mercredi 30 janvier 2013

Une initiative intéressante : La France des écrivains - Cartographie littéraire collaborative.



Cliquez sur la carte ci-dessus ou bien allez sur



La France des écrivains
vous est proposée par la librairie Ivres de Livres.
29, rue Wimpheling 67000 Strasbourg www.ivres-de-livres.fr

La France des écrivains regroupe des textes relevant du domaine public, ou publiés au titre de l'article 122-5 du Code de la Propriété Intellectuelle, autorisant de courtes citations à caractère pédagogique.

Contribuez à enrichir La France des écrivains en proposant des textes. Pour cela, cliquez sur le lien "je participe", à droite du menu, ou envoyez nous des photocopies à notre adresse.


Belle idée non !?

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

lundi 28 janvier 2013

Bibliomane ou Bibliophile ? ... par Albert Robida.


Bibliomane ou Bibliophile,
dessin à la plume par Albert Robida.


Je vous laisse découvrir pour quel ouvrage le truculent dessinateur et tailleur d'imaiges Albert Robida a bien pu faire ce dessin à la plume.

Que pourrais-je vous dire pour vous mettre sur la voie ? ... Qu'il a été fait un tirage de luxe à 25 exemplaires et un autre à 12 exemplaires seulement, tirages que personnellement je n'ai jamais croisé nulle part (et pourtant j'ai longtemps cherché). Que ce livre ne cite en aucun endroit, en aucun même minime recoin de page le nom d'Octave Uzanne ... et pourtant il y aurait bien mérité sa place en grand ... ainsi va la vie qui n'est pas à une injustice près.

Alors ? Si vous savez envoyez moi un mail ou poster en commentaire (mais si vous savez de suite, laissez un peu les autres chercher ...)

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

mercredi 23 janvier 2013

Les Œuvres de Racine publiées par Pierre Didot : l’édition du Louvre.


En 1789,  François Ambroise Didot est  âgé de 59 ans. Il peut se montrer satisfait de sa carrière : sous sa direction l’imprimerie Didot, fondée par son père François, est à l’origine de nombreuses inventions ou innovations en France : l’introduction du papier vélin, inventé par Baskerville, le point typographique, dit point Didot, la presse à un coup, qui permet de doubler les cadences…
De même, il a publié des collections d’ouvrages, qui témoignent de la reconnaissance obtenue : « la Collection des Classiques français et latins imprimés pour l’éducation du Dauphin », publiée « par ordre du Roi » à partir de 1783, dans les formats in 4°, in-8° et in-18, et également la « Collection d’ouvrages français, en vers et en prose » imprimée « par ordre du Comte d’Artois », qui comptera 64 volumes, à partir de 1780.

En 1789, donc, François Ambroise se retire et cède la direction de l’entreprise familiale à ses deux fils, Pierre, né en 1761, et Firmin, de trois ans son cadet.
Pierre et Firmin vont se répartir les rôles : à Pierre l’imprimerie et le travail d’édition, à Firmin le travail de création et de fonderie des caractères.

En 1789, l’entreprise Didot est proche du pouvoir en place, comme on le voit. Mais la Révolution qui arrive ne va pas lui nuire : l’Etat utilisera ses compétences incontournables pour l’émission des assignats, ce qui confortera la prospérité de l’imprimeur.

Pierre Didot, « l’aîné », comme il se nomme rapidement, a des ambitions pour l’imprimerie. Il poursuit les Collections prestigieuses de son père, et met rapidement en chantier de nouveaux projets, qui sont bien dans l’air du temps.

L’époque a changé, depuis quelques années. Les découvertes de Pompéï ont suscité un intérêt, un engouement pour l’Antiquité. La Révolution naissante va conforter cette vogue, par rapprochement avec les Républiques Romaine et Grecques. Les vertus antiques sont magnifiées : l’époque veut des Héros et se cherche des modèles dans les auteurs anciens, mais également dans les grands tragédiens modernes, Racine en tête.

L’iconographie suit le mouvement : le néo classicisme triomphe, les décors sont antiques, les poses nobles, la douceur et le naturel des peintres et illustrateurs du siècle passé sont abandonnés. Le peintre qui domine à ce moment est Jacques-Louis David, avec des œuvres monumentales, comme « le Serment des Horaces », en 1785, ou le projet pour « le Serment du Jeu de Paume ».

A partir de 1791, Pierre Didot conçoit une nouvelle Collection ambitieuse. Il s’agira des œuvres d’auteurs antiques et modernes, illustrés par les meilleurs artistes du moment, dans un format monumental : l’in-folio.


Gravure de Mathieu d’après Girodet, pour Andromaque, de Racine, Acte I, scène II, détail.

Pour l’illustration de cette Collection, il demande naturellement l’assistance de David. Mais celui-ci n’apparaîtra pas, son nom ne sera jamais cité, peut-être parce que l’illustration n’est pas un genre noble. Sa participation sera pourtant importante : il choisit parmi ces élèves ceux qui participeront au projet, suit attentivement les étapes des réalisations, participe lui-même, en fournissant certains dessins, qu’il fait signer d’un de ses élèves, en retouchant, voire refaisant certaines compositions jugées (par lui) trop faibles, à chaque étape, en écartant certains des artistes qui ne lui plaisent plus.

Le projet est de longue haleine, en effet Pierre Didot vise la perfection en tous points : correction du texte, correction de la typographie, caractères, illustrations. Son frère Firmin gravera de nouveaux caractères, plusieurs fois, pour ces éditions. David corrigera lui-même les dessins. Tout ceci est très onéreux, et prend beaucoup de temps. Le tirage sera très restreint, suivant l’habitude des Didot, mise en œuvre notamment sur la Collection du Dauphin.

