samedi 23 juillet 2011

Petit essai historico-généalogique autour des Didot.


Le fondateur de la dynastie Didot est François (1689-1757). Il imprima tous les ouvrages de son ami, l’abbé Prévost.

François eut deux fils : François Ambroise Didot (1730-1804), dit Didot l’Aîné, et Pierre-François Didot (1732-1795). Les deux frères restent dans l’édition. L’aîné fut à l’origine d’inventions et d’améliorations importantes : le papier vélin, importé d’Angleterre et mis au point avec les Johannot d’Annonay, la presse à un coup (au lieu de deux auparavant), le point typographique…

Bossuet, « Discours sur l’histoire universelle »,
à Paris, de l’Imprimerie de Didot l’Aïné, 1786, 2 tomes in-8°.


François-Ambroise publie la fameuse « Collection des Classiques françois et latins, imprimés pour l’éducation du Dauphin », qui comprend 18 volumes in-18 (12cmx8cm), 17 volumes in-8° (20cm x 12cm), et 12 volumes in-4° (24cmx31cm). Cette collection sera continuée après sa mort par ses successeurs.

Collection imprimée « par ordre du Roi, pour l’éducation de M. le Dauphin »
lequel terminera sa vie au Temple, pendant la Révolution.



Les tirages sont restreints (de 200 à 500 exemplaires), d’une grande élégance typographique, sur un beau papier vélin (de la papeterie de MM. Johannot et Fils).


Ce titre, tiré sur papier vélin des papeteries d’Annonay,
vendu 30 livres broché, est tiré à 350 exemplaires.



Son frère Pierre-François fondera la papeterie d’Essonne. Il publiera également, notamment le Psyché et Cupidon, de La Fontaine, avec 4 gravures d’après les tableaux de Jean-Frédéric Schall, en 1791. Hugues, du blog du Bibliophile, a publié 3 de ces gravures dans un billet récent (gravures à la poupée).

Pierre-François aura trois fils, qui lui succèderont, et une fille, Félicité (1770-1799), qui épousera Bernardin de Saint-Pierre en 1792. Elle aura deux enfants : Paul et Virginie…

François-Embroise a deux fils : Pierre Didot (1761-1853), dit également P. Didot l’Aîné, et Firmin Didot (1764-1836).

Pierre Didot se spécialise dans l’édition, et Firmin dans la gravure et la fonte de caractères. Les deux se complètent : les belles éditions de Pierre (et de François-Ambroise) utilisent les caractères de Firmin. Ce sont les héritiers de Firmin qui poursuivront l’aventure Didot, au point d’adopter Firmin-Didot comme nom de famille.

Pierre Didot publia les premiers livres de peintres. En 1797, à la suite de l’Exposition nationale où il avait obtenu la médaille d’or, il fut autorisé, à titre d’encouragement, à installer ses presses au Louvre, dans l’ancien local de l’Imprimerie royale. Il y resta jusqu’en 1805 et y publia ce qu’on appelle les « Editions du Louvre».

Pour illustrer ces livres, il s’adresse aux élèves de David, le grand peintre officiel du moment : Girodet, le baron Gérard, Gros, et aussi Prud’hon (qui n’est pas un élève de David, plutôt un concurrent).

Baron Gérard, illustration pour Les Amours de Psyché et Cupidon, gravée par Nicollet : « L’Epoux que les Destins gardent à votre fille est un monstre cruel… »


Leurs réalisations constituent le sommet du néo-classicisme, derrière lequel on sent poindre le romantisme. Certaines d’entres elles ont été considérées comme les plus beaux livres jamais publiés, comme par exemple le Racine, en trois volumes, publiés de 1801 à 1805, avec 57 gravures, tiré à 250 exemplaires. Ce livre était vendu de 1200 francs à 2400 francs !

Baron Gérard, illustration pour Les Amours de Psyché et Cupidon, gravée par Blot : « Psyché demeura comme transportée à l’aspect de son Epoux. »


En 1797 Pierre Didot publie « Les amours de Psyché et Cupidon », de La Fontaine (à la suite de son oncle, donc), illustré par 5 gravures de Gérard (un frontispice, 3 gravures pour Psyché et une gravure pour le poème d’Adonis). Les gravures du tirage « courant » sont en noir (vendues 18 francs), mais elles existent en couleur (vendues 24 francs).

Baron Gérard, illustration pour Les Amours de Psyché et Cupidon, gravée par Tardieu : « la pauvre épouse se trouva seule sur le Rocher, demi-morte ».


En 1806 Pierre publie « Paul et Virginie », du mari de sa cousine Félicité Bernardin de Saint-Pierre, tiré sur le papier vélin d’Essonne de son oncle Pierre-François, avec les caractères de son frère Firmin, vendu de 72 francs à 288 francs. Ce livre est illustré de 7 gravures, dont les dessins ont été fournis par les artistes habituels de Didot : Prud’hon, Gérard, Girodet.

A noter qu’il n’y eut que 55 souscripteurs. Brunet dit que le prix de souscription était trop élevé, qu’il fallut ensuite le baisser fortement. La comparaison avec le Racine indique clairement que le prix de ces ouvrages dépendait directement du nombre de gravures.

Calamar pour le Bibliomane moderne,

Bonne soirée,
Merci Calamar,
Bertrand Bibliomane moderne

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