jeudi 19 juillet 2012

Petit voyage au pays des couvertures illustrées '50 - curiosa oblige !


Ne vous êtes-vous jamais demandé si les livres que vous achetiez, que vous collectiez avec ferveur, amour, passion le plus souvent, valaient les efforts que vous leur consacrez ? Drôle de question me direz-vous. Certes, si vous les achetez, c'est que vous les aimez ... pas si sûr en fait ! Il arrive parfois (souvent) que l'on soit le jouet de ses (mauvaises) habitudes. Je veux dire par là qu'une fois une idée de collection en tête, il n'est plus si facile d'en changer. Métamorphoser sa bibliothèque est sans doute encore plus difficile que d'en construire une de zéro. Vous ne me croyez pas ? Pour ma part je vis la chose en grand depuis quelques mois et j'avoue que si l'effort en vaut la chandelle, cela n'est pas sans provoquer d'incessantes auto-suggestions, pas toujours si évidentes à vivre. Passons. Ce petit préambule n'a pour seul but que celui de vous faire réfléchir sur vos propres habitudes bibliophiliques et collectionneuses.

Et si demain vous vendiez l’intégralité de votre bibliothèque actuelle pour en rassembler une nouvelle ? Et si cette bibliothèque, composé d'incunables, d'impressions du XVIe siècle, de beaux illustrés à vignettes du XVIIIe siècle, d'illustrés Art Nouveau fin de siècle, ou d'éditions originales françaises des années 20, était remplacée par une bibliothèque composée d'éditions populaires de romans érotiques des années 50 (en fait on peut étendre la période entre 1920 et 1970 environ) ? Y avez-vous déjà songé ? Connaissez-vous ces éditions aux couvertures illustrées avec goût (ou pas), imprimées sur papier (pas toujours bon), la plupart du temps n'ayant pas eu les honneurs de la reliure d'art (donc 95% d'exemplaires brochés), avec pour seul atout pour elles la curiosité comme guide et le nombre de titres disponibles (sans doute plusieurs milliers de titres à réunir). Pas ou très peu de grands papiers ou papiers de luxe. Une cote fluctuante mais un prix en librairie qui oscille le plus souvent en dessous de la barre des 50 euros. Avouez que c'est alléchant ! Que de belles découvertes en perspectives, à petit prix, avec néanmoins la satisfaction de pouvoir chercher, fouiner, découvrir les plus beaux exemplaires (exemplaires en parfait état de conservation - ce qui est loin d'être si évident). Alors ? Toujours pas tenté de brader votre collection has been d'incunables latins pendant qu'il en est encore temps ?

Pour vous tenter, voici une série de photos de couvertures de livres du genre curiosa de cette période (toute autre thématique pouvant être envisagée évidemment). Depuis le livre simplement grivois jusqu'au titre le plus dévergondé, votre choix peut s'avérer difficile. A vous de choisir !









Avouez que ça a de l'allure dans une bibliothèque non ?

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

lundi 16 juillet 2012

Theodore de Bèze : Les Poemata, une erreur de jeunesse (1548)



Les poètes du XVIème siècle bénéficient de la faveur des blogs ces dernières semaines, je saisis cette opportunité pour placer dans la conversation une de mes dernières acquisitions, le premier livre de Théodore de Bèze. Un recueil de poésies en latin qui ne va pas déplaire à Bertrand comme nous l’allons démontrer.

Théodore de Bèze est né en 1519 dans la sainte ville du Vezelay, en pays bourguignon, il était le fils du Bailli de cette ville, et la chance de Théorore fut d’avoir, outre des capacités intellectuelles au dessus de la moyenne, deux oncles ecclésiastiques. A l’époque avoir des oncles ecclésiastiques était bien plus intéressant qu’aujourd’hui, car c’était la promesse d’un héritage substantiel issu des confortables bénéfices de leur charge. Donc, dès l’âge de 9 ans le petit Théodore fut confié à l’humaniste Melchior Wolmar, proche des milieux réformés, qui venait d’ouvrir un internat à Orléans. Theodore de Bèze obtint sa licence en droit en 1539 et mena la vie insouciante et turbulente des étudiants fortunés. C’est au cours de ces années d’études qu’il commença à écrire des vers latins pour distraire ses condisciples.


