On dit que c'est dans la presse du lendemain qu'on trouve les nouvelles les plus fraîches ... Mais dans la presse de la veille ou même d'avant hier, on trouve des brèves tout aussi intéressantes. Ainsi cet article du 20 août 1898 du New York Times à propos de l'incendie des ateliers de reliure d'art de la firme Riviere & Son à Londres :
Robert Riviere (1802-1882), issu d'une famille d'artiste français, était un autodidacte en matière de reliure d'art. Il s'installa à Londres dès 1840. Il travailla alors rapidement pour la famille royale d'Angleterre, la famille du duc de Devonshire et plusieurs grands collectionneurs de l'époque. C'est avec son neveu, P. Calkin, qu'à partir de 1880, la firme prend le nom de "Riviere & Son".
Reliure plein maroquin signée RIVIERE (bound by Riviere)
probablement vers 1860-1870 sur un volume imprimé en 1850
L'article commence ainsi : "The latest disaster to be chronicled in a new edition of Blades's "Enemies of Books" is the recent burning of the bookbindery of Robert Riviere Son of London. Many book treasures, some of great rarity, were destroyed or badly damaged, and among the bibliophiles whose collections suffer through the regrettable accident are a number of New Yorkers, for American collectors have of late years been Riviere's best patrons. (...)"
Je n'ai pas encore retrouvé la date exacte de cet incendie ravageur pour le monde de la bibliophilie de l'époque. Je vais regarder ce que je trouve à ce sujet. Si de votre côté vous en savez plus, n'hésitez pas à enrichir ce billet en commentaires savants.
Je vous ai placé en tête de billet une reliure signée RIVIERE & SON et probablement datable de ces mêmes années 1890-1900. Il s'agit d'un exemplaire de la bibliothèque du célèbre bibliophile américain Robert Hoe (1839-1909). C'est un plein maroquin marron, dos à nerfs orné aux petits fers, plats encadrés d'un triple-filet doré, dentelle dorée intérieure, tête dorée. Cette reliure pourrait tout aussi bien être signée d'un Chambolle-Duru, d'un Lortic ou d'un Thibaron, autant de relieurs français qui travaillaient de la même manière et selon les mêmes niveaux d'exigences dans le fini de la reliure et de la dorure. Des exemplaires parfaitement établis comme on aime le dire en termes de catalogages, et ce n'est ici pas usurpé. Le bibliophile Robert Hoe semble avoir usé et abusé des services de ce grand atelier de reliure, on trouve en effet plusieurs dizaines voire centaines de reliures portant cette signature au catalogue de sa bibliothèque lorsqu'elle fut vendue en 1905. Le volume présenté ci-dessous y était porté à la page 65 du tome III. Le catalogue est visible et téléchargeable ICI. Je vous invite à télécharger également le volume intitulé "The library of Robert Hoe, a contribution to the history of bibliophilism in America" (1895), ICI.
Bonne journée,
Bertrand