Le premier auteur publié sera Virgile, en latin, publié seulement en 1798. Il s’agit de : Publius Virgilius Maro. Bucolica, Georgica, et Aeneis. Parisiis, in Aedibus Palatinis, 1798, Reip. VI., Excudebam etrus Didot, natu major (Paris, Imprimé au Louvre par P. Didot Aîné, 1798, An VI de la République), illustré par 23 estampes d’après les desseins de Gérard et  Girodet, peintres. Le tirage est limité à 250 exemplaires, signés et numérotés à la main par Pierre Didot, en dernière page. Le prix est de 900 francs pour les cent premiers exemplaires, gravures avant la lettre, et de 600 francs pour les cent cinquante exemplaires suivants, avec les gravures avec la lettre. Ce livre ne contient « aucune faute typographique, si ce n’est un J dont le point manque » (Auguste Vitu).

600 francs : cette somme est considérable pour l’époque, l’équivalent de deux années de salaire d’un ouvrier, de plusieurs mois pour un officier.

L’adresse porte : « imprimé au Louvre ». En effet, l’année précédente, le ministre de l’Intérieur, François de Neufchateau, pour encourager Pierre Didot dans cette entreprise, lui a permis de s’installer dans les locaux libérés par l’Imprimerie royale. Cette adresse donnera son nom à cette Collection. Un premier ouvrage a paru cette année-là, portant cette adresse : les Amours de Psyché et Cupidon, suivies d’Adonis, poème, format in-4°, « orné de gravures d’après les desseins de Gérard, peintre ». Il semble bien que certains de ces dessins puissent être attribués à David, toujours dans l’ombre.

La publication du Virgile donna lieu à une présentation lors d’une séance à l’Institut, auquel deux exemplaires « tirés à part » furent offerts, et à un rapport, le 5 ventôse an VI, par Armand-Gaston Camus :
« Le Virgile est d’un caractère plus pur que tout ce que nous avons vu. On croirait impossible d’imaginer mieux, si Didot lui-même n’annonçait qu’il espère faire un pas au-delà dans l’édition du Racine qu’il projette ».

L’année suivante, 1799, voit la parution du second ouvrage de la Collection : les œuvres d’Horace, toujours en latin : Quintus Horatius Flaccus, Opera omnia, Parisiis, in aedibus Paltinis scientiarum et artium ; excudebat Petrus Didot natu major, un volume in-folio, orné de 12 vignettes d’après les dessins de Percier. Le tirage est également de deux cent cinquante exemplaires, dont les cent premiers ont les gravures avant la lettre. Deux exemplaires sur sont été imprimés sur peau de vélin. L’un d’eux, avec les dessins de Percier, provenant de la bibliothèque de Junot, a été adjugé 83650 Livres frais compris par Christies le 13 juin 2002 à Londres.

La collection sera poursuivie par les Œuvres de Racine, en 1801, puis les Fables de La Fontaine, qui paraîtront en 1802, en deux tomes, illustrées de douze vignettes d’après les dessins de Percier, ferment la marche. Didot quittera le Louvre en 1805.


Légende : Racine, frontispice, gravure avec la lettre.

Voici l’annonce du Racine dans l’Annuaire de la librairie :

« Œuvres de Jean Racine, imprimées sur pap. Vélin, à 250 exemplaires, numérotés et signés, et ornés de 57 Estampes. Trois volumes grand in-fol., divisés en trois livraisons. – De l’Imprimerie de Pierre Didot l’aîné. – 1ere Livraison, composée du 1er volume, dédié au Premier Consul Bonaparte, portant pour titre :
Oeuvres de Jean Racine. Tome premier. – A Paris, de l’Imprimerie de Pierre Didot l’aîné, au Palais National des Sciences et des Arts. An IX ; M.DCCCI.
Volume grand in-fol., de VIII pag. (titre et faux-titre, dédicace et avis de l’imprimeur au lecteur), et de 467 pag. de texte ; orné de 24 estampes, dont une servant de frontispice, 5 pour la Thébaïde, 5 pour Alexandre, 5 pour Andromaque, 3 pour les Plaideurs, et 5 pour Britannicus ; même suite des pièces contenues dans ce volume.
Chacune des pièces offrira une estampe par chaque acte ; ce qui fera monter la totalité à cinquante-sept, en y comprenant le frontispice. Les Dessins de chaque pièce sont tous de la composition d’un même Auteur ; de sorte que l’ensemble de l’ouvrage produira, sans bizarrerie, une variété piquante. Ainsi, pour le Tom. 1er, la Thébaïde a été composée en son entier par Moitte, sculpteur ; Alexandre, par Gérard, peintre ; Andromaque, par Girodet, peintre ; Britannicus, par Chaudet, sculpteur ; les Plaideurs par Taunay, peintre.
Pour le Tom. 2d : Bérénice, par Sérangeli ; Bajazet, par Gérard ; Mithridate, par Peyron ; Iphigénie, par Gérard ; Phèdre, par Girodet, peintre.
Pour le 3e Vol. les Dessins d’Esther et d’Athalie sont de la composition de Chaudet, sculpteur.
A l’égard des caractères, gravés par Firmin Didot, ils ont encore quelque supériorité sur ceux employés dans le Virgile et l’Horace, in-fol. déjà publiés, qui forment les 2 premiers vol. de cette Collection.
Le papier de la fabrique de Montgolfier d’Annonai, a plus d’éclat que celui du Virgile et de l’Horace.
La 1ere Livraison, composée du 1er vol. a été mise en vente vers la fin de l’an 9 ; la IIe, composée du 3e vol., paroîtra six mois après la première ; et la IIIe et dernière, composée du 2d vol., six mois environ après la seconde.
On paie la totalité de l’Ouvrage, en recevant la 1ere Livraison ou le 1er vol. ; et le prix est de 1200 fr. pour l’exemplaire avec figures après la lettre, et de 1800 fr. avec figures avant la lettre, dont on a tiré 100 exemplaires. On remet aux Souscripteurs un bon pour retirer les deux autres Livraisons à mesure qu’elles paroîtront, sans qu’ils aient rien à payer de plus.
A la publication de la IIe Livraison ou du 3e vol., l’exemplaire avec figures après la lettre sera irrévocablement fixé à 1500 fr., et à 2250 fr. avec figures avant la lettre.
Lors de la 3e et dernière Livraison, ou à la publication du 2d vol., l’exemplaire sera de 1800 fr. avec figures après la lettre, et de 2700 fr. avec figures avant la lettre. »

