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samedi 28 mars 2020
L'Art de séduire les Hommes (Bibliothèque des Curieux). Livre numérique PDF. GRATUIT
dimanche 22 mars 2020
Autographe ou Autographie ? Quand la lettre authentique est un imprimé, par Le Zaguate
Si les fac-similé sont bien connus des amateurs d'autographes et des marchands spécialisés, si ceux-ci savent généralement bien les reconnaître, certains fac-similé peuvent être compliqués, et c'est le cas notamment des autographies, cas très particulier des fac-similé.
L'autographie, pour faire simple, est un procédé permettant la reproduction d'un manuscrit ou un dessin, existant depuis le début du XIXe siècle, et on peut dire, abusivement, que le principe a été conservé jusqu'à aujourd'hui (même si avec l'imprimerie moderne, la méthode de reproduction est beaucoup plus aisée). Nous conserverons l'usage du mot autographie dans tout cet article, même si pour les copies plus modernes ce n'est pas à proprement parler la même méthode.
Dans le cas particulier de la correspondance, l'usage de l'autographie se fait toujours, notamment pour les personnalités importantes, par exemple les cartes de vœux de ministres ou présidents (autographie par impression numérique).
J'insiste ici sur un point : ces documents ne sont pas des faux, ni des copies, mais des lettres authentiquement envoyées par le signataire des documents. Ce sont des authentiques qui sont des multiples, un peu comme une gravure.
J'insiste encore sur un autre point : cet article ne se veut pas inquisiteur. Beaucoup se trompent de bonne foi, l'auteur de cet article s'est aussi fait avoir par une des lettres citées.
Parmi les personnalités plus anciennes que nos ministres ayant utilisé ceci, citons par exemple Alphonse de Lamartine qui envoyait ainsi des lettres-circulaires mais aussi Ferdinand de Lesseps. Pour ce dernier, le hasard nous a fait voir, en peu de temps, deux lettres autographiées, au moment du canal de Panama.
Lettre du 26 avril 1880
Lettre du 21 janvier 1881
On remarquera ici plusieurs choses :
- l'encre violette particulièrement éclaircie
- une formulation très neutre de la lettre : rien ne permet, a priori, d'identifier le destinataire
- pour la seconde lettre, celle du 21 janvier 1881, Lesseps a marqué en bas : "Monsieur le Rédacteur en Chef de" et une autre main a modifié le de en du à cause du nom du journal en question qui est ici le Courrier des Etats-Unis. Cette autre main a indiqué la date.
- les deux lettres annoncent une conférence au Cirque d'Hiver, le 2 mai 1880 et 31 janvier 1881
Le côté un peu pervers de la chose, c'est qu'une de ces deux lettres à un entête imprimé. Cela accentue l'impression première d'avoir un manuscrit original, que ce soit le destinataire à l'époque ou celui qui posséderait le document aujourd'hui.
Plus récemment, et plus pervers même, Charles De Gaulle. Régulièrement, on voit sortir sur le marché des lettres. Citons les trois autographiées que nous voyons le plus régulièrement : la lettre du 26 avril 1951, la lettre du 30 avril 1964 et la lettre de mai 1969.
La première est une lettre avec un très beau texte, toujours envoyée à une personne qui a pu rencontrer le général. Elle a toujours une belle provenance, ce qui rend toujours étonnant pour le néophyte le fait que ce ne soit pas un manuscrit original.
La deuxième est une lettre de remerciements, qui se trouve très régulièrement. Celle-ci est particulièrement traître car si on n'est pas au courant, on voit que l'entête est gravé et on ne pense pas à une reproduction. Il faut prendre sa loupe pour voir que c'est bien imprimé.
Cette lettre était envoyée vraisemblablement à toutes les personnes ayant envoyé des vœux de prompt rétablissement, de Gaulle étant hospitalisé du 17 au 30 avril pour une opération de la prostate.
Cette dernière, que je n'ai pas eu en main, possède, j'en suis persuadé, un entête gravé lui-aussi. De Gaulle démissionne fin avril 1969. Il reçoit alors une avalanche de lettres et cette lettre est envoyée en remerciement à tous ces courriers.
La petite liste ci-dessus est bien entendu loin d'être exhaustive, que ce soit sur les noms des personnalités ayant fait cet usage ou le nombre de lettres de ce type des noms cités. Soyez vigilants à ce que vous avez dans les mains !
