph Hurtrel était né en 1796 et c'était marié en 1817 aussi dans le Pas-de-Calais (Le Parcq) avec Marie Célestine Charlotte Cannesson (née en 1798 aussi à Le Parcq, Pas-de-Calais). Georges avait un frère (Charles Antoine né en 1831) et une soeur (Zelmire Charlotte née en 1822). Georges était donc le cadet de la fratrie. La date de naissance donnée pour Georges dans les relevés Geneanet est celle du 28 août 1836 (et non 1835) mais nous n'avons pas réussi à consulter les registres d'état civil en ligne pour cette période au Mans. Pourquoi Georges Hurtrel est-il né au Mans, loin du Pas-de-Calais ? Nous ne savons pas. Ce qui est certain c'est que sa soeur ainée née en 1822 est née à Le Parcq Pas-de-Calais et que son frère né en 1831 est lui né au Mans. Les parents de Georges Hurtrel se sont donc installés au Mans entre 1822 et 1831. Pourquoi ? Dans la généalogie qui a été établie de Georges Hurtrel il n'est fait mention d'aucun mariage (mais cette branche semble ne pas avoir été étudiée dans sa descendance). Pour en savoir plus sur Georges Hurtrel et Alice Hurtrel il nous faudrait retrouver leur acte de mariage et aussi l'acte de décès de Georges. Nous avons cherché dans les tables de l'état civil du 6e arrondissement de Paris et nous n'avons trouvé aucun décès entre 1887 et 1920. Soit il est décédé dans un autre arrondissement, soit hors de Paris. Seul le hasard pourra nous mener sur sa trace.

Enfin nous avons trouvé une mention de Paul Bourget (sans date) qui indique qu'il a été reçu a dîné chez Alice Hurtrel. Est-ce la même ? Possible.

* * * *



Liste chronologique des ouvrages publiés par Georges Hurtrel, artiste-éditeur (établie d'après le catalogue collectif des bibliothèque de France) :

- 1868 installation en octobre. Aucune publication.

- 1869 Atlas géographique du journal de "La France administrative".
- 1869 Bossuet, Gallia orthodoxa.

- 1870 édition de cartes géographiques avec encadrements dessinés par Georges Hurtrel.
- 1870 Ludolphe le Chartreux, Vie de Jésus-Christ, composé au XVe siècle.

- 1871 Evénement de Pontmain, diocèse de Laval, Mayenne. La grange de Barbedette le 17 janvier 1871 (lithographie).

- 1872 aucune publication recensée.
- 1873 aucune publication recensée.

- 1874 Nouvel Atlas, géographique composé de la mappemonde, des cinq parties du monde, de la carte de la France.

- 1875 aucune publication recensée.
- 1876 aucune publication recensée.
- 1877 aucune publication recensée.
- 1878 aucune publication recensée.
- 1880 aucune publication recensée.

- 1881 Jean Mielot, La vie de Sainte Catherine d'Alexandrie.
- 1881 Confessions de Saint-Augustin (les catalogues se trompent, notamment Bnf, CCfr, quand ils donnent cette édition en 1884 ou 1885 - preuve en est la réclame parue dans Le Livre)

- 1882 Paul Lacroix, Louis XII et Anne de Bretagne.
- 1882 Alice Hurtrel, Les Amours de Catherine de Bourbon, sœur du Roi, et du Comte de Soissons.

- 1883 Les aventures romanesques d'un comte d'Artois, d'après un ancien manuscrit (Alice Hurtrel)

- 1884 Eloy d'Amerval, La grande diablerie, poème du XVe siècle.
- 1884 Jules Roy, Turenne, sa vie et les institutions militaires de son temps.

- 1885

- 1886 Madame Roland, sa détention à l'abbaye et à St-Pélagie.
- 1886 Paul Déroulède, Le premier grenadier de France, La Tour d'Auvergne.
- 1886 P. Dive et E. Ducéré, La belle armurière ou un siège de Bayonne au Moyen Age.

- 1887 Alice Hurtrel, La femme, sa condition sociale, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours.
- 1887 Théo-Critt (Théodore Cahu), Journal d'un officier malgré lui.
- 1887 Saint-Patrice, Nos écrivains, première série. (il ne semble pas y avoir eu de suite).
- 1887 Charles Diguet, Secret d'alcôve.

Georges Hurtrel est âgé de 52 ans en 1887.

- 1888 plus aucune publication recensée.
- 1889 plus aucune publication recensée.
- 1890 plus aucune publication recensée.


* * * *


Toute informations sur Georges Hurtrel seront les bienvenues.

A suivre donc ...

Bertran Hugonnard-Roche
Bibliomane moderne

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