mardi 31 décembre 2019
mardi 24 décembre 2019
Courrier des lecteurs du Bibliomane moderne. Identifier un ex libris.
Courrier reçu :
Cher monsieur,
Je me permets de solliciter votre aide afin d'identifier un ex-libris gravé qui se trouve dans mon exemplaire de 'Atar Gull' d'Eugène Sue. Il s'agit de la quatrième édition parue un an après l'originale. La reliure est relativement basique (demi-cuir) et légèrement postérieure (sans doute années 1840). Les initiales E.S. ainsi que ce qui semble être une légion d'honneur (obtenue en 1839 lors de la Monarchie de Juillet) me portent à penser qu'il pourrait s'agir de l'ex-libris de l'auteur. N'ayant trouvé aucun exemplaire de référence, il m'est impossible de confirmer cette supposition !
J'espère qu'un de vos lecteurs viendra dissiper mes doutes !
Merci pour votre site toujours fort agréable à parcourir.
En vous souhaitant de bonnes fêtes de fin d'année,
M. M.
Si vous pouvez nous aider à identifier cet ex libris contactez-nous à contact@lamourquibouquine.com
Bonnes fêtes de noël à toutes et à tous,
Bertrand Bibliomane moderne
mercredi 11 décembre 2019
Fer spécial étrange ...
Voici le message reçu par un lecteur du Bibliomane moderne :
"Monsieur, Je souhaiterais solliciter votre aide à propos de l'identification d'une curieuse marque présente sur l'un de nos livres. L'ouvrage est un exemplaire du De triangulis omnimodis libri quinque (1533) de Regiomontanus. La reliure est vraisemblablement début XVIIIe, et au centre de la couverture se trouve cette curieuse marque en forme d'oeil larmoyant que je n'ai jamais vue sur aucun autre ouvrage (datée du milieu XIXe ?). Auriez-vous déjà rencontré une marque similaire ? Avec mes meilleures salutations."
Pour ce que je vois je dirais la reliure plutôt XVIe siècle. A moins qu'il ne s'agisse d'un pastiche fort bien réalisé, mais j'en doute. Pour le fer spécial à froid sur le plat, je ne l'ai personnellement jamais croisé. Et vous ?
Envoyez-moi vos remarques et commentaires sur contact@lamourquibouquine.com
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
lundi 9 décembre 2019
Fer spécial ou armoiries cachées ?
Un lecteur du Bibliomane moderne vous soumet cette recherche concernant ce fer spécial apposé sur une reliure de la première moitié du XVIIIe siècle. Deux lévriers regardant par en dessous deux écureuils ?
Si vous avez déjà croisé ce fer ou ces armes ? Si vous avez une idée ? Contactez-moi à contact@lamourquibouquine.com je transmettrai.
Merci de votre attention et bonne semaine,
Bertrand Bibliomane moderne
jeudi 28 novembre 2019
mercredi 27 novembre 2019
Nouveau groupe Facebook à découvrir ! Votre participation est bienvenue ! Merci de lire les règles du groupe. Signatures autographes de libraires (toutes époques) et uniquement cela. A bientôt Bertrand Hugonnard-Roche Libraire Créateur et modérateur du groupe (27 nov. 2019)
Attention ! Toute autre publication sera impitoyablement supprimée et le membre banni. Ce groupe est exclusivement consacré aux signatures de libraires et libraires-imprimeurs. L'adhésion au groupe et les publications sont soumis à modération.
Rendez-vous sur Facebook !
A bientôt
Bertrand (créateur et modérateur du groupe)
Librairie L'amour qui bouquine
http://le-bibliomane.blogspot.com/ (le Bibliomane moderne)
lundi 25 novembre 2019
Baudelaire inédit à l'encan ou les Fleurs du mal aux enchères publiques ...
Pour celles et ceux qui, comme moi, se posaient la question, la réponse est : 98.000 euros sans les frais. Soit 112.112 euros. Un montant qui ne s'invente pas ! On dirait un numéro d'urgence pour bibliophiles en détresse ! ...
