jeudi 10 mars 2011

Les réflexions critiques sur le système de l'attraction ou la réfutation des théories de Newton et de Galilée (1759).


Premier état du titre avec la faute attration pour attraction.


Hier soir je vous montrais les extérieurs d'un livre ancien (*). Ce livre est suffisamment peu commun pour qu'aujourd'hui je vous en montre les intérieurs. Bonne visite !

Un livre au titre prometteur : Réflexions critiques sur le système de l'attration (sic). Avec une nouvelle idée sur la précession des équinoxes, sur le tems & sur la pesanteur.

Publié à Nice par les soins de l'imprimeur Gabriel Floteront (**), ce livre sur plus de 400 pages se veut une réfutation ou plutôt une critique du système de Newton et même de celui de Galilée ! Nous sommes en 1759. Si les Principes mathématiques de la philosophie naturelle furent publiés pour la première fois en 1687, c'est à la marquise du Châtelet qu'on doit la première traduction française en 1756, en deux volumes. M. Massière, qui n'était pas savant comme il l'avoue lui-même, et qui a écrit ces quelques quatre cent pages pour son délassement à la campagne... arrive en réalité très peu de temps après l'édition française de Madame du Châtelet. Pourtant il nous indique que c'est la lecture des Eléments de M. de Voltaire (édition de 1738), qu'il ne connaissait alors que de nom, qui lui donna l'idée de ce livre. M. Massière est aujour'hui un bel inconnu, et du monde littéraire, et du monde des sciences. D'ailleurs il ne semble avoir donné que cet ouvrage.


Extrait du Journal des savants pour l'année 1760.



Nous ne savons rien de lui. Pourtant il eut les honneurs d'un article critique dans le Journal des savants pour l'année 1760 (voir ci-dessous). "Article critique" a prendre dans le sens le plus littéral du terme. Le rédacteur du Journal des savants n'ayant aucune illusion sur la validité des réfutations du système de Newton. En clair, notre ami Massière n'entendait rien aux mathématiques, rien à la physique, et sans doute encore moins à l'astro-physique et à l'astronomie ! Pourquoi alors s'être lancé dans une telle réfutation ? C'est osé ! Ce livre restera dans les annales, comme quelques autres de la même époque, pour montrer que tout système, aussi évident puisse-t-il paraître aux yeux de qui le défend, n'en n'est pas moins sujet à la controverse, et ce pendant de nombreuses années. En même temps, quelle différence d'appréciation peut-on faire entre un Massière du XVIIIe siècle et les créationnistes états-uniens du XXIe siècle ? Je ne saurais même pas dire quel est le plus dangereux, le plus conséquent.

Quelques pages prises au hasard. Science, philosophie ou charlatanerie ?





Moi-même n'y entendant rien à l'astronomie, aux lois de la physique, et encore moins aux mathématiques, fussent-il du temps de Newton, je ne me permettrai aucun jugement sur ce livre qui se lit pourtant plaisamment et conserve l'intérêt de la curiosité sinon celui de la rareté.

Second état (corrigé) du titre.


Une constatation amusante. Il existe visiblement au moins deux états du titre. Le premier état, non corrigé avec la faute attration pour attraction et une mise en page légèrement différente. Le reste de l'ouvrage ne semble pas avoir été réimprimé avec des différences.

Je laisse le chroniqueur scientifique attitré du Blog du Bibliophile, Bernard, nous donner son avis d'expert, sur ce livre qu'il connait peut-être ? ...

Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne

(*) Réflexions critiques sur le système de l'attration (sic). Avec une nouvelle idée sur la précession des équinoxes, sur le tems & sur la pesanteur. Par M. Massiere. A Nice, chez Gabriel Floteront (**), imprimeur du gouvernement. M. DCC. LIX. [1759]. Avec permission. (4)-XXIV-417-(1) pages et 2 planches dépliantes. Page de titre imprimée en rouge et noir. Exemplaire broché presque entièrement non coupé.

(**) Gabriel Flotteront, imprimeur-libraire, imprimeur de monseigneur (l'évêque [de Nice]) ; "stampatore del governo" ; imprimeur de la nation (1793). Natif de Saint-Hymier en Suisse, déserteur des troupes du roi de Sardaigne, travaille à Nice en qualité d'ouvrier imprimeur dans l'atelier des frères Ignace et Jean-Baptiste Romero (1744-1748). Abjure le protestantisme et s'établit à son compte avec la recommandation des Jésuites. Imprime en latin, en italien, en français et aussi en nissart à partir de 1783 (on lui doit le 1er ouvrage impr. en nissart, un catéchisme pour le diocèse de Nice). Imprime dès sa fondation en 1772 la "Gazette de Nice" avec l'imprimeur d'origine avignonnaise Pierre-Joseph Cheisolme. (source : librairie Dialogues).

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