dimanche 29 janvier 2017

Bibliomane, Bibliomanie : Définition selon la très sainte Encyclopédie Catholique (1841).


Bibliomane, Bibliomanie. Ces deux mots expriment la fureur de posséder des livres, non pas tant pour s'instruire crue pour en repaitre sa vue et se féliciter de les avoir. Il y a des bibliomanes de plusieurs espèces : ceux qui achètent indistinctement tout ce qui leur vient sous la main, pour posséder beaucoup de livres ; puis ceux qui, pour se procurer des livres, s'attachent soit à une matière spéciale, soit à des conditions purement accidentelles, matérielles et nullement essentielles, telles que le luxe de l'édition, sa date, une faute d'impression qui constate sa rareté, les planches, les gravures, la reliure. On voit des bibliomanes rassembler à grands frais toutes les éditions d'un même ouvrage ; d'autres tout ce qui a été écrit sur la matière la plus futile. Un fou qui ne savait pas un mot d'astronomie avait conçu une passion extrême pour tous les livres de cette science. Feu de Guerle, littérateur aimable et très-instruit, avait passé sa vie à réunir les fabulistes de tous les pays ; c'était pour lui un chagrin réel de savoir qu'il n'aurait jamais sa collection complète. M. Peignot cite un prince allemand qui avait déjà réuni huit mille éditions différentes de la Bible, et à qui il en manquait encore deux mille. Les Anglais, si connus par leurs bizarreries, ne sont pas demeurés en reste sous le rapport de la bibliomanie. Le libraire Jeffery à Londres fit relier l'histoire de Jacques II, par Fox, en peau de renard (fox skin), pour faire allusion au nom de l'auteur, et le fameux bibliomane anglais Askew fit relier un livre avec de la peau humaine. La bibliothèque du duc de Roxburg, qui fut vendue à Londres en 1812, est, parmi toutes les ventes publiques, celle où se montra dans tout son jour l'extravagance des bibliomanes anglais. Tous les articles y montèrent à des prix incroyables. La première édition de Boccace, publiée en 1471 par Valdarf, y fut adjugée pour la somme énorme de 2,600 liv. sterl. (56,500 fr.) ; et à cette occasion fut fondé le Bibliomanio-Roxburg-Club, qui a pour président lord Spencer, et qui, tous les ans, se réunit dans la taverne de Saint-Albans, le 13 juillet, anniversaire de la vente du Boccace. L’Écosse a aussi son club de bibliomanes, appelé Ballantyne-Club. Walter Scott, qui a si bien retracé les innocents travers du bibliomane, fait souvent, dans ses préfaces, allusion à ces deux sociétés. Il passait pour un bibliomane, et tout porte à croire qu'il a voulu se peindre lui-même dans le personnage de l'Antiquaire. Au surplus les bibliomanes anglais ne rougissent point de s'avouer comme tels, et d'ériger en système les idées les plus bizarres ; et on peut le voir dans la Bibliomania, or Book Madness (London, 1811), et dans le Bibliographical Decameron, de Th. Frognal Dibdin (London, 1817 ; 5 vol. in-8). — Si le bibliomane ne connaît guère ses livres qu'en dehors, ils pourront, après sa mort, passer a des dépositaires moins passionnés sans doute, mais qui ne laisseront pas perdre ce trésor. « C'est une sorte d'avarice, je l'avoue, a dit quelque part le bibliophile Jacob, qui s'affiche au lieu de se cacher, et qui tient dans ses mains une sorte de propriété nationale des monuments intellectuels et typographiques, la plupart enlevés à l'oubli et à la destruction. Le bibliomane est le dragon du jardin des Hespérides. » — « Pour comprendre le bibliomane, dit encore M. Paul Lacroix, il faut avoir vu le vénérable Boulard longer les quais été comme hiver, gelée ou soleil, analyser d'un coup d'œil l'étalage d'un bouquiniste, et tirer la perle du fumier en homme qui sait la valeur de la perle ; puis, le soir, rentrer dans son vaste sérail de livres pour débarrasser ses poches gonflées de leur butin journalier. » Les libraires ne sont pas plus que les simples amateurs exempts de la passion de la bibliomanie, surtout dans leur vieillesse. On en a vu forcer le prix d'un livre ou refuser de le vendre pour conserver sur leurs rayons quelque rareté bibliographique. Cette passion a eu quelquefois de déplorables effets, s'il est vrai, comme on le raconte, qu'elle a poussé certains bibliomanes ou à dérober l'exemplaire rare qui faisait l'objet de leurs désirs ou à détruire tous les autres, pour posséder seuls l'exemplaire unique qui faisait envie. Les journaux français ont inséré, il y a quelques années, l'épouvantable confession d'un bibliomane espagnol, de riche et grande maison, qui avait commis plusieurs assassinats pour se procurer l'objet de sa passion. Feu le marquis de Chalabre est mort, dit-on, du chagrin qu'il conçut à la recherche infructueuse d'une Bible imaginaire. Heureusement ces exemples sont si rares qu'ils peuvent passer pour des exceptions. Rien de plus pacifique et de plus inoffensif en général que le caractère des hommes qui vivent au milieu des livres. On peut se demander en outre si le petit ridicule que se donnent les bibliomanes en formant des bibliothèques par vanité, par luxe et par ton, est plus à blâmer que la manie d'acheter des tableaux, des pendules, de la verroterie ou tout autre objet rie fantaisie. « Sans ces amateurs de beaux volumes ou de belles éditions, dotés de tout le luxe imaginable, dit un bibliographe, la librairie, l'imprimerie, la reliure seraient réduites à la fabrication très-médiocre des ouvrages d'un mérite et d'une utilité reconnus, qui seuls sont achetés par les savants et par les personnes qui litent les livres de leurs bibliothèques. C'est à l'amour du luxe, à la vanité, quelquefois au manque d'instruction que ce genre d'industrie doit son entretien, ses progrès, et rend les riches ses tributaires. Que l'on se contente donc de sourire de la satisfaction de ceux qui ne possèdent des livres que comme meubles de pure curiosité ; et si le propriétaire d'une belle bibliothèque ne l'a que par ostentation, ou ne peut même en faire aucun usage personnel, le ridicule est pour lui seul ; mais l'industrie n'a pas moins prospéré par l'acquisition qu'il en a faite, et le savant ou l'amateur éclairé, mais peu fortuné, en saura aussi profiter en y trouvant ce qu'il ne possède pas lui-même. » 