Copie d'écran du site artvalorem.fr
Voici le texte de l'annonce :
Charles BAUDELAIRE. Les Fleurs du Mal. Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1857. In-12, percaline vert lierre avec double encadrement de filets gras et maigres à froid (Reliure de l'époque). Vicaire, I-341 /// (2f.)-248-(2f.). ÉDITION ORIGINALE de l'un des ouvrages les plus recherchés de la poésie française. Premier tirage, bien complet des six poèmes condamnés par autorité de justice et qui furent supprimés dans certains exemplaires. Exemplaire avec la faute Feurs du Mal au titre courant des pages 31 et 108 et la faute de pagination à la page 45. Précieux exemplaire de Gaston de Saint-Valry portant sur le faux-titre un envoi autographe signé au crayon : à Gaston de Saint-Valry / témoignage d'amitié / Ch. Baudelaire. Gaston de Saint-Valry (1828-1881), journaliste et critique littéraire, est le fils de Gaston Souillard de Saint-Valry, auteur de recueils de poésie. Il collabora à plusieurs journaux dont La Gazette de Paris dans laquelle il fit, le 26 septembre 1856, un compte-rendu favorable des Histoires extraordinaires. Saint-Valry fut, avec Poulet-Malassis, à l'origine de la refonte du Journal d'Alençon qui, transformé en journal littéraire, allait publier dans le numéro 49 du 18 juin 1857, le poème Le Vin des chiffonniers extrait des Fleurs du Mal. Enfin Poggenburg note dans sa chronologie Baudelairienne que le poète et Saint-Valry se rencontrent juste après la parution des Fleurs du mal, en juillet-août 1857 et que, le 21 août, Emile Deschamps écrit à Baudelaire pour lui exprimer l'admiration que lui porte Gaston de Saint-Valry. L'exemplaire contient en outre quatre corrections d'orthographe et une strophe manuscrites de la main du poète dont nous donnons le détail ci-dessous : - Page de dédicace, la phrase au parfait magicien ès langue française corrigée en au parfait magicien ès langues françaises - Page 29, au poème La Muse vénale, 3ème strophe, le 3ème vers Chanter des Te Deum auxquels tu ne crois guères corrigé en Chanter des Te Deum auxquels tu ne crois guère. - Page 43, au poème Don Juan aux enfers, 3ème strophe, le 3ème vers Montrait à tous les morts errants sur le rivage corrigé en Montrait à tous les morts errant sur les rivages. - Page 110, au poème Le Chat, 7ème strophe, le 2ème vers Sort au parfum si doux qu'un soir corrigé en Sort un parfum si doux qu'un soir. - Page 53, à la suite de la dernière strophe des Bijoux, le poète a ajouté la strophe suivante : Et je fus plein alors de cette Vérité : Que le meilleur trésor que Dieu garde au Génie Est de connaître à fond la terrestre Beauté Pour en faire jaillir le Rythme et l'harmonie. Les corrections orthographiques mentionnées ci-dessus sont déjà connues des bibliographes car elles se retrouvent sur d'autres exemplaires et ont été répertoriées au nombre de cinq par Desprechins dans Le Livre et l'estampe (n°47-48, p. 280 / n° 51-52, p. 206). On notera d'ailleurs que ces exemplaires " corrigés " n'ont pas systématiquement les cinq corrections répertoriées comme l'exemplaire Delacroix dont trois poèmes seulement sont corrigés (vente Jacques Guérin, II, 20 mars 1985, n°18) et comme l'exemplaire Saint-Valry que nous présentons ici, dans lequel le poème Le Reniement de Saint-Pierre n'a pas été corrigé, tandis que d'autres les possèdent toutes comme l'exemplaire Narcisse Ancelle, ami et conseiller juridique du poète (vente Aupick-Ancelle, 1er décembre 2009, n°80). EN REVANCHE, LA STROPHE AJOUTÉE PAR LE POÈTE EST TOUT À