mardi 1 juin 2010

Mon cher Barbin ... Des contes de Perrault et de ceux de Madame d'Aulnoy.


Les contes de Perrault, EO de 1697. Tirage inconnu alors... Adjugé 133.000 euros le 21 avril dernier chez Christie's

Un ami de l'autre France outre atlantique, qui lit attentivement le Bibliomane moderne et y a trouvé notamment l'article que j'avais consacré au libraire parisien sous Louis XIV, Claude Barbin, nous informe d'un résultat de vente récemment tombé chez Christie's : [PERRAULT, Charles (1628-1703)]. Histoires ou Contes du temps passé. Avec des Moralitez. Paris: Claude Barbin, 1697. Estimé 80/120.000 euros. Résultat : 133.000 euros ! (vente du 21 avril 2010 - vente n°5623, lot 54)

Mon cher Barbin ai-je envie de galéjer (encore que... malheureusement... ce ne soit pas le mien...)

Je vous donne en copie la longue et intéressante notice qui accompagnait ce lot hors du commun :

[PERRAULT, Charles (1628-1703)]. Histoires ou Contes du temps passé. Avec des Moralitez. Paris: Claude Barbin, 1697. In-12 (148 x 82 mm). Un frontispice gravé par Antoine Clouzier (ici en fac-similé), un bandeau gravé en tête de la dédicace à Élisabeth Charlotte d'Orléans, nièce de Louis XIV, et 8 vignettes gravées. (Taches et brunissures. Petites déchirures restaurées.) Reliure de l'époque en veau, dos à nerfs avec titre à froid (éraflures et importantes restaurations), étui moderne en maroquin nuit signé Alain Devauchelle. Provenance: Le Josme ? (ex-libris manuscrit sous l'épître) -- Inscriptions anciennes au verso du titre et pages 148 & 149) -- Jean A. Bonna (ex-libris au contreplat). RARISSIME DEUXIÈME ÉDITION ORIGINALE DES CÉLÈBRES CONTES DE PERRAULT, PUBLIÉE À PARIS LA MÊME ANNÉE QUE L'ORIGINALE ET JUSQU'ICI CONSIDÉRÉE COMME LE SECOND ÉTAT OU TIRAGE DE CETTE ÉDITION ORIGINALE. Une quinzaine d'exemplaires des Contes sont connus à ce jour à la date de 1697 et sans nom d'auteur; on les répartit par convention entre les exemplaires avec le feuillet d'errata et ceux sans ce feuillet mais avec les fautes corrigées. Or il s'avère que les exemplaires, sans le feuillet d'errata (comme ici) et présentant une collation identique, appartiennent à une édition entièrement recomposée. Les errata sont donc un indice précieux permettant de confirmer qu'il s'agit bien de deux éditions et non pas d'états, d'émissions ou de tirages différents. La comparaison du présent exemplaire avec celui conservé à la BnF (cote Rés. P-Y2-263), incomplet d'un feuillet de texte, a montré que le texte a été entièrement recomposé avec un interlignage différent et des variantes de décor typographique à la fin des chapitres. Malgré ces différences, et en raison de la même fonte typographique et des cuivres identiques, il semblerait que l'impression ait été confiée au même imprimeur. Jusqu'à ce jour, aucun bibliographe n'avait fait cette constatation fondamentale de l'existence de deux éditions. Tchemerzine comme Le Petit ne faisaient mention que des exemplaires avec ou sans feuillet d'errata. La contrefaçon de 1697 (Tchemerzine-Scheler V, p. 178), publiée avec le nom d'auteur, est donc probablement la troisième édition. PRÉCIEUX EXEMPLAIRE DE L'ÉDITION DE 1697 PUBLIÉE SANS NOM D'AUTEUR, L'EXISTENCE DE DEUX ÉDITIONS SANS NOM SOUS CETTE DATE ÉTANT JUSQUE LÀ INCONNUE. La première édition originale est un peu plus rare que la deuxième, on en connaît seulement trois exemplaires à ce jour. L'exemplaire de la BnF (incomplet), celui de l'ancienne collection du comte de Fresne (vente publique en 1893), et un des deux exemplaires de la Sorbonne appartiennent à la première édition; tous les autres exemplaires, dont celui-ci, appartiennent donc à ce qui se révèle être la deuxième édition. RARISSIME EXEMPLAIRE CONSERVÉ DANS SA RELIURE DE L'ÉPOQUE ET NON LAVÉ, la plupart ayant été lavés et reliés au XIXe siècle. Tchemerzine-Scheler V, p. 177; Le Petit p. 439-443; En français dans le texte n° 128.



Notre ami d'outre atlantique nous envoie quelques informations et des photographies du frontispice et de la page de titre du premier volume d'un autre ouvrage fort rare édité par le sieur Claude Barbin : Les Contes des fées par Madame D**. Paris, Claude Barbin, 1698.


Voici ce que notre ami nous écrit :

"Il est intéressant de noter que le privilège d’impression est du 21 mars 1697, mais que l’ouvrage est daté de 1698. Barchilon explique ce fait en supposant qu’il s’agit d’un second tirage. Barchilon n’a retrouvé aucun exemplaire de cet ouvrage dans les bibliothèques publiques ou les collections privées. Pourtant, à quelques mois de distance, deux copies en furent vendues sur ebay il y a un an ou deux. L’université du Colorado où réside M. Barchilon a acheté la copie sans frontispice. J’ai essayé de comprendre le sens de ce frontispice, mais je n’y suis pas parvenu ; j’ai communiqué avec le bibliothécaire de l’université du Colorado, mais il n’a pas mieux fait. Si votre équipe a des suggestions, je serais très heureux de les connaître. Barchilon dit qu’il avait des photocopies des vignettes, de la page de titre et du privilège d’impression que lui avait communiquées, il y a très longtemps, Gilbert Rouger qui possédait l’ouvrage. On ne sait pas ce qui est arrivé à son exemplaire après sa mort. Tout cela me semble bien mystérieux. Autre anecdote concernant Barbin. La bibliothèque publique de New York possède une des rares copies des contes de Perrault dans l’édition Barbin de 1697. Cet exemplaire a la particularité suivante que la vignette qui accompagne la dédicace à Mademoiselle, nièce de Louis XIV, a été remplacée par la vignette qui va avec le conte de Riquet à la houppe, ce qui laisse entendre que Mademoiselle est belle (comme le disait la vignette initiale), mais idiote (comme la princesse dans Riquet à la Houppe). On peut croire que la substitution a été faite dans les Pays-Bas qui étaient alors en guerre contre la France, ce qui confirmerait le soupçon que Barbin faisait imprimer certains de ses livres à l’étranger pour diminuer ses coûts d’impression. À cet égard, il est intéressant de noter que la page de titre de l’ouvrage de Barbin que Rouger reproduit dans son édition des Contes de Perrault comporte une erreur de français dans l’adresse du libraire : « À Paris, Chez Claude Barbin, sur le second peron [sic] de la Sainte-Chapelle, au Palais ».


Merci pour ce message qui nous donne à penser qu'il y a encore beaucoup à découvrir sur les productions éditoriales de l'ami Barbin. Si vous vous êtes déjà penché sur ces éditions des Contes de Perrault ou de Madame d'Aulnoy, et que vous avez des pistes.... n'hésitez pas à venir enrichir la réflexion commune.

Bonne soirée,
Bertrand

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