Fig 1 La page de titre de l’édition originale des Poemata publiée chez Conrad Bade en 1548.



Fig 2  La belle marque représentant un atelier d’imprimerie est inspirée de celle de son père.


A la suite de ses études, il gagna Paris et se lia d’amitié avec un cercle d’intellectuels, lesquels se retrouvaient chez l’imprimeur Michel Vascosan : Adrien Turnèbe, George Buchanan, Mellin de Saint Gelais, ou Salmon Macrin. Le Cénacle de la Rue St Jacques était formé. La vie était joyeuse, les filles admiratives et les amours torrides. Faisant fi des codes sociaux, Théodore se fiança avec une jeune fille d’un rang inférieur au sien (Pouah !) au grand scandale de la famille. La belle Claudine Denosse sera célébrée dans les Poemata.

Mais voilà, en 1548, Dieu apparut à Théodore de Bèze et, passablement courroucé, lui signifia qu’il était temps d’arrêter de faire la noce. Transfiguré par cette expérience mystique, notre poète embrassa illico la religion réformée, liquida ses bénéfices qui n’étaient qu’argent sale  et partit pour Genève, accompagné de sa maitresse qu’il épousa selon le rite réformé : La sanction ne se fit pas attendre, il fut condamné à mort pour « hérésie symoniacale avec la blasphème hérésie luthérienne »  et brulé en effigie place Maubert, en Mai 1550.

Une chance pour nous, Théodore de Bèze avait eu le temps, avant de fuir à Genève, de confier son manuscrit de poèmes latins à l’imprimeur Conrad Bade (le fils de Josse Bade)  qui  les publia  in extremis aux ides de Juillet 1548, avant de quitter lui aussi Paris sans attendre les représailles.


Fig 3 Le portait de l’auteur à 29 ans, à l’époque de la publication des Poemata.


L’ouvrage est composé de cinq parties dont les quatre premières sont assez formelles : Les Sylves, les Icônes, les Elégies et les Epitaphes. Des vers classiques d’étudiant nourris de références antiques. La dernière partie, la plus importante est d’une autre tournure. Ce sont des épigrammes dédiés à une Muse prénommée Candida. Les thèmes ne sont pas piqués des hannetons et j’ai hésité longtemps avant de présenter quelques pages de ces poèmes érotiques au cas où les chastes lectrices de ce blog entendraient le latin.


Fig 4 Epigrammata. Ad Candidam



Fig 5 Formosas videam …


Au fil des allusions et des situations scabreuses, on comprend que de Bèze se moque surtout des superstitions catholiques. L’épigramme « in spurrinam » met en scène un fidèle catholique qui, désespérant de ne pas avoir d’enfant, quitte sa femme et parcourt les pèlerinages d’Europe et d’Asie, allant jusqu’au sommet du Sinaï. A son retour, usé de fatigue, il retrouve sa femme …avec trois enfants !

Evidemment, Theodore  de Bèze, devenu le bras droit et successeur de Calvin, regretta toute sa vie cette erreur de jeunesse, si peu en ligne avec sa  nouvelle conduite et se justifia en invoquant son maitre Melchior Wolmar,  à qui l’œuvre avait été dédiée : « Par désir de gloire et pour contenter les vœux d’un maitre à qui je devais tout, je fus entrainé à publié ce petit livre ».


Fig 6 La dédicace de Theodore de Bèze, Vezelius (Vézélien) au précepteur helvète Melchior Wolmar.


Il dut subir non seulement les attaques des milieux catholiques mais également les sarcasmes des austères calvinistes. François Bauduin, ancien secrétaire de Calvin passé au catholicisme, raillait son camarade Bèze, jadis poète très élégant et devenu théologien féroce. La polémique allait bon train, la perverse Candida aurait été son épouse Claudine Denosse et l’épigramme « de sua in Candidam et Aubertum benevolentia » (Sur l’affection de Bèze pour sa Candida et son ami Aubert) une allusion à la bisexualité du théologien.