FAIT INCONNUE ET DONNE À CET EXEMPLAIRE UNE IMPORTANCE LITTÉRAIRE MAJEURE. L'exemplaire n'était connu que d'Yves-Gérard Le Dantec. Le fait est rapporté dans les notes et variantes de l'édition de La Pléiade (1961, p. 1566 - p.141) : D'ailleurs Yves-Gérard Le Dantec a indiqué que, dans un exemplaire des Fleurs du mal, dédicacé à Saint-Valry, figurait une strophe supplémentaire et dernière, de la main de Baudelaire, à propos de laquelle celui-ci exprimait " le voeu que le sujet même passât au second plan et qu'on ne vît dans la pièce qu'une intention plastique ". Le vers final de cette strophe était : Pour en faire jaillir le rythme et l'harmonie. On joint à ce propos une lettre autographe signée de Yves-Gérard Le Dantec, datée Paris, 20 février 1928, relative à cet exemplaire et à son infructueuse tentative pour faire connaître cette strophe inédite : Madame je ne vous dissimulerai pas la surprise que j'ai éprouvée en lisant la seconde page de votre petit mot Je n'ai pas besoin d'insister auprès de vous sur l'intérêt primordial que représente cette découverte d'une strophe inédite du grand poète j'estime qu'il n'est pas une note, pas un mot, pas même une lettre inédite d'un homme tel que Baudelaire qui doivent rester inconnus, que tout est intéressant en ce qui le touche loin de déprécier un tel trésor, la " divulgation " ne peut qu'accroître sa valeur - à supposer que ce soit là le vrai motif de votre réponse négative Pardonnez-moi Madame, l'obstination que je mets en cette affaire SUPERBE EXEMPLAIRE, SOBREMENT RELIÉ ET D'UNE TRÈS GRANDE PURETÉ. Seuls subsistent au second plat des fantômes de décoloration ancienne et un examen approfondi révèle une reteinte du dos remarquablement exécutée. Petite tache dans la marge intérieure du titre et verso du dernier feuillet un peu roussi. Provenance : Succession L.F, frais légaux 14.40 % ttc.
Photos Artvalorem
Source : http://www.artvalorem.fr/html/fiche.jsp?id=11099054
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
mercredi 30 octobre 2019
Suites érotiques rares .... exploration (suite). 8 illustrations illustrations libres certainement post-WW2. A priori fort rare ...
Contenu pour adultes .... Contenu pour adultes ....
Contenu pour adultes ....
Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne
vendredi 11 octobre 2019
Tolkien, voyage en Terre du Milieu. Exposition Bnf. Du 22 octobre 2019 au 16 février 2020 Site François-Mitterrand | Galerie 1 & 2.
La BnF propose une exposition d’envergure consacrée à l’œuvre protéiforme de J.R.R. Tolkien, brillant professeur d’Oxford et créateur de mondes, qui continue à vivre dans l’imaginaire d’un très large public. Les quelque 300 pièces exposées mettent en lumière à la fois l’homme et son œuvre. Pour la première fois en France, de nombreux manuscrits et dessins originaux de Tolkien sont présentés. Parallèlement, une sélection de pièces d’exception issues pour la plupart des collections de la BnF fournit un contexte pour cette création artistique et littéraire.
Tolkien, voyage en Terre du Milieu |
Du 22 octobre 2019 au 16 février 2020 Site François-Mitterrand | Galerie 1 & 2 Ouvert tous les jours sauf le lundi Du mardi au dimanche 10h-19h Nocturne le jeudi 10h-21h Fermé le lundi et les jours fériés |
mardi 1 octobre 2019
De l'art ou du cochon ? non ! de l'Art Déco ! suite de 20 aquarelles érotiques par Marcel Stobbaerts (peintre et artiste belge) pour le Pibrac de Pierre Louÿs (vers 1930).
Billet pour adultes consentants ... jeunes foutriquets passez votre chemin !
