lundi 30 mai 2011

Suite du feuilleton « Où est passé le manuscrit du De Doemonialitate du R. P. Sinistrari d’Ameno ? »


Pour faire suite à la belle enquête bibliophilique de Denis sur ce blog, http://le-bibliomane.blogspot.com/2009/09/isidore-debout-ou-lenigme-de-de-la.html (ci-dessous une photo de la 1ère édition)


Signalons tout d’abord qu’il y a une photo du catalogue de la vente Seymour Kirkup (et de son n° 145) dans le livre de Paul Adamy ce qui confirme tout à fait Denis.

Par contre, il y a bien eu une vente Liseux qui a eu lieu peu de temps après celle d’Octave Uzanne (Où ai-je lu ça, sans doute dans Uzanne ou dans Adamy ? Il faudra que je retrouve la référence)

Toujours est-il qu’à la mort de Liseux en 1894, ses papiers furent rachetés par l’éditeur belge van Crombrugghe. [Cf. : http://www.textesrares.com/liseux/liseu.htm]

Qui était ce van Crombrugghe ?

« Van Gombrugghe éditait en Hollande, à partir de 1888, un catalogue de curiosa. » nous dit Jacques Duprilot dans Gay et Doucé, éditeurs sous le manteau (1877-1882) Paris, éditions Astarté, 1998, p. 45. Olivier Bessard-Banquy précise et corrige ce nom : François van Crombrugghe [Intervention au 11e Colloque des Invalides « Curieux curiosa », le 9 novembre 2007. Actes parus aux éditions du Lérot, 2009]


Cependant ce n’est pas lui qui hérita du manuscrit selon l’article « Isidore Liseux : éditeur et érudit » in Le Bibliophile. Revue artistique et documentaire du livre ancien et moderne, numéro V, troisième année. Paris, Papyrus, 1933. Il est dû à un certain Robert Delle Donne qui pille largement Apollinaire après l’avoir seulement mentionné (on a les élèves qu’on mérite) et qui brode quelque peu sur le libraire Lehec chez qui il a pu, dit-il, « admirer le manuscrit du De Doemonialitate (…) de la main du R. P. Sinistrari. » [Je dois la communication de cet article à M. Thomas Telkamp, bibliophile néerlandais qui met les Liseux en ligne] http://library.telkamp.eu/liseux/

Nous ne sommes guère plus avancés puisque nous ne savons pas en quelle année Delle Donne a compulsé le manuscrit, ni si Lehec l’a vendu, ni s’il y a eu une vente Lehec…

Amis « Sherlock Holmes bibliophiles », à vous de jouer.

Bonne journée,
Dominique Paillard

samedi 28 mai 2011

Quand il ne sait plus quoi faire le Textor dépece ses livres ! Une image pieuse bien cachée...


Voici une découverte que le Textor partage avec nous. Un peu énervé par un livre arrivé en miettes ... il a fini le travail... voici l'image qu'il a découvert au premier contreplat d'une reliure.


Je le laisse vous donner plus de détails sur cette découverte. Si vous pouvez l'aider à identifier cette "sainte femme" (ce n'est pas forcément les plus drôles....) ...

Bon samedi,
Bertrand Bibliomane moderne

"Et non ! Le Japon n'est pas mort, car il b... encore (air connu)"



Un ami qui vit au pays du soleil levant m'envoie cet ex libris avec ce message : "Et non ! Le Japon n'est pas mort, car il b... encore (air connu)" Merci à lui d'égayer le samedi matin d'un bibliophile occidental encore embué dans ses rêves exotiques.

Et il ajoute : "Un petit ex-libris nippon pour le Vicomte !"

Merci Denis,

Bon samedi à toutes et à tous,
Bertrand Bibliomane moderne

vendredi 27 mai 2011

Lettre ouverte au Bibliophile Rhemus ou quatre rémois pour le prix d'un ! Cazin, Brissart-Binet, Choppin et le comte de Chevigné.



Tout est dans le titre ! Ce billet est spécialement dédicacé au Bibliophile Rhemus et à sa patrie : Reims. L'acquisition récente d'une lettre autographe permet ce tour de magie de réunir quatre rémois sur une même feuille. Quatre je m'avance peut-être, au moins trois ! Le comte de Chevigné, le célèbre auteur des Contes rémois, le libraire-bibliographe rémois Brissart-Binet, bien connu des cazinophiles, et Cazin, juste évoqué, mais finalement au centre de cette courte lettre dont voici le texte :

[Lettre adressée par le comte de Chevigné au libraire Brissart-Binet, de Reims, datée du 20 avril 1861].

Monsieur Brissart, j'ai vu M. Choppin et je lui ai parlé de ses Cazin. Qu'il me donne la note des Cazin qui lui manquent je verrai si je les ai, m'a-t-il répondu. Merci, pour votre lettre. J'irai ce matin chez Plon lui demander la critique f. du 15 avril. Merci pour l'article. [Signé] Comte de Chevigné. 20 avril 1861.

Voyez ci-dessous la photographie de cette lettre.



Peu de mots donc, mais beaucoup de choses à comprendre, de sous-entendus, qui, je n'en doute pas, ne manqueront pas d'éveiller l'intérêt de notre ami le Bibliophile Rhemus. Nous comptons donc tous sur lui pour nous faire un résumé "in extenso" de cette affaire de Cazin.

Par ailleurs je rappelle que la souscription pour le Cazin du Bibliophile Rhemus est prolongée jusqu'en septembre (il faut 300 souscripteurs et à ce jour il n'y en a guère plus de 120... le compte n'y est pas - le bulletin de souscription se trouve ICI). Ce serait bien le diable de penser qu'un tel ouvrage n'intéresse même pas l'ensemble des membres du SLAM qui compte, je ne crois pas me tromper, bien près de 300 membres... enfin... on verra bien... (*)


(*) NDLR : A défaut chacun pourra se procurer le classement des 100 plus grandes fortunes du monde "civilisé" du magazine Forbes (Information for the World's Business Leaders) pour quelques euros seulement. Son utilité en matière de librairie ancienne de prestige n'est plus à démontrer.

Belle soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

Courrier des lecteurs : A propos de la librairie Théophile Belin par Dominique Paillard.



Dans son commentaire de l’article sur la vente Hayoit dans le blog du bibliophile http://bibliophilie.blogspot.com/2007/09/charles-hayoit-bibliophile-et-homme-de.html, Bertrand mentionne la vente de Mme Théophile Belin en 1936 en ces termes : "Cette dame était la femme du célèbre libraire Théophile Belin qui officiait à Paris entre les années 1890 et 1925 environ. C'est sa femme, grande connaisseuse, qui avait repris la librairie à sa mort. Elle avait réussi à réunir des exemplaires en tous points exceptionnels (reliure, provenance, conservation, rareté des textes, etc.)"

