Le Bibliomane de la Charles Deering Library Northwestern University
(Illinois, USA)
détail d'un vitrail (1931-1933) par G. Owen Bonawit
Je sais bien ce que vous pensez. Vous vous dites : "le Bibliomane moderne ce n'est plus ce que c'était. Depuis qu'il a un blog entièrement consacré à Octave Uzanne, Bertrand ne nous livre plus notre pain quotidien." Et vous aurez raison.
J'ai plusieurs choses à vous dire donc. Premièrement, je dois vous le confesser très franchement, je sens de mon côté comme une lassitude. Et la lassitude je n'aime pas ça. Autant vous dire tout de suite que j'essaye d'analyser la chose dans tous les sens et que pour le moment je ne vois pas d'issue favorable à ce coup de blues bibliomaniaque passager je l'espère. Serais-je arrivé à un point G dit point Gravitationnel au delà duquel ce serait la chute ? Peut-être. Serais-je arrivé à un point O dit point Opérationnel au delà duquel on a l'impression de se répéter sans cesse ? Peut-être. Serais-je enfin arrivé à un point Q dit point de Questionnement au delà duquel on se pose trop de questions sans avoir les réponses nécessaires. Sans doute. Tout ceci pour dire qu'en trois années de rédaction presque quotidienne dans les colonnes du Bibliomane moderne, après plus de 1.000 billets que j'ai voulu aussi variés que possible et touchant à presque tous les domaines de ce qui nous anime ici : l'amour des livres, je sens ce lent souffle de fatigue qui m'envahit. Certains diront : "il en fait trop !" Et ils auront raison. Est-ce bien raisonnable à mon âge (40 ans passés...) de tenir en simultané un blog de Librairie, un blog de Galerie de Librairie (estampes et dessins - nouveau), un blog de Bibliomanie, un blog sur un Bibliophile (Octave Uzanne), et peut-être même d'autres blogs encore, dont vous ignorez tout. "Cet homme est fou ! Cet homme veut mourir d'un excès d'exposition sur la toile au soleil !" répètent-ils à l'envie. Et ils ont raison !
Alors, alors... alors il faut bien se rendre à la raison. Tout ceci n'est plus possible pour un seul homme. Je vous informe donc solennellement dans ces quelques lignes tracées à la hâte sur le clavier sibyllin des rhétoriques informatisées (tiens cette phrase aurait plu à Octave !) que le Bibliomane moderne vit ses dernières heures ou, tout au moins, vivra désormais sur un mode plus ralenti, plus compatible avec la physiologie et les possibilités neuronales de votre serviteur. En un mot : Merci ! Merci à vous de lire régulièrement le Bibliomane moderne et d'en faire sans doute ce qui est le deuxième blog le plus lu dans ce domaine très fermé de la bibliophilie. Evidemment, j'aurais pu me répéter, publier toute les semaines le même message ou presque, attendre des commentateurs au tournant, mais ce n'est pas de cette manière que je cherche à faire audience. En 1.000 billets tous différents ou presque, j'ai essayé de fournir un outil biblio-panoramique (tiens ça aussi ça aurait plus à l'Octave !) : une sorte d'encyclopédie forcément incomplète mais curieuse et gourmande de la bibliomanie, de la bibliophilie d'hier et d'aujourd'hui. Je n'oublie pas celles et ceux qui m'ont aidé durant ces trois années : Textor, Xavier, Jean-Paul, Jean-Claude, Olivier, Benoit, etc. Sans eux je crois que j'aurais déjà jeté l'éponge depuis longtemps.
Disons que l'avenir du Bibliomane moderne reste incertain. Peut-être le ciel se dégagera-t-il au dessus de ma tête, rien n'est moins sûr. Qui vivra verra !
Passés ces quelques détails préliminaires toujours fort agréables (les préliminaires... pas les détails), je tenais à vous parler ce soir de deux "évènements" liés à l'autographophilie.