Le Zaguate (chien des rues du Panama)
PS : peut-être bientôt de nouveaux articles de chiens ... non errants ! mais confinés !
PS : peut-être bientôt de nouveaux articles de chiens ... non errants ! mais confinés !
lundi 16 mars 2020
Inventaire de la Pornographie, par L. Comte, rapporteur et secrétaire général de la "Ligue française de la moralité publique" (fichier PDF en téléchargement gratuit).
Inventaire de la Pornographie
Rapporteur : M. L. Comte. Secrétaire général de la "Ligue française de la moralité publique". (*)
Ayant ce document sous la main et sous les yeux depuis plusieurs longues années, nous avons pensé qu'il serait intéressant d'en faire un document numérique accessible en ligne. Ce rapport, non daté (mais ayant été publié en 1905), est intéressant à plus d'un titre. Outre le fait qu'on y découvre la vague de pudibonderie "anti-pornographie" qui déferla sur la France dans ces premières années du XXe siècle, elle donne, malgré elle, d'intéressantes références bibliographiques pour les amateurs de livres curieux (ou curiosa) du XXIe siècle. On y trouve des listes de journaux, de livres autorisés (mais décrits comme livres de débauche), mais surtout des livres à proprement parler "pornographiques", livres interdits, vendus sous le manteau, si recherchés aujourd'hui. Comme le dit le rapporteur L. Comte : Ces livres sont assez chers. Au moins 3 francs 50 le volume. Beaucoup sont même vendus 5 francs. Enfin, dis-il, les livres "vraiment sales", ceux "indiquant des raffinements rares avec détails copieux, ceux qui ne se vendent que par catalogues secrets, ceux-là coûtent beaucoup plus. Les livres à 20, 30 et 50 francs ne sont pas rares". Comte précise que cette "littérature n'empoisonne ni la jeunesse, ni les ouvriers" tant elle est au-dessus de leurs moyens. Il en donne une longue liste bien évidemment non exhaustive qu'il serait intéressant de s'amuser à compléter aujourd'hui : L'heure sexuelle, Toutes les femmes, La suprême étreinte, L'incestueuse, Lulu, La vierge de Sedom, etc. On trouve dans cette liste de livres pornographiques les Willy (les Claudine ...), les volumes signés du nom de Victorien du Saussay, Félicien Champsaur, R. de Brevannes, Jean Chibrac, etc., pour ne parler que des noms les plus connus. Et Comte de conclure : "La pornographie aura vécu, en effet, le jour où, dans chaque localité, se grouperons une demi-douzaine de citoyens qui ne craindront pas de clamer leur indignation et de réclamer des pouvoirs publics l'application de la loi, car, ce qui fait le succès relatif des pornographes, c'est la pleutrerie des honnêtes gens."
Cliquez sur le titre ci-dessous pour télécharger le PDF complet (gratuit et sans inscription)
A vous de juger ce document à l'aune de ses 115 ans d'existence ...
Bonne lecture
Bertrand Bibliomane moderne
(*) Le 1er Congrès national contre la pornographie s'est tenu à Bordeaux les 14 et 15 mars 1905. Rapports, discussions, vœux et conférences. Imprimé, Imprimerie commerciale et industrielle, 1905, 301 pages. Le rapport de M. Comte figure dans ce volume à partir de la page 26. Le document que nous vous livrons en PDF est lui un tirage à part au format in-4 paginé de (1) à 40. Plié en deux dans le sens vertical, nous supposons que ce tiré à part était envoyé aux membres de la "Ligue française de la moralité publique" et à d'autres personnalités du Congrès national contre la pornographie. L'auteur, Louis Comte, était pasteur (1857-1926). Socialiste, dreyfusard et représentant éminent du christianisme social, il est réputé pour ses talents d'orateur, pour son action en faveur des droits de l'homme et de la moralité, et pour son œuvre sociale. Louis Comte était célèbre tant pour son action contre les tenanciers et les cabarets que pour son soutien à la classe ouvrière et aux femmes (n'hésitant pas, le cas échéant, à utiliser la désobéissance civique pour défendre ces dernières). Malgré sa défense de la moralité publique, rétrospectivement très conservatrice, il pouvait ainsi être décrit, à sa mort en 1926, comme un « libéral d'extrême-gauche », terme qui synthétise la complexité de ses vues politiques.
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