Trois volumes in-folio dont le prix peut atteindre 2700 francs ! C’est le traitement annuel d’un officier, plusieurs années de revenus de la plus grande partie de la population !


Légende : Page de titre.

Cette édition des Œuvres de Racine présente bien sûr toutes les pièces de théâtre, par ordre chronologique, qui forment les deux premiers tomes. Le troisième tome renferme les deux pièces chrétiennes : Esther et Athalie,  auxquelles sont joints d’autres écrits (« œuvres diverses en vers et en prose ») :
-          la Nymphe de la Seine à la reine, ode ;
-          le Renommée aux Muses ;
-          Idylle sur la Paix ;
-          Epigrammes ;
-          Hymnes traduites du Bréviaire romain ;
-          Cantiques spirituels ;
-          Plan du premier acte d’Iphigénie en Tauride ;
-          Premiere lettre à l’auteur des Hérésies imaginaires et des deux Visionnaires ;
-          Seconde lettre en réponse à celles de MM. Dubois et Barbier d’Aucourt ;
-          Discours prononcé à l’Académie françoise, à la réception de M. l’abbé Colbert ;
-          Discours prononcé à l’Académie françoise, à la réception de MM. T. Corneille et Bergeret ;
-          Extrait du Traité de Lucien, intitulé : Comment il faut écrire l’Histoire ;
-          Fragments historiques ;
-          Réflexions pieuses sur quelques passages de l’Écriture-Sainte ;

-          Ouvrages attribués à M. Racine :

-          Discours prononcé à la tête du Clergé, par M. l’abbé Colbert, coadjuteur de Rouen ;
-          Relation de ce qui s’est passé au siege de Namur.

Il ne s’agit donc pas des Œuvres complètes de Racine, il manque notamment l’Abrégé de l’Histoire de Port-Royal. Ce n’est pas une édition savante : le texte est présenté avec les préfaces de l’auteur, mais sans notes ni texte de présentation.

On note dans cette liste une apparente faute d’orthographe, qui pourrait choquer dans un ouvrage d’une telle ambition : « Premiere » est écrit sans accent grave. Mais c’est volontaire : Pierre Didot a la volonté de réformer l’orthographe, et met ses idées en application. De ce fait, dans cet ouvrage ne figure aucun accent grave… Ses réflexions sur le sujet déboucheront quelques années plus tard sur la création d’un nouvel accent, l’accent « moyen », intermédiaire entre l’accent grave et l’accent aigu, symbolisé par un trait vertical. Mais cette innovation n’aura pas de postérité.

Ici, Firmin Didot, qui a gravé les caractères, a poussé la recherche de la perfection à son terme. « Lorsqu’on regarde une page composée en Didot, le gris typographique exprime une sorte de légèreté, de simplicité qui lui est bien particulière. Cela tient à ce que chaque lettre possède, par elle-même, ses qualités. Elle le doit à l’excellence du rapport entre les pleins et les déliés, à l’exacte verticalité des fûts, à l’exacte horizontalité des empattements et aux prolongements horizontaux donnés aux attaques. » (Yves Perrousseaux, Histoire de l’écriture typographique).


Légende : extrait de « l’imprimeur au lecteur ».


Légende : exemple de la typographie. Extrait de la « seconde lettre … »

Avec ce projet démesuré, Pierre Didot frappe les esprits. Les promesses de parution ne seront d’ailleurs pas tenues : la dernière livraison sera effectuée en 1805. Mais ce petit souci n’a pas d’influence sur la réception de l’ouvrage. A l’exposition nationale de 1806, il est proclamé « la plus parfaite production typographique de tous les pays et de tous les âges », jugement confirmé par le jury de l’Exposition universelle de Londres en 1851.

Pierre Didot n’a rien ménagé pour s’assurer le succès. Publié peu après la Paix de Lunéville, le 20 pluviôse an IX (9 février 1801), qui doit apporter enfin la paix en France, l’ouvrage est dédié au général Bonaparte, Premier Consul, auquel Pierre Didot s’adresse directement :


Précurseur de la paix, que l'on doit à tes armes,
ce fruit des arts naquit dans le sein des alarmes :
si, digne de Racine, il l'est encor de toi,
quelqu'un de vos lauriers s'abaissera sur moi.
de vos noms réunis, Enfant de la Victoire,
La France avec orgueil contemplera la gloire:
Ses destins sont remplis; le favori de Mars
Dépose ses lauriers dans le temple des Arts.
Oui, préside aux travaux, anime l'industrie;
Fais d'un nouvel éclat rayonner ma patrie;
Et puissent tes exploits, qu'admire l'univers,
Etre un jour consacrés par d'aussi nobles vers !

Habilement, il s’associe au Héros du jour, Bonaparte, et à l’auteur célébré, Racine.