Mais voilà, le sexe fait vendre et ces Poemata eurent beaucoup de succès. 3 éditions successives de piètre qualité virent le jour sans nom d’éditeur (dont deux dites à la tête de mort). Théodore de Bèze se résolut alors à réviser le texte, en expurger les passages les plus scabreux et à publier une deuxième version augmentée, à Genève, chez Henri Estienne, en 1569, bien moins drôle.


Fig 7 Colophon de l’édition de 1548


Je vois bien comment Bertrand pourrait conclure ce papier, alors que les soldes battent leur plein dans toutes les librairies : « Ne soldez pas Theodore, il b... encore ! »

Bonne soirée
Textor


(1) Théodore de Bèze, Poemata , Paris, Conrad Bade, 1548, pet in-8 de 100 pages, cahiers signés a-f8 et g2. 

(2) Reliure plein basane fauve, double filet doré, dos orné (Reliure du XVIIe siècle).

Cf Barbier Mueller, Ma bibliothèque poétique, « Mignonne, allons voir… » n°101. 

mercredi 11 juillet 2012

Saurez-vous retrouver l'ouvrage auquel appartient cette gravure ?


Saurez-vous retrouver l'ouvrage auquel appartient cette gravure ?


Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

mardi 10 juillet 2012

Description bibliographique d'un petit catalogue de curiosités : L'amour à travers les livres.


Il ne sera pas dit que vous débutez votre été bibliomaniaque sans un peu de gaudriole distillée avec goût. Voici une acquisition récente qui ne vous laissera pas indifférent(e), même par ces météorologies chaotiques et volontiers novembresques. Espérons-le !

Petit catalogue de format modeste (15,5 x 12 cm) de quelques dizaines de pages simplement agrafées au centre (un seul cahier donc), se distinguant néanmoins par une jolie couverture illustrée en couleurs comme vous pouvez le voir ci-dessus. "L'AMOUR A TRAVERS LES LIVRES" tel est son titre. Vendu 2 francs. En quatrième de couverture on peut lire une réclame plein texte pour la librairie en question qui propose les livres que nous allons voir. Les conditions de vente ainsi détaillées donnent le ton : envoi des livres sous pli fermé, sans marque extérieure (discrétion assurée). Service pour la France comme pour l'Etranger. Paiement en billets de banque possible (on aimerait que cela soit toujours en vogue...), enfin, une recommandation de dernières lignes : Ne communiquez ce catalogue qu'aux adultes. A la fin des conditions de vente on lit que le magasin est ouvert tous les jours, les dimanches et fêtes exceptés, de 9 heures à 12 heures 30 et de 14 heures à 19 heures 30. Formule de politesse : le meilleur accueil vous est à l'avance réservé.




Ouvrons ce petit catalogue.

Il s'ouvre sur un texte signé Jacques d'Abran intitulé : "Sur les livres libertins". Petite éloge des livres polissons à travers les siècles, de Boufflers à George Sand en passant par Musset. Propos rapide et bien tourné. Vient ensuite la "Liste des livres" (donne une liste de livres avec numéro d'ordre, titre, descriptif et prix de vente). Nous y revenons de suite. L'essentiel du catalogue, soit les dix feuillets centraux, sont occupés par des reproductions photographiques de femmes nues, assez jolies photographies de studio, charmantes et assez sages au final. La liste des livres reprend ensuite et se termine au verso de la quatrième de couverture.

J'avoue que je voulais vous donner la reproduction in extenso de ce petit catalogue, mais cela n'a pas été possible, car parmi les reproductions photographiques, l'une d'elle représentait un corps nu féminin que la loi et la morale réprouve à juste titre désormais. Ne souhaitant pas me voir accusé de propager de telles images, fussent-elles diffusées à titre purement documentaire ;  vous aurez donc l'intégralité des pages moins une (double-page).