Je sais peu de choses de Th. Belin, si ce n’est l’adresse de sa librairie [Librairie ancienne et moderne Théophile Belin, 29 quai Voltaire, Paris. (C’est l’actuelle Documentation Française)], mais je pense que Bertrand raccourcit sa carrière. Il a, en effet, commencé à éditer et à vendre des livres dès 1880. On peut citer :

• Anonyme : ‎Les Sagettes et ruses d’amour. Discours où est montré le vrai moyen de faire les approches, et entrer aux plus fortes places de son empire. Réimpression textuelle sur l’édition de 1599 avec préface par A. Chassant. Paris, Théophile Belin, 1880. ‎Petit in-8 broché, de IV-87 pp. (2) ff. Couverture rempliée.‎ ‎Réimpression tirée à 200 exemplaires numérotés. (« Dans son Histoire de la conquête amoureuse, Jean-Claude Bologne, considère ce texte anonyme comme l’un des plus cru et des plus cyniques sur le sujet. » Un libraire en ligne).

• Anonyme : Contes à rire et Aventures plaisantes ou Récréations Françaises. Nouvelle édition revue et corrigée avec préface par A. Chassant, Librairie Ancienne et Moderne Théophile Belin Paris, 1881. 1 vol. in-8, frontispice par Denis, VII-III-411 pp. [Vicaire, II, 942]

• ‎VADE‎ : ‎La Pipe cassée. Poème épitragipoissardihéroicomique.‎ ‎Paris, Théophile Belin , 1882
In-12 broché ; 58 pages + quelques feuillets de publicités pour des titres de la Maison Belin; eaux-fortes de E. Mesplès‎.

Je possède pour ma part trois ouvrages édités par Isidore Liseux et coproduits par Théophile Belin, tous trois datés de 1885 :

• DULAURE (Jacques-Antoine) : Des Divinités génératrices, ou du Culte du phallus chez les anciens et les modernes, par Jacques-Antoine Dulaure, réimprimé sur l'édition de 1825 [Notice d’A. Bonneau.] Paris, Isidore Liseux & Théophile Belin, 1885. In-8 de XVI-422 pp. sur Hollande van Gelder. [BnF : RES-J-3005.]

• RESTIF DE LA BRETONNE (Nicolas) : Sara, ou l'amour a quarante-cinq ans. Épisode de "Monsieur Nicolas" Mémoires intimes de Restif de la Bretonne. [Préface d’A. Bonneau.] Paris, Isidore Liseux & Théophile Belin, 1885. In-8 de XIX-277 pp, (1) f. n.ch. imprimé par Unsinger. [BnF : (2 ex.) : 8-y2-41673. et Res p-y2-156 ; B. L. : 12518.e.27.]

• CHORIER (Nicolas) : Aloisiæ Sigeæ Toletanæ Satyra Sotadica de arcanis Amoris et Veneris. Aloisa Hispanice scripsit, Latinitate donavit Joannes Meursius (Re vera auctore Nicolao Chorier).
Parisiis, cura et studio Isidori Liseux, editoris, Rue Bonaparte, n°25 Venit apud Theophilium Belin, bibliopolam, Quai Voltaire, n°29, 1885. In-8 de XXXVI-342 pages et (1) f.n.c. Tiré à 100 ex sur Hollande et 1500 sur papier ordinaire. Texte latin seulement. Couverture de papier gris imprimée en noir, publicité pour le catalogue de Th. Belin en 4e de couverture, titre en noir. [B. L. : P.C.28.b.27.]

Théophile Belin, fut poursuivi en 1886 pour avoir racheté à une vente après décès, le Zoppino et Doutes amoureux, deux ouvrages édités par Liseux et interdits, pour lesquels il avait lui-même été condamné en tant qu’éditeur. (Cf. : Duprilot (Jacques) : Gay & Doucé, éditeurs sous le manteau, Paris, Edition Astarté, 1998. p. 8)

Théophile Belin est un descendant de François Belin, le fondateur de la Librairie classique Belin, né en 1748 qui fut reçu Libraire en 1777 et dont la maison deviendra au cours des siècles qui suivirent et jusqu’à aujourd’hui, le mammouth des éditions scolaires. « (…) son livre vedette de 1792 c’est la Constitution française décrétée par l’Assemblée nationale constituante et acceptée par le Roi. L’affaire dût être bonne, car Belin récidiva en 1793 ou 1794, en « adjoignant au texte officiel quelques remarques relativement subversives du cru d’un de ses confrères libraires, Froullé. La réaction fut assez rapide: le 23 germinal An II (12 avril 1794), François fut arrêté et détenu sans jugement jusqu’à la chute de Robespierre, le 9 thermidor et libéré le 21 thermidor ; Froullé, moins chanceux, avait été jugé et guillotiné le 13 ventôse, soit six semaines avant l’arrestation de François. Comme pendant son incarcération, un fils lui était né, il le prénomma « Thermidor »; ce fut un assez mauvais garnement. (…) Des quatre fils de François, trois ont été libraires. Le fameux Thermidor, rebaptisé Théophile (les temps changent!) ne vivait pas à Paris. »
http://www.editions-belin.com/ewb_pages/n/notre-histoire.php

Ce n’est pas le nôtre, mais d’après les dates, sans doute son grand père ou son grand oncle…

Dominique Paillard (*)

[(*)Celui-là même « au nom prédestiné » dont on annonçait sur le blog : http://le-bibliomane.blogspot.com/2009/09/isidore-debout-ou-lenigme-de-de-la.html, en citant Olivier Bessard-Banquy, la parution prochaine d’une bibliographie des ouvrages publiés par Isidore Liseux. Elle ne paraitra sans doute pas, la publication du livre de Paule Adamy lui ayant coupé l’herbe sous les pieds. C’est fort dommage car malgré l’intérêt de ce dernier ouvrage, sa bibliographie souffre d’un parti-pris de l’auteur d’appeler in-16, un petit livre ; in-12, un moyen et in-8, un grand. Il est vrai que compter les feuillets, vérifier les signatures ou le sens des pontuseaux n’est plus très à la mode, y compris chez nombre de libraires d’ancien qui confondent ainsi taille du volume et format bibliographique.]

Merci beaucoup Dominique pour ces intéressants éclaircissements sur la librairie Théophile Belin.

Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

jeudi 26 mai 2011

Histoire d'une librairie : La librairie Giraud-Badin, Paris.


La librairie Giraud-Badin, située à l'angle de la rue de Fleurus et de la rue Guynemer.
Tous droits réservés Librairie Giraud-Badin


Ce que j'aime dans mon métier, dans l'expression de cette passion qu'est pour moi l'accompagnement un bout de chemin des livres anciens de collection, c'est aussi le partage que je peux faire avec d'autres de l'histoire du livre, de l'histoire de la librairie ancienne et de nos histoires partagées. Il y a de ces librairies qui par leur prestige et leur longévité imposent le respect le plus mérité. Sans la connaitre vraiment pourtant, je pense que la librairie Giraud-Badin, à Paris, est de ce nombre.