L’avis de l’imprimeur au lecteur lui permet ensuite d’exalter son travail. Il met en avant les grands mérites des artistes, qui ont fourni les dessins « commencés l’an 1er de la république » (soit huit années plus tôt !), celui de son frère Firmin, qui a gravé et fondu les caractères, spécialement pour cette édition, celui du citoyen Montgolfier, dont la fabrique fournit le papier,  celui des typographes, et le sien propre :

Si, au milieu des secousses inséparables d'une révolution, et toujours affligeantes pour les arts, j'ai pu amener à une heureuse fin l'ensemble de cette édition remarquable, il ne m'a fallu rien moins qu'une constance inaltérable et un désintéressement total, joints au désir ardent d'élever à la gloire de Racine un monument typographique qui devînt pour ainsi dire national. Elle paroit enfin sous les plus heureux auspices, accueillie par la paix, et décorée du nom immortel du héros qui en a agréé l'hommage.

Elever un monument : Pierre Didot y est parvenu. 3 volumes in-folio, d’un poids de 21 kilos, ornés de 57 gravures hors-texte (seul le Théâtre est illustré, d’une planche par acte), d’un style néo-classique affirmé, exaltant l’héroïsme des personnages, fournis par les artistes du moment, élèves de David : Taunay, Girodet, Gérard, Serangeli. Prudhon en a dessiné le frontispice. La présence de sculpteurs parmi les dessinateurs retenus pourrait surprendre : mais pour être un bon sculpteur, il faut bien sûr maîtriser le dessin.


Légende : Gravure de Massard d’après Girodet, pour Phèdre, Acte V, scène VII, gravure avec la lettre. Vente Binoche du 11 novembre 2012.

Cet ensemble de gravures constitue l’apogée du néo-classicisme. On exalte les vertus héroïques, les pauses, théâtrales par nature, sont exacerbées, le ton est sérieux. L’époque n’est pas à la grâce ni à la nonchalance… La délicatesse et la joie de vivre présentes dans les belles vignettes du XVIIIe siècle sont loin !
Une seule pièce de Racine permet de s’échapper un peu de cette atmosphère martiale, sa seule comédie : Les Plaideurs, qui sera illustré par Taunay.
Ce genre évoluera très vite, et les pauses outrées persisteront, mais au service de l’expression des sentiments : le romantisme n’est pas loin.

Les dessinateurs choisis par David et Pierre Didot sont homogènes :

Jean-François Pierre Peyron (1744-1814), peintre, élève de Lagrenée, illustre Mithridate (tome 2), soit 5 dessins.


Légende : gravure de Langlois d’après Peyron, Mithridate, acte V scène II.

Jean-Guillaume Moitte (1746-1810), sculpteur, élève de Pigalle et Lemoyne, illustre la Thébaïde (tome 1), soit 5 dessins.


Légende : gravure de Blot d’après Moitte, la Thébaïde, acte V scène VI.


Nicolas-Antoine Taunay (1755-1830), peintre, élève de David, illustre Les Plaideurs (tome 1), et fournit donc seulement 3 dessins.


Légende : gravure de Duval d’après Taunay, Les Plaideurs, acte II, scène IV, gravure avec la lettre.

Pierre Paul Prudhon (1758-1823), peintre, concurrent de David, dessine le frontispice.


Légende : gravure de Marais, d’après Prud’hon, frontispice, gravure avant la lettre.

Gioacchino Serangeli (1758-1852), peintre italien, venu à Paris en 1790, élève de David, illustre Bérénice (tome 2), soit 5 dessins.


Légende : gravure de Massard d’après Serangeli, Bérénice, acte III scène III.

Antoine-Denis Chaudet (1763-1810), sculpteur, Prix de Rome en 1784, membre de l'Académie de peinture et de sculpture en 1789, illustre Britannicus (tome1), Esther et Athalie (tome 3), et fournit donc 13 dessins.


 Légende : gravure de Girardet d’après Chaudet, Athalie, acte V scène VII.



Légende : gravure de Coiny d’après Chaudet, Esther, Acte III, scène IV.



Légende : gravure de Glairon-Mondet d’après Chaudet, Britannicus, acte I scène III.


Anne-Louis Girodet, plus tard Girodet-Trioson, du nom de son père adoptif, (1767-1824), peintre, élève de David, illustre Andromaque (tome 1) et Phèdre (tome 2), soit 10 dessins.

François Pascal Simon Gérard (1770-1837), (créé baron en 1819) peintre, élève de David, illustre Alexandre (tome 1), Bajazet et Iphigénie (tome 2), soit 15 dessins.


Légende : gravure de Le Villain d’après Gérard, Alexandre, acte II scène II.



Légende : gravure de Fischer d’après Gérard, Bajazet, acte V scène XI.



Légende : gravure de Girardet et Massard d’après Gérard, Iphigénie, Acte 1 scène IV.

Ce sont tous des artistes académiques, au métier classique, la plupart ont séjourné à l’académie de Rome, et sont membres de l’Académie de peinture. On note que les plus jeunes (Gérard a 31 ans, Girodet  34 ans) sont également ceux qui ont le plus été sollicités, et à qui on a confié les pièces les plus importantes : Andromaque, Phèdre, par exemple.


Légende : gravure de Girardet d’après Girodet, pour Andromaque, Acte IV, scène V, détail.

Les planches existent en deux états : avant la lettre et avec la lettre. Pour le frontispice, cela concerne le texte du cartouche. Pour les gravures suivantes, cela cache un petit piège : les gravures « avant la lettre » comportent une partie du texte : le nom de la pièce, l’acte et la scène. Le texte omis correspond au dialogue illustré.