Pourquoi ne dirais-je pas que les autographes me passionnent tout autant que les belles éditions, voire parfois même bien plus ? Serait-ce sacrilège ? Je ne pense pas. Ces deux passions sont (hélas) tout à fait complémentaire. Si je dis hélas entre parenthèses, c'est eut égard à mon banquier (vous voyez ? car lui ne voit pas bien en fait...). Parce que sinon ce n'est que pur bonheur de joindre à la bibliophilie une dose d'autographophilie qui rendent l'ensemble passionnant, palpitant même. Car voyez-vous, la différence, à priori évidente, mais qu'il me parait nécessaire de souligner encore ici, entre un beau livre et une belle lettre, c'est que le beau livre n'est qu'un beau livre tandis que la belle lettre contient un morceau d'histoire, de sensations, de sentiments, de vécu, tangible, palpable presque, par un mot, par une graphie, en quelques mots ou en plusieurs pages, au dessus d'une signature prestigieuse ou simplement adulée, nous sommes en face de ce Graal que le livre ne nous donne que bien rarement : l'Unica !
Pour autant, pour autant : doit-on devenir fou ? doit-on perdre la raison et le sens commun ? Je vous le demande. Que diriez-vous d'un homme (ou d'une femme) qui dépenserait 350.000 euros pour acquérir un lettre autographe de Coco Chanel ? Que penseriez-vous d'un dément prêt à ruiner sa famille et ses descendants sur dix générations pour un morceau de Victor Hugo à 50.000 euros ? Enfin, croyez-vous possible de dépenser 409.000 euros pour un dessin de ce bon Toto (Victor Hugo vu par Juliette... eh oui c'est comme ça qu'on s'appelle quand on s'aime d'amour... mon toto ... ma titite... enfin bref) ? Non, non, non et non ! Il faut raison garder. Car pour 409.000 euros, sans trop me tromper, je crois pouvoir dire que vous pouvez vous offrir quasiment l'intégralité de toutes les oeuvres séparées de Toto en éditions originales bien reliées. Après c'est un choix ... fortement conditionné par la taille de son portefeuille.
Mais passons sur ces gros prix qui me laissent, je l'avoue, un peu dubitatif sur le raisonnable de cette histoire. Qui achète ? Où vont s'enfouir ces précieux manuscrits ? Ressortiront-ils bientôt ? Feront-ils à nouveau de tels prix ? Autant de questions auxquelles je n'ai pas les réponses. Si vous les avez...
Donc, outre tout ceci, mon propos de ce soir : vous parler de deux "évènements" disais-je autour de l'autographophilie. Pour commencer, un blog. Le blog d'un amateur d'autographes, on dira donc un autographophile, prénommé Thomas. Thomas est un jeune collectionneur passionné que je ne connais pas encore suffisamment pour pouvoir vous le présenter plus avant. Je vous invite donc tout simplement à le suivre au fil de son blog intitulé tout naturellement : "Autographes et Manuscrits. Blog consacré aux lettres autographes et aux manuscrits".
Le premier message de ce blog a été publié le 3 avril dernier, c'est donc pour ainsi dire un blog tout neuf. Vous y trouverez pourtant déjà une quinzaine de messages tous très intéressants. A le lire je n'ai aucune doute que son tenancier soit très passionné et donc forcément passionnant. Voici son adresse : http://lettre-autographe.blogspot.fr/ Bonne visite ! J'ai découvert ce blog grâce à un ami, Julien Paganetti, qui gère la librairie ancienne spécialisée dans les Lettres, Manuscrits et Autographes "Autographes des Siècles". Le site de cette librairie est entièrement neuf et très bien fait. Il se divise en trois sections : Manuscrits Autographes, Livres anciens Reliures et enfin Photographies anciennes. Chacune de ces sections contient de beaux trésors que je vous laisse le plaisir de découvrir. Julien se fera un plaisir de vous guider parmi les nombreux autographes ou photographies anciennes qu'il propose (malheureusement pour moi il ne propose pas le genre de photographies anciennes que je recherche... des filles d’Ève du XIXe siècle propres à encenser nos espoirs d'hommes blasés du XXIe siècle). Voici l'adresse de son site internet qui mérite vraiment une visite approfondie : http://www.autographes-des-siecles.com/
Mission accomplie ! Faire part d'agonie du Bibliomane moderne ... présentation de deux amis des livres et des autographes. Je peux aller me coucher serein. Ah non ! il faut maintenant que je rédige un billet chez l'Octave ! (sourire)
Amitiés bibliophiles,
Bertrand Bibliomane moderne, autographophile, dilettante overbooké, curieux de tout.