Je me suis permis de demander à cette librairie l'autorisation de publier dans les colonnes du Bibliomane moderne l'historique de cette librairie, historique que j'ai trouvé fort intéressant et utile à tous ici.

Le voici donc. Bonne lecture.

"La librairie Giraud-Badin est une librairie parisienne créée en 1917, dont le fondateur et les directeurs successifs ont joué un rôle éminent dans les domaines de l’expertise du livre ancien et de la bibliographie savante.

La librairie Giraud-Badin est depuis son origine l’un des hauts lieux de la bibliophilie à Paris. Son activité, historiquement centrée sur l’expertise dans les ventes publiques, lui vaut une renommée internationale. Louis Giraud, son fondateur, naît le 24 juin 1876, dans une famille de médecins lyonnais. Ne désirant pas embrasser sa carrière prédestinée, il débute, après des études de droit, au Crédit Lyonnais. De santé fragile, il cesse toute activité entre 1906 et 1914 et s’initie alors au livre ancien. Il ouvre sa librairie à Paris en mai 1917, 69 avenue Mozart, sous le double nom de son père (Giraud) et de sa mère (Badin). Le 1er février 1919, il entre à la librairie d’Henri Leclerc, successeur de Léon Techener dont le père, Joseph, avait fondé en 1834 le Bulletin du bibliophile. En janvier 1923, il succède à Henri Leclerc, qui lui transmet en même temps le Bulletin, alors dirigé par Fernand Vandérem. Dés 1921, il s’attache H. Émile-Paul (1870-1959), fils de l’expert propriétaire des salles Silvestre devenus des Bons-Enfants et éminent bibliographe, qui fera toute sa carrière au sein de la librairie.

Louis Giraud reprend surtout alors la fonction d’expert dans les ventes publiques, tradition dans les librairies Techener et Leclerc et activité qui donnera tout son lustre à son nom. Durant vingt-cinq ans, il sera l’animateur éclairé de 438 ventes publiques, parmi lesquelles celles de nombreuses bibliothèques aux noms restés fameux : Sarah Bernhardt, Bethmann (1923), le comte de Suzannet (1923-1938), Armand Ripault, Eugène Renevey (1924), Marcel Bénard, Georges-Emmanuel Lang (1925), Hector de Backer, comte Foy (1926), Gabriel Hanotaux, château de la Roche-Guyon (1927), Edgar Mareuse (1928), Dr P. Portalier (1929), Pierre Louÿs (1930), L.-A. Barbet, George Blumenthal, le duc Robert de Parme (1932), duchesse Sforza, Maurice Escoffier (1933), Lucien Gougy (1934), Mme Théophile Belin (1936), Georges Canape, comte Greffulhe (1937), Fernand Vandérem (1939-1940), Chadenat (1942-1950), Marc Merle (1945), Achille Perreau (1946), etc.

Malgré des difficultés innombrables, Louis Giraud maintient la publication du Bulletin du bibliophile, dont il assure la direction entre 1938 à la mort de Vandérem. Il éditera de nombreuses bibliographies, entre 1924 et 1932, abritera Commerce, la revue de Paul Valéry, Léon-Paul Fargue et Valéry Larbaud. Il portera haut le titre d’Expert de la Bibliothèque nationale, titre unique et accordé depuis lors à ses successeurs. Quittant les anciens locaux de la librairie Leclerc, au 219 rue Saint-Honoré, il s’installe au 128 boulevard Saint-Germain en octobre 1928. Il se retira, sa vue déclinant, en octobre 1953, laissant les destinées de la librairie à Lucien Lefèvre, son collaborateur depuis de longues années, associé au jeune Claude Guérin, entré dans la librairie en 1951.Celui-ci prend seul els commandes de la maison à la mort de Lucien Lefèvre en 1966. En 1969, il fera renaître le Bulletin du bibliophile dont la publication était interrompue depuis 1962 et soutiendra sans faille son existence. Publiée sous l’égide de l’Association internationale de bibliophilie (AIB), la revue est éditée par Promodis depuis 1978 puis par Electre. Si Louis Giraud, décédé le 11 décembre 1960, laisse une image d’amateur-né, son successeur Claude Guérin, par son charisme et son action, donnera un éclat tout particulier au nom de son prédécesseur, conservé dévotement.

Tout au long d’un carrière de plus de quarante ans, il a pu s’enorgueillir de l’organisation de 432 ventes publiques, dont celles de bibliophiles prestigieux parmi lesquels : André Hachette (1953), Abel Lefranc (1954), Jean Tannery (1954-1955), Louis Giraud-Badin (1955), Marcel Loncle (1956-1962-1963), Jacques Millot (1958-1975-1991), Tudor Wilkinson (1961-1970), Louis Cartier (1962), le colonel Sicklès (1962-1963), Villebœuf (1963), Jean Meyer (1964), Lazard (1971), Antoine Vautier (1971-1977), la comtesse Niel (1973), Sczaniecki (1974-1975), A. Abdy (1975-1976), Marc Pincherle (1975), Jules Marsan (1976), Sacha Guitry (1976-1977), Maxime Denesle, Robert van Hirsch (1978), R.-E. Cartier (1979), Francis Kettaneh (1980), Léon Dirkx (1981), Jacques Dennery (1984), Fernand Poupillon (1984-1985-1986), Jacques Guérin (1984 à 1991), Van der Elst (1985-1988), Henri-Marie Petiet (1991 à 1993)...


En 1978, Claude Guérin rachète L’Artisan du livre, libraire-éditeur établi 22 rue Guynemer, face au jardin du Luxembourg, et y transfert une partie de ses activités. En 1980, il quitte définitivement le boulevard Saint-Germain pour la rue Guynemer ; l’étendue des locaux sur deux niveaux permet l’organisation d’expositions de reliures : Pierre-Lucien Martin (1978), Monique Mathieu (1981) et la première exposition personnelle de Jean de Gonet (1982). La réduction de la superficie du local fera cesser ces animations.

Claude Guérin dirigera la librairie jusqu’à sa mort brutale le 23 juin 1993, en association avec Dominique Courvoisier, entré chez lui comme novice en 1969 et grandi sous l’aile de Nicha Lévy, ancienne collaboratrice de Jacques Guignard à l’Arsenal et bibliographe de la librairie jusqu’en 1981.

