Le 29 avril dernier, il y a tout juste deux mois, j'étais sur les marches du Grand Palais, à Paris, à attendre fébrilement l'ouverture au public de la 23e édition (5e édition au Grand Palais) du Salon international du livre ancien, de l'estampe et du dessin. Des espoirs d'achats et de rencontres plein la tête, des milliers de livres à voir, des estampes, des dessins, et des autographes aussi...
Comme je l'ai déjà écrit ICI en guise de compte-rendu, cette année fut pour moi une belle année dans le sens où j'y ai vu de très beaux livres mais également parce que j'ai pu en acquérir quelques uns. La fête était donc déjà réussie dès le vendredi soir à la sortie, où, entre amis du livre, nous nous montrions nos "prises de guerre".
Mais le samedi devait me réserver encore son lot de belles surprises... car je ne vous avais pas tout dit...
J'avais atteint mon plafond de dépenses non autorisées par mon ministre des finances at home (et aussi chez ceux qui ne sont pas populaires sans raison si vous voyez de qui je veux parler...), bref, je regardais, vaguement, sans plus m'intéresser à grand chose ... c'était vital !! Et pourtant... si l'on ne devait choisir que ce qui est vital... donc ...
Mon regard se posant sur une étagère haute d'un libraire de province qui proposait uniquement des livres anciens et modernes, de belle qualité, s'arrêta sur tout autre chose... un cadre, simple baguette noire moderne, moche pour tout dire, et un mauvais reflet qui m'empêchait de voir ce qu'il avait d'encadré à l'intérieur. Je m'approchai donc pour pouvoir enfin voir qu'il s'agissait d'une lettre manuscrite avec au bas cette signature : Victor Hugo !
Évidemment là j'ai tout de suite pensé à mon banquier !! mon sang n'a fait qu'un tour ... mon porte-monnaie aussi !! D'un coup d’œil rapide je parcouru cette lettre et la pris en mains tout en tremblotant.
Après ce qu'il arriva c'est mon inconscient qui parla, je demandai au libraire en question à quel prix elle était affichée (le prix n'étant pas indiqué), et quelques minutes de négociation douce plus tard... la lettre et son cadre étaient emballées dans un sac cacheté estampillé SLAM.
Ensuite vient tout le processus de découverte de la lettre, du texte, de son histoire (qui reste à faire), de sa lecture et de sa relecture, sans s'en lasser.
A ce jour elle n'est pas encore encadrée de digne façon mais cela ne saurait tarder. Vient maintenant le temps des questions et des réponses. Les voici, quant aux premières :
Cette lettre est une lettre de remerciement que Victor Hugo écrit à un poëte qui lui a visiblement envoyé un exemplaire d'un recueil de poésies dans lequel un poème est dédié au Maître. Victor Hugo d'une manière qui ne tient qu'à lui, non seulement polie mais avec cet art de la rhétorique si particulier, exprime que l'auteur de ces vers a du talent : "Vous êtes le diable [double?] travailleur de la matière et de la pensée". Ce poète qui reste à ce jour inconnu le fut peut-être vraiment ? ou pas ... Qui était-il ? Quel est ce "noble poème" dédié à Victor Hugo dont l'édition date vraisemblablement soit de 1878 soit de 1879 ?
"Mon digne et cher concitoyen" indique certainement quelqu'un qu'il ne connaissait guère alors ? Qui n'aimerait pas recevoir ce bel encouragement de la part d'un écrivain tel que Victor Hugo, alors au fait de sa gloire ?
Que faisait Victor Hugo ce 2 juin 1879 ? à Paris. Il répondait à ses correspondants... et d'autres choses encore que je cherche à découvrir.
Voilà, je vous laisse maintenant en présence d'une copie numérique de cette lettre. Toutes vos suggestions seront les bienvenues concernant ce mystérieux correspondant du Maître.
Retranscription de la lettre :
"Paris 2 juin 1879
Mon digne et cher concitoyen, J’ai lu vos vers,
je vous remercie de me dédier ce noble poëme :
Il y a quelque inexpérience dans le détail ;
mais l’inspiration est haute et généreuse.
Ce que vous faites par le bras, vous le faites aussi par l’esprit.
Vous êtes le diable [double?] travailleur de la matière et de la pensée.
Je vous serre la main.
Ce qui m'étonne le plus dans cette histoire c'est que cette lettre soit restée en place au Grand Palais depuis le jeudi soir jusqu'au samedi tard dans l'après-midi ... soit elle n'avait pas été "sortie" ... soit elle m'attendait ... j'aimerais croire par romantisme à la deuxième solution.
Et je ne peux m'empêcher de conclure ce billet en reprenant une des phrases de la lettre :
"Vous êtes le diable [double?] travailleur de la matière et de la pensée." (Victor Hugo, Paris, 2 juin 1879).
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
Note : la lettre est écrite sur un papier vergé épais un peu jaune/bruni, d'origine anglaise, filigrané "original stair's mil(l) paper" ... elle n'a pas été postée (ni cachet ni timbre), il s'agit donc d'un billet qui aurait été remis en mains propres ou chose probable, glissé en guise de dédicace dans un volume. Traces de plis. Réparation au dos de la lettre. Petits manques de papier et déchirures dans les marges. Rousseurs.