Article signé des initiales C. D. R. R. 

Encyclopédie catholique publiée sous la direction de l'abbé Glaire, Tome 3, Paris, Parent-Desbarres, 1841, p. 538

samedi 28 janvier 2017

Ch. Dupuy & Fils : un exemple de ce qu'on savait faire de mieux en terme de chromolithographies en 1881 en France.


Lithographie spécimen par Ch. Dupuy & Fils, 1881
Imprimeurs-Lithographes
22, Rue des Petits Hôtels
Paris

Coll. priv.


La famille Dupuy était imprimeur-constructeur
La nouvelle presse chromo-lithgraphique perfectionnée Th. Dupuy, vers 1890

Archive Gallica - Copie d'écran

jeudi 19 janvier 2017

Tester la mémoire visuelle des Bibliophiles : A quel artiste appartient cette composition ? A quel ouvrage ? Publié à quelle date ?



A quel artiste appartient cette composition ? A quel ouvrage ? Publié à quelle date ?

Répondez en commentaire.

Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne

mardi 17 janvier 2017

La très-belle carte de visite de la Librairie Henri Leclerc 219, Rue Saint-Honoré à Paris (Successeur de Léon Téchener). Livres anciens Manuscrits, Bulletin du Bibliophile fondé par Téchener en 1834. Carte dessinée et gravée par François Courboin et imprimée en aquatinte par Ch. Wittmann. 6 hommes du livre à identifier !

Eau-forte et aquatinte par François Courboin, imprimée par Charles Wittmann
Dimensions du cuivre : 14,5 x 13 cm. Dimensions de la feuille : 20 x 17 cm.
Papier vélin de cuve type Arches épais.
Cette carte doit dater des années un peu avant 1900.