Depuis la disparition de Claude Guérin, la librairie poursuit son activité selon sa vocation, illustrant une renommée constante depuis sa formation, sous la seule direction de Dominique Courvoisier. Expert dans plus de 400 ventes (dont plus de 130 depuis 1993), celui-ci complète régulièrement la liste des noms qui dorent le blason de la maison : Roger Paultre (1993), C. Zafiropulo et Jean Lanssade (1993-1994), Jacques Guérin (1994-1997), H.-M. Petiet (1994-2003), Jean Meyer (1996-1997), Robert Fleury et Frédéric Anne Max (1997), Joseph, Antoine et Pierre Dumas (1998), Philippe Zoummeroff (1999-2005), Duménil (2002), Chéron (2002), Hamon (2002), Wittock (2004), Louis Jouvet (2005), Léonce Laget (2005), Comte Emmanuel d’André (2006), Léo Larguier (2006), Yves Lévy (2006), Pierre Lévy (2007), Lebédel (2007-2008), Gaston Gradis (2008), Jean Meyer (2009), Kitani (2009), Gentilhomme (2009), Vicomte Couppel du Lude (2009), Puech (2010).

La Librairie est donc l’héritière d’une prestigieuse lignée d’experts :
- Jacques-Joseph Techener (1823-1863) - Joseph Léon Techener (1863-1887) - Henri Leclerc (1887-1923) - Louis Giraud-Badin (1917-1951) - Lucien Lefèvre (1951-1966) - Claude Guérin (1951-1993) - Dominique Courvoisier (1986)"

Droits réservés, Librairie Giraud-Badin, 2011.


La page d'accueil du site internet de la librairie Giraud-Badin


Merci à la librairie Giraud-Badin pour cette diffusion, nous aurons bientôt quelques clichés de cette librairie que nous ajouterons en temps utiles.

Bonne journé,
Bertrand le Bibliomane moderne

dimanche 22 mai 2011

www.ebibliophilie.com et ses visuels qui décoiffent ! ...


Notre ami et fidèle lecteur Yohann, créateur avec d'autres amis bibliophiles du site www.ebibliophilie.com nous propose deux nouveaux visuels ou flyers pour parler d'jeunes et States ... Les voici.




Je vous invite à vous inscrire gratuitement sur le site www.ebibliophilie.com pour profiter des catalogues de ventes, des résultats archivés, etc. Le site s'améliore, la stratégie de communication se précise. Ainsi vous pouviez déjà voir un visuel du site www.ebibliophilie.com du même genre dans un catalogue de la dernière vente de livres chez Kapendji-Morhange et il y en a un également dans la prochaine du 25 mai (p. 107 du catalogue que vous pouvez télécharger ICI).

Pour mémoire je vous rappelle les deux visuels précédemment publiés.



Bon dimanche,
Bertrand Bibliomane moderne

samedi 21 mai 2011

Un beau livre pour les mordus de la pêche de la truite en rivière : Antoine Vavon, La truite, ses moeurs, l'art de la pêcher (1927).



Je tenais à partager avec vous ce soir un plaisir de bibliophile. Acquérir une belle pièce dans le thème qu'on s'est fixé, est toujours un beau moment pour le bibliophile, débutant ou confirmé. Dans un thème donné (ici la pêche en rivière et notamment la pêche de la truite et plus particulièrement la pêche à la mouche) il y a toujours une ou plusieurs pièces mythiques que l'on souhaite acquérir dans les meilleures conditions possibles, c'est à dire, en aussi belle condition possible (reliure, tirage) et dans les meilleures conditions financières possible (le prix... toujours ce maudit prix qui empoisonne la vie du bibliophile au point de parfois lui faire perdre la tête). Voici donc l'acquisition récente que je me propose de vous décrire.


Avec La truite, ses moeurs, l'art de la pêcher, par Antoine Vavon, ouvrage avec des dessins de Cousyn et Clérin, des planches en couleurs hors-texte de Clérin, Daumain et Faddegon, publié aux Editions Maurice Dormann et Cerf (16, rue Saint-Mars, Etampes, Seine-et-Oise), en 1927. C'est un grand volume in-4 (34 x 27 cm), achevé d'imprimer le 30 mai 1927, sur les presses de Maurice Dormann et Cerf, Bluet étant prote et Gaillard pressier. Les planches en couleurs ont été lithographiés par Fersing et tirées par Langrognet. L'ouvrage compte XII pages de préface et d'avant-propos et 377 pages. Il compte 77 figures en noir dans le texte et 11 belles planches lithographiées en couleurs (anatomie de la truite et planches d'insectes). C'est vraiment un très beau livre, culs de lampes et bandeaux gravés sur bois évoquant la pêche et la truite, très beau papier.


Ce livre édité sous la direction de l'auteur (Antoine Vavon) a été tiré à 650 exemplaires dont 30 exemplaires titularisés et numérotés de 1 à 30 sur papier d'Arches et signés par l'auteur. 20 exemplaires hors commerce titularisés et marqués de A à T sur papier d'Arches et signés par l'auteur. 600 exemplaires sur papier Dujardin numérotés de 31 à 630. L'exemplaire qui vient de prendre place sur les rayons de ma bibliothèque est un des 600 exemplaires sur papier Dujardin. En fait le papier Dujardin est une sorte de papier Japon, d'un point de vue esthétique, au toucher comme à la vue, légèrement jaune. Le tirage sur ce papier est très beau.


Ce livre est passablement rare. Pourquoi ? Le tirage à 650 exemplaires seulement explique pour beaucoup tandis qu'un livre de ce genre est le plus souvent farouchement conservé par les collectionneurs du thème dans leur bibliothèque. En clair, les Vavon ne sortent pas ! ou très rarement. Recherché donc, très recherché même, il en a d'ailleurs été fait une réimpression exacte en 1983 (Edicomm, tirage très limité également). En salle des ventes il sera bien rare que ce livre ne se donne à vil prix... les pêcheurs-bibliophiles veillent ! Le Vavon c'est un peu le Saint Graal moderne du bibliophile-pêcheur. En général, broché, il atteint un prix qui voisine autour des 1.000 euros. Dans une version reliée, même modestement, le prix atteint vite les 1.500 à 2.000 euros. Encore faut-il le croiser en belle livrée ! Ce qui est bien rarement le cas.


C'est à ce moment précis que je dois remercier, et la providence (il faut bien donner un nom à ce qui vous arrive au moment où cela vous arrive et pourtant sans savoir expliquer ni pourquoi ni comment cela vous arrive), et le libraire qui m'a permis cette acquisition. L'exemplaire que je vous décris se présente en effet sous une très jolie reliure. Il s'agit d'une reliure de l'époque, demi-maroquin marron à larges coins, le dos est à trois nerfs, le dos est ainsi séparé en trois sections, en haut, l'auteur et le titre doré, au centre un décor avec fers spéciaux "en long" et quatre petites fleurs mosaïquées en maroquin rouge, le dernier caisson délimité en pied contient la date. Il y a des filets dorés sur les plats pour délimiter un papier marbré assorti. La tête du volume est dorée, les autres tranches sont non rognées (relié sur brochure, dont les couvertures et le dos du brochage ont été d'ailleurs conservés à l'état de neuf). La reliure n'est pas signée mais elle est de très belle facture. Les fers dorés spéciaux utilisés au dos sont "une truite", "un panier de pêche avec fouine, épuisette et canne". Je n'ai personnellement jamais croisé un autre exemplaire de cet ouvrage dans une reliure identique, je ne saurais donc dire s'il s'agit d'une reliure commandée par un amateur ou bien un modèle de "reliure éditeur" ? (ce que je ne crois cependant qu'assez peu).


