dimanche 3 janvier 2010

Bécherel, Cité du Livre (Ille et Vilaine).


En ma qualité de correspondant permanent du Bibliomane Moderne pour la Haute Bretagne, je me devais de vous envoyer un photo-reportage sur cette petite cité de caractère aux marches de Bretagne, un paradis pour bibliophiles et mon lieu de promenade favori en toute saison.

A mi-chemin entre Rennes et Dinan, cette ville perchée est un des points culminants de l’Ille et Vilaine (175 mètres!) Cette situation élevée en fait un point stratégique sur lequel Alain de Dinan installe une forteresse dès 1124. Assiégée et incendiée au cours des XII et XIIIème siècle, Bécherel se trouve au cœur des conflits de la guerre de succession de Bretagne. (1341 -1381). Le félon anglais Hugh de Calveley prend le donjon par escalade en Aout 1350 et le transforme en citadelle imprenable. Que nenni ! Bertrand du Guesclin, stationné au château de Montmuran tout proche, reprend la place, après trois sièges successifs. Et toc !


Fig 1. Plan de la Ville.


Les murailles seront reconstruites en 1419 par Jeanne de Laval, baronne de Bécherel ; Il n’en reste que les substructions de cinq tours et un joli jardin à l’emplacement du château. Aujourd’hui, c’est la vue sur la baie du Mont Saint Michel qui est imprenable. 600 ans plus tard les dimensions du bourg n’ont guère évolué et les sept cents bécherellais vivent au cœur d’une des plus petite cité de Bretagne (55 ha).


Fig 2. Les remparts.



Fig 3. Une ruelle derrière l’église.


Il y a 20 ans, l’association Savenn Douar organise à Bécherel une fête du livre qui eut un grand succès et quelques libraires se lancèrent alors dans l’aventure (Pas évident de s’installer au milieu de nulle part avant l’internet !), ouvrant des boutiques de livres anciens un peu partout et jusqu’à l’assaut des remparts.


Fig 4. Librairie du Donjon.


Fig 5. Place de la Croix.


Écrivains, libraires, éditeurs, relieurs, calligraphes, fabriquant d’encres et amateurs de livres se côtoient, échangent, achètent, vendent et surtout discutent ..! On trouve des livres pour toutes les bourses et tous les goûts, des incunables (si, si, il y en a un proposé en ce moment) aux livres de poche. Le régionalisme breton est bien sur à l’honneur dans plusieurs échoppes, notamment la librairie Gwrizienn, ou la Galerie Saphir (une mine pour les vieux papiers et les vélins calligraphiés), mais on trouve de beaux livres partout, comme chez Abraxas Libris, association de trois libraires sur 500m2, où j’ai noté un almanach italien du milieu du XVIIe très bien illustré de nombreuses gravures sur bois à caractère astrologique ou astronomique. On peut faire de belles affaires à tout moment, il faut juste être patient et revenir souvent. Les ouvrages du XVIe siècle se font plus rares depuis quelques temps. La belle époque c’était au siècle dernier quand l’Albertine, ou la librairie Langlois, toutes deux fermées maintenant, proposaient des éditions princeps pour moins de 100 euros. Mais il faut tenter sa chance à la librairie Livres et Autographes.

Côté ambiance, cela dépend de la saison, si vous aimez les people et les galettes-saucisses, il faut plutôt choisir le 15 Aout ; en revanche, pour ceux qui préfère le calme, le mois de Janvier est idéal. Pour moi, c’est la meilleure saison, quand une bise glaciale souffle fort dans les ruelles, il faut rentrer dans les librairies, prendre un thé au coin du feu et parler de Béraldi, de Rahir et du vieux Damacèsne Morgand


Fig 6. Ambiance de rue à la Porte St Michel.


Fig 7. Intérieur d’une librairie.


Je ne vais pas vous faire la liste de tous les livres que j’ai déniché à Bécherel, j’en ai déjà présenté certains, comme le Ravisius Textor ou, plus récemment, l’Hyginus. En voici juste un autre, comme cela, pour le plaisir :


Fig 8. Sainte Catherine de Sienne.

Il s’agit d’un petit in-8, peu courant, imprimé à Venise en 1517 par Cesare Arrivabene. L'ouvrage contient le texte en italien de la Divine Providence de Sainte Catherine de Sienne en 167 chapitres. précédés d'un répertoire (29 pp), d'une vie de Sainte Catherine en forme de lettre-préface en italien (epistola prohemiale) (21 pp) "per el reverendo padre... fratre N. de I’ordine de sancto Domenico," lequel n'a pas encore été identifié, suivie de la lettre de canonisation en latin du pape Pie II (1460) (13pp), suivie de divers poèmes et louanges et d'un chapitre en rimes tierces composées par Anastagio da Monte Altino.

Je vous invite tous à venir visiter Bécherel, mais pour ceux qui trouveraient que c’est trop loin, ou qui ne supportent pas les bottes en caoutchouc, voici quelques autres adresses ! (sans garantie, nous ne sommes pas allé voir…Pour Bertrand, les groenlandaises sont à Ultime Thulé, petite cité d’igloo du livre…).

Fig 9. Bons Plans.


Bonne Journée !
Textor

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