Mais venons-en à la Liste des livres proposés à la vente par ce petit catalogue. Voici les titres et le prix demandé :

1. ALCÔVES PRINCIÈRES ET ÉPISCOPALES. Oeuvre très libre sur les orgies galantes consommées dans les alcôves très secrètes. 15 francs. [éditions Astra, 1929]

2. PRINCESSES COURTISANES (LESBIENNES). Passions ardentes de jolies femmes avides de sensations perverses. L'ouvrage délicieusement écrit nous entraîne - par la main - vers des plaisirs troublants et parfumés d'un amour très spécial. 15 francs. Le même livre avec une série de photos "ENTRE FEMMES" 25 francs. [éditions Astra, 1929]

3. VENUS EN RUT. Le dernier ouvrage paru dans cette collection très recherchée. Des scènes d'une sensualité raffinée et de toutes natures combleront de joie les lecteurs les plus passionnés. Très leste. 15 Francs. [1934]

4. L'ART D'AIMER ou L'ECOLE DE L'AMOUR. Cet ouvrage constitue pour les Amants et Maîtresses un véritable guide de caresses inédites de plaisirs nouveaux de positions voluptueuses. Lisez-le pour connaître les secrets de l'amour suprême. Le livre seulement 15 francs. Le livre avec une série de photos prises sur le vif  "LES 32 MANIÈRES DE S'AIMER." 25 francs. [1928]

5. LE GUIDE DES MAISONS DE RENDEZ-VOUS ET LIEUX DE PLAISIRS. C'est l'ouvrage le plus complet du genre. Contient toutes les adresses, même les plus secrètes, de Paris, province et étranger. Détails inouïes et spécialités. De curieuses photographies prises sur le vif donnent à ce guide la valeur d'un véritable document sur les moeurs de ces maisons d'amour et de plaisir. 25 francs.

6. GUIDE DE L'AMOUR SANS DANGER. Ce guide très complet du Dr Verdier est une garantie merveilleuse contre les risques de l'amour. Des conseils pratiques, efficaces en font un guide indispensable aux amoureux des deux sexes. Lisez-le, et désormais vous pourrez, sans crainte pour votre santé, vous aimer pleinement sans danger. Très fort volume de près de 200 pages. 25 francs.

7. ÉCRIN DU RUBIS. C'est l'ivresse des caresses attardées sous les jupes dans des lingeries et dessous féminins. Exquise confession d'une très jolie fille sur l'odyssée de son pantalon. 25 francs. [Jean Fort, 1932]

8. SOUS LA JUPE. C'est bien l'ouvrage le plus osé, le plus délicieusement pimenté que l'on se soit permis de publier. Rien n'y manque pour régaler les plus délicats : des scènes d'amour précoces, des postures amoureuses inédites, de quoi donner le vertige aux plus froids ! De nombreuses illustrations piquantes accentuent l'intérêt de ce remarquable ouvrage. 30 francs. Le livre avec une collection de belles photographies très galantes prises sur le vif. 50 francs.

9. LA BELLE POLISSONNE. Si vous recherchez une oeuvre très excitante, lisez "LA BELLE POLISSONNE" : vous serez littéralement enthousiasmé. C'est l'histoire véridique d'une jolie femme dont les aventures amoureuses nombreuses et les polissonneries savantes dépassent tout ce que vous pouvez imaginer de pire... et de délicieux ! De nombreuses illustrations vous permettent de ne plus rien ignorer de ses charmes, ni de ses jeux. 30 francs. Le livre avec une magnifique collection de photographies couleur "chair" prises sur le vif en pleine action. 50 francs. [éditions du Couvre Feu, s.d., vers 1930]

10. LES ESCLAVES DE JOHN KRISSLER. Un livre très curieux qui vous séduit et vous bouleverse. Des scènes luxurieuses d'amour succédant à d'épouvantables supplices, véritables inventions diaboliques d'un nouveau Marquis de Sade. Ces belles esclaves sont aussi friandes de caresses que de ... coups ! De nombreuses et splendides illustrations très réalistes complètent ce texte très attachant ... 30 francs.