Nous voici donc en présence d'un beau livre, au tirage assez restreint, d'un format imposant, très joliment illustré, bien imprimé sur beau papier, ici très bien relié. Parlons maintenant de ce qu'il contient. Je vous livre les quelques parties telles qu'on peut les lire dans la table : Histoire naturelle de la truite, la vie et les mœurs de la truite, L'art de pêcher la truite (la pêche à la ligne - les appâts - l'équipement - notions d'entomologie - pêche à la mouche artificielle - pêche aux insectes naturels - pêche au ver - pêche au vairon). Un ouvrage très complet sur le sujet comme vous pouvez le constater.


Ce livre, "le Vavon" est ainsi l'un des livres sur la truite et sa pêche parmi les plus cotés et les plus recherchés et ce à juste titre.

Je suis donc comblé de cet exemplaire, très bien relié et en parfait état de conservation. D'aucun dirons qu'il me faut maintenant partir en quête d'un exemplaire de tête sur papier d'Arches, dédicacé par Vavon, avec un bel envoi si possible, et relié en plein maroquin mosaïqué et doublé ... cet exemplaire doit exister ... reste à le dénicher ... il me reste une cinquantaine d'années pour ce faire ... ou pas.

Pour finir je ne résiste pas au plaisir de vous montrer quelques unes des planches lithographiées en couleurs qui représentent les quelques éphémères et autres "mouches" que le pêcheur doit connaitre pour séduire dame Fario ou sa cousine dame Arc-en-ciel. Admirez !


Cliquez sur les images pour les agrandir







Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

jeudi 19 mai 2011

Ex libris Griselle en 1733 ... Est-il possible de mettre un visage sur un ex libris ?


Petite recherche entre amis. Pensez-vous qu'il soit possible de mettre un visage sur cet ex libris manuscrit écrit au bas de la page de titre d'un ouvrage imprimé en 1733 : Ex libris Griselle


Je vous laisse à vos claviers. La quête me semble un peu vaine... mais sait-on jamais ?

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

Biblio News : Allô n'est pas mort ... en 1875 !


Reliure en demi-maroquin à coins signée Allô.


Je laisse la parole à Christophe Hüe (Librairie Bibliographique)

Le relieur Charles Allô est cité par Flety qui indique son décès en 1875.

Cette information est fausse.

Cette année là, le 19 mars 1875, Charles Allô eut un enfant sans vie avec son épouse Louise Henriette Schmitz, d'où peut-être la confusion de Fléty. En fait Paul Charles Allô, est décédé à Paris 6e à son domicile 39 rue du Four le 30 septembre 1890.

L'officier d'état civil, adjoint au maire qui rédige l'acte se nomme Louis Jules Hetzel, le célèbre éditeur !!

Ce dernier a dû marier, voir naître et mourir un certain nombre de libraires, relieurs, ... en exerçant ces fonctions dans ce quartier ?

Les déclarants lors du décès sont Francis Saillard, métallurgiste, 9 rue Blaise, son beau frêre; et Amédée Tessier, 34 ans, relieur, 20 rue Mayet. Son décès est annoncé dans le New York Time du October 16, 1890.

Il est donc possible de trouver des reliures de Allô qui datent des années 1875-1890.

Voici quelques précisions concernant sa biographie :

Paul charles Allô, célèbre relieur. Actif à Paris au milieu du XIXe il demeure au 21 rue Dauphine puis au 39 rue Dufour. Il est né à Amiens le 5 avril 1824, fils de Charles Aglaé Allô, relieur à Amiens et d'Elisa Remolu. Il épousa en premières noces le 3 mai 1849 à Paris, 2e arr. (ancien) Augustine Marie Goujon, qui décéda le 1er juin 1871 à Paris (6e). Et en secondes Louise Henriette Schmitz, agée de 47 ans en 1890. Le père du relieur était donc également relieur et actif dès 1823. Il y a donc eut au moins deux relieurs nommés Allô. Ce dernier n'est pas cité dans Fléty mais a-t-il signé des reliures ?

Charles Allô appartenait à une famille de libraires d'Amiens dont on peut trouver un fragment généalogique ici : http://www.bibliographique.com/biographie/notice_allo_relieur-133.html

Ces détails pourraient être précisés par des recherches minutieuses à Amiens et à Paris.

Cordialement
C. Hüe
Librairie Bibliographique

Projets de couverture pour L’éventail d’Octave Uzanne, Paris, A.Quantin, 1882.


Je laisse la parole aujourd'hui à B., fidèle lecteur du Bibliomane moderne et qui aujourd'hui nous propose quelques belles découvertes uzanniennes.


Avant toute chose, je tiens à préciser que je connais très mal Uzanne, je l’ai connu par ce blog et, même si je pense que j’aurais fini par le remarquer (vu qu’il est dans ma période de prédilection), je n’aurais peut-être sauté sur l’occasion d’acheter ce lot. Dans cet agréable petit lot, dont je viens de vendre les quatre cartes ce week-end, se trouvent aussi trois couvertures pour L’éventail. Je crois qu’à la vue de la couverture définitive, on peut aisément imaginer qu’Uzanne ait fait faire des essais avant de choisir la couverture définitive. Pour commencer, on a une superbe impression sur soie bleue en rouge, rose pale et noir. Cette version que je trouve assez simple est bien rehaussée par la brillance de la soie. Tout a été fait au plus simple : titre, auteur, illustrateur dans un éventail et à l’arrière, un éventail plus japonisant avec des inscriptions en japonais, que je me plais à considérer comme étant le même texte mais traduit en japonais.




La couverture suivante est beaucoup plus proche de la couverture définitive : la femme à l’éventail, les deux enfants, le titre dans le décor du haut, l’illustrateur dans les éventails en bas à gauche et sur le socle à droite : « Paris A Quantin Imprimeur Editeur 1881 » On peut noter qu’on retrouve toujours le même dos, dans des couleurs adaptées au reste de la couverture. Je pense qu’ensuite, Uzanne a du se rendre compte de la complexité d’une couverture en soie, fragile (surtout quand vous avez les mains sèches, j’en sais quelque-chose !) et dont les fils peuvent aussi facilement partir sur les bords. Je vois cela vers la fin 1881. Il ne restait donc plus qu’à changer ce qui ne plaisait pas à Uzanne : les couleurs trop pâles ! Sur le haut de cette deuxième couverture a été noté au crayon les couleurs définitives choisies par Uzanne. A mon avis, ce ne sont pas des annotations d’Uzanne. On lit "or pâle – Ocre N°3 et jaune chrôme (?) N°1 – Bleu de Brême – Gris et vert foncé - Vermeille." Enfin, je suppose qu’Uzanne devait espérer faire paraître le livre en 1881 mais qu’il s’est rendu compte que ce serait difficile ; il a donc fait enlever le 1881 et remplacer par un petit décor, pour donner la couverture que certains parmi vous doivent connaître :


Et pour terminer, un petit portrait de ce cher Octave, sur papier japon, gravé par Eugène Gaujean :


Voilà donc déjà trois belles pièces qui pour l’instant sont très bien où elles sont ! (NDLR : sourire appuyé...)