Des réductions des planches seront utilisées pour des éditions moins onéreuses, de format réduit, notamment une édition en 3 volumes in-8°, publiée en 1816. Ces réductions « sont moins estimées ».

Matériellement, l’ouvrage se présente ainsi :
-          Tome 1 :  [4] ff., 466-[2] pp.,  avec le faux-titre, le frontispice, la page de titre, la dédicace au Premier Consul, la page de « L’imprimeur au lecteur », puis les 5 premières pièces de théâtre : la Thébaïde, Alexandre, Andromaque, les Plaideurs, Britannicus, puis la page de justification, au verso du sommaire. Le tome contient, outre le frontispice, 23 gravures (une par acte, soit 3 pour les Plaideurs et 5 pour les autres pièces).
-          Tome 2 : [4]-500-[2] pp., avec les 4 pièces de théâtre suivantes : Bérénice, Bajazet, Mithridate, Iphigénie, Phèdre. Le tome contient 25 gravures (une par acte, soit 5 par pièce de théâtre).
-          Tome 3 : [4]-416 pp, avec les deux dernières pièces : Esther et Athalie, suivies des autres écrits de Racine. Le tome contient 8 gravures (3 pour Esther et 5 pour Athalie, toutes d’après les dessins de Chaudet.
C’est un format in-folio, avec deux feuilles par cahier, de 51 cm x 37 cm environ, d’un poids total de 21 kilos.

Le tirage annoncé est de 250 exemplaires numérotés et signés. A ces exemplaires il faut rajouter l’exemplaire de Firmin Didot, sur peau de vélin, qui contient, outre les gravures avant la lettre, tous les dessins. Firmin Didot tentera de le vendre 32000 francs en 1811. Après un passage en Angleterre, il reviendra en France (à la Bibliothèque Nationale).
A ces 251 exemplaires, il faut ajouter quelques exemplaires non numérotés mais marqués « exemplaire unique » : pour l’Institut, la bibliothèque Mazarine,  la Bibliothèque nationale. Il s’agit sans doute d’une sorte de dépôt légal.

L’ouvrage servira de cadeau officiel, comme notamment l’exemplaire offert en 1806 à Charles-Louis de Vincent,  relié aux armes de l’Empereur, vendu 62000 euros le 7 décembre 2008 par Osenat. Il est relié par Bradel en plein maroquin à long grain cerise, avec doublures et gardes de soie bleu ciel.

L’ouvrage était semble-t-il fourni en cartonnage de papier vélin, avec gardes de soie bleue. Mais ce livre au prix pour le moins élevé s’écoulera difficilement. Il semble que les exemplaires non vendus n’aient pas été numérotés ni signés. Les planches correspondantes ont pu être vendues à part, à des marchands qui les ont vendues au détail.

Des exemplaires encore en magasin ont ensuite été vendus, avec ou sans les planches correspondantes. Ces exemplaires n’ont pas été numérotés ni signés.
Plus tard, vers 1825-1830, des retirages des planches ont été effectués, ce qui a permis de réassortir des volumes de texte seul.

Dans certains cas, il a été apposé, sur certains de ces exemplaires, une signature et une numérotation apocryphes.


Signature (certainement exacte) de l’exemplaire en vente à la librairie Moby’s newt.

Nous trouvons donc actuellement de nombreuses configurations.

Certains exemplaires sont reliés en maroquin rouge, aux armes de l’empereur, avec gardes de soie bleue. Ils font partie des cent premiers exemplaires, avec les planches avant la lettre. Il s’agit certainement de cadeaux officiels, comme l’exemplaire Vincent, ou l’exemplaire du Roi d’Espagne, à la Bibliotheca Real de Madrid, ou encore l’exemplaire passé en vente le 6 décembre 2006 chez Sotheby’s, adjugé 62400 euros.


Légende : exemplaire Sotheby’s, le 6 décembre 2006.

Des exemplaires en reliure le plus souvent d’époque, signés et numérotés, avec les gravures dans l’état correspondant à la numérotation. Cette dernière permet dans certains cas de suivre les exemplaires : celui de la Bédoyère, numéroté 61, en demi-reliure de Thouvenin, se trouve maintenant à la Morgan Library.

Il existe un exemplaire avec les gravures avant la lettre et avec les gravures avec la lettre. Il est dans une reliure de Canape datée de 1912, sans les gardes de soie bleue. Cet exemplaire, qui pourrait être un exemplaire normal dans lequel un retirage des gravures aurait été inséré postérieurement, est en vente à la librairie Moby’s newt de New York.

Des exemplaires sans numérotation, avec les gravures le plus souvent avec la lettre, et le frontispice avant la lettre. Ces exemplaires sont généralement recouverts d’une reliure plus récente (fin XIXe). D’origine moins noble que les précédents, ils sont moins cotés, comme l’exemplaire vendu le 28 mai 2009 par Alde, en demi-vélin à coins, adjugé 2200 euros.

Des séries de gravures seules, avec la lettre, et le frontispice avant la lettre, comme par exemple le lot vendu le 9 novembre 2012 chez Binoche et Giquello, adjugé 600 euros.

Comme on le voit, l’écart de prix entre le « courant » et l’exceptionnel est important : un rapport de 1 à 100... mais même en modeste condition, tenir un exemplaire de cette édition, c’est saisir un moment de l’histoire de la bibliophilie : l’édition du Louvre !

Bonne soirée,
Calamar

vendredi 18 janvier 2013

Les dessous d’un billet autographe de Léon Curmer (1867).


En décembre 2011, j’ai évoqué la vie de Léon Curmer, éditeur célèbre, homme méconnu. Bertrand avait alors bien voulu s’en faire l’écho.