11. L'INFERNALE VOLUPTÉ OU LES FRÉNÉSIES AMOUREUSES. Une étrange et fascinante aventure d'amour. Ce livre est un hymne à la chair et à la volupté. Comment faire vibrer de plaisir les maîtresses les plus froides et les plus rebelles. C'est là un secret formidable que cet ouvrage vous permet d'acquérir à tout jamais. 21 gravures d'un réalisme invraisemblable donnent une valeur documentaire à cet ouvrage. 30 francs.

12. PENSIONNAT DE MADAME CLERVAL. Étrange pensionnat où les jeunes et jolies pensionnaires se livrent entre elles et même avec de beaux partenaires à des jeux passionnants et qui sont décrits sans aucun fard en plein lumière. Beaucoup d'illustrations très piquantes donnent un charme de plus à cet ouvrage très recherché. 35 francs. [Les Orties Blanches, 1933]

13. ÂME D'ESCLAVE. Pourquoi faut-il que cette jeune femme belle à la folie soit devenue l'esclave d'un vice raffiné et anormal ? Révélations stupéfiantes sur certaines pratiques sexuelles. Nombreuse illustrations saisissantes. 35 francs.

14. LE JARDIN PARFUMÉ. Ouvrage de luxe très spécial sur les règles de l'amour charnel. Comment se plaire, se caresser et s'aimer. Toutes les positions amoureuses décrites avec des détails inouïs. Très recommandé. 50 francs. L'ouvrage avec une collection de 32 photographies (18 x 24) toutes spéciales, avec personnages jeunes et beaux (H. et F.), dans des scènes ultra-galantes. "LES 32 POSITIONS D'AMOUR." 250 francs.

15. LE JOURNAL INTIME D'UNE SOUBRETTE par ***. Ouvrage terriblement osé et tout parfumé de souvenirs amoureux d'une jolie soubrette au tempérament de feu. Jamais aucune femme passionnée ne s'était donnée aussi complètement que dans ces pages brûlantes de baisers, de caresses et de pâmoisons. Présenté dans une édition de grand luxe, c'est un livre très rare pour les bibliophiles (NDLR : bibliophiles ! ça y est le mot est lâché !). 50 francs.

16. CHAMBRIÈRES DE HAUTE ECOLE. De jolies filles et de vigoureux partenaires dans des jeux délicieux et suggestifs, voilà de quoi passer d'agréables moments en lisant ce magnifique ouvrage luxueusement illustré d'eaux-fortes. 50 francs. [Les Orties Blanches, Jean Fort, 1934]

17. ESCLAVAGE par Edith Klinder. Ce livre est un document formidable sur les passions féminines. Le déshabillage au couteau. Les seins épinglés. Chienne et esclave. Le viol d'Annabel. Ouvrage sensationnel de près de 400 pages avec un grand nombre d'illustrations d'un réalisme inouï. Très recommandé. 60 francs.

18. SONIA DOMINATRICE. La belle et chaude Sonia nous raconte dans des confessions cyniques toutes ses plus belles aventures d'amour. C'est d'une incroyable audace et pourquoi ne pas l'avouer singulièrement envivrant. Edition soignée, limitée à un très petit nombre d'exemplaires seulement, contient beaucoup d'illustrations d'une vérité étonnante. 60 francs.

19. SONIA DOMPTÉE. Sonia, la jolie Sonia, plus délicieuse et plus perverse que jamais, vous conduit dans des régions brûlantes où elle se révèle une fougueuse amoureuse à la chair insatisfaite. C'est d'une intensité et d'un réalisme stupéfiants. Dix photographies format 18 x 24 vous permettent de ne plus rien ignorer des scènes décrites dans cet ouvrage d'une présentation unique. 60 francs.

20. CONFIDENCES ÉGARÉES. Livre d'un érotisme délicat ; des scènes délicieuses et perverses sont décrites d'un doigt habile. De nombreuses illustrations très suggestives en rendent la lecture attachante. 60 francs.

21. CARESSES par ***. Parmi tous, voici de toute évidence l'ouvrage le plus érotique et le mieux écrit de l'époque. Vous assisterez émerveillé à l'initiation amoureuse d'une jeune écolière : c'est raffiné à l'excès. Cet ouvrage numéroté, imprimé sur beau papier, est appelé à être avant peu de temps une véritable rareté bibliophile : aussi nous le recommandons tout spécialement à nos correspondants. 100 francs.