Si dans le cochon tout est bon, dans l'art tout n'est pas bon. Qui jugera du beau ou du moche ? Moi, vous, tout un chacun. Ce qui apparaîtra beau pour certains apparaîtra laid pour d'autres, et vice et versa. Et en matière de vice, justement, nous tendons vers ça ! Vers cette dichotomie du beau et du moche. Alors jugeons ! aimons ! haïssons ! c'est humain. Le pire serait l'indifférence. Il y a tant d'indifférents ... En réalité c'est même très regrettable de penser que l'humanité se divise en deux (comme dirait Blondin) : ceux qui regardent passer les trains et ceux qui montent dedans. Enfin, je vous avouerai que c'est aussi un peu facile à dire, alors restons modestes et contentons-nous (le plus souvent) d'admirer à défaut de pouvoir monter dedans (le train). Vous me suivez ? Bref. Tout ceci pour vous dire que je suis un grand admirateur de l'Art Nouveau (tout en rondeurs naturelles, en fleurs épanouies, en jolies femmes 1900 à chevelures baudelairiennes) moins de l'Art Déco, cet art angulaire et pointu, qui m'apparaît souvent plus agressif, plus industriel, plus pollué par l'abstraction géométrique qu'enrichi par les lignes naturelles. Mais il faut parfois se rendre à l'évidence, l'Art Déco a de belles choses à montrer aux générations futures qui en sont rendues aujourd'hui à l'Art Zéro (j'entends déjà les sifflements ahuris des modernistes archi-défenseurs des indéfendables-zartistes). Oh la ! J'entends bien. Ne sifflez pas ! Je suis très (trop) sensible des oreilles. Bref. Passons.
Donc, voici un cas pratique. J'ai découvert il y a quelques jours l'existence d'un ouvrage que j'aurais sans doute dû croiser 100 fois depuis 20 ans, mais non. Jamais vu ! C'est ainsi. Un curiosa digne de figurer, à mon sens, dans une belle bibliothèque sur le sujet. Il réunit les qualité d'un grand auteur reconnu pour sa spécialité : Pierre Louÿs ; un grand illustrateur de la période 1930. Jean-Pierre Dutel nous dit qu'il s'agit de Marcel Stobbaerts. Croyons-le. J'avoue que je n'avais jamais entendu parlé de lui avant de lire la notice de Dutel. Voici le descriptif précis de cet ouvrage tel que Dutel le donne page 316 du tome III de sa Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en Français entre 1920 et 1970, sous le numéro 2195 : P. L. / PIBRAC / Edition augmentée et ornée / de vingt aquarelles / PARIS. In-4 (20,3 x 15 cm) de 127 pages et 1 feuillet, couverture rempliée en papier crème imprimée en bleu foncé. Edition publiée au début des années 1930. Elle est illustrée de 20 pochoirs hors-texte en couleurs de Marcel Stobbaerts. Tirage : 250 exemplaires. Les exemplaires sont numérotés au composteur.
Pour compléter la notice de Dutel avec un exemplaire du livre sous les yeux, nous pouvons ajouter que les aquarelles ne sont pas uniquement au pochoir mais également rehaussées au pinceau à la main (on voit nettement la mise en couleurs au pinceau à la main avec dégradés sur les planches). Il est intéressant de noter que Dutel donne la notice de deux autres impressions de ce même livre. Sous les numéro 2196 il décrit une autre édition de 1933 donnée par Marcel Seheur, en 91 pages, tirée à 175 exemplaires, sous couverture de papier gris-vert imprimée en rouge (ornée de 12 illustrations de Marcel Stobbaerts légèrement différentes de celles de l'édition de Paris). Sous le numéro 2197 il décrit une dernière édition de 1939 en 122 pages, ornée de 12 pochoirs également par le même artiste, tirée à 375 exemplaires, sous couverture rempliée en papier rouge imprimée en noir. Concernant cette dernière édition nous avons pu comparer avec les illustrations de notre édition de Paris (1930) et il s'avère que le coloris de cette édition de 1939 est plus simple et le dessin légèrement différent (dessins refaits par une autre main). En résumé, la première édition de Paris (1930) est sans conteste la plus richement illustrée (20 aquarelles contre 12) et la plus joliment mise en couleurs (pochoir et pinceau à la main). Nous passerons ici sur Pierre Louÿs et ce Pibrac trop connu des amateurs pour en faire la notice.
