En 1686 parait chez Jean-Baptiste Coignard un ouvrage du fameux Charles Perrault, de l'Académie Françoise ; Saint Paulin, Evesque de Nole, avec une Epistre chrestienne sur la Pénitence, et une Ode aux nouveaux Convertis*.
Cet ouvrage, loin d'être un simple poëme héroïque, loin d'être une simple épître chrétienne, est à replacer dans son contexte et à ne pas négliger dans l'œuvre de Perrault. Bien au contraire, c'est un ouvrage passionnant, extraordinaire, important de l'œuvre de Perrault. J'en entends déjà se dire : "mais qu'est-ce qu'il nous emmerde avec un ouvrage religieux!". NON, continuez la lecture!
Officiellement, selon la très sérieuse encyclopédie Wikipédia (j'en entends déjà se dire : "et maintenant, il nous parle de wikipedia!"), la querelle des anciens et des modernes débute le 27 janvier 1687 avec la publication par Perrault, chef de file des modernes, de son poème Le siècle de Louis le Grand. Cette querelle durera jusqu'au 30 août 1694, date de l'embrassade de Perrault et Boileau à l'Académie Française. De cette période, il faut bien entendu noter l'important ouvrage de Perrault, Parallèle des Anciens et des Modernes, 4 volumes parus entre 1688 et 1696, rendant d'ailleurs cet ouvrage très rare complet. Notons au passage que le très sérieux Tchémerzine fait ici une erreur puisqu'il indique 1697 pour le quatrième volume, mais il est loin d'être le seul, la plupart des références indiquent 1697...
Saint Paulin se situe bien avant, dans les prémices de la querelle : le privilège est daté du 18 octobre 1685 et l'achevé d'imprimé du 20 novembre 1685. On se situe clairement en dehors de la querelle propre, et Saint Paulin est pour lui l'occasion d'expliquer et de mettre en pratique une idée qu'il considère comme essentielle : la nécessité pour la France d'élaborer un art de type nouveau, un art chrétien qui sera nécessairement supérieur à l'art barbare de la civilisation païenne.
Il faut noter que la dévotion à Saint Paulin se développe un peu partout à partir des années 1665 et en particulier en France à partir de 1685 avec la venue des reliques du saint en France.
Le texte se divise ainsi :
Le texte se divise ainsi :
- Épître à Jacques Bénigne Bossuet, évêque de Meaux. Cette dédicace à Bossuet n'est pas innocente. En effet, suite à la mort de Colbert qui le protégeait, en septembre 1683, Perrault perd sa charge et compose une Epître chrétienne sur la Pénitence, qui sera louée par Bossuet lui-même. C'est donc assez logiquement que Perrault le remercie en dédiant cet ouvrage, qui contient d'ailleurs une nouvelle publication de cette épître. Plus tard, en 1698, Perrault publiera aussi une traduction du portrait de Bossuet, un poème latin de l'abbé François Boutard, un proche de Bossuet.
- Les six chants du poëme.
- Épître chrétienne sur la Pénitence.
- Ode aux nouveaux Convertis.
L'ouvrage contient sept vignettes de Sébastien Leclerc (1637-1714). Il est encore intéressant de noter qu'outre le succès de Leclerc à l'époque auprès des libraires, il était lui aussi un protégé de Colbert, et donc que Perrault et Leclerc devaient bien se connaître.
Cet ouvrage peut être qualifié de peu commun ou rare si on veut, mais il n'est pas rarissime. On en voit régulièrement des exemplaires en vente.
- Récemment, un exemplaire a été proposé à un prix très correct, 200 euros, par la librairie Pottier à Paris (qui vient de fermer). Il porte l'ex-libris de la confrérie Saint-Paulin de Cahors sur la page de titre (image d'illustration).
- Un exemplaire est actuellement proposé sur ebay à une somme nettement plus élevée : 700 euros. Malheureusement, cet exemplaire est bien triste, mouillé, sali.
- Deux exemplaires sont passés aux enchères en 2010 et 2011 et ont été adjugés respectivement 1300 euros (exemplaire offert par Perrault selon une note ancienne - la fiche ne la dit pas autographe) et 1100 euros (ex-libris de l'abbaye de Notre-Dame de la Ferté)
Bonne journée,
Rintintin
(*) Paris, Coignard, 1686. Petit in-8, (36) pp. 106 pp. 1 pp. Errata à la fin de la page 106. Page suivante : extrait du privilège et achevé d'imprimé. Sept vignettes gravées par Sébastien Leclerc, en tête de l'épître et de chaque chant.