Le hasard des ventes aux enchères vient de me permettre d’acquérir un court billet autographe de Léon Curmer, dont je vous offre une copie numérisée.

Ses pattes de mouche, qui présentent quelques difficultés de déchiffrement, m’ont incité à le transcrire :

Paris, le 23 juin 1867

Cher Monsieur

voulez vous avoir la
bonté de voir & réparer ou faire
reparer ce qui est arrivé à
l’exposition

Le groupe n°2 du jury se
réunit encore demain lundi matin
à l’exposition je voudrais
savoir si vous le pouvez s’il a
décidé quelquechose pour
cette medaille d’or

vous trouverez là Mr de la
Gueronnière, Mr de Reurmont & a(utres ?)
c’est à 9 h. qu’il se réunit

Mille complimens
L Curmer

Une petite quinzaine de lignes manuscrites : c’est à la fois peu… et beaucoup !

Le féroce baron de Laubardemont (celui-là même qui envoya au bûcher, en août 1634, le malheureux Urbain Grandier, curé de Loudun) affirmait cyniquement : donnez-moi deux lignes de l’écriture d’un homme et je le ferai pendre.

Pareille envie ne m’habite pas - heureusement pour moi ! Mais cette missive m’a donné le désir d’en savoir plus sur les circonstances qui présidèrent à sa rédaction.

L’Exposition de 1867 bat son plein.

Faisons dans le passé un saut d’un siècle et demi. Nous sommes à Paris, au début de l’été 1867. Le Second Empire a apporté aux Français paix et prospérité. Les gigantesques travaux d’Haussmann touchent à leur fin. Ils ont durablement bouleversé le visage de la capitale. Percé de larges avenues rectilignes, Paris peut enfin respirer - et ne risque plus d’être en proie aux insurrections de 1830 ou 1848 ! La distribution d’eau potable et la mise en place d’un remarquable réseau d’assainissement ont écarté le spectre du choléra. Depuis le 1er avril, l’Exposition universelle d’Art et d’industrie - septième du genre - bat son plein. Jusqu’au lendemain de la Toussaint, le monde entier est convié à faire connaître ses dernières productions. Le progrès technique semble ne plus devoir cesser. Il a déjà bouleversé les modes de vie - en Europe occidentale, tout du moins. En quelques décennies, le chemin de fer, la machine à vapeur et le développement accéléré des échanges commerciaux ont ouvert toutes grandes les portes de l’avenir. Euphorique, la foule qui se presse aux pavillons ne peut imaginer que, dans moins de quatre ans, les Prussiens coiffés de casques à pointe feront claquer leurs bottes impeccablement cirées sur le pavé parisien…

Léon Curmer a 65 ans. C’est un homme installé, qui s’est remarié après un douloureux veuvage et a établi les deux enfants de sa première épouse. Certes sa carrière est derrière lui. Mais il n’a pu s’empêcher de participer à cette nouvelle exposition. Pourtant il se sent inquiet. : quelque chose l’a contrarié… Que s’est-il passé ? Cela le concerne-il en propre ou vise-t-il l’Exposition en général ? Son étalage de livres s’est-il effondré ? Son billet ne le précise pas. Mais il charge son correspondant - hélas anonyme - de réparer un accident.

La course à la médaille d’or.

Léon espère-t-il remporter une médaille ? En tout cas il s’interroge sur les intentions du jury… et cherche à le faire sonder. Il évoque cette médaille d’or, ce qui laisse supposer que le destinataire est déjà au fait de ses interrogations à ce sujet. Homme de contacts rompu à ce qu’on n’appelait pas encore les relations publiques, il n’hésite pas à solliciter ses accointances - dont Arthur de la Guéronnière. Cet ancien journaliste, issu d’une famille légitimiste, s’est rallié à Napoléon III. Il lui écrit même des discours de propagande. Ces services lui ont permis de devenir directeur général de la Librairie et de la Presse auprès du ministère de l’Intérieur… Une connaissance bien utile pour l’éditeur qu’est Léon Curmer !

J’ai effectué quelques recherches sur Internet à propos de cette exposition (voir ICI). Son jury comprenait 10 groupes. Le groupe 2, auquel Léon Curmer fait allusion, s’intitulait Matériel et applications des arts libéraux. Il visait, entre autres, les produits d’imprimerie et de librairie. En page 48 de son rapport, on lit : L’exposition de M. Curmer est une de celles qu’on examine avec le plus d’intérêt depuis longtemps. Ce n’est plus guère que de la chromolithographie. L’imprimerie proprement dite est comme absente de ces livres. Sans doute les copies des manuscrits sont curieuses et décorent bien une table de salon ou un oratoire ; sans doute la lithographie réussit maintenant d’une manière étonnante à reproduire ces dessins et ces couleurs, mais enfin ce n’est pas là le manuscrit même, ce n’est pas non plus la limpidité, la transparence des images (on n’y arrivera jamais), et enfin ce n’est pas là de la librairie. M. Curmer est un infatigable chercheur. Il y a longtemps qu’il avait trouvé : la publication de son édition de Paul et Virginie de 1838 est une date dans les annales de la typographie. Léon dut moyennement apprécier ce jugement…

La médaille d’or fut décernée à la cristallerie Baccarat, au facteur de pianos Herz et à deux vignobles bordelais (Château de Rayne-Vigneau et Saint-Émilion). Mais pas à Léon Curmer…

Une écriture révélatrice.

