Bonjour,
Je vous propose aujourd’hui une promenade dans le monde de la reliure monastique des XIVe et XVe siècle. Vous connaissez la différence entre un bon et un mauvais bibliophile ? « Le bon bibliophile, il voit une reliure, il prend sa caméra, il tire ! ». C’est exactement ce que j’ai fait lors d’un court déplacement à Barcelone, au Musée d’Art Catalan, avec cet instinct prédateur des grands fauves !
L’ensemble est classé dans un ordre vaguement chronologique allant du début du XIVe siècle (avec cette curieuse reliure habillée d’un drap attaché aux ais de bois formant une sorte de traine) jusqu’au dernier quart du XVe siècle.
Les reliures sont toutes rigoureusement certifiées d’époque, sans restauration, ni ajout ultérieur.
Les premiers livres imprimés furent des livres religieux ; les connaissances que les moines avaient acquises en faisant leurs Heures et leurs Missels, la nature même des ouvrages allaient faire d’eux les premiers Relieurs. Aussi les plus anciens monuments de l’imprimerie diffèrent-ils peu, quant à la reliure, des manuscrits.
Les cahiers sont cousus sur des nerfs formés de lanières de cuir de porc, dont les extrémités retiennent les ais de bois biseautés qui protègent le livre. Ces nerfs varient à l’infini, quant au nombre et à la disposition ; beaucoup sont formés de deux lanières ou cordes accolées de diverses matières. Quelquefois, sur le même dos, ceux du milieu sont doubles et ceux des extrémités simples ; exceptionnellement, les doubles et les simples alternent.
Recouverts de peau de truie, de vélin, de parchemin, les plus précieuses sont protégées par une autre enveloppe de velours ou de riche étoffe. C’est au cours du 13ème siècle que l’affinement des ais de bois permet aux différents cuirs de s’imposer. La reliure peut aussi être parée de pierres précieuses ou de plaques d’ivoires, on parle alors de reliure d’orfèvrerie.
Presque toutes ont des fermoirs ; quelques-unes, des attaches de cuir et métal ; le plus grand nombre, de simples rubans.
Les outils à gaufrer le cuir étaient employés, avant la découverte de l’imprimerie, par les ouvriers selliers, écriniers, fabricants de plastrons, de cuissards, de ceinturons, etc. Ils n’étaient pas de cuivre comme plus tard, mais de fer ; de là le nom de fers à gaufrer ou à dorer qui est resté aux instruments avec lesquels on couvre les cuirs de dessins divers.
Au quinzième siècle et pendant une partie du seizième, les livres portent souvent des clous d’un haut relief destinés à empêcher le frottement et l’usure des plats ; Ces clous représentent souvent des figures humaines, têtes de lion, etc. Cet usage fut abandonné lorsqu’on fut forcé, les bibliothèques s’augmentant de jour en jour, de mettre les volumes en rayons.
On se sert d’abord d’un très-petit nombre de motifs, presque toujours des fleurons ou des roses gothiques. Ils sont placés dans les angles ; souvent aussi, répétés de distance en distance, ils simulent, par leurs formes et les endroits où ils sont poussés, les têtes de clous qui ont disparu. Quelquefois on les trouvait en semis, tantôt libres, tantôt dans des losanges de filets. Ce genre de décoration s’appliquait à tous les objets pour lesquels on employait le cuir, coffrets, harnais ou livres.
Il est amusant de passer en revue cette série de reliures et d’observer les détails des fermoirs et des plats.
Ce safari-photo, pourtant paisible, inquiétât fort les gardiens du Musée qui se demandaient quel était ce cinglé qui prenait des clichés d’aussi près, sans avoir jamais une vue d’ensemble des œuvres …
Je vous laisse admirer.
Textor (avec la collaboration de Marius Michel)
Je vous propose aujourd’hui une promenade dans le monde de la reliure monastique des XIVe et XVe siècle. Vous connaissez la différence entre un bon et un mauvais bibliophile ? « Le bon bibliophile, il voit une reliure, il prend sa caméra, il tire ! ». C’est exactement ce que j’ai fait lors d’un court déplacement à Barcelone, au Musée d’Art Catalan, avec cet instinct prédateur des grands fauves !
L’ensemble est classé dans un ordre vaguement chronologique allant du début du XIVe siècle (avec cette curieuse reliure habillée d’un drap attaché aux ais de bois formant une sorte de traine) jusqu’au dernier quart du XVe siècle.
Les reliures sont toutes rigoureusement certifiées d’époque, sans restauration, ni ajout ultérieur.
Les premiers livres imprimés furent des livres religieux ; les connaissances que les moines avaient acquises en faisant leurs Heures et leurs Missels, la nature même des ouvrages allaient faire d’eux les premiers Relieurs. Aussi les plus anciens monuments de l’imprimerie diffèrent-ils peu, quant à la reliure, des manuscrits.
Les cahiers sont cousus sur des nerfs formés de lanières de cuir de porc, dont les extrémités retiennent les ais de bois biseautés qui protègent le livre. Ces nerfs varient à l’infini, quant au nombre et à la disposition ; beaucoup sont formés de deux lanières ou cordes accolées de diverses matières. Quelquefois, sur le même dos, ceux du milieu sont doubles et ceux des extrémités simples ; exceptionnellement, les doubles et les simples alternent.
Recouverts de peau de truie, de vélin, de parchemin, les plus précieuses sont protégées par une autre enveloppe de velours ou de riche étoffe. C’est au cours du 13ème siècle que l’affinement des ais de bois permet aux différents cuirs de s’imposer. La reliure peut aussi être parée de pierres précieuses ou de plaques d’ivoires, on parle alors de reliure d’orfèvrerie.
Presque toutes ont des fermoirs ; quelques-unes, des attaches de cuir et métal ; le plus grand nombre, de simples rubans.
Les outils à gaufrer le cuir étaient employés, avant la découverte de l’imprimerie, par les ouvriers selliers, écriniers, fabricants de plastrons, de cuissards, de ceinturons, etc. Ils n’étaient pas de cuivre comme plus tard, mais de fer ; de là le nom de fers à gaufrer ou à dorer qui est resté aux instruments avec lesquels on couvre les cuirs de dessins divers.
Au quinzième siècle et pendant une partie du seizième, les livres portent souvent des clous d’un haut relief destinés à empêcher le frottement et l’usure des plats ; Ces clous représentent souvent des figures humaines, têtes de lion, etc. Cet usage fut abandonné lorsqu’on fut forcé, les bibliothèques s’augmentant de jour en jour, de mettre les volumes en rayons.
On se sert d’abord d’un très-petit nombre de motifs, presque toujours des fleurons ou des roses gothiques. Ils sont placés dans les angles ; souvent aussi, répétés de distance en distance, ils simulent, par leurs formes et les endroits où ils sont poussés, les têtes de clous qui ont disparu. Quelquefois on les trouvait en semis, tantôt libres, tantôt dans des losanges de filets. Ce genre de décoration s’appliquait à tous les objets pour lesquels on employait le cuir, coffrets, harnais ou livres.
Il est amusant de passer en revue cette série de reliures et d’observer les détails des fermoirs et des plats.
Ce safari-photo, pourtant paisible, inquiétât fort les gardiens du Musée qui se demandaient quel était ce cinglé qui prenait des clichés d’aussi près, sans avoir jamais une vue d’ensemble des œuvres …
Je vous laisse admirer.
Textor (avec la collaboration de Marius Michel)