Qui était Marcel Stobbaerts ? Comme son patronyme l'indique Marcel Stobbaerts était belge. Il est né en 1899 et mort en 1979. Il était originaire de Forest, commune au sud ouest non loin de Bruxelles, au sud d'Anderlecht. A vrai dire on ne sait pas grand chose de lui. On sait qu'il remporte le prix de la jeune peinture belge en 1924. Il sera tour à tour illustrateur, aquarelliste et graveur, ami proche d’Hergé, le père de Tintin. Certaines de ses huiles sur toile atteignent des prix non négligeables dans le parnasse commercial de l'art aux enchères (11.000 euros pour une toile "Scène de cabaret à Anvers" datant de 1925 et mesurant 82 x 62 cm). Néanmoins il obtient beaucoup moins (prix galerie) pour un bouquet de fleurs mortes (ou presque), 1.300 euros seulement. Il a donné aussi de nombreuses eaux-fortes. Dans le domaine érotique, nous avons trouvé de lui, dans la période Art Déco, 1925-1930, des scènes d'intérieur de cabaret ou plutôt de tripots à filles d'Anvers et autres endroits louches de la Belgique. Les scènes où sont présentes les filles de joie ne sont pas rares dans son oeuvre dessinée.
Dans le domaine du livre on lui doit quelques frontispices, notamment un superbe d'inspiration cubiste pour Les enfants du malheur de Francis Carco (Maastricht, chez Stols, 1930) dans lequel on pourrait retrouver le travail des lignes abruptes de Jean-Emile Laboureur. Il donne un frontispice gravé sur bois pour Les notes d'un exilé de Léon Daudet (1929). A notre connaissance cependant, ce Pibrac de Louÿs semble être la seule incursion de Marcel Stobbaerts dans le domaine du livre illustré érotique clandestin. Les lignes encore cubistes de cette suite de 20 très jolies aquarelles sont typiques d'une époque (1930) qui sera vite révolue. D'ailleurs il est intéressant de noter que les curiosa clandestins illustrés typiquement Art Déco sont assez rares. On aurait certainement du mal à en trouver plus d'une dizaine. Passons maintenant à la propagande par le fait (oui j'avoue cette faiblesse militante héritée de mes lectures idéalistes utopiques extrémistes. Pierre, Michel, si vous me lisez ...).
Voici donc in extenso cette très belle suite de 20 aquarelles "au pochoir" et "au pinceau" donc, pour le plaisir des adultes consentants. Bonne visite au pays de la gaudriole PierreLouysesque imagée par excellent artiste belge.
Ne me dites pas merci.
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
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Si dans le cochon tout est bon, dans l'art tout n'est pas bon. Qui jugera du beau ou du moche ? Moi, vous, tout un chacun. Ce qui apparaîtra beau pour certains apparaîtra laid pour d'autres, et vice et versa. Et en matière de vice, justement, nous tendons vers ça ! Vers cette dichotomie du beau et du moche. Alors jugeons ! aimons ! haïssons ! c'est humain. Le pire serait l'indifférence. Il y a tant d'indifférents ... En réalité c'est même très regrettable de penser que l'humanité se divise en deux (comme dirait Blondin) : ceux qui regardent passer les trains et ceux qui montent dedans. Enfin, je vous avouerai que c'est aussi un peu facile à dire, alors restons modestes et contentons-nous (le plus souvent) d'admirer à défaut de pouvoir monter dedans (le train). Vous me suivez ? Bref. Tout ceci pour vous dire que je suis un grand admirateur de l'Art Nouveau (tout en rondeurs naturelles, en fleurs épanouies, en jolies femmes 1900 à chevelures baudelairiennes) moins de l'Art Déco, cet art angulaire et pointu, qui m'apparaît souvent plus agressif, plus industriel, plus pollué par l'abstraction géométrique qu'enrichi par les lignes naturelles. Mais il faut parfois se rendre à l'évidence, l'Art Déco a de belles choses à montrer aux générations futures qui en sont rendues aujourd'hui à l'Art Zéro (j'entends déjà les sifflements ahuris des modernistes archi-défenseurs des indéfendables-zartistes). Oh la ! J'entends bien. Ne sifflez pas ! Je suis très (trop) sensible des oreilles. Bref. Passons.