Observons maintenant la façon d’écrire de Léon Curmer. Deux choses frappent de prime abord : l’utilisation répétée de & (que les typographes appellent esperluette) au lieu de et ; l’orthographe déroutante de complimens. Or il ne s’agit là ni d’une fantaisie, ni d’une déficience. Ancien clerc de notaire, lecteur infatigable et épistolier assidu, Léon Curmer maîtrise parfaitement le français. Mais il reste fidèle à l’usage qui avait cours lorsqu’il apprit à écrire, quelque 20 ans avant la réforme orthographique de 1835. Jusqu’à cette date, le & (qu’on nommait ète) était considéré comme la vingt-septième lettre de l’alphabet, classée après le Z. Quant au pluriel des mots en -nt, il s’orthographiait encore comme au dix-septième siècle, en élidant le T : par exemple enfans, parens. En pratiquant ces archaïsmes, Léon Curmer appartient au passé. La quasi-totalité de ses contemporains ont adopté depuis longtemps les prescriptions d’une réforme vieille de plus d’un quart de siècle…

Penchons-nous aussi sur sa graphie. Rapide et régulière, courant légèrement sur le papier, elle présente toutefois quelque chose de contraint, voire de las. La ponctuation est presque absente, l’accentuation parfois négligée… Certaines lettres arborent un tracé hâtif ou crispé. Les deux extrémités de la signature plongent vers le bas. On a l’impression que tenir la plume lui est devenu pénible. Léon Curmer n’a plus que 30 mois à vivre. Sent-il que bientôt ses forces vont décliner puis le trahir ?

* * *

D’apparence anodine, ce bref billet me touche. En fixant l’éphémère pour le livrer à la postérité (comme ces portraits photographiques qu’on se faisait alors tirer au Champ-de-Mars), il révèle un Léon Curmer en fin de vie, sans doute déjà atteint des prodromes de la maladie qui l’emportera. Mais ce corps déclinant abrite un esprit toujours en éveil, surtout lorsqu’il s’agit de son métier - disons même de son art. Car c’est précisément pour ce que lui reprochait le jury de 1867 - qui lui dénie même injustement la qualité de libraire - que nous l’aimons aujourd’hui : avoir mis la beauté au service de la pensée.

En 1857, rédigeant la préface de son Imitation de Jésus-Christ, Léon Curmer évoque sa carrière finissante où l’amour du beau et la recherche de la perfection (l’ont) constamment accompagné.

Nous ne trouvons rien à ajouter.

Thierry COUTURE

jeudi 17 janvier 2013

Message à caractère informatif : Papiers dominotés français, italiens et papiers dorés d'Allemagne, par Marc et Christiane Kopylov (éditions des Cendres).

« Les papiers dominotés français ont connu un développement considérable
dans la seconde moitié du xviiie siècle. C’était l’oeuvre de graveurs
sur bois, artisans plutôt qu’artistes oeuvrant pour les fabricants
d’indiennes dont ils gravaient les « moules », travaillant indifféremment
pour les imagiers et les tapissiers. Les livres de cette époque qui nous
sont parvenus, couverts de papiers colorés, montrent aussi bien des
motifs géométriques que de grandes arabesques de papiers de tenture.
On peut penser que les brocheuses de ce temps utilisaient à la fois les
fragments des lés inutilisés ou gâchés par les tapissiers et les dominos
achetés à bas prix chez les imagiers. Le développement de ces dominos
aux couleurs séduisantes a été immense, et correspondait sans doute
à la mode pour les indiennes dont la fabrication avait été libéralisée
au milieu du siècle. »

André Jammes, extrait de l’avant-propos

« La fantaisie des papiers dominotés ne cesse de surprendre et
réjouir. De nouvelles découvertes nous ont amené à poursuivre le travail
pionnier d’André Jammes. Les motifs, à la fois simples, et complexes –
du fait de leur évidence même –, portés avec savoir-faire, art, mais aussi
maladresse ne manquent pas de nous émouvoir. Assujetties à un registre
d’éléments décoratifs qui semble arrêté (le trait, la ligne, le point, le
carré, le triangle, le croisillon, les fleurs, les feuilles, les fruits…), un
format « stabilisé » […], une palette de couleurs limitée […], les
propositions n’en semblent pas moins innombrables, comme illimitées.
Le jeu répété sur un même motif est à sa manière fort moderne, et si
certaines compositions peuvent paraître attendues, d’autres, enlevées,
sont délibérément engagées dans une recherche de « nouveauté »,
d’expérimentation, ainsi certains monochromes réalisés avec une
extrême économie de moyens. »

Marc Kopylov, extrait de la préface

Sommaire Avant-propos d’André Jammes, 9 / Introduction, 15 / Aix, 28 /
Arras, 42 /Avignon, 44 / Besançon, 52 / Chartres, 58 / Le Mans, 64 / Lyon, 110
/ Nîmes, 140 / Orléans, 144 / Paris, 220 / Rouen, 270 / Dominotés non identifiés,
274 / Bibliographie, 399 / Index des noms et des lieux, 403

éditions des cendres - 8, rue des cendriers - 75020 paris - 01 43 49 31 80 // editionsdescendres@gmail.com

Marc Kopylov

Papiers dominotés français
ou l’art de revêtir
d’éphémères couvertures colorées
livres & brochures entre 1750 et 1820

Le livre d’André Jammes (Papiers dominotés. Trait d’union entre l’imagerie
populaire et les papiers peints. France 1750-1820) a donné de découvrir
l’univers de ces merveilleux papiers, lumineux et sauvages à la fois.
Son ouvrage – dont il ne reste qu’une poignée d’exemplaires – est prolongé
par celui-ci, qu’il a préfacé. Ce sont quelque deux cents éphémères
dominotés nouveaux qui paraissent, venant augmenter notre connaissance
d’un univers dont nous rassemblons les bribes épargnées par le temps. Issus
de collections privées et publiques, deux cents dominos, simples, curieux,
étonnamment modernes…, produits à Aix, Arras, Avignon, Besançon,
Le Mans, Lyon, Paris, Rouen… – villes dont si l’on savait que des
graveurs et dominotiers y avaient oeuvré nous ne disposions jusqu’à
aujourd’hui parfois pas de la moindre réalisation signée – s’ajoutent ainsi
à un rare ensemble, libre et séduisant, dont l’inventaire général est la
prochaine étape à franchir.