22. EDUCATION DE CHÉRUBIN. Ouvrage remarquable relatant dans tous ses détails les plus intimes la vie amoureuse d'un hermaphrodite. Tous les curieux voudront connaître les étranges sensations éprouvées par cet extraordinaire personnage. Nombreuses illustrations. 90 francs. [Les Orties Blanches, 1934]

23. FANNY, FILLE DE JOIE ou L'ART DE JOUIR DE LA VIE EN ANGLETERRE. Cet ouvrage fameux est complètement hors commerce. De plus, il est rigoureusement interdit en Angleterre. Le texte le plus scabreux qui se puisse lire. Sera bientôt épuisé. TRÈS RECOMMANDÉ. 100 francs.

24. BOUTONS DE CHAIR ou LES DÉBORDEMENTS DE MADEMOISELLE ALICE par ***. Après "CARESSES" nous recommandons tout spécialement à nos correspondants les plus exigeants ce nouvel ouvrage très érotique, qui vient de paraître depuis peu. Nous ne craignons pas d'affirmer que ce livre est le plus osé et le mieux écrit des ouvrages de ce genre. Lisez "BOUTONS DE CHAIR" : vous serez émerveillé par son audace. Edition de grand luxe à 500 exemplaires seulement. Ne sera pas réimprimé et chaque exemplaire numéroté est appelé par sa rareté à prendre une très grande valeur. 125 francs.

25. L'ARDENTE TUTELLE. Un livre enflammé de passions violentes. Histoire vécue d'une amoureuse dont les enlacements nombreux sont décrits d'une plume captivante. Dès les premières pages vous êtes empoignés d'une fièvre intense par la sensualité de cet ouvrage sensationnel. De nombreuses photographies, prises sur le vif en pleine action, accompagnent ce livre magistral. Très recherché, il en reste une vingtaine d'exemplaires seulement. 150 francs.

26. SCÈNES DE MOEURS GALANTES. Cette oeuvre de Crébillon fils est une des plus belles de la littérature galante. Accompagnée de 6 gravures en couleurs. Edition de luxe numérotée limitée à 150 exemplaires. 200 francs.

27. LE RIDEAU LEVÉ ou L'EDUCATION DE LAURE. Oeuvre licencieuse du Comte de Mirabeau. Très recherchée des connaisseurs en raison de sa rareté et de son texte terriblement osé. De nombreuses et magnifiques gravures sur cuivre rehaussent la valeur de ce magnifique volume. 250 francs.

Ainsi s'achève cette liste, illustrée de 14 petites vignettes photographiques (ou reproductions de gravures) suggestives.












Les inévitables questions maintenant : Quand ? Qui ? Où ? Nous avons mis entre crochets à la fin de chaque notice, la date supposée des ouvrages décrits ainsi que le nom de l'éditeur lorsque celui-ci est connu.

On en conclut ? Que ces ouvrages datent des années 1929 à 1934 environ et que donc ce petit catalogue a dû être imprimé vers 1934 ou 1935. Les ouvrages proviennent de différents fonds d'éditeurs spécialistes du genre : Jean Fort notamment. Par contre, j'ai beau chercher, je ne vois nulle part indiqué sur ce catalogue l'adresse du libraire revendeur à l'origine de ce petit catalogue de livres coquins à tendances sado-masochistes. Sans doute l'adresse n'était-elle connue que des seuls clients ... imprimée sur une bande ou sur l'enveloppe qui contenait le catalogue ou sur un feuillet volant que nous n'avons pas.

On s’aperçoit vit que la plupart de ces ouvrages sont aujourd'hui devenus peu communs pour ne pas dire assez rares. Il suffit d'interroger un méta-moteur tel que Vialibri pour s'en rendre compte rapidement. Ces livres étaient vendus sous le manteaux, cachés après acquisition, souvent malmenés de mains de maîtres (si je puis me permettre l'expression con-sacrée), bref, il n'en reste plus guère de solides et en belle forme. Ces volumes n'ont eu que bien rarement les honneurs de la reliure, ou alors avec marqué CORAN ou MISSEL en lettres d'or au dos ... ce qui ne facilite pas les recherches pour le bibliophile curieux de curiosa de cette époque.