Donc, voici un cas pratique. J'ai découvert il y a quelques jours l'existence d'un ouvrage que j'aurais sans doute dû croiser 100 fois depuis 20 ans, mais non. Jamais vu ! C'est ainsi. Un curiosa digne de figurer, à mon sens, dans une belle bibliothèque sur le sujet. Il réunit les qualité d'un grand auteur reconnu pour sa spécialité : Pierre Louÿs ; un grand illustrateur de la période 1930. Jean-Pierre Dutel nous dit qu'il s'agit de Marcel Stobbaerts. Croyons-le. J'avoue que je n'avais jamais entendu parlé de lui avant de lire la notice de Dutel. Voici le descriptif précis de cet ouvrage tel que Dutel le donne page 316 du tome III de sa Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en Français entre 1920 et 1970, sous le numéro 2195 : P. L. / PIBRAC / Edition augmentée et ornée / de vingt aquarelles / PARIS. In-4 (20,3 x 15 cm) de 127 pages et 1 feuillet, couverture rempliée en papier crème imprimée en bleu foncé. Edition publiée au début des années 1930. Elle est illustrée de 20 pochoirs hors-texte en couleurs de Marcel Stobbaerts. Tirage : 250 exemplaires. Les exemplaires sont numérotés au composteur.
Pour compléter la notice de Dutel avec un exemplaire du livre sous les yeux, nous pouvons ajouter que les aquarelles ne sont pas uniquement au pochoir mais également rehaussées au pinceau à la main (on voit nettement la mise en couleurs au pinceau à la main avec dégradés sur les planches). Il est intéressant de noter que Dutel donne la notice de deux autres impressions de ce même livre. Sous les numéro 2196 il décrit une autre édition de 1933 donnée par Marcel Seheur, en 91 pages, tirée à 175 exemplaires, sous couverture de papier gris-vert imprimée en rouge (ornée de 12 illustrations de Marcel Stobbaerts légèrement différentes de celles de l'édition de Paris). Sous le numéro 2197 il décrit une dernière édition de 1939 en 122 pages, ornée de 12 pochoirs également par le même artiste, tirée à 375 exemplaires, sous couverture rempliée en papier rouge imprimée en noir. Concernant cette dernière édition nous avons pu comparer avec les illustrations de notre édition de Paris (1930) et il s'avère que le coloris de cette édition de 1939 est plus simple et le dessin légèrement différent (dessins refaits par une autre main). En résumé, la première édition de Paris (1930) est sans conteste la plus richement illustrée (20 aquarelles contre 12) et la plus joliment mise en couleurs (pochoir et pinceau à la main). Nous passerons ici sur Pierre Louÿs et ce Pibrac trop connu des amateurs pour en faire la notice.
Qui était Marcel Stobbaerts ? Comme son patronyme l'indique Marcel Stobbaerts était belge. Il est né en 1899 et mort en 1979. Il était originaire de Forest, commune au sud ouest non loin de Bruxelles, au sud d'Anderlecht. A vrai dire on ne sait pas grand chose de lui. On sait qu'il remporte le prix de la jeune peinture belge en 1924. Il sera tour à tour illustrateur, aquarelliste et graveur, ami proche d’Hergé, le père de Tintin. Certaines de ses huiles sur toile atteignent des prix non négligeables dans le parnasse commercial de l'art aux enchères (11.000 euros pour une toile "Scène de cabaret à Anvers" datant de 1925 et mesurant 82 x 62 cm). Néanmoins il obtient beaucoup moins (prix galerie) pour un bouquet de fleurs mortes (ou presque), 1.300 euros seulement. Il a donné aussi de nombreuses eaux-fortes. Dans le domaine érotique, nous avons trouvé de lui, dans la période Art Déco, 1925-1930, des scènes d'intérieur de cabaret ou plutôt de tripots à filles d'Anvers et autres endroits louches de la Belgique. Les scènes où sont présentes les filles de joie ne sont pas rares dans son oeuvre dessinée.