Henri Leclerc succède à Léon Téchener au décès de ce dernier en 1888. Il s'associe alors avec Paul Cornuau. En janvier 1923 c'est Louis Giraud qui succède au libraire Henri Leclerc. En octobre 1928 la librairie passe du 219 rue Saint-Honoré au 128 boulevard Saint-Germain. Le reste de l'histoire est écrit dans l'historique de la librairie Giraud-Badin.

Ce qui nous intéressera ici ce sont les 6 personnes présentes sur cette gravure et qui sont "identifiables" pour qui s'y penchera d'un peu près. La scène se passe à la librairie Henri Leclerc donc. Qui sont ces hommes à barbe et à moustaches ? Bibliophiles et libraires, relieurs ? Saurez-vous les reconnaître ?

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

Réponse par Jean-Paul Fontaine : Sur ce prospectus de la librairie Leclerc, de 1906, on reconnait, de gauche à droite : Paul Lacombe, Maurice Tourneux, Georges Vicaire, François Courboin, Léon Gruel et Henri Leclerc. (source : Dictionnaire encyclopédique du livre, tome I, p. 284, article : bibliophilie).

mercredi 4 janvier 2017

Billet participatif : les achevé d'imprimer originaux ... (étranges, curieux, bizarres, jolis, esthétiques, érotiques, etc.)


Achevé d'imprimer pour H. Launette et Cie
le 30 mai 1888 par Claude Motteroez
sur le Roman Comique de Scarron illustré par Edouard Zier


Ce billet, premier de l'année 2017, est placé sous le signe du participatif : envoyez moi à librairie-alise@orange.fr les achevé d'imprimer originaux que vous avez rencontré dans votre bibliothèque ou ailleurs et je les ajouterai dans ce billet. Il me faut l'auteur et le titre du livre concerné. 

Merci d'avance et encore une fois meilleurs vœux pour cette nouvelle année !

Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne


Achevé d'imprimer pour
Chatteries, Estampes, Editions Lesbos
vers 1933, ouvrage clandestin érotique
illustré par Jacques Nam (attribué à) 



Achevé d'imprimer pour
Les Parfums de Sensitive,
Édition clandestine érotique par Eric Losfeld, vers 1955
(artiste anonyme)



Achevé d'imprimer par Charles Gillot pour les Quatre Fils Aymon,
le 1er décembre 1883. Illustration par Eugène Grasset



Achevé d'imprimer pour la Justine du marquis de Sade
illustrée par Albert Dubout, en septembre 1976
sur les presses de l'imprimerie Fournier à Montrouge. 



Achevé d'imprimer (en 1970) par les travailleurs communistes et sympathisants
de l'Imprimerie Poissonnière, en dehors des heures de travail.


 Achevé d'imprimer pour La Soirée chez Madame X. Avec ce texte de haut niveau bibliophilique : Les presses à bras du maître imprimeur Durendar citoyen de Philadelphie U.R.S.S. ont gémi du 17 au 23 mars 1956 à seule fin d'imprimer sur papier pur fil dont cinq sur Montval soixante-quinze exemplaires de cet inestimable recueil réservés aux invités de la si carambolable Madame X. Exemplaire de passe N°III.



 Louis Gillet, la Cathédrale de Chartres, illustré par Henry le Riche, 1929. La numérotation est complètement fausse, comptant 620 exemplaires numérotés de 1 à 622.



 Le sixte livre des faitz et dictz du noble Päntagruel fut achevé d'imprimer le vingt-huit février mil neuf cent trente-trois pour la maison Moët et Chandon d'Epernay fêtant le quadri-centenaire de la naissance du roi des Dipsodes, héraut du roi des vins. Cet ouvrage a été composé par la maison Devambez, Pässage des Portiques, 144, Avenue des Champs-Elysées, Paris (VIIIe).



Achevé d'imprimer pour 
"Pour Elodie ou du maniement des gonzesses.
Petite suite de poèmes et de dessins pour la changer de la fadeur de son cocu
et pour échauffer la froideur de son cu.
Philadelphie, 1952

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