Celui ou celle qui déciderait de collectionner les 27 titres présentés dans cette mince plaquette aurait, à mon avis, déjà fort à faire ! Bon courage aux téméraires.

Quant à ce petit catalogue à prix marqués, dont les livres sont soigneusement décrits, avec de belles illustrations, le tout sur un beau papier glacé blanc, c'est aussi devenu une petite rareté. Petite certes, mais rare. Ne cherchez pas Jacques d'Abran, il n'existe pas. Sans doute un petit mot d'introduction par le libraire lui-même.

Si vous en savez plus sur ce petit catalogue (ou ce type de petits catalogues spécialisés es coquineries dans les années 30), nous serons je pense tous preneur ici d'une bonne leçon ! (sourire).

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

vendredi 6 juillet 2012

Librairie or not librairie ? ou l'histoire à faire d'une photographie ancienne chinée trois sous.

  

Détail

Il m'arrive parfois (souvent) de sortir du chemin tout tracé de la bibliophilie "tradi" comme dirait un ami (qui ne me veut pas toujours du bien). Voici donc un objet de chine, je veux dire cette charmante photographie ancienne de format assez grand (16,5 x 12 cm pour la vue et 29,5 x 23,5 cm pour le carton support sur lequel elle est contrecollée). De quand date-t-elle ? Que représente-t-elle ? Au départ je croyais y voir une librairie de village ou de petit bourg. Mais rien n'est moins sûr. Que nous montre la devanture de ce magasin ? Des oeuvres imprimées sur papier, c'est certain. Gravures ? faire-part de naissance ou autre ? Journaux ? Revues ? Livres ? Boîtes en carton décorées illustrées ? A vrai dire j'ai bien du mal à me faire une idée, même en ayant scanné à 600 dpi après éreintement complet de mon PC préféré pourtant assez doué dans le traitement d'images (coquines il est vrai la plupart du temps).


Photographie ancienne contrecollée sur carton support de présentation décoré.



Détail

Donc, le mieux est de vous laisser juge et parti. A vous de jouer les Sherlock Holmes !

Ah si, j'oubliais, au dos, un tampon : Louis RYCKMAN Photographe - 59, rue de Paris - Houilles (Seine & Oise).

Alors ? ça vous parle ?

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne



jeudi 5 juillet 2012

Histoires sans paroles : Quelques résultats remarquables de la vente de livres anciens et modernes du 4 juillet 2012 (Etude ADER NORDMANN, salle Favart à Paris).








Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

Nota : le Bibliomane moderne n'est mandaté ni privilégié par aucune maison de vente aux enchères, pas plus que par aucune librairie, tout simplement parce que le Bibliomane moderne est libre et qu'il entend le rester et qu'il n'en fait qu'à sa tête et suit exclusivement ses envies - tiens... ça me rappelle quelqu'un d'autre ça ... Octave si tu nous lis ! Vale !

Souvenir de Léon Curmer (1801-1870), éditeur.


S'éloigne-t-on de la bibliophilie qu'aussitôt on s'en rapproche. Car au finale tout est lié. Lavoisier l'aurait dit autrement : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Et c'est bien le cas ici.

Cher amis, vous souvenez-vous de l'excellent et émouvant billet consacré à Léon Curmer, éditeur émérite sinon de génie, par Thierry Couture, et publié dans nos colonnes en novembre dernier ? Léon Curmer (1801-1870) : éditeur célèbre, homme méconnu. Tel était le titre. On y apprenait beaucoup de choses, et notamment de nombreuses informations généalogiques recueillies par Thierry, passionné par le personnage. On pouvait également voir la sépulture familiale encore en place au cimetière de Montmartre. Je vous laisse relire cet article si vous ne nous lisiez pas alors ou si vous avez oublié. C'est ICI.