Dans le domaine du livre on lui doit quelques frontispices, notamment un superbe d'inspiration cubiste pour Les enfants du malheur de Francis Carco (Maastricht, chez Stols, 1930) dans lequel on pourrait retrouver le travail des lignes abruptes de Jean-Emile Laboureur. Il donne un frontispice gravé sur bois pour Les notes d'un exilé de Léon Daudet (1929). A notre connaissance cependant, ce Pibrac de Louÿs semble être la seule incursion de Marcel Stobbaerts dans le domaine du livre illustré érotique clandestin. Les lignes encore cubistes de cette suite de 20 très jolies aquarelles sont typiques d'une époque (1930) qui sera vite révolue. D'ailleurs il est intéressant de noter que les curiosa clandestins illustrés typiquement Art Déco sont assez rares. On aurait certainement du mal à en trouver plus d'une dizaine. Passons maintenant à la propagande par le fait (oui j'avoue cette faiblesse militante héritée de mes lectures idéalistes utopiques extrémistes. Pierre, Michel, si vous me lisez ...).
Voici donc in extenso cette très belle suite de 20 aquarelles "au pochoir" et "au pinceau" donc, pour le plaisir des adultes consentants. Bonne visite au pays de la gaudriole PierreLouysesque imagée par excellent artiste belge.
Ne me dites pas merci.
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
mercredi 25 septembre 2019
A propos de bibliophilie, de perfection des livres et de livres anciens qui ont vécu ... Et vous, c'est quoi votre Caprice de Bibliophile ? Quelle est votre Toquade ? Quels sont vos Priorités ? Quelles sont vos Exigences ?
Caprices d'un Bibliophile par Octave Uzanne.
Paris, Librairie Edouard Rouveyre, 1878. Page de titre.
Tirage à 572 exemplaires sur beaux papiers de diverses sortes.
Agréable discussion cet après-midi avec un ami des livres (qui se reconnaîtra) à propos de bibliophilie, de perfection des livres et de livres anciens qui ont vécu ... Et vous, c'est quoi votre Caprice de Bibliophile ? Quelle est votre Toquade ? Quels sont vos Priorités ? Quelles sont vos Exigences ? Je sais bien que les bibliophiles et autres amateurs de livres sont discrets et n'aiment guère s'épancher en public sur leurs penchants avouables ou inavouables ... mais si cela vous dit, n'hésitez pas à nous dire ici vos "Vices" et "Vertus". Bonne soirée ! B.
NDLR : Je viens seulement de constater que les commentaires n'apparaissaient plus depuis pas mal de temps dans le Bibliomane moderne (une option Blogger que j'ai été obligé de mettre en place suite à de nombreuses intrusions de type spam ou phishing). J'invite donc désormais les personnes qui souhaitent nous suivre et commenter les articles du Bibliomane moderne à venir le faire sur notre page associée Facebook à cette adresse : https://www.facebook.com/bibliomanemoderne/
(si vous n'avez pas de compte Facebook créez-en un, si vous n'en voulez pas, dommage, allez prendre l'air).
Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne
mardi 10 septembre 2019
Une suite érotique qui résiste ... inconnue à Dutel ? 15 lithographies tirées en bistre avec remarques.
Bonjour à toutes et à tous,
voici une suite de 15 lithographies tirées en bistre. Cette suite très explicite résiste à nos recherches. Nous ne trouvons pas d'illustrations similaires dans Dutel. Il semble qu'il faille chercher du côté d'un texte de la Grèce antique au vu des costumes et des décors. Avez-vous déjà croisé cette suite ? Est-elle complète en 15 gravures ? Reconnaissez-vous l'artiste qui l'a produit ? Le livre pour lequel elles ont été faites ? Notre ensemble est tiré en bistre avec remarques, ce qui indiquerait qu'il s'agit d'une suite supplémentaire pour quelque tirage de luxe. Le format des feuilles est 24 x 19 cm. Votre avis m'intéresse et intéressera certainement les lecteurs du Bibliomane moderne versés du côté obscur de la force.
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
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