B. pour le Bibliomane moderne,

Avec mes remerciements,
Bertrand Bibliomane moderne

dimanche 15 mai 2011

Octave Uzanne et les plumitifs de la presse quotidienne (1919).


Voici la dernière carte-lettre autographe d'Octave Uzanne entrée depuis peu dans ma collection. Elle est intéressante en cela qu'elle révèle un peu du caractère abrupt et tranché du maître envers les journalistes "les plumitifs de la presse quotidienne" comme il l'écrit lui-même.



Voici la retranscription de la lettre :

62, Bd de Versailles St-Cloud-Montretout (S&O)
Ce 16. VI 19. (16 juin 1919)

Mon cher ami, M’étant présenté à la maison des journalistes, j’ai du fournir, en hâte, les noms de deux témoins ; je me suis permis de joindre le vôtre à celui d’un autre camarade de plume – je tiens à vous le dire, n’ayant pu m’autoriser de vous-même. Je crois, d’après ce qui me fut dit, qu’on est assez grincheux dans cette maison, vis-à-vis des gens de lettres qui se présentent et qu’on réserve le meilleur accueil aux simples plumitifs de la presse quotidienne. J’ai toutefois pris votre patronnage (sic) si indépendant, si littéraire, si inféodé à la haute critique et au livre. Je ne me blesserais pas d’un refus. Tout arrive aux vieux de la vieille dont je suis. Croyez moi bien affectueusement votre,

Octave Uzanne



Cette carte-lettre conserve une bonne part de mystère. De quoi est-il question lorsqu'il évoque "les noms de deux témoins" qu'il devait fournir à la maison des journalistes ? Quel est ce correspondant mystérieux dont Uzanne réclame "le patronage si indépendant, si littéraire, si inféodé à la haute critique et au livre" ? Un critique littéraire certainement, mais qui ?

Quelqu'un sait-il quelque chose de cette Maison des journalistes ?

Octave Uzanne aimait à employer ce terme de plumitif à l'égard des journalistes. Il écrit dans Barbey d’Aurévilly (Paris, A la Cité des Livres, 1927) : "Les petits plumitifs de la presse boulevardière qui, pour la plupart, ignoraient son oeuvre ou ne la pouvaient comprendre, s’amusaient de cette vision d’un vieux beau portrait d’ancêtre sorti de son cadre. En grande majorité, ils s’évertuèrent au cours de sa vie, à faire de la personne de cet écrivain hors de pair une effigie de fantoche extravagant, dont l’allure don-quichottesque méritait d’être bardée de ridicule et s’offrait non moins risible que le costume désuet et le maintien hautain."

Bon dimanche,
Bertrand Bibliomane moderne

samedi 14 mai 2011

La cote d'Octave Uzanne en forte hausse ! ... ou la carte de voeux que je n'aurai pas... pour le moment !



Chers amis, je suis désolé de vous le dire mais la cote de l'ami Octave Uzanne est en hausse ! Et pas un petit peu ! Je vous avais parlé il y a quelque temps déjà de l'acquisition que j'avais faite de quelques cartes de vœux artistiques faites pour l'Octave. Lisez ICI, ICI, ICI et ICI. Comme on voit ... le Bibliomane moderne se donne la peine de collecter ces petites bluettes uzanniennes.... Mais là... quand même... faudrait pas pousser mémé dans les orties comme dirait mon grand-père (paix à son âme damnée).


On été adjugée ce soir sur un site d'enchères en ligne la carte de vœux d'Octave Uzanne pour l'année 1892, 123 euros ! Une carte de remerciements "avec mes meilleurs compliments" d'Octave Uzanne, 104 euros (tirage sur papier Japon précisé), une carte de voeux pour l'année 1890, 121 euros ! Enfin était proposé par le même vendeur, un ex libris d'Octave Uzanne daté 1888, tiré en bistre, adjugé 126 euros ! ... Personnellement je n'ai pas bien compris ces prix d'adjudication... mais je les accepte bien volontiers, même si cela me pose question : Uzanne deviendrait-il un auteur à la mode ?

Seul regret, la carte de vœux pour l'année 1890 avec les angelots que je reproduis ci-dessus et que je ne possède pas.... encore !

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

mercredi 11 mai 2011

Une bien belle vente de livres : Très beaux livres anciens. Maison de vente ALDE, le vendredi 6 mai 2011. Total : 1.259.000 euros sans les frais.



Une bien belle vente de livres oui ! 55 très beaux livres triés sur le volet par un bibliophile exigeant ... ou pas (en effet, rien ne nous dit si ces livres réunis sont l’œuvre d'un seul homme ou bien l’œuvre de plusieurs ...) L'expert était M. Dominique Courvoisier, Librairie Giraud-Badin. Commissaire priseur : Jérôme Delcamp.

Le catalogue est accessible en ligne ICI. Quelques noms d'auteurs prestigieux : Boileau, Bossuet, Cervantès, Cicéron, Cochin, Corneille, Descartes, Du Bellay, Du Tillet, Duhamel du Monceau, Fénelon, La Fontaine, La Guérinière, Molière, Percier et Fontaine, Plutarque, Voltaire et j'en passe...

Mais ce qui faisait toute l'importance de cette vente, c'était la réunion de reliures magnifiques en maroquin, la plupart aux armes ou de provenance prestigieuse. Ou l'art de rendre les livres presque uniques (vieux débat...). Nous n'allons pas repartir sur la question des estimations, hautes, basses, volontairement erronées, ou pas... Je contenterai donc de vous donner quelques chiffres.

Nombre de livres en vente : 55
Nombre de livres adjugés : 52
Nombre de livres invendus : 3

Nombre de livres adjugés en dessous de 2.000 euros : 1
Nombre de livres adjugés en dessous de 5.000 euros : 11
Nombre de livres adjugés en dessous de 10.000 euros : 29
Nombre de livres adjugés en dessous de 50.000 euros : 45
Nombre de livres adjugés 50.000 euros et plus : 7

Total des ventes sans les frais : 1.259.000 euros
Montant total des frais perçus sur les acheteurs (20%) : 251.800 euros
Montant total des frais perçus sur le ou les vendeurs : inconnu
Montant total des ventes frais compris : 1.510.800 euros
Prix moyen adjugé sans les frais : 24.212 euros
Adjudication la plus basse : 1.200 euros
Adjudication la plus haute : 220.000 euros

J'ai volontairement fermé les yeux sur cette vente, hors de portée. Mais je suis certain que de nombreux lots finiront sur les rayonnages de libraires avisés.



