dimanche 28 mars 2010

Connaissance de la reliure par l'image. Jolie reliure doublée signée VEUVE NIEDREE, exécutée entre 1857 et 1860.


Pour faire suite au billet d'hier concernant le chiffre couronné HCC, voici la reliure prise pour exemple de ce que les relieurs d'art du Second Empire pouvaient faire de mieux.

Voici la description du volume.

1 volume in-24 (Hauteur des marges : 111 mm - Dimensions du volume : 114 x 73 mm) de (4)-XX-636 pages. Relié plein maroquin rouge sombre, dos à nerfs souligné de filets à froid, chiffre doré en queue, doublure de maroquin vert sombre encadrée d'un large décor au petit fer répété dans les style des dentelles du XVIIIe siècle, tranches dorées sur marbrure. La reliure est signée, humblement, en très petits caractères noirs au recto de la première garde de papier blanc : "V(euv)E NIEDREE."

Cette reliure recouvre une édition dite "édition elzévirienne" des Oeuvres complètes de P.-J. Béranger contenant les dix chansons nouvelles. A Paris, chez Perrotin, libraire, éditeur de la méthode Wilhem, rue Fontaine-Molière, 41. 1857. Le volume sort des presses de Simon Raçon et Cie, rue d'Erfurth, 1. Il est imprimé sur un beau papier vélin fin, sans rousseurs. L'impression, bien qu'en petits caractères est très lisible. Le volume est parfaitement conservé.

Ce volume appartenait-il à la collection d'Henri Comte de Chambord autrement dénommé Henri V, successeur naturel au trône des Bourbons, qui ne régna jamais ? La question reste en suspens. Le chiffre identifié comme HCC avec une couronne royale fermée pourrait le laisser supposer. Aucune marque à l'intérieur du volume ne vient confirmer cette provenance. On trouve simplement un numéro à la mine de plomb au bas du dernier feuillet : 4944.

C'est ici l'occasion de citer l'historique de la maison de reliure Jean-Edouard Niédrée et successeurs, selon Fléty dans son Dictionnaire des relieurs français ayant exercé de 1800 à nos jours (Paris, Technorama, 1988, pp. 135-136... on attend toujours la nouvelle édition...)

"NIEDREE, Jean-Edouard, successeur de Muller en 1836, passage Dauphine. Niédrée exposa en 1844, et obtint une médaille d'argent pour des "reliures dans le style de la Renaissance et du siècle de Louis XIV, avec une telle exactitude de dessin que les cinq ou six chefs-d'oeuvre qu'il a exposés surpassent les plus riches reliures des superbes bibliothèques de Henri II, du Cardinal de Farnerie, de Henri III, de Grolier et de Thou, de Dupuis, du Chancelier Séguier, etc." Habile ouvrier, il savait exécuter lui-même ce qu'il commandait à ses ouvriers, il apportait toute son application à la préparation et au corps d'ouvrage. La conservation des marges était pour lui l'objet des plus grands soins "à tel point qu'il lui arrivait de rendre aux bibliophiles des volumes plus grands qu'il ne les avait reçus". Pour obtenir ce résultat, il remettait le livre en feuilles et le laissait passer quelque temps dans un endroit humide, puis il le mettait en pièces et le battait, après il recommençait l'opération. Niédrée mourut en 1864. Son atelier, tenu un moment par sa veuve, fut repris ensuite par son gendre Philippe Belz, originaire de Francfort, où il était né en 1831, qui signait ses reliures Belz-Niédrée." (*)

On en apprend de belles sur la grandeur des marges !

La reliure que je présente ici, d'après cette notice aurait été faite à partir de 1864 et avant que Philippe Belz ne reprenne l'atelier et ne signe les reliures BELZ-NIEDREE.

Je vous laisse admirer le travail.



Reliure de maroquin rouge au chiffre HCC couronné (couronne royale fermée).
Il pourrait s'agir du chiffre de Henri Comte de Chambord, successeur des Bourbons au trône de France, qui ne régna jamais.




Doublure de maroquin vert sombre avec une large dentelle dorée aux petits fers.



Collection privée d'un bibliophile-libraire...


J'adore Béranger et son œuvre ! Mais là, j'avoue.... cela deviendrait presque de la vénération !

(*) correction apportée par le Bibliophile Rhemus : L'habile Jean-Edouard Niedrée n'est pas mort en 1864, mais en 1854, à 51 ans. Sa veuve tint l'atelier jusqu'en 1860, quand son gendre Jean-Philippe Belz (1831-1917)le reprit : il signa ses reliures "Belz-Niedrée". Quand il se retira des affaires en 1880, son matériel fut repris par Georges Canape (1864-1940).

Bon dimanche,
Bertrand

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