Comme je l'ai déjà écrit ICI en guise de compte-rendu, cette année fut pour moi une belle année dans le sens où j'y ai vu de très beaux livres mais également parce que j'ai pu en acquérir quelques uns. La fête était donc déjà réussie dès le vendredi soir à la sortie, où, entre amis du livre, nous nous montrions nos "prises de guerre".
Mais le samedi devait me réserver encore son lot de belles surprises... car je ne vous avais pas tout dit...
J'avais atteint mon plafond de dépenses non autorisées par mon ministre des finances at home (et aussi chez ceux qui ne sont pas populaires sans raison si vous voyez de qui je veux parler...), bref, je regardais, vaguement, sans plus m'intéresser à grand chose ... c'était vital !! Et pourtant... si l'on ne devait choisir que ce qui est vital... donc ...
Mon regard se posant sur une étagère haute d'un libraire de province qui proposait uniquement des livres anciens et modernes, de belle qualité, s'arrêta sur tout autre chose... un cadre, simple baguette noire moderne, moche pour tout dire, et un mauvais reflet qui m'empêchait de voir ce qu'il avait d'encadré à l'intérieur. Je m'approchai donc pour pouvoir enfin voir qu'il s'agissait d'une lettre manuscrite avec au bas cette signature : Victor Hugo !
Évidemment là j'ai tout de suite pensé à mon banquier !! mon sang n'a fait qu'un tour ... mon porte-monnaie aussi !! D'un coup d’œil rapide je parcouru cette lettre et la pris en mains tout en tremblotant.
Après ce qu'il arriva c'est mon inconscient qui parla, je demandai au libraire en question à quel prix elle était affichée (le prix n'étant pas indiqué), et quelques minutes de négociation douce plus tard... la lettre et son cadre étaient emballées dans un sac cacheté estampillé SLAM.
Ensuite vient tout le processus de découverte de la lettre, du texte, de son histoire (qui reste à faire), de sa lecture et de sa relecture, sans s'en lasser.
A ce jour elle n'est pas encore encadrée de digne façon mais cela ne saurait tarder. Vient maintenant le temps des questions et des réponses. Les voici, quant aux premières :
Cette lettre est une lettre de remerciement que Victor Hugo écrit à un poëte qui lui a visiblement envoyé un exemplaire d'un recueil de poésies dans lequel un poème est dédié au Maître. Victor Hugo d'une manière qui ne tient qu'à lui, non seulement polie mais avec cet art de la rhétorique si particulier, exprime que l'auteur de ces vers a du talent : "Vous êtes le diable [double?] travailleur de la matière et de la pensée". Ce poète qui reste à ce jour inconnu le fut peut-être vraiment ? ou pas ... Qui était-il ? Quel est ce "noble poème" dédié à Victor Hugo dont l'édition date vraisemblablement soit de 1878 soit de 1879 ?
"Mon digne et cher concitoyen" indique certainement quelqu'un qu'il ne connaissait guère alors ? Qui n'aimerait pas recevoir ce bel encouragement de la part d'un écrivain tel que Victor Hugo, alors au fait de sa gloire ?
Que faisait Victor Hugo ce 2 juin 1879 ? à Paris. Il répondait à ses correspondants... et d'autres choses encore que je cherche à découvrir.
Voilà, je vous laisse maintenant en présence d'une copie numérique de cette lettre. Toutes vos suggestions seront les bienvenues concernant ce mystérieux correspondant du Maître.
Retranscription de la lettre :
"Paris 2 juin 1879
Mon digne et cher concitoyen, J’ai lu vos vers,
je vous remercie de me dédier ce noble poëme :
Il y a quelque inexpérience dans le détail ;
mais l’inspiration est haute et généreuse.
Ce que vous faites par le bras, vous le faites aussi par l’esprit.
Vous êtes le diable [double?] travailleur de la matière et de la pensée.
Je vous serre la main.
Victor Hugo"
Ce qui m'étonne le plus dans cette histoire c'est que cette lettre soit restée en place au Grand Palais depuis le jeudi soir jusqu'au samedi tard dans l'après-midi ... soit elle n'avait pas été "sortie" ... soit elle m'attendait ... j'aimerais croire par romantisme à la deuxième solution.
Et je ne peux m'empêcher de conclure ce billet en reprenant une des phrases de la lettre :
"Vous êtes le diable [double?] travailleur de la matière et de la pensée." (Victor Hugo, Paris, 2 juin 1879).
Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne
Note : la lettre est écrite sur un papier vergé épais un peu jaune/bruni, d'origine anglaise, filigrané "original stair's mil(l) paper" ... elle n'a pas été postée (ni cachet ni timbre), il s'agit donc d'un billet qui aurait été remis en mains propres ou chose probable, glissé en guise de dédicace dans un volume. Traces de plis. Réparation au dos de la lettre. Petits manques de papier et déchirures dans les marges. Rousseurs.