Avez-vous assisté à cette vente ? Avez-vous remporté un ouvrage ? La question peut paraitre indiscrète mais n'est en fait que le reflet de ma curiosité de bibliophile. Personnellement si j'en avais eu les moyens et si je n'avais du choisir qu'un seul ouvrage parmi ces 55 merveilles, j'aurais sans hésitation choisi le n°16 : Courses de testes et de bague... 1670 ... estimé 15.000/20.000 euros. Et j'ai de la chance... c'est un des 3 qui n'a pas été vendu ? Pourquoi ... mystère.

Et vous ? S'il vous fallait n'en choisir qu'un seul ? Lequel serait-ce ?

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

Il faut sauver le soldat Gavarni ! Trois lithographies aquarellées à l'époque d'une suite de six sur la jeunesse de Jean-Jacques Rousseau.



Acquisition récente. Aussitôt je savais déjà où iraient ces trois lithographies "rares" signées de Gavarni, l'artiste lithographe qu'on ne présente plus ici et que je tente de réhabiliter comme je peux, chaque fois qu'une occasion se présente. Ces trois lithographies iront donc enrichir non pas ma collection d'estampes de l'artiste mais la collection de quelqu'un qui s'intéresse de très près à Jean-Jacques Rousseau. Ces trois estampes, peu communes, ont une histoire, la voici.

Gavarni dessina six planches qui furent lithographiées par Roger et Cie et numérotées de i à 6 ; elles furent annoncées sous le titre de Littérature Illustrée. Ces six planches ont été inspirées par les confessions. Elles sont limitées par un trait, et sont entourées toutes les six par un trait carré. Au-dessus du trait carré, en haut de chacune d'elles, au milieu, sont imprimés en lettres gothiques les mots suivants : La Jeunesse de J. J . Rousseau. Elles parurent en 1838, dans la Littérature Illustrée. La première a 19 centimètres sur 14 centimètres, 8 comme dessin proprement dit, et 21 centimètres 4 sur 17 centimètres comme trait carré. La seconde a 19 centimètres 1 sur i5 centimètres comme dessin, et 21 centimètres 4 sur 17 centimètres 3 comme trait carré. Les quatre autres planches varient entre ces mesures. Chacune de ces six planches est signée à gauche, en bas, au-dessous du trait carré : Gavarni del.. et à droite : Litho. de Roger et Cie 7 rue Richer. Ces planches sont en outre signées chacune autographiquement, à droite en bas, dans l'intérieur du dessin, mais la signature est reproduite renversée ; les numéros 3 et 4 sont signés à gauche. La première de ces estampes porte, en haut, à droite, au-dessus du trait carré : N°1, la deuxième : N° 2, la troisième : N° 3, la quatrième N° 4, la cinquième : N° 5, la sixième : N° 6.


Pour la première, en bas, au milieu, au-dessous du trait carré, en lettres grises, on lit le titre : Rousseau chez Mr. Ducommun. Au-dessous de ce titre sont imprimées les quatre lignes suivantes : "Le lendemain retrouvant l'occasion belle, je tente un nouvel essai : je monte sur mes tréteaux. J'allonge la broche, je l'ajuste, j'étais prêt à piquer... Malheureusement le dragon ne dormait pas. Tout à coup la porte de la dépense s'ouvre : mon maître en sort, croise les bras, me regarde et me dit : Courage... la plume me tombe des mains." (Les Confessions, L. I.). Au-dessous de ce texte, on lit l'adresse de l'éditeur : Publié par J(us)te. Bourmancé éditeur 241 Place du Palais Royal.

Cette adresse se trouve à la même place dans chacune des six estampes au-dessous du texte expliquant l'estampe. Il existe un état pour chacune des six estampes où l'adresse : 14 Boulevard Montmartre, est remplacée par celle-ci : 241 Place du Palais-Royal (ce qui est le cas ici). Il existe aussi pour chacune des six estampes un premier état avant la lettre et sans le trait carré.


On pourrait décrire de la même manière les cinq autres planches.

Une septième planche fut dessinée par Gavarni et lithographiée par Roger et Cie. Il n'en est pas fait mention dans l'œuvre de Gavarni. Cette septième planche, qui est en tout semblable aux six autres, est signée à droite, dans le dessin : Gavarni (renversé), et au-dessous 212 (renversé). Elle a les mêmes mesures et a pour légende, au-dessous : Rousseau et Mlle Merceret, femme de chambre de Mme de Warens. Cette estampe représente Rousseau assis dans un fauteuil auprès du feu, de profil à gauche, la tête de profil à droite, regardant Mme Merceret.

Ces informations proviennent de l'ouvrage "Iconographie de Jean-Jacques Rousseau ; portraits, scènes, habitations, souvenirs, etc." par le comte de Girardin (Paris, Librairie centrale d'Art et d'Architecture, s.d. (1908).

Les trois estampes que j'ai miraculeusement sauvées d'un désastre annoncé, sont ici en état "colorié" à l'époque. État qui n'est pas mentionné dans cette bibliographie. Malheureusement (car il y a toujours un malheureusement), je n'ai trouvé que les lithographies N°1, 3 et 6... et elles présentent quelques défauts (mouillures et salissures, voire petites déchirures marginales). Malgré tout je reste convaincu que ces lithographies sont "peu communes" et qu'elle iront enrichir, avec plaisir, une collection déjà bien avancée sur Jean-Jacques. Peut-être même, qui sait, auront-elles les honneurs d'une exposition très bientôt... mais chut...

Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

mardi 10 mai 2011

Identification d'ex libris ...



Le Bibliomane moderne s'interroge au sujet de cet ex libris de la fin du XIXe siècle. Ex libris imprimé en bistre et gravé par Stern à Paris.

Bonne journée,
Bibliomane moderne

Esthétique du livre à l'époque romantique. Eugène Renduel, Célestin Nanteuil et l'année 1833.



Frontispice à l'eau-forte pour le Samuel, roman sérieux, par Paul de Musset, chez Eugène Renduel. Roman publié la même année


"Une des plus belles eaux-fortes de M. Célectin Nanteuil" écrit Charles Asselineau à propos de ce frontispice pour le Samuel de Paul de Musset (Paris, Eugène Renduel, 1833). Tirage sur Chine collé.

L'année 1833 est riche pour l'éditeur Eugène Renduel. Il publie également Lucrèce Borgia de Victor Hugo. Avec également un joli frontispice de Célestin Nanteuil tiré sur Chine collé.