Depuis, le temps a passé, mais les grands esprits, tels que celui de Léon Curmer, ne s'oublient pas si rapidement. D'autant que Léon Curmer a eu descendance et qu'aujourd'hui encore, plusieurs personnes portent fièrement son nom. C'est le cas de Patricia. Patricia Curmer, qui nous écrit le petit mot suivant :

Chers amis,

J’avais vraiment le désir de nettoyer l’intérieur de la chapelle funéraire encombrée de feuilles mortes, cannettes, bouteilles et autres objets délicats ! Mais ne savait pas trop comment m’y prendre. Grâce à l’aide de Thierry, toujours plein de ressources, et qui m’avait donné l’adresse d’un marbrier/serrurier avenue Rachel à deux minutes du cimetière Montmartre, j’ai pris rendez-vous avec le patron de cette entreprise à l’heure du déjeuner (car les horaires ne sont pas commodes pour quelqu’un qui travaille à Asnières) et nous sommes partis ensemble en voiture sur les lieux. J’ai rencontré un homme compréhensif et serviable qui avec son ouvrier a forcé la porte de la chapelle avec un pied de biche ; et ce sans trop de difficulté - mais je pense aussi avec l’aide du ciel … - Mais le plus gros restait à faire et le samedi suivant, armée d’un balai acheté avenue de Clichy, gantée de caoutchouc, et munie de grands sacs poubelles j’ai bravé la poussière des siècles, les araignées, l’humidité … J’ai nettoyé les deux masques funéraires qui sont en bonn état comme vous pouvez le voir sur les photos. J’ai trouvé sur place une petite balayette bien décatie mais qui peut faire encore de l’usage et qui prouve qu’une main délicate se rendait dans la chapelle pour l’entretenir et honorer la mémoire de Léon Curmer. J’ai trouvé également sur place  le reste d'un tableau, c'est-à-dire le cadre bien abimé et qui est parti à la poubelle car irrécupérable ; et une image pieuse à la mémoire de Anne-Catherine la première femme de Léon. Voilà, je suis heureuse d’avoir pu ainsi rendre hommage à mon ancêtre mais ce qui m’ennuie c’est que les vols dans les cimetières sont de plus en plus nombreux. Je suis tombée la semaine dernière sur un article du Figaro qui racontait les pillages au cimetière du Père Lachaise. La porte de la chapelle Curmer n’est pas battante mais d’un coup d’épaule on peut rentrer à l’intérieur … et voler le crucifix qui est tout rouillé et les deux masques. On ne peut mettre une serrure sur une porte rouillée. La seule chose à envisager est de percer un trou dans le mur et mettre un cadenas. Bien amicalement.

Patricia Curmer

Émouvant témoignage. Je comprends tout à fait cette envie de rendre à son ancêtre l'honneur qui lui est dû. De mon côté je dois bien reconnaître que la mémoire de Léon Curmer ne me laisse pas indifférent, bien que je ne sois attaché à lui que par des Saintes Évangiles polychromes, une Imitation de Jésus-Christ et les volumes, tout aussi polychromes des Français peints par eux-mêmes. Curmer était de ces géants de l'édition du XIXe siècle industrialisé qui ont fait du livre ce qu'il est aujourd'hui : un bien tout à la fois luxueux, précieux et démocratique.

Je vous laisse en compagnie de quelques photographies prises dans la sépulture de Léon Curmer par Patricia.









PS : si vous allez au cimetière Montmartre, armés de bonnes ou de mauvaises intentions, dans tous les cas, n'y cherchez pas les masques mortuaires cités ci-dessus, ils sont désormais en lieu sûr. Il le fallait.

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

lundi 2 juillet 2012

L'artiste mystérieux ... qui ? quoi ? quand ? où ? ou les bibliophiles à l'épreuve.


Qui saura nous dire à qui l'on doit cette très jolie composition ? De quand elle date ? et dans quelle publication on la trouve ?

PS : ceux qui savent déjà (parce que j'ai déjà montré cette composition ailleurs) sont priés de se taire ... merci pour les autres.

Bonne soirée
Bertrand Bibliomane moderne

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