250 x 250 / ouvrage relié imprimé sur lessebo / 240 ill. couleurs
408 pages / isbn 978-2-86742-207-2 / tirage limité à 999 ex.
l’un des 15 ex. numérotés i-xv augmenté d’un papier dominoté :
320 euros / l’un des 185 premiers ex. numérotés i-185 vendus
sous coffret accompagnés des deux ouvrages
paraissant simultanément à nos éditions (« dominotés italiens »
& « dorés allemands ») : 405 euros les trois volumes
l’un des 799 suivants : 135 euros





C’est un Français, Louis La Ferté, qui va introduire vers 1740 l’art du papier
dominoté en Italie. Appelé comme relieur à la cour de Parme, il y réalise
ses premiers dominos et va bientôt ouvrir boutique à Bologne. D’autres
graveurs – restés à quelques exceptions près anonymes – suivent son
exemple et le goût pour les dominotés est bientôt tel que dans bien des
cités de Vénétie, de Toscane… des artisans produisent de splendides carte
decorate. Couleurs éclatantes, variété, profusion et épanouissement des
motifs… les Italiens empruntent, inventent, croisent, multiplient…
Il s’ensuit une production considérable dont notre livre rend compte
en présentant près de trois cents dominos splendides choisis dans les
collections privées et publiques et en publiant le catalogue de la Maison
Bertinazzi de Bologne, unica rassemblant trois cents autres modèles datant
du dernier quart du XVIIIe siècle. Ce livre est le premier à fournir semblable
panorama commenté. Un bonheur...


250 x 250 / ouvrage relié imprimé sur lessebo
280 ill. couleurs / 408 pages / isbn 978-2-86742-208-9
tirage limité à 999 ex.
l’un des 15 ex. numérotés I-XV augmenté d’un papier dominoté :
320 euros / l’un des 185 premiers ex. numérotés i-185 vendus
sous coffret accompagnés des deux ouvrages
paraissant simultanément à nos éditions
(« dominotés français » & « dorés allemands ») :

405 euros les trois volumes
l’un des 799 suivants : 135 euros
éditions des cendres - 8, rue des cendriers - 75020 paris - 01 43 49 31 80 // editionsdescendres@gmail.com

Marc Kopylov

Papiers dominotés italiens
un univers de couleurs,
de fantaisie et d’invention
(1750-1850)

C’est un Français, Louis La Ferté, qui va introduire vers 1740 l’art du papier
dominoté en Italie. Appelé comme relieur à la cour de Parme, il y réalise
ses premiers dominos et va bientôt ouvrir boutique à Bologne. D’autres
graveurs – restés à quelques exceptions près anonymes – suivent son
exemple et le goût pour les dominotés est bientôt tel que dans bien des
cités de Vénétie, de Toscane… des artisans produisent de splendides carte
decorate. Couleurs éclatantes, variété, profusion et épanouissement des
motifs… les Italiens empruntent, inventent, croisent, multiplient…
Il s’ensuit une production considérable dont notre livre rend compte
en présentant près de trois cents dominos splendides choisis dans les
collections privées et publiques et en publiant le catalogue de la Maison
Bertinazzi de Bologne, unica rassemblant trois cents autres modèles datant
du dernier quart du xviiie siècle. Ce livre est le premier à fournir semblable
panorama commenté. Un bonheur...

sommaire Introduction, 15 / Papiers dominotés Couvertures détachées et
feuilles , 20 / Quelques images à découper suivies d’un petit ensemble de papiers dorés,
254 & de deux papiers à la colle, 262 / Réunion de livres recouverts de dominos, 266 /
« Campionario » Bertinazzi, 318 / Choix de dominos… suivi de quelques
autres encore, 382 / Bibliographie, 401




Christiane F. Kopylov

Papiers dorés d’allemagne
au siècle des lumières
(1680-1830)

Les papiers dorés allemands ou papiers d’Augsbourg ont été renommés
tout au long du XVIIIe siècle. Jamais aucun livre ne leur a été consacré en
langue française. En langue allemande, seuls quelques volumes, érudits,
ont paru, mais en des temps où la reproduction couleur n’était pas accessible
comme aujourd’hui. À partir de collections privées et de fonds
publics, nous avons choisi plus de deux cents papiers dorés et papiers à la
colle parmi les plus séduisants et les plus rares d’une production durablement
fort prisée. Cette monographie est une première fenêtre ouverte sur
un univers au seuil duquel esprit et sensibilité sont en permanent émerveillement.
Ces dorés ont recouvert autant d’humbles livres (notamment
des almanachs) que des livres de prestige et ont souvent été mis en oeuvre
comme gardes de reliures d’exception. Jamais pareil ensemble n’avait
été réuni.

Sommaire Introduction, 11 / Papiers dorés Dorés vernis (Bronzefirnis), 32 / Dorés
gaufrés (Brokatpapiere ), 58 / Planches d’images (Bilderbogen ), 334 / Almanachs, 372 /
Kattunpapiere (papiers coloriés au patron), 390 / Papiers à la colle, 402 / Annexes,
437 / Bibliographie, 439 / Index des noms et des lieux, 441
éditions des cendres - 8, rue des cendriers - 75020 paris - 01 43 49 31 80 // editionsdescendres@gmail.com



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