Voici donc deux exemples de l'esthétique qui fit des livres de cette époque et notamment des livres publiés par Eugène Renduel, encore aujourd'hui, des livres "à part" dans l'histoire du livre.

Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

samedi 7 mai 2011

Long discours ennuyeux sur les commentaires de Paul de Castre (1540).


Mesdames, Messieurs, sortez vos cahiers, marquez la date, le Professeur Textor va développer longuement devant vous un sujet ardu qui mérite un peu d’attention. Je vous demande silence et concentration, le premier qui fait un commentaire pendant l’exposé prend la porte du Portail.

Fig 1 Pierre, on vous a repéré à l’avant dernier rang, copiant sur votre voisin !


Comme disait le Pseudo-platon, (non, Platon n’était pas son pseudo, on l’appelait Pseudo-Platon comme d’autres se font appeler Textor – essayez de suivre un peu !). Comme disait le Pseudo-platon, disais-je, dans l’Axionis de Contempta Morte, usant du terme Aphilosophos, « le discours ennuyeux met dans un état qui rend ennemi du discours »…. Notez-le dans un coin, nous y reviendrons.

Le thème du jour sera tout entier consacré aux Pandectes de Justinien, plus particulièrement au Digeste Nouveau, qui n’a de digeste que le nom. Et encore plus particulièrement, au commentaire qu’en fit Paul de Castre l’an 14XX .

Fig 2 Dommage qu’il faille faire son droit, les paysages de Toscane paraissent enchanteurs.


Mais tout d’abord, qui était. Paul de Castre ? Et non pas de Castres, rien à voir avec le rugby. Paul de Castre qui vécut dans le XVe siècle était d’une très petite condition au point que sa famille n’avait point de nom et qu’il prit celui de Castro, fidèle à ses origines. (Il était né à Castro en Italie). Ne pouvant qu’à peine subsister, il occupa un emploi de copiste dans la maison des Balde. C’est là qu’il apprit le droit avec les enfants des Balde et à chaque fois qu’il entendait quelque chose de fin et de subtile il le mettait incontinent par écrit. Il apprit aussi beaucoup de François de Castellioneus et par l’assiduité de son travail il devint le plus grand jurisconsulte de son temps. Par une interprétation claire et nette il débrouilla les obscurités du droit et il le remit dans son ancienne splendeur.

L’université d’Avignon lui donna le bonnet de docteur et il obtint des thèses en public dans le palais épiscopal en présence de plusieurs prélats, qui argumentèrent contre lui. Ensuite il en soutint d’autres dans l’université du matin jusqu’au soir, contre tous venants. Ce qui lui fit beaucoup d’honneur. Il resta dans cette ville pendant huit années et donna au public 136 de ses réponses, que l’on trouve encore dans toutes les bonnes librairies.

Fig 3 La bonne fortune de Paul de Castre, toute voile dehors.


Fig 4 Les vertus nécessaires aux juristes, la sagesse


Fig 5 Les vertus nécessaires aux juristes, la patience.


Après quoi, il fut appelé à Florence comme assesseur du Cardinal Zabarella et il réforma le droit de la République et du Sénat. Puis il parti pour Sienne et Bologne et laissa de si bon commentaires qu’on peut dire que s’il n’y avait pas eu Bartole, il aurait tenu le premier rang : « Si Bartholus non fuisset ejus locum Paulus tenisset ! ».

Decius dit de lui dans son Conseil 132, qu’il n’osait pas le contredire et il l’appelait le docteur de la vérité. Et le Président Fabre disait qu’il n’y avait pas juriste plus subtile. Devant tant de gloire, c’est à se demander pourquoi Wikipédia ne lui consacre aucune notice !

Seuls quelques bourguignons acariâtres, tel M. de Chasseneuz (attention, de ne pas oublier le h) dans la Coutume de Bourgogne, disent au contraire que cet auteur est dangereux dans ses conseils touchant les choses qui concernent la conscience. Et je m’en vais vous l’illustrer par un sujet qui rappelle la révocation de la convention de Schengen.

Fig 6 Les juristes combattent le malin, la bête informe qui terrorise la contrée et fait naitre l’anarchie.
(au registre inférieur)



Fig 7 Le Monstre est touché à mort.


Fig 8 Victoire du pouvoir temporel (au registre supérieur)


Dans la première moitié du XIVe siècle, comme les naturalisations se multipliaient, Paul de Castre eut à rendre un avis (consilium) alors qu’il enseignait au studium de Florence. La corporation des notaires de Florence lui soumirent une cause contre la corporation des notaires de San Gimignano qui voulait intégrer leur guilde. Cette cité distante de 60km de Florence avait été intégrée à son territoire et avait pu bénéficier, par un traité d’alliance, du droit de traiter ses ressortissants comme des « veri et originarii comotatini et populares florentie », donc pas vraiment des « cives civitatis », mais des assimilés (cives comitatenses). Par ailleurs, pour repeupler la ville après la peste noire, la République de Florence donnait aux ressortissants de San Gimignano le privilège d’exercer des charges administratives s’ils résidaient 6 mois à Florence. Mais une loi de 1404 prévoit que l’accès aux charges suppose d’avoir payé une taxe pendant vingt années. Paul de Castre trancha le cas d’une formule définitive : Se soustraire à la loi de 1404 voudrait dire que Florence aime mieux les étrangers que ses propres concitoyens, or un citoyen ex privilegio ne peut valoir un citoyen d’origine. Jus soli contre jus sanguini, la décision fit grand bruit dans le Landerneau.

Fig 9 La vie de Paul de Castre


Fig 10 Les Grands législateurs : Justinien

.
Fig 11 La page de titre du Livre premier, vue d’ensemble.


Paul de Castre mourut à Padoue en 1437 dans une extrême vieillesse (d’après Jean Trittenhem qui conte sa vie en prologue du Repertorium, mais la BNF propose 1441) après avoir enseigné le droit pendant quarante cinq ans.

Pierre ! Qui n’avez rien écouté, vous me copierez cinq cent fois en gothique cursif la phrase : « La route est longue disent les cavaliers, mais elle est encore plus longue pour le pauvre cantonnier » !!

Bonne soirée,
Textor

Note : Cet ouvrage, imposant in folio, contient relié ensemble trois livres, les deux livres du Digeste Neuf et le Répertorium qui couvre ces 2 livres, mais aussi le Digeste Vieux, et le Code. Voir les explications de la légende (Canon pro numeris marginalibus) du répertoire sur cet ensemble en Fig 9. Chaque livre a sa page de titre séparée et le bois d’encadrement du titre est donc répété trois fois. Curieusement, les adresses différent : Lyon., Jean de Bry au livre 1 et Lyon, Dominique Guarnerius au livre 2.

Fig 